Rappel du premier message :



Ce qui était magique avec ma famille (on se doute que quand j’utilise cet adjectif, c’est déjà mal parti), c’était que même en ne les voyant pas pendant des décennies et en étant à mille lieues d’eux, ils arrivaient à me surprendre. C’est con, j'aime pas des surprises. Ni les gosses. Et voilà que, surprise, je me retrouvais face à la mioche du Morpion (plus si gosse que ça, lui, faut croire). Ah, et ce même Morpion avait failli se faire éventrer par son dernier patron. C’est malin. La dernière fois il avait eu la présence d’esprit de prendre les devants.

Résultat des courses… ben c’était jusqu’à nouvel ordre moi qui écopait de la mioche. Pourtant même dans les Enfers personne aurait essayé de me faire garder des mômes. J’aurais probablement pu la planter là — d’autant plus qu’elle n’avait pas l’air d’être une chouineuse, c’était déjà ça — mais ben… appelez ça comme vous voulez, sens du devoir, honneur ou autre connerie dans le genre, je préférais voir si cette môme savait se débrouiller avant de la lâcher seule dans la nature. On sait jamais, au cas où c’était une des moins dégénérés de la famille, ça serait con qu’elle crève bêtement.

Nous voilà donc sur la route pour Isotier, dans la joie et la bonne humeur. Ou pas. Faut pas pousser quand même. D’ailleurs, ça faisait bizarre de me dire que j’allais faire plus qu’un bref bout de chemin avec quelqu’un. Ca m’était plus arrivé depuis la mort de Vraneï.

Nouvelle attaque, et nouvelle esquive. Je ne répliquai pas, mais ça viendrait aussi. Pour le moment j’étais plus intéressée par l’explication de son angle d’attaque préféré, qui démontrait une certaine maîtrise de l’anatomie. Voilà qui était important tant pour une chasseresse que pour une guerrière. « Comme tu l’auras remarqué — enfin j’espère pour toi — je porte une armure. Où est-ce que tu devrais viser pour avoir plus de chances de faire des dégâts ? » Oui, mon armure était légère, mais la peau de chlyon, c’est pas mal résistant mine de rien.

"Les jointures, c'est évident. Les coudes, l'arrière des genoux, le cou si l'angle est propice et les yeux. Mais je croyais que nous n'affronterions pas de mecs en armure. En tout cas, à part les guerriers en vadrouille comme toi c'est assez rare. Sauf pendant les raids, mais que des armures de cuir."
Un mec en armure lourde sur un bateau... ça coule vite !
Than tente une nouvelle attaque, elle feinte vers le bras gauche de Larae avant d'attaque derrière.

C’est qu’elle suivait, la petite. Et son attaque par derrière était retorse à souhait. C’était presque un gâchis de potentiel qu’elle se focalise sur les animaux. J’esquivai, et cette fois je profitai de ce qu’elle était à ma hauteur pour envoyer un coup de dague vers le poignet de la main qui tenait sa lame.

Than vit le coup mais deux elfes sont aussi rapides l'une que l'autre. Elle ne parvient pas à éviter la lame et lâche son couteau sur le coup. Pas de problème ! Elle ignore la vive douleur et dégaine une autre dague avec sa main intacte car Than a travaillé son ambidextrie. Surprise. L'elfette choisit donc un nouvel angle d'attaque : désarmer son adversaire en retour. Une attaque-miroir pourrait la déstabiliser, Than n'y croit pas trop mais elle essaye toujours.

Tiens tiens, elle était ambidextre ? Bon à savoir, et pas commun à son âge. Et elle était observatrice, vu qu’elle venait de refaire mes mouvements. sans devoir marquer de temps d’arrêt. Bon, ça voulait aussi dire que je connaissais par coeur l’esquive à cette botte que j’utilisais si souvent. « Eh bien eh bien, on dirait que le premier sang est pour moi. »

Sa tante n'est pas une vétérane de guerre pour rien ! Les attaques pourtant rapides de Than sont parées si facilement.
"Tu veux arrêter ? Froussarde !"
Than n'a pas pu s'empêcher de provoquer son adversaire. Elle se tient prête à la prochaine attaque de sa tante, prête à lui faire goûter ce premier sang et l'envoyer dans la contrée du rêve.

Une interpellation aussi basique m’aurait sans doute vexée… il y a environ quatre siècles. Mais manque de bol pour la môme, elle arrivait bien trop tard pour avoir le moindre effet sur moi et ne reçut qu’un rire moqueur en réponse. « Dans tes rêves, Chaton. » Et une nouvelle attaque presque simultanée à la réplique. Histoire de tester une nouvelle fois sa capacité d’improvisation, j’entamai un coup de dague classique en direction de sa main armée, pour ensuite envoyer un coup de pied vers son ventre.

Sa tante attaque prestement, Than n'a d'autre choix que de réagir vite. La chasseresse pare la dague avec la sienne mais la guerrière aguerrie n'avait fait là qu'une feinte. Than recule pour esquiver son coup de pied. Elle aurait voulu répliquer mais tant pis. Le "chaton" s'éloigne davantage et quitte la lumière de la torche, le temps de sortir une petite surprise pour son adversaire : un lasso. Elle lance ce dernier pour entraver sa tante.

Tiens, le chaton était aussi renard. Pas bête de quitter la lumière, même si pas aussi efficace face à une créature des Enfers qu’un ressortissant d’Heavensaw et… merde ! Si j’avais vu son mouvement, je m’étais attendue à une nouvelle dague et non la corde se referma sur mon poignet. Ah j’avais l’air fine, tiens. Si Sa Majesté avait été là, jamais qu’il m’aurait laissé oublier cette bourde. Et quelque chose me disait que la petite non plus. « Tu t’entraines au cas où ton canasson se barre ? »

Et à faire manger la poussière à son cheval visiblement puisque Than tire un grand coup sur la corde.
"C'est pour garder en vie, mes proies. alors qu'en penses-tu ? Je n'ai pas le premier sang mais je pourrais avoir le dernier."
Comme pour illustrer ses dires, Than avait coincé la corde sous son pied pour sortir une nouvelle dague à mettre près de la gorge de la "jument attachée".

J’ai une tête de proie peut-être ? Je ne fis pas de grands efforts pour rester sur place lorsque la gamine tira sur la corde, attendant une occasion de me décoincer. Et l’occasion ne tarda pas à se présenter, quand elle coinça son bout de la corde sous un pied. « Tu vis dangereusement… » Sans même attendre de finir ma phrase, ce fut à mon tour de tirer un grand coup sur la corde pour déséquilibrer la môme.

Terriblement prévisible.
Si Larae était un lapin, elle serait tombée en plein dans le piège. L'elfe lève la jambe dés qu'elle remarque le geste et la corde s'élance vers sa tireuse, armé d'un sac de poivre. Celui-ci n'a plus qu'à répandre sa poudre lorsque Than fend le sac d'un coup de couteau quand celui-ci se rapproche de Larae. La distraction laissera le temps à Than de se mettre juste derrière la guerrière.

Joli, Chaton, mais on voit que tu es plus habituée aux bestioles sans cervelle qu'aux êtres doués de raisonnement. En levant son pied, elle venait de me faire don d’un fouet prêt à l’usage... dont l'usage dut attendre parce que ce sac qu'elle me balançait dans la gueule me disait rien de bon. Je fermai les yeux instinctivement, et l'odeur du poivre me confirma que j'avais bien fait. À l'ouïe, je me retournai pour lui faire face, tout en reculant pour sortir du nuage de poivre.

Than espérait avoir davantage de temps pour attaquer mais la guerrière est coriace comme du chiendent ! Malgré le poivre qui l'aveugle, celle-ci fait face et prend à nouveau ses distances. Than contourne le nuage de poivre et glisse à côté de sa tante, avant de feinter et d'attaquer de l'autre côté, poignard en main. La jeune elfe vise le visage (non-ridé) de son adversaire.

« Capitaine ! » Pas le temps de riposter après mon esquive que l’aubergiste nous interrompit. « Qu’est-ce qu’il y a ? » « Eh bien… » Il avait l’air embêté, donc je n’allais pas aimer ce qu’il avait à dire. « Euh… Vous faites peur à certains clients. » « Sans blague ? » Il en avait d’autres d'évidences ? Rien que nos têtes sont pas faites pour inspirer confiance. « Non, pas comme ça ! Enfin, ils ont peur que votre, euh… rixe… euh, duel dégénère et, ben… » C’était rare de le voir bafouiller. Rien que pour le plaisir je le toisai un moment pour le faire suer, puis je quittai ma pose de combat. « Ca serait dommage de faire fuir ta clientèle. »

Larae a esquivé malgré ses yeux en larmes, c'est qu'elle est coriace la tantine ! Des brutes plus épaisses sont déconcentrés par moins que ça. L'aubergiste est intervenu pour ne plus faire peur à ses clients. Bah voyons ! Elles ne dérangent personne ici pourtant !
"Vous avez peur ? Et vous vous cachez derrière l'aubergiste ? Vous valez mieux que ça !" dit Than d'une voix forte.

Ouaip, ils avaient la trouille. Tellement qu’il y en eut pas un pour réagir même s’ils venaient de se faire traiter de lâches par une petite elfette. « Nope, ils valent pas mieux que ça. » Ceci dit, l’aubergiste était un correspondant utile dans cette ville, et si sa clientèle était composée essentiellement de lapins affolés, j’allais pas rester en de bons termes avec lui si je les faisais fuir. « Allez viens, le spectacle est fini. »

Pour rire, Than fait un mouvement qui fait peur aux clients de la taverne avant de suivre sa tante. Elles en ont fini avec le duel mais ça ne veut pas dire qu'elles ne peuvent pas discuter stratégie pour mieux coincer les hommes du Samaritain.
Les elfes passent également la nuit à l'auberge. Than ne dort que d'une oreille pour réagir en cas de surprise.

Et les lapins avaient peur du Chaton. En bonnes petites bestioles apeurées, ils eurent un mouvement de recul collectif à un simple mouvement brusque de la gamine. Pathétique. Enfin, avec tout ça on avait un plan à élaborer, et au moins je savais maintenant que la gosse serait pas une gêne trop grande. J’hésitai un moment à frapper directement, mais maintenant qu’on avait été fouiner dans la ville toute la journée, nos cibles seraient aux aguets. Mieux valait les laisser macérer un moment et en profiter pour pendre une bonne nuit de sommeil.

Yenlu et Tabac s'entendent bien pour l'instant. Than est optimiste et pense qu'ils seront tous deux des partenaires d'exception. Elle aussi avec sa tante forment une bonne paire. Il ne reste lus qu'à voir ce que cela donne sur le terrain. Les deux elfes prennent donc possession de leur chambre et se préparent à dormir d'une oreille car un elfe, guerrier ou chasseur est toujours aux aguets !

Après une nuit sans histoires (j’avais pas dit que c’était tous des lapins apeurés dans cette auberge ?), réveil aux aurores. Je passai par les écuries avant avant d’aller prendre le petit-déjeuner. Les chevaux se portaient comme un charme, sans surprise. J’aurais depuis longtemps cessé de fréquenter cette auberge si je n’avais pas pu faire confiance au maître d’écurie pour prendre soin des bêtes sous sa responsabilité.

Than s'éveille aussi fraîche que la rosée à l'aurore et remarque que sa tante a fait de même. Tabac va bien, parfait ! (message de Yenlu)
"Avez-vous bien dormi, chère tante ?"
Ce matin, elles vont commencer la chasse à l'appât, ce sera drôle !

« Chère tante » ? Qu’est-ce qui lui prenait ce matin ? « Tu as mangé du barde cette nuit ? » Pour ma part, c’était le petit-déjeuner auquel je comptais bien faire honneur. Passer la majeure partie de sa vie sur les routes fait apprécier d’autant plus la nourriture d’auberge (pour peu que cette auberge soit décente).

"J'ai cru comprendre que les vieux elfes méritaient le respect et… sinon pas d'autres raisons que de prononcer ce mot "tante". N'est-ce pas amusant, tantine ?"
Than suit sa "tantine" pour prendre un petit déjeuner copieux mais pas trop ! Il faut de la place pour le plat de résistance.

Un ricanement répondit à son explication. « Je connais peu de respect aussi superficiel que celui des mots. » Une des nombreuses raisons pour lesquelles je m’embarrassais pas de ronds de jambes verbaux. L’auberge avait mis les petits plats dans les grands pour nous, probablement parce que fidéliser une clientèle avec une longévité comme la notre était économiquement intéressant.