Rappel du premier message :



Ce qui était magique avec ma famille (on se doute que quand j’utilise cet adjectif, c’est déjà mal parti), c’était que même en ne les voyant pas pendant des décennies et en étant à mille lieues d’eux, ils arrivaient à me surprendre. C’est con, j'aime pas des surprises. Ni les gosses. Et voilà que, surprise, je me retrouvais face à la mioche du Morpion (plus si gosse que ça, lui, faut croire). Ah, et ce même Morpion avait failli se faire éventrer par son dernier patron. C’est malin. La dernière fois il avait eu la présence d’esprit de prendre les devants.

Résultat des courses… ben c’était jusqu’à nouvel ordre moi qui écopait de la mioche. Pourtant même dans les Enfers personne aurait essayé de me faire garder des mômes. J’aurais probablement pu la planter là — d’autant plus qu’elle n’avait pas l’air d’être une chouineuse, c’était déjà ça — mais ben… appelez ça comme vous voulez, sens du devoir, honneur ou autre connerie dans le genre, je préférais voir si cette môme savait se débrouiller avant de la lâcher seule dans la nature. On sait jamais, au cas où c’était une des moins dégénérés de la famille, ça serait con qu’elle crève bêtement.

Nous voilà donc sur la route pour Isotier, dans la joie et la bonne humeur. Ou pas. Faut pas pousser quand même. D’ailleurs, ça faisait bizarre de me dire que j’allais faire plus qu’un bref bout de chemin avec quelqu’un. Ca m’était plus arrivé depuis la mort de Vraneï.

Than s'était habillée presque aussi vite que sa tante et elle n'avait pas d'armure à enfiler. Quand la première flèche apparait, Than prend ces archers en pitié. Même si pour être juste, n'importe quel archer a besoin d'ajuster ses tirs.
Une floppée de flèches s'abattent sur elles en même temps. Dur à esquiver mais encore possible pour des elfes. L'elfette s'applique donc à les esquiver. L'esprit serein car sachant que Yenlu veille sur Tabac, elle vise une tête avec son arc.

Je me faisais pas trop trop de soucis pour la gamine pour le moment (elle pourrait toujours décamper si ça devenait trop tendu pour elle) et je sifflai mon cheval, qui arriva sans tarder. Ni une ni deux, je bondis dessus (sans selle ni bride, mais ça arrive) pour charger, épée au clair, vers nos assaillants. Apparemment, une elfe noire qui charge en gueulant à pleins poumons, ça fait toujours de l’effet, parce que deux d’entre eux firent demi-tour sans demander leur reste. Lâches. Mais il restait toujours de quoi bien s’amuser.

La troupe d'archers les malfrats sont vite désarçonnés par la charge… guerrière de la vétérane bien conservée. Dommage. Than aurait voulu s'amuser à esquiver la vague suivante. Au lieu de quoi, elle change de position avant de tirer un nouveau trait meurtrier. Et encore un. Et encore.

Violence contre des PNJs :

Un inconvénient à se battre avec dans son camp une archère que savait viser, c’était que je risquais de préparer un coup et voir ma victime tomber à terre avant même que je la touche. Un avantage, c’était que je devais pas regarder par-dessus mon épaule pour éviter de me faire choper moi-même. Bon, même avec les flèches du Chaton, j’avais encore de quoi m’amuser (mais leur manque de technique était accablant). Je pris le premier d’estoc et enchainai d’un coup tranchant qui faucha deux assaillants, tout en poussant un quatrième au bas de son cheval d’un coup de pied. Bonne chance à lui pour ne pas se faire piétiner.

Les hommes (et peut-être une femme ou deux, qui sait) tombent les uns après les autres. Il ne reste plus qu'un homme. Than prend le parti de laisser sa tante le maîtriser sans le tuer pour lui soutirer des informations peut-être, histoire de savoir qui avait mis une prime aussi minables sur elles à peine arrivées au port.

Preuve que le dernier clampin avait quelques vestiges d’instinct de survie, il vit faire un demi-tour sur les hanches à son cheval et prit la poudre d’escampette. Ou du moins, il tenta de le faire. Seulement avec un cheval qui lui barrait le chemin et un coup de poing au menton, c’est pas évident. Son cheval s’enfuit, mais lui resta coincé par terre. Je me laissai glisser à bas de mon cheval. « Alors, j’imagine que tu t’attends déjà à ma question : qui t’envoie ? » Pas la peine de tourner autour du pot.

« Non. En revanche, tu as la certitude que les conséquences si tu réponds pas seront bien plus désagréables que si tu files droit. » J’appuyai mes mots d’un rictus qui fit pâlir le gaillard déjà un peu pâlot. Quelle idée de s’imaginer pouvoir négocier dans sa position. « Donc, je réitère ma question, dernier avertissement : qui t’envoie ? »

Than se rapproche, appelant son cheval (on ne sait jamais s'il va répondre). Yenlu comprend bien mieux que le cheval et libère Tabac de ses liens avec ses serres expertes.
Allez, bouge vers ta maîtresse. À moins que tu ne sois un bougre de canasson.

Tiens, le hibou de tout à l’heure avait des idées intéressantes. Je creuserais ça plus tard, pour le moment j’étais plus intéressée par l’identité de la personne qui voulait nous trouer la peau. Le gaillard à terre déglutit une fois, jeta un coup d’oeil à mon épée, à mon blason, et sembla décider qu’il préférait vivre quelques heures de plus, quitte à se prendre des représailles plus tard. Toujours compter sur l’instinct de survie de la pègre. « Je… C’est Borak l’Espadon. » Ah ben il avait la dent longue cet ahuri. « Tiens donc ? Il est toujours en vie ce bonhomme ? » Ça vivait pourtant pas longtemps les humains, surtout dans ce métier.

L'étalon reste obstinément sur place. Pourquoi courait-il vers une femelle bipède qui sent le sang… et qui lui a brossé le pelage et donné du bon avoine ? Ses oreilles s'agitent d'un air partagé.
Than a autre chose à faire que motiver un cheval, elle est curieuse d'en entendre plus sur l'histoire de sa tante.
"Qui c'est ? Un ami à toi ?"

« Bien sûr, c'est pour ça qu'il nous a envoyé un spectacle de guignols. » Le dernier de ces guignols encore conscient n'en menait pas assez large pour protester. « C'est un mauvais perdant qui n'a pas accepté de se faire doubler dans une chasse au trésor et qui, depuis, s'imagine qu'envoyer un comité d'accueil pareil m'embête. Tout ce qu'il fait c'est se tirer un carreau dans le pied à envoyer ses sbires au casse-pipe. » Un jour, il commencerait à avoir du mal à recruter des remplaçants. C'était même probablement déjà le cas, vu le niveau à chaque fois faiblissant du comité d'accueil.

"Oui, s'il voulait vraiment se venger, il t'invit'rait à une chasse au trésor pour gagner sous ton nez."
Un peu d'esprit sportif voyons !
"C'est pas le comité d'accueil que j'espérais. J'imagine que tant que le bon s... poisson est en mer, on a plutôt les mains libres pour foutre le boxon chez lui.

« Sauf qu'il sait pertinemment qu'il n'en est pas capable. » Mais on avait encore un guignol sur le feu avec tout ça. « Et il crèche par où, l'Espacon actuellement ? » Et c'est qu'il hésitait toujours à répondre l'abruti ! Mais une légère augmentation de ma pression sur sa jugulaire lui délia la langue : « Euh... dans le quartier rouge, il a son QG au Maquereau Rieur. »

"Un minable aussi lâche ne mérite pas que l'on s'attarde sur lui. Dégommons-le une bonne fois pour toute si tu veux mais restons concentrées sur le gros poisson avant !"
Than est bien déterminée à réaliser sa quête, les fantaisies de sa tante passeront ensuite. On parle d'un bonnet qui a réussi à faire fuir un puissant elfe noir tout de même !

Le Chaton s'impatientait et se mettait à feuler ? « Et il vous paie combien pour ces cavalcades le petit poisson ? » L'autre marmonna un « pas assez » grincheux, avant d'écarquiller une nouvelle fois les yeux quand ma lame lui entailla la peau. « 30 pièces d'argent, à partager entre nous. » Une somme ridicule, en effet, vu les risques impliqués. Je me tournai vers la gamine : « On passe aux travaux pratiques : tu me finis ce bonhomme et on bouge. » « Z'aviez dit que j'aurais la vie sauve ! » Débile jusqu'au bout. Je ricanai : « Je n'ai jamais dit ça, juste que les conséquences seraient plus désagréables si tu ne coopérais pas. »

Avertissement : meurtre de sang froid, je ne partage pas du tout les opinions de mon personnage

Larae n'aura pas à le redire. Bien gavée par l'idée de perdre du temps sur un trouffion mauvais et lâche, Than sort son couteau de chasse et exécute promptement le mercenaire.
"Bon, mangeons maintenant, j'ai faim."
Tuer ouvre l'appétit, visiblement. Et leurs poissons attendaient depuis un moment.

Nope, je ne partage pas les opinions de Larae non plus.

C'était propre, net et sans hésitation. Bien. On en ferait peut-être quelque chose de cette gamine. « La dernière fois que je suis passée par Isotier, le Samaritain aimait pas mal La Sirène Dorée, on devrait pouvoir y tomber sur quelques-uns de ses laquais. Et la bouffe est pas mauvaise. » Comme quoi, même un connard pouvait avoir bon goût dans quelques domaines.

"Et les poissons qu'on a tué ? Faut pas gâcher !"
Laisser ses proies aux mouettes, très peu pour elle !

Je haussai les épaules : « Poissons pour le dîner, auberge pour les digestifs. » De toute façon, vu les dégâts qu'on venait de faire, je doutais fort qu'on nous laisse savourer notre repas sans interruption une fois de retour à Isotier. C'est que les minables de la pègre locale ont la dent aussi longue qu'ils ont le cerveau creux.

Les tueuses font effectivement cela. Très vite, elles se dirigent vers le fameux bar, lieu que Than n'a jamais fréquenté jusqu'alors. À la réflexion, il est curieux qu'une fille qui ait grandi dans un port se soit tournée vers l'intérieur des terres et la forêt. Serait-ce la faute à ses origines paternelles ? Suspense.
En chemin, elle pose une question à Larae :
"Une fois arrivées, que fait-on pour les faire sortir du bois ?"
Than reconnaît que la psychologie des espèces parlantes, c'est pas son truc.

Bien, elle était capable de planifier si elle pensait à poser cette question. « Si le nom de Niraen suffit pas, faudra aller les asticoter un peu. » J'eus un sourire narquois : « Au cas où tu l'aurais pas remarqué, je suis assez douée pour ce qui est de taper sur les nerfs des gens. » Ce qui ne m'empêchait pas de me comporter correctement ou de me tenir à carreau quand c'était nécessaire... Mais on va pas de mentir : c'était rarement le cas ces derniers siècles.

"D'accord, bien reçu !"
Et Than devance sa tante à la porte de l'auberge qu'elle ouvre avec fracas.
"SALUT LES ASTICOTS ! Z'AVEZ FAIM ?!"

...C'était en effet une manière comme une autre d'attirer l'attention. En tout cas, son (notre) entrée attira les regards, et déclencha quelques rires joyeux au passage. « Oh, Capitaine ! Elle passe pas inaperçue ton acolyte ! » Oh, un visage familier. Lui, en tout cas, il bosse pas pour le Samaritain : il est à son compte et j'ai collaboré avec lui environ aussi souvent que je l'ai affronté. Pas mauvais dans le métier. « Que veux-tu, nous autres Niraens avons un style inné. » Le nom est tombé, pour les plus bouchés de la bande. Pour l'effet, j'ajoute une courbette qui aurait montré à la matriarche que oui, j'ai retenu ses leçons d'étiquette.

Than se fend d'un grand sourire carnassier à ce semblant de reconnaissance familiale. Elle qui n'a longtemps eu qu'une mère de son sang jusqu'à présent, a l'impression d'avoir élargi sa famille. La chasseresse s'assoit au comptoir.
"C'était quoi ce truc ? T'es d'sang bleu en fait ?"
V'là autre chose.