Rappel du premier message :



Ce qui était magique avec ma famille (on se doute que quand j’utilise cet adjectif, c’est déjà mal parti), c’était que même en ne les voyant pas pendant des décennies et en étant à mille lieues d’eux, ils arrivaient à me surprendre. C’est con, j'aime pas des surprises. Ni les gosses. Et voilà que, surprise, je me retrouvais face à la mioche du Morpion (plus si gosse que ça, lui, faut croire). Ah, et ce même Morpion avait failli se faire éventrer par son dernier patron. C’est malin. La dernière fois il avait eu la présence d’esprit de prendre les devants.

Résultat des courses… ben c’était jusqu’à nouvel ordre moi qui écopait de la mioche. Pourtant même dans les Enfers personne aurait essayé de me faire garder des mômes. J’aurais probablement pu la planter là — d’autant plus qu’elle n’avait pas l’air d’être une chouineuse, c’était déjà ça — mais ben… appelez ça comme vous voulez, sens du devoir, honneur ou autre connerie dans le genre, je préférais voir si cette môme savait se débrouiller avant de la lâcher seule dans la nature. On sait jamais, au cas où c’était une des moins dégénérés de la famille, ça serait con qu’elle crève bêtement.

Nous voilà donc sur la route pour Isotier, dans la joie et la bonne humeur. Ou pas. Faut pas pousser quand même. D’ailleurs, ça faisait bizarre de me dire que j’allais faire plus qu’un bref bout de chemin avec quelqu’un. Ca m’était plus arrivé depuis la mort de Vraneï.

Than hausse les épaules au haussement d'épaules de Larae.
"Ouhla, non pas de magiciens, il déteste ça l'gars. Même si… il a des escamoteurs dans son équipe. Traduction : des pseudo-magiciens Ainsi que des lancers de couteaux, des gros bras… Une rumeur court qu'il a un loup-garou avec lui mais ce sont sans doute des racontars de poivrots.
- Un loup ? Sans rire !"
Lorgen observe la réaction de la guerrière.

Pas de magiciens ? Un bon point pour ce pirate de mes deux. Mais ça ne changerait quand même rien à mes plans. « Ils ont des tours de garde réguliers, ou ils font des rondes aléatoires ? » C’était bien sur plus simple de s’infiltrer quelque part si on peut anticiper le mouvement des gardes.

Than ne demande qu'à passer enfin à l'action mais non, sa tante pose encore des questions au gars.
"Hum... Ils ne sont pas si organisés."
C'est quand même un repère de malfrats chaotiques mauvais.
"Et son repère, c'est quoi au final ? Un entrepôt, un souterrain, un bateau qui reste au port ?"
Avant de se demander si l'animal réagit au mouvement, c'est bien de se renseigner sur son lieu de vie.

Tant pis. Faudrait y aller au juger alors. « Il a ses quartiers au-dessus du Gai Matelot et la mainmise sur l’établissement, mais la majorité de ses marchandises sont dans un entrepôt derrière la cour, ou déjà dans une des échoppes où il écoule ses prises. Il en a un peu partout dans la ville. » Un vrai petit commerce. « T’as les adresses de ses échoppes ? » « Ouaip, je peux te faire une liste. Mais tu peux pas les louper : elles ont toutes un poisson volant peint sur la porte. » Ah, pratique.

Than n'a pas l'habitude d'attaquer des "nids connectés" entre eux. Peut-être que certaines espèces de dragons fonctionnent ainsi, ce serait intéressant de voir comment sa tante va choisir leur premier saccage.
"Allez, par quoi on commence ? Je suis parée, moi !"

« Son QG. La marchandise, c’est secondaire. » Des marchandises perdues, ça se récupérait, le moral des troupes, par contre… Et peu de monde voudrait bosser pour un type dont le quartier général se faisait attaquer comme une vulgaire ferme. « Et, au risque de te décevoir, Chaton, la subtilité est de mise. » Ca faisait une impression tellement plus forte si on débarquait direct dans la partie supposément protégée du bâtiment plutôt que d’enfoncer la porte d’entrée.

Than lève un sourcil dans une superbe imitation de sa tante-chatte.
"Ça ne me déplaît pas. Je suis la reine de l'infiltration (en forêt). Je parie que je peux te surpasser sur ce domaine les mains dans le dos. Bon, eh bien, c'est décidé ! Allons-y !"
Allez, allez, allez ! On veut de l'action, du sang, la vengeance !

« Tu vas avoir du mal à grimper si tu gardes les mains dans le dos. » Est-ce que je me fichais d’elle ? Petit truc : quand on se pose cette question, la réponse est généralement oui. Et quand on se la pose pas aussi d’ailleurs. « D’abord je finis ma chope et puis on y va. J’aime pas gaspiller. » Et avec un peu de chance ceux à qui on venait de casser la gueule auraient amené des renforts entre-temps et on pourrait déjà mettre hors d’état de nuire des bonshommes susceptibles de rappliquer pendant notre infiltration.

Allez, allez, allez ! On veut de l'action, du sang, la vengeance !
Than trépigne presque, elle est à deux doigts d'ignorer sa tante et de se lancer de suite dans l'aventure, quitte à être seule.
Je compte jusqu'à six, non cinq ! Un, deux, trois, quatre…

Elle manquait pas un peu de patience la petiote ? Tss, et moi qui croyais qu’à la chasse il fallait savoir attendre sa proie. Tout se perd, j’vous jure. Tant pis pour elle, parce que je comptais pas me presser pour autant. Je finis ma chope à mon aise avant de me lever pour passer à la suite des opérations. Faudrait qu’on se trouve du matos de pyromane aussi, mais ça devrait pas être trop dur.

Pour Than, il y a une différence entre attendre sa proie et se tourner les pouces dans un bar qui sent l'alcool rance. La tante a à peine amorcer son mouvement que la gazelle se tient déjà sur ses deux jambes et la précède vers la sortie. Si l'ancêtre voulait la ramener sur le respect et les aînés d'abord c'est mort. De toute façon, cela aurait été très étonnant venant de la vénérable elfe et fière de l'être.
Quant au matos de pyromane, il faut que Larae soulève la question.

Elle tenait décidément pas en place. Tant pis pour elle : elle devrait m’attendre, j’avais pas l’intention de courir. Sans grande surprise pour la petite probablement, faire la conversation pendant le trajet vers le QG ne me démangeait pas et je gardai donc le silence. Ce n’est qu’une fois arrivée devant le QG, qui ressemblait à toutes les autres tavernes de la ville si on s’y connaossait pas un peu, que je m’assis sous un auvent en face de l’établissement et me tournai vers le Chaton. « Exercice pratique, qu’est-ce que tu repères comme infos utiles ? » Points d’accès et vulnérabilités, nombre et position des gardes… il y avait de quoi faire.

Mine de rien, cela fait un petit moment que Than supporte sa tante et commence doucement à la connaître. Premièrement, la chasseresse n'a rien à prouver à sa parenté, sinon elle serait retourner voir sa mère sitôt sa formation terminée, deuxièmement elle a son petit caractère.
"D'où j'aurais à faire des exercices pratiques ? Je ne suis pas ton élève et un chasseur ne révèle jamais ses secrets. Débrouille-toi comme une grande !"
Cela lui fera les pieds !

Je lui jetai un coup d’oeil sceptique : « C’est pas les magiciens qui sont censés pas révéler leurs secrets ? » Enfin, si elle voulait jouer les têtes de pioche, grand bien lui fasse. J’allais pas insister pour l’entrainer non plus. Mais qu’elle vienne pas pleurer si elle avait des lacunes. « J’ai quelques emplettes à faire et on peut y aller. Tu— » « Hep, z’avez du culot de vous pointer ici ! » Oh, changement de programme. Tant mieux : c’est ça de sbires qu’on devra déjà plus croiser pendant notre infiltration à venir. Je dégainai mon épée : cette fois, je ferais pas dans la dentelle.

Action !
Than s'est déjà jeté sur le gars pour lui trancher les tendons.
"Toi, t'as du culot pour la ramener !"
L'autre couillon qui l'accompagnait n'essaye même pas de l'affronter et s'enfuit (c'est plus sage).
"Pfff, lâche !" dit-elle tandis que l'autre se tient les jambes au sol.

Hrp/Bon, bah l'action est finie, les dés n'ont pas été généreux.../Hrp

Même pour des sbires de bas étage ils étaient pitoyables. En quelques instants à peine, deux d’entre eux étaient morts, le coeur percé par mon épée, un estropié par le Chaton et un en fuite. Le Morpion avait vraiment bossé pour un type qui recrutait des déchets pareils ? J’avais du mal à y croire. J’essuyai et rengainai mon épée. « Comme je disais, j’ai quelques emplettes à faire. Tu peux venir avec moi, ou trainer dans la ville et on se retrouve à l’auberge dans une heure. »

Dans une heure ?!! C'est une blague ?!
"Non merci, mamie. Je ne suis pas ton chien-chien ! Je vais m'occuper de ce quartier générale toute seule."
Et sans plus attendre, elle s'en va, faisant voler sa superbe chevelure blanche avant de disparaître dans une rue.

Mais elle se foutait de ma gueule ?! C’était quoi, une humaine pressée par son trépas imminent ou une elfe ? Elle pouvait bien attendre une heure, non ? J’vous jure, tout fout le camp. Adieu le plan, bonjour l’improvisation. Heureusement, je sais faire plusieurs choses à la fois, ce qui me permit de me mettre moi aussi en route tout en pestant intérieurement contre le Chaton impatient. Trois tournants, un mur escaladé et une porte crochetée plus tard, j’étais arrivée derrière l’entrepôt du Bon Samaritain sans attirer l’attention. Au programme : lui éliminer quelques sbires, choper quelques objets de valeur et foutre le feu au reste.

Than n'est pas aussi idiot qu'elle ne le laisse parfois souvent penser à sa tante. La chasseresse passe l'heure suivante à observer les différentes planques marquées comme leur indicateur le leur a dit et dans la plus grande discrétion avec l'aide de son familier. Le feu déclenché par sa tante ne lui échappe pas.
Il semble qu'elle ait enfin commencé quelque chose.

Pour l’heure, j’avais aucune idée d’où le Chaton se trouvait, ou de quand (et si) elle avait prévu de rappliquer. Et aucune envie de me faire des noeuds au cerveau pour elle. Tant qu’elle sabotait pas mon coup, je m’en fichais. Rentrer ne fut pas trop compliqué, si on ne compte pas les quelques gardes qui finirent par terre au centre d'une flaque rouge. Trouver la butin non plus : suffisait d’aller là où il y a le plus de gardes. Une fois dans le butin, je sélectionnai quelques objets de valeur suffisamment petits pour être facilement transportables, avant de prendre une torche et la balancer sur le reste. Bonne banqueroute, le Samaritain.

Than décide de semer davantage la pagaille chez les gars du bon samaritain en s'attaquant à son tour à un entrepôt loin du quartier générale. Une bombe subtilisée et hop dans l'entrepôt de poudre. Ses hommes de main n'ont même pas l'occasion de remarquer la silhouette encapuchonnée qui est partie deux minutes avant l'explosion.

Oh, une explosion plus loin dans la ville ! Coïncidence ou pas ? Bah, on verrait ça plus tard. Maintenant que l’entrepôt crépitait joyeusement, les sbires de l’autre rappliquaient pour essayer d’étendre les flammes. Vu l’huile que j’y ai mis, ça serait pas de la tarte. J’en profitai pour entrer dans le QG plus ou moins déserté pour y lancer quelques autres départs de feu. Le Samaritain aurait plus de toit à son retour, quel dommage !

Mais les projets de Larae tourne court car dix gros bras l'attendent. Le plus grand, vêtu d'un gambison rouge, menace Larae avec une impressionnante arbalète.
"On vient pas boire un verre avec moi, laideronne ?"
Il tire ensuite un carreau presque comparable à un javelot.

Oh, du monde, ça changeait ! J’esquivai le projectile (trop proche et rapide pour être arrêté par mon armure) d’un bond sur le côté avant de dégainer mon épée. « C’était une question ou une constatation ? » Il répondrait un autre jour, parce qu’il dut utiliser son arbalète pour dévier le coup d’épée qui lui était destiné. Règle numéro 1 quand on combat un adversaire avec une plus longue portée : se rapprocher pour que sa portée devienne un handicap plutôt qu’un atout.

Règle numéro un quand on combat plusieurs adversaires : euh, bah serrez les dents le temps que l'acolyte n'arrive.
Pendant ce temps-là, l'acolyte Than quitte les lieux dévastés par son explosion.