Rappel du premier message :

Les camarades de Maksim peuvent se rendre compte que ce dernier a changé très rapidement. Il n'est pas devenu plus bavard, loin de là. Il semble plutôt que sa détermination se soit affûtée. Les plus perspicaces pourraient deviner qu'il s'est trouvé un objectif.

Il a doublé l'intensité de son entraînement (le dressage de son cheval est passé au second plan) et il a pris l'habitude de défier les plus forts au corps-à-corps, en particulier les plus costauds et les plus grands.

Ensuite, du jour au lendemain, ses cheveux ont commencé à blanchir. Les autres l'ont regardé bizarrement au début mais comme il venait tout juste de battre au corps-à-corps le trouffion le plus costaud de la caserne et qu'il transpirait la santé, personne n'a tenté quoi que ce soit. Ses supérieurs exigèrent des examens sanguins mais ne trouvèrent rien d'anormal.

Maksim a quitté la caserne tôt le matin de son jour de congé. Il a rendez-vous.

— Oh.. je ne vends pas pour boire ici. Je vends des paquets de thé, pour faire chez vous. répondit le vieil homme. Nous avons aussi beaucoup de remède en provenance de Chine. Le docteur pourra vous conseiller dans ce domaine, il en sait autant que moi sur les herbes et onguent que je propose dans ma modeste boutique. Nous vendons aussi de la vaisselle, des meubles, de la décorations et... il fait un geste pour montrer la boutique. Tout ce qui attire votre regard est à vendre ici.

Des remèdes ?
"Très bien, je vous remercie. Nous allons jeter un coup d'œil." dit-il en cherchant le regard (imperméable) de Fedor pour vérifier que c'était bien son idée de base.

— Tu devrais aussi prendre du thé. Il est excellent, correctement conservé et avec des arômes subtils. En matière de remède... il se dirige vers les présentoirs et prend un cône de papier qui sert de récipient. Il pioche ensuite avec une petite pelle métallique dans un bocal. C'est ce qui te sera le plus utile. Des herbes cicatrisantes à mettre sur tes blessures. Elles accélèrent la guérison. Il faut que tu les prépares d'une façon précise. je te montrerais plus tard.

Comment savait-il que les remèdes m'intéressaient ?
Maksim laisse faire. Il se penche vers le présentoir de thé et hume les feuilles. Il jette son dévolu sur des feuilles séchées vertes spiralées*.

* Long Jing ou Puits du dragon

— Voilà. dit simplement Fedor en déposant deux paquets sur le comptoir. Fait un prix à mon ami pour son premier achat dans ta magnifique échoppe. demanda Fedor avec sa voix profonde.

— Jamais tu ne paies le prix. fait remarquer le vieil homme.

— Tu n'indiques jamais les prix. précise Fedor.

En effet il n'y a aucune étiquette nulle part dans la boutique.

"Quel est le prix, vénérable homme ?" demande Maksim avec un sourire poli qui contraste avec la sévérité de ses lunettes teintées.
Il est prêt à payer le prix mais pas sans négocier un brin.

— Tu devrais prendre exemple sur ce jeune homme. s'exclama le vieil homme. Il indique un prix qui parait décent. Difficile de juger quand on ne connait pas les prix du marché cependant.

Fedor se contente de croiser les bras et d'écouter. Si les deux hommes veulent marchander il ne s'interposera pas.

— Des montagnes autour de mon village. Elles sont très efficaces pour lutter contre les infections d'une blessure et aident à la cicatrisation. Je les fais venir de loin. C'est donc plus cher que les remèdes occidentaux. Mais c'est moins agressif pour le corps. explique le vieil homme. Le prix est juste.

"Vous arrive-t-il de rentrer souvent au pays ? La boutique est donc fermée le reste du temps ?" continue Maksim en sortant l'argent de sa poche.

— Mon fils fait les aller retour et mon petit fils m'aide. explique le vieil homme. Je n'ai plus l'âge de courir les routes. Et je ne suis pas le bienvenue dans mon pays.

Quelles autres raisons auraient poussé un homme à s'exiler ? Loin de sa terre natale. Le vieil homme tend la main pour récupérer l'argent du jeune homme.

Maksim dépose l'argent dans la main brune et usée du vieil homme.
"C'est malheureux. À un certain degré, nous ne sommes pas les bienvenus chez nous. Au moins, le reste de votre famille peut encore y aller et voir de ses propres yeux les montagnes de votre jeunesse."

— C'est en effet une bonne nouvelle que ma disgrâce ne soit pas tombée sur ma lignée. confirma le vieil homme en empochant l'argent. Fedor, amène plus de bon client comme celui-ci ! Les autres sont aussi pingres que toi.

Fedor se contenta d'acquiescer de la tête. Les membres de LR qui viennent ici n'ont pas tous des revenus corrects, mais ils trouvent toujours une oreille attentive chez le vieil homme.

— En route ? demanda Fedor.

Maksim acquiesce et dit au revoir au vendeur. Il attend de voir si les herbes et le thé seront de qualité mais ce dernier lui a fait bon impression : posé, bienveillant et encore alerte pour son âge. Et il était bavard ! Fedor fréquente d'autres personnes, des personnes moins aisées que lui, certainement rétives à accepter le régime actuel.
"Mais tu n'as rien acheté pour toi." remarque Maksim.

— J'ai un médecin pour mentor. Je ne manque pas de médicaments et matériaux pour appliquer les premiers soins quand j'en ai besoin. expliqua le grand bonhomme. Moins tu te bats... et moins tu as de risque de te blesser. Cependant tu perds aussi ton... je ne sais pas comme le dire en russe. Disons qu'un combattant est une lame, et cette lame devient moins tranchante quand elle ne s'entraine pas en situation réelles.

— Non. Je dis juste que je vais perdre ma supériorité à cause du manque de combat réel. explique simplement Fedor. Je n'ai rien dit concernant mes sentiments à ce sujet.

Il continue de se battre en fait, mais un milicien n'est pas censé le savoir. Etant donné qu'il tue principalement des miliciens lors de ses combats.

Pourquoi il me dit ça alors ?
"Tu mettras du temps à perdre ta supériorité. De toute manière, face à plusieurs hommes à la fois et armés, on est démunis. D'ailleurs, tu m'avais dit que la force d'un groupe était un vrai plus. Je t'ai vu seul jusqu'à présent. N'es-tu pas bien entouré ?"
Maksim a toujours dans l'idée de suivre le conseil de Fedor et de devenir garde du corps pour ne plus dépendre de la Milice qui ne lui convient manifestement pas.

— Pourquoi faire ? Je suis un apprenti médecin. Il m'arrive d'intervenir quand je vois des crimes être commis dans les rues. Et je suis parfois un brin dépassé par le nombre. Mais les marauds ne sont pas des miliciens entrainés. Leur nombre ne me pose que rarement un problème. explique Fedor. Par contre, dans d'autres métiers, il est certain que la force du groupe et des armes fait la différence.

Maksim hausse les épaules.
"La dernière fois que je t'ai vu, tu donnais l'impression d'être prêt à intervenir entre des militaires et des miliciens. Ca n'aurait pas été digne du grand Fedor de reculer face à des individus même armés de révolvers."
Certes il faut le temps de dégainer son arme et de tirer sur le colosse quasi à bout portant mais tout combat reste un risque, même si l'on est supérieur physiquement. Enfin bon, Maksim ne peut pas juger, il est trop tête brûlé.

— Les armes à feu sont dangereuses et annulent des années d'entrainement. Cependant elles ne sont pas aussi omnipotentes que certains le pensent. Il faut juste garder en tête que nous sommes peu de chose face à elles. dit simplement Fedor. Je serais intervenu si nécessaire. Les miliciens ont tendance à croire que leurs armes à feu les rend immortels. Grave erreur.

Il hausse les épaules. Présenté ainsi il parait pas très malin. Mais il ne peut pas dévoiler que son entrainement ne s'arrête jamais. Malgré ses nouvelles études. Juste il ne devient pas meilleur chaque jour, contrairement à autrefois. Il stagne désormais. D'un autre côté ... il stagne au sommet d'une montagne que peu de gens peuvent escalader.

"Tu dois être monstrueusement occupé par tes études. Partagerais-tu encore assez de temps avec la femme qui courtise ton cœur s'il m'est permis de demander ? À propos, sais-tu où nous allons ?"
Parce qu'ils marchent droit devant eux mais Maksim n'a pas du tout déterminé de nouvelles destinations.