Rappel du premier message :

Les camarades de Maksim peuvent se rendre compte que ce dernier a changé très rapidement. Il n'est pas devenu plus bavard, loin de là. Il semble plutôt que sa détermination se soit affûtée. Les plus perspicaces pourraient deviner qu'il s'est trouvé un objectif.

Il a doublé l'intensité de son entraînement (le dressage de son cheval est passé au second plan) et il a pris l'habitude de défier les plus forts au corps-à-corps, en particulier les plus costauds et les plus grands.

Ensuite, du jour au lendemain, ses cheveux ont commencé à blanchir. Les autres l'ont regardé bizarrement au début mais comme il venait tout juste de battre au corps-à-corps le trouffion le plus costaud de la caserne et qu'il transpirait la santé, personne n'a tenté quoi que ce soit. Ses supérieurs exigèrent des examens sanguins mais ne trouvèrent rien d'anormal.

Maksim a quitté la caserne tôt le matin de son jour de congé. Il a rendez-vous.

"Il est plus simple qu'ils ne m'aient pas vu, je ne veux pas les entendre à la caserne. Qui je fréquente ne les regarde pas. Je suis plus tranquille."
Maksim préfère nettement qu'aucun bruit circule sur lui qu'un bon ou un mauvais. Il s'illustre par ses actions au travail et c'est tout.

Fedor hausse les épaules, ce n'est pas son problème et le petit peut faire comme il veut. C'est un adulte désormais. Il prend ses décisions.
— Je connais pas vraiment l'emplacement de tous les postes. Le tien est encore loin ? demande Fedor qui sait parfaitement où se trouvent tous les postes officiels de la Milice. Et quelques officieux aussi.

"Non, encore deux rues et nous y sommes. Il faudra que tu m'attends devant l'écurie."
Autant il est facile de faire subrepticement entrer un garçon effacé et discret comme Klyde, autant le colosse lui impossible, même en vêtements de clochards mal taillés.

— Pas de problème. répondit simplement Fedor. Quand ils arrivèrent devant le poste Fedor ralentit doucement le pas et vint se poser dans un coin proche de l'écurie. La place était calme, forcement avec la Milice aussi proche. Les commerçants et les passants marchaient tous les têtes hautes, visiblement aucun d'entre eux n'avaient la moindre crainte que la Milice ne les suspectent de quoi que ce soit. Les yeux de Fedor restaient en mouvement. Comme toujours il était un brin court en portée, et seul les mouvements entrant dans son champ d'action parvenaient à attirer son attention rapidement.

Quelques minutes longues à vivre pour Fedor plus tard, un cheval et son cavalier sortent tranquillement des écuries. L'animal est un étalon à la robe noire avec 1m50* au garrot. Max remarque que ce dernier est assez excité, sans doute parce qu'il n'a pas fait autant d'exercices que d'habitude. Il dirige sa monture vers Fedor, marchant à ses côtés.
"Je te présente le fameux Fumée."

* c'est tout juste plus grand qu'un poney

Fedor ne se sent pas petit à côté de ce cheval, donc il n'est pas très grand.
— Salut Fumée. dit simplement le grand homme en regardant Maksim à côté de sa monture. Tu vas le monter ?

Maksim présente Fedor aux deux yeux du cheval. Le cerveau équin est comme coupé en deux. L'animal semble particulièrement intéressé par l'homme et ne le quitte pas des yeux. Le cheval a une selle sur le dos, le garçon ne s'en serait pas embarrassé s'il ne voulait pas le monter.
"Donne-moi une seconde."
Avec aisance, il grimpe au sommet du cheval. Ce dernier redresse les oreilles, prêt à partir.
"Je sens qu'il veut courir."
Et Max partage son envie.

— Faites un tour alors. dit simplement Fedor qui comprend parfaitement bien l'instinct animal et la façon dont il peut donner des impulsions pressantes. Tu as l'air à l'aise en tout cas.

Max fait un signe de la main avant de lancer doucement son cheval sur les pavés le temps d'échauffer les muscles. Maksim le laisse s'élancer à toute vitesse seulement au retour. L'animal déboule et s'arrête près du colosse mais ne semble pas du tout essoufflé (il en faut beaucoup plus pour ça). Max est ravi de montrer une parcelle de son talent à Fedor.
"Tu dis ça parce que tu ne sais pas monter mais oui, je suis très à l'aise dessus."
Et plus grand.

— Je sais monté. Ma douce est une cavalière émérite qui possède de nombreux chevaux. Elle m'a appris. C'est juste que ma carrure n'est pas vraiment adapté pour l'équitation. explique Fedor. Sans parler du fait que les chevaux ont peur de lui. Pas quand il est calme et posé. Mais monter le fait stresser et les chevaux le sentent.

Max, très à l'aise, suit sans problème les mouvements du cheval qui piétine, avide de se déplacer encore. Maksim lui indique finalement de marcher au pas.
"Je ne sais pas pourquoi, je t'imaginais capable de suivre un cheval au galop. Comment s'appelle cette cavalière émérite déjà ? J'ai oublié.

— Inès. Une bourgeoise, blonde, au tempérament de feu. décrit Fedor. Elle adore ses chevaux. Lorsqu'elle s'est blessée à la cheville dernièrement elle n'a cessé de s'occuper de sa petite Perle. Plus importante que sa propre santé. il soupire parce qu'il ne comprend pas qu'un animal de compagnie soit plus important que sa propre santé.

Maksim trouve ça drôle, lui qui n'a pas cessé de s'occuper de Fumée malgré la blessure par balle dans sa cuisse il y a quelques semaines de ça.
"Ines, tu lui donnes déjà un petit nom. Je ne savais pas qu'une bourgeoise pouvait avoir "un tempérament de feu", elle n'est pas trop hystérique quand même ?"
Maksim fait reculer Fumée par précaution.

- Inessa Sevastianovna Tselikovskaïa. Ines c'est plus court. sourit Fedor. Et tu verras quand tu la rencontreras, elle a un tempérament de feu. Ca ne fait aucun doute. Je déteste les gens hystériques, donc non. Elle reste dans des limites acceptables.

Le nom évoqua quelque chose à Maksim. C'était une sensation très discrète.
"À quoi ressemble-t-elle physiquement ? ... A-t-elle toujours été à Moscou ?"

Fedor prend le temps de la décrire en détail. Ainsi que sa famille, enfin sa mère et vaguement son père.
— Je ne sais pas si elle est toujours restée à Moscou, j'en doute, sa famille est riche et les riches voyagent.

Ils continuent d'avancer le long de la rue. Maksim surveille toujours les environs du haut de son cheval, ainsi il est plus exposé.
Si elle a les yeux vairons, il ne peut pas s'agir d'une coïncidence...
"Elle me connaît déjà. C'est aussi elle qui m'a donné mes premières leçons d'équitation. Si tu lui donnes mon nom, elle devrait se souvenir de moi."
Ou peut-être pas... Aurait-elle même oublié ce garçon atteint d'albinisme ?

— Oh... quelle amusante coïncidence. dit Fedor étonné. Je lui parlerais de toi. Evidement qu'elle se souviendra, si elle a pris la peine de te donner des leçons d'équitation. Alors elle se souviendra de toi. C'était quand ?

"C'était il y a longtemps, elle n'était pas encore adulte, du moins je crois pas. Disons une bonne dizaine d'années. Elle m'a fait peur à ce moment-là parce qu'elle a tout de suite vu que j'étais albinos."
Ce n'est pas exactement ce qu'il s'est passé mais les souvenirs sont flous. Max réfléchis et se faisant manque de remarquer la troupe de miliciens dans l'autre sens de rue.

— Je vois. dit simplement Fedor. Il y a un groupe de tes amis en approche. signala Fedor, même s'ils étaient hors de sa portée optimale, il était difficile de ne pas les remarquer quand on passait son temps à regarder autour de soi. Contrairement à Maksim il n'était pas plongé dans des souvenirs lointain.

"Tant pis, fais comme si tu ne les avais pas remarqué."
Maksim regarde devant lui, les ignorant complètement. Ses bras se tendent, en conséquence, le cheval devient plus attentif, prêt à obéir au moindre ordre de son cavalier.

Fedor joue parfaitement bien le grand bonhomme qui ne fait pas attention à son environnement. Il semble concentré sur la monture et rien d'autre.
— Tu es tendu. constate-t-il cependant en jetant un regard rapide au cavalier.

Être tendu est l'état naturel de Maksim...
Il donne un ordre à Fumée qui s'élance. La troupe le voit passer, trop surprise pour l'arrêter.
Je ne suis pas comme toi, Fedor. Immobile, je ne suis pas tranquille.
Il fait tourner Fumée sur lui-même avant de le faire cabrer et de reprendre sa course.
La troupe retourne à sa patrouille en haussant les épaules, oubliant totalement le colosse qui était à côté de Maksim plus tôt.

Fedor marche tranquillement. Son pas est posé, la rivière des passants le contourne naturellement. Son visage est avenant et malgré sa taille il dégage une aura de tranquillité plus que de puissance. Il atteint l'autre bout de la place, loin des miliciens en patrouille.
Maksim est flamboyant dans ses façons de faire. C'est amusant de voir autant d'énergie à l'œuvre. Le petit ne voulait plus d'un maitre d'arme. Etrange. Fedor désirait toujours rencontrer des individus pouvant lui enseigner d'autres savoir. Sans doute que Maksim avait d'autres ambitions.

Le cheval a l'air heureux d'avoir piqué un petit sprint. Maksim est gêné d'avoir donné l'impression de paniquer mais connaisant Fedor, il vaut mieux faire comme si de rien n'était.
"Voilà, comme tu as pu le voir, je suis très à l'aise sur ce cheval et il est exceptionnel. Je peux le lancer dans la rue sans faire de dégâts si j'en ai besoin. Voilà pourquoi j'ai envie de l'acheter. Et j'aimerais beaucoup revoir Inessa Tselikovskaïa."