Rappel du premier message :

Les camarades de Maksim peuvent se rendre compte que ce dernier a changé très rapidement. Il n'est pas devenu plus bavard, loin de là. Il semble plutôt que sa détermination se soit affûtée. Les plus perspicaces pourraient deviner qu'il s'est trouvé un objectif.

Il a doublé l'intensité de son entraînement (le dressage de son cheval est passé au second plan) et il a pris l'habitude de défier les plus forts au corps-à-corps, en particulier les plus costauds et les plus grands.

Ensuite, du jour au lendemain, ses cheveux ont commencé à blanchir. Les autres l'ont regardé bizarrement au début mais comme il venait tout juste de battre au corps-à-corps le trouffion le plus costaud de la caserne et qu'il transpirait la santé, personne n'a tenté quoi que ce soit. Ses supérieurs exigèrent des examens sanguins mais ne trouvèrent rien d'anormal.

Maksim a quitté la caserne tôt le matin de son jour de congé. Il a rendez-vous.

— C'est en effet compliqué. Je ne passe pas assez de temps avec elle. Mais il est difficile de trouver le juste équilibre. Fedor ne prit pas la peine de regarder autour de lui. Ses yeux toujours en mouvement avaient sans cesse indiqué à son esprit alerte où il se trouvait. Je sais où nous sommes, et je connais les lieux qui se trouvent dans cette direction. Mais je n'ai pas vraiment de destination. Pour le coup il s'arrête. Bière ?

Pas d'affrontement. dit Fedor d'un ton catégorique. Je peux te montre comment préparer les herbes. Une petite quantité sera perdue, sauf si tu as des blessures.

— J'ai passé l'âge de jouer à la balle. signala Fedor toujours pince sans rire. Il réfléchit un instant et prend finalement une direction. Il semble bien connaitre le quartier. Rapidement ils arrivent à un petit dispensaire. Il y a une file de malades et de blessés. Ils sont pris en charge par des personnes qui sont plus ou moins qualifiés pour administrer des premiers soins. C'est un endroit où seuls les plus pauvres viennent. Il y a quelques religieux présents, sans leur argent ce type de dispensaire n'existerait pas. Fedor semble connu parmi les employés qui lui adressent naturellement des salutations d'usage.

— Je ne viens pas souvent dans ce dispensaire. dit simplement Fedor. Il se rend néanmoins directement dans la partie des blessés. Là plusieurs personnes attendent avec des plaies.

Un infirmière remarque Fedor et un sourire s'étend sur son visage.
— Fedor, il y avait longtemps. s'exclame-t-elle visiblement contente.
— Bonjour, Macha. répondit simplement Fedor. C'est Maksim, un ami à moi. Je vais lui montrer comment préparer un pansement à base de plantes venues de Chine. Je vais l'appliquer sur ... il regarde les blessés et repère un petit garçon. ... ce jeune homme.

Maksim continue ses efforts pour être poli et salue à son tour. L'idée de Fedor est simple et efficace, Maksim n'a qu'à suivre et apprendre. Ce serait le meilleur moyen pour lui en mauvaise posture de soigner ses blessures. Le gamin est un visage comme un autre et n'a que peu son affection.

Fedor se rend sur un plan de travail et prend un mortier et un pilon. Rapidement il écrase les herbes dans un peu d'eau.
— Sur le terrain il suffit de les mâcher. expliqua Fedor.
Puis il récupéra la pate et la déposa sur une gaze. Le pansement prêt il s'approcha du jeune garçon.
Bonjour, je suis Fedor et je suis ton médecin aujourd'hui. commence le grand homme. Après quelques échanges le garçon donne son nom est parait moins nerveux. Fedor nettoie sa plaie avec de l'eau.
— Toujours nettoyer la plaie, si tu as pas d'eau, tu peux prendre de l'urine. enchaina Fedor sans rire le moins du monde.

C'est simplisme, il n'y a pas de grands secrets ou de pièges à éviter. Maksim en est très déçu. Le gosse rit à la mention de l'urine, ce à quoi n'a pas réagi l'albinos.

Une fois la plaie nettoyée Fedor applique le pansement et le fixe avec une épingle à nourrice.
— Voilà. Ne touche pas le pansement, ne le mouille pas et garde le pendant 3 jours. Ensuite tu pourras le faire retirer ici. expliqua le grand bonhomme au petit garçon. Fait attention à toi.
Le garçon le remercie et prend rapidement son envol. Il est rapide sur ces petites jambes.
Rien de compliqué, mais les gens ont tendances à en mettre trop, ce qui est du gaspillage. J'espère que tu as bien regardé combien j'en ai préparé et étalé sur le pansement.

— La médecine n'est pas une science exacte et les enfants n'obéissent pas toujours. Par conséquent je préfère qu'un œil avisé vérifie que la plaie soit correctement cicatrisée. expliqua Fedor.

"Je vois, c'est plus sécurisant. Les patients ont tendance à rejeter la faute sur le médecin quand ils n'ont pas suivi correctement les instructions. Et tu fais ça bénévolement, naturellement ? Le bâtiment doit être financé par l'Eglise mais il en sont pas un peu pingres avec le personnel ?" ajoute-t-il en baissant la voix.

— L'église fait ce qu'elle peut. Je ne connais pas la richesse du Vatican. Même si j'ai déjà croisé des hauts membres du clergé. Ils semblaient bénéficier d'avantages luxueux. Fedor haussa les épaules. Les pontes du vatican étaient ses ennemis. Des hypocrites qui amassaient pouvoir et or pour leur seul avantage. Fait attention à ce que tu dis. Un milicien pourrait t'entendre.

Oui, les richesses sont inégalement réparties, ce n'est pas neuf.
"Il n'y a pas de miliciens cachés ici, je les aurais reconnus, chuchote Maksim. Nous en avons fini ici ou souhaites-tu rester ? Tu sembles leur avoir manqué."

— Je suis venu pour te montrer. Je reviendrais quand mon travail me guidera ici. dit Fedor en se mettant en route. Un endroit où tu veux aller ?

— Non. C'est eux qui ne m'aiment pas en général. répondit Fedor.

— Je préfère les chevaux en effet. dit Fedor. C'est plus facile de ne pas attirer l'attention négative des chevaux. Les chiens c'est plus compliqué. Mais rien d'impossible. Si les Zootropes pouvaient être facilement découvert par de simple animaux... la milice aurait depuis longtemps exterminé ses congénères.

"Souhaites-tu voir Fumée ? Il faut marcher un peu pour aller au poste mais il vaut le coup d'œil."
Maksim ne voit pas qui pourrait trouver à redire à un étalon bien dressé, rustique et pas farouche pour un sou, hormis les bourgeois coincés qui ne jurent que par le pédigré. Si Fedor lui a montré ses talents de médecin, Maksim pourrait montrer ses talents de cavalier.

— Bonne idée. répondit Fedor. Il n'est pas bon cavalier. Du tout. Mais il ne doute pas que Maksim avec sa carrure, soit un excellent cavalier. Ouvre le chemin. Je ne connais pas le poste où tu travailles.

Et le petit duo reprend son chemin dans les rues de Moscou. Les quartiers défilent lentement sous leurs yeux. Il n'a pas échappé à Max que Fedor reste très attentif, trop pour un simple échaudé des échauffourées. Ils passent devant des commerces prospères et des traces de drames familiaux. Un fleuriste fait encore le deuil de sa fille après quelques mois. Une troupe de miliciens familiers à Maksim passe, l'obligeant à se cacher discrètement derrière la carrure de Fedor.

— Tu te caches ? demanda Fedor une fois le groupe de miliciens dépassé. Etrange de la part du jeune homme. Mais il avait sans doute une bonne réponse. Et le grand guerrier était curieux de la connaitre.