La mémoire de Céleste lui revint rapidement. Les démons n’étaient pas tous éliminés ! Se relevant un peu trop vite elle sollicita un peu trop sa blessure au ventre. Je vais devoir lever un peu le pied sur les séances de parkour.
Enfilant sa veste elle accompagna Maksim jusqu’au bureau des transmissions téléphoniques. La douche, le petit déjeuner ainsi que le sergent-chef pouvait encore attendre un peu. Arrivant à destination ils ne rencontrèrent qu’une personne dans le bureau. En plein rangement.

La personne dans le bureau est un de ces planqués que Maksim méprise. Ils ne subissent pas l'entraînement physique des miliciens mais jettent leur nez dans les affaires et trouvent moyen de faire pression sur les autres (mais il faut être plus gradé pour faire pression sur Max).
"Bonjour, agent Yuditsky. Que puis-je pour vous, sergent ?"

L’homme semblait quand même un peu gêné de voir du monde entrer dans sa pièce. Il cacha rapidement des feuillets dans un tas bien plus gros. Geste qui ne pouvait être ignoré. Les deux soldats échangèrent un regard et comprirent qu’ils allaient pouvoir apprendre enfin des choses. Assis ! lâcha sèchement Céleste. Ordre qu’exécuta prestement le soldat plus par surprise que par volonté propre. C’est pas moi. Je ne sais rien. Ce n’est pas à vous de m’interroger. La défense du bureaucrate s’annonçait pitoyable. Une goutte de sang suffira à l’achever sourit intérieurement la guide.

La réaction du gratte-papier est trop nerveuse pour être normale. Et la sergent semble du même avis que Maksim. Il n'a pas à réagir qu'elle prend déjà les choses en mains. Maksim se tient juste à l'opposé pour encadrer la victime en jubilant intérieurement. Le "pauvre gars" se ratatine davantage.
"Je fais juste qu'obéir aux ordres comme tout bon citoyen !"

Bien, qui donne les ordres ? Céleste retrouve sa position de dominante. La journée catastrophique de la veille s’efface doucement. La chasse peut reprendre. Par précaution sa main reste sur le pommeau d’une dague à sa ceinture. Il pourrait révéler sa nature de démon à tout moment.

Maksim est plutôt prêt à parier que le mec n'est qu'un gars normal simplement effrayé par l'autorité au dessus de lui. Il ne met pas longtemps pour citer le nom d'un capitaine, plutôt lâche pour un résistant infiltré.

Plein d'informations fusent. Céleste ne retient qu'un seul nom. Le reste. Cela concerne la milice. Que le petit gars prenne ces notes. Une fois la source tarie, Céleste demande à Maksim de l'attacher et le bâillonner. C'est qu'on s'habitue bien au privilège d'ordonner et ne pas exécuter. Sais tu où est ce capitaine ?  Il faudrait qu'on mette la main dessus avant que quelqu'un d'autre entre ici. Maksim connais-tu des soldats de confiance qui pourraient garder cette pièce en notre absence ? 

"La plupart des capitaines sont encore dans leur quartiers à cette heure-ci mais un sergent comme vous ne pourra pas les accuser comme ça. Il faut des preuves," prévient Maksim.
Et oui, pas si simple de faire le ménage dans les rangs miliciens ! Et non, Maksim ne connaît aucun collègue en qui il a confiance. C'est bien son point faible. Il est consciencieux jusqu'à la rigidité, dynamique, intuitif et plein d'initiatives mais pour nouer des liens il est plutôt nul.

Pas évident de jouer au petit milicien. Si ça ne tenait qu'à elle il y aurait eu un peu plus de sang de couler et de monde en enfer, mais il y aurais aussi plus de réponses. Ou pas. Ce jeu de piste avec la résistance trainait en longueur et cela énervait Céleste. Une chose à savoir à propos des guides est qu'il ne vaut mieux pas les contrarier.
La guide pris sa décision et assomma brutalement l'otage. Fin du camouflage. P'tit gars, soit tu viens avec moi t'occuper de ce capitaine. Si on a raison, on sera deux pour le prouver. Sinon reste ici et content de t'avoir rencontrer.

La femme semble avoir changé de conviction, plaçant Maksim devant un dilemme : se compromettre en mettant les capitaines face à leur merde ou… être un bon petit soldat et laisser la sergente campagnarde folle se casser les dents contre eux, dure choix.
"Je vous suis."
Il verra ce qu'elle va faire et si ça ne lui plaît pas, il retournera sa veste contre elle. Bon plan.

Céleste adopta un pas sûre d’elle ce qui fit que les parmi les rares personnes qu’ils croisèrent, personne n’osa les questionner sur leur destination quand ils entrèrent dans la zone des dortoirs des capitaines. Ils trouvèrent aisément la chambre en question. Collant son oreille contre la porte elle confirma qu’il y avait bien une personne à l’intérieur. Elle sorti une dague et d’un violent coup de pied dans la porte, fit sauter le petit loquet avant de sortir son arme. L’homme se retourna de surprise.

Maksim est toujours mal à l'aise à l'idée de "participer" à un coup d'éclat monté par une nouvelle venue. Elle risque de trop remuer la merde. L'homme était assis à son bureau. Surpris, il fait tout de même face.
"Eh bien, Sergent ? Que signifie cette entrée fracassante ? Cette porte sera retenue sur votre paye."
Il parait bien calme pour un mec menacé par une femme armée d'un couteau accompagnée d'un gars.

Célèste observait le capitaine Abramov. Il cachait bien son jeu. Sans hésiter, elle sauta les 2m les séparant et lui poignarda l’épaule en l’écrasant contre le mur. Il eu quand même le temps de crier de l’aide avant qu’une main ne le bâillonne.
Donne moi 2 minutes le temps qu’il parle lâcha-t-elle à l’égard de Maksim, sachant qu’il y aurait bientôt quelques curieux.
Puis plongeant son regard noir dans les yeux de l’innocent capitaine, elle commença à remuer sa lame dans l’épaule en exigeant l’adresse de la résistance

Elle est définitivement complètement cinglée… C'était une mauvaise idée de jouer son jeu.
"Ecartez-vous du capitaine ou je vous tire dessus ! Votre manière est ridicule !" dit Maksim la menaçant de son pistolet.
Non Max ne va pas continuer à jouer son jeu idiot. Il avait de faux espoirs. Elle ne brillait pas par son intelligence mais au moins semblait-elle compétente. C'est juste une attaque sur un mec soupçonné de corruption mais ils n'ont aucune preuve, putain !

L’homme souffrait simplement. Aucun signe qu’il cachait quelques chose ou allait répliquer. S’était-elle trompé. La voix de Maksim entrait difficilement dans sa tête. S’était-elle vraiment trompé. Impossible. Elle appliquait la volonté de Dieu. Et pourtant… Allait-elle tuer un innocent ou les Démons la testait d’une atroce manière ? Elle doutait. Son emprise se relâcha un instant.

Maksim abaisse son arme, soulagé de ne pas en venir à une telle extrémité.
"Très bien, je vais vous dire ce que nous allons faire. Nous allons rapporter ce que nous savons sur le capitaine au colonel et demander une enquête, tous les trois, bien sagement, hein ?"
Le milicien n'est pas très satisfait de la fin de sa tirade qui manquait de conviction. En tout cas, si le capitaine semble vouloir obtempérer. Quant à la sergente…
Des bruits de pas de course se font entendre.

Célèste n’a toujours pas retiré son couteau de l’épaule du capitaine. Mais qui est donc la taupe ? Un instant le visage de Maksim lui travers l’esprit. Pourquoi pas. Rien ne prouve qu’il ne pourrait pas l’être. À part l’attaque où il aurait pu mourir la veille. Un autre capitaine. Plus probable. Un dernier regard perçant dans les yeux du capitaine Abramov achève de la convaincre de son innocence.
Elle se retourne calmement vers Maksim vérifiant discrètement qu’un couteau à sa taille est facilement disponible.

Les renforts arrivent, Maksim baisse son pistolet et déclare :
"Que se passe-t-il ?
- Agent Bounine. Le sergent et moi avons reçu un témoignage de la trahison du capitaine ici présent. Elle m'a ordonné de l'accompagner pour permettre au colonel de l'interroger. Mais le sergent a fait un faux mouvement."
Son mensonge est dit sans ciller. Si la sergente se montre coopérative, il n'y a pas besoin de l'enfoncer davantage. Elle le fait très bien toute seule.

Les 5 hommes et Maksim la laisse aller dans le couloir. Cependant, une fois hors de la pièce l'un d'entre eux pose sa main sur son épaule et l'interroge rapidement. C'est le geste de trop pour Céleste qui ne lui laisse pas finir sa première question. Elle lui attrape le bras et le plaque au sol en lui déboitant l'épaule. Démon siffle-t-elle.
C'est aussi le geste de trop pour les soldats qui, leur compagnons maitrisé, pointent leur revolver sur la jeune femme. Stop ! hurle l'un d'entre eux.

Maksim retient un soupire ou un roulement d'yeux. Cette femme est décidément irrécupérable. Dire qu'il a eu la gentillesse de ne pas la descendre sur le champ. Il n'a pas eu besoin de voir les autres pointer leur arme pour (re)faire de même. Reste à savoir ce que le supérieur va décider. Quant à Maksim, il prie pour s'en sortir après s'être tenu aussi correctement et réglo.

La petite troupe emmena la sergente dans une salle attenante celle du lieutenant qui allait se prononcer sur les évènements. Célèste se montra étonnamment docile et s’assit sur le siège désigné sous la garde de trois soldat pendant qu’un quatrième allait faire son rapport au lieutenant. Les gardes firent aussi comprendre à Maksim qu’il pourrait partager le sort de la sergente en le forçant à s’asseoir aussi.

Maksim attend donc. Il n'a rien à se reprocher dans l'affaire contrairement à leur cinglée. Il a obéit aux ordres raisonnables de son supérieur et l'a arrêté quand celui-ci est devenu déraisonnable, point.
Très vite, des pas se font entendre.
"Sergent, pouvez-vous m'expliquer ce que vous avez fait ? Et dans quel but ? demande le lieutenant avec fermeté.

Le lieutenant reste un instant silencieux, probablement le temps nécessaire pour réfléchir et comprendre la situation.
"Nous ? Qui est ce "nous" ? Vous parlez de ce non-gradé ? dit-il en désignant l'agent Bounine. Pourquoi "prendre les devants" plutôt que d'en référer à votre supérieur, est-ce que vous pouvez m'expliquer ? À ce propos, j'attends toujours le rapport de l'opération d'hier ! Celle qui a coûté la vie à plusieurs de nos agents. Quand comptiez-vous me le donner, sergent ?"

Parce que je n’ai tout simplement pas le temps pour toutes ces questions Lieutenant ! Mes informations viennent de Novgorod et comme je vous l’ai déjà dis, afin de faire tomber au plus vite ce réseau de résistant, il a été convenu d’agir au plus vite ignorant alors l’administratif, classé secondaire. Une partie est déjà tombée, mais les chefs sont encore libres quelques part au sein de la base. Préférez vous mon rapport ou la tête du coupable des récents mort d’ici ce soir ? conclu-t-elle ironiquement.