Rappel du premier message :



Voilà que Caïn avait rejoint la taverne un peu à part de la cité. La Guilde, c'était son nom. C'est là que les aventuriers cherchant un boulot venaient passer le temps. Normalement Caïn s'y rendait seul, Layla avait insisté pour l'accompagner mais il avait été inflexible. Pas question. Quelques habits de moins plus tard, Layla en toute petite tenue avait convaincu Caïn. Il n'était pas vraiment inquiet en fait, il faisait ce genre de mission pour la façade. Même si la présence de Layla augmentait malgré tout un peu les risques, il pensait pouvoir gérer sans mal. Elissa était plus sceptique, notamment au vu de la faiblesse de son compagnon de route vis à vis de la jeune barde.

Bref il poussa les portes de la taverne, Layla sur ses talons. Il portait sa tenue habituelle d'aventurier. Neutre. Il se dirigea vers le bar pour commander une bière pour lui. La patronne était taillée dans un tronc d'arbre, avec un visage rond et teinté de rouge aux joues.
— Rien pour toi pour le moment, Traqueur, dit-elle en servant la bière. Elle boit quoi la jeune fille ? Un lait de chèvre ?

Quoi, déjà ? Hey, mais je veux en savoir plus moi... et si jamais on aidait une personne qu'on va regretter aider plus tard ?
Enfin, je ne sais pas si je le regretterai mais je suis... curieuse.
"...et on a besoin d'enquêter sur l'endroit où il a été vu la dernière fois."
Je n'ai pas envie de marcher sur les plates bandes de Caïn, mais j'vois pas aussi loin que lui, moi !
La femme se crispe un peu, puis hoche la tête. "Oui, je comprends.. la dernière fois que je l'avais vu, il était avec moi dans mon lit... le matin il avait disparu."

Caïn se contenta de siroter sa bière tranquillement. Il laissa la jeune barde prendre les choses en mains pour le moment. Il n'avait rien contre le fait qu'elle prenne les choses en main. Il faudrait qu'elle le fasse plus souvent dans d'autres situation.

"C'était quand ?"
"C'était avant-hier... mais il avait l'habitude de se lever aux aurores..."
Bon, c'est assez flagrant (même pour moi), les contradictions qu'elle sort, donc je ne m'attends pas à beaucoup de vérité de sa part. Mais...je suis tétûe quand-même, j'imagine.
Je lui souris bruquement et lui attrape la main doucement. "Ne vous en faites pas. Je suis sûre qu'on va le retrouver." Mort ou vivant, je ne sais pas, je voulais juste voir sa réaction. Et elle est... retardée ? Elle me sourit et hoche la tête. "Merci, je ne savais vers qui me tourner..."
Bon au final j'en sais pas plus...

— Vous avez trouvé les bonnes personnes, nous allons en effet le retrouver, confirma simplement Caïn en se levant de sa chaise. Il était temps de se mettre en route. Il termina sa bière et regarda celle non entamée de la petite.
La prochaine fois ça sera un lait de chèvre, annonça-t-il ensuite. Il n'aimait pas le gaspillage.

Je fais la moue, puis prends la bière pour en boire la moitié au moins avant de la poser. "La prochaine fois, donne-moi soif ?" Je réplique en me levant aussi, puis en souriant à la dame, j'obtiens d'elle l'adresse d'où elle habite. Elle n'est pas très aidante dans les directions, mais bon...

Caïn salua la femme poliment, puis la patronne sur le chemin de la sortie. Une fois dehors il leva les yeux au ciel, la journée était encore jeune. Et une mission sans intérêt devait désormais être remplie.
— Normalement on est censé demandé la somme offerte et une avance, précisa-t-il en marchant dans la rue. Il vint déposer une main sur le fessier de la belle. Cela le détendit immédiatement.

Le geste ne me fait même plus sursauter, c'est devenu une habitude. J'espère juste qu'il ne me prend pas pour l'avance. "Et...pourquoi n'as-tu rien demandé ??" Je l'avais pas vu faire, alors j'ai pas demandé, moi...

— Je n'aime pas les menteuses, répondit-il. Quelle est la prochaine étape maintenant ?
Lui savait, mais il doutait qu'elle sache, il ne restait que le bon sens, ou l'intelligence naturelle de la barde.

Regardez-le, à faire semblant de faire la fine bouche sur le genre de main qui le paie. "Prochaine étape... voir à quoi ressemble sa maison ?" Elle est riche. J'étire un sourire en le regardant, puis réalise : "...et ne le comprends pas mal, c'est pas mon sourire de voleuse, ça."

— Nope. Prochaine étape, rendre visite à ceux qui savent, dit-il en prenant la direction des bas quartiers de la ville. Très rapidement l'ambiance changea. Des rues plus sales, des gens plus pauvres, des regards plus fuyants. Ici les gens ne prenaient pas le regard vide de Caïn comme de l'ennui, ici les passants savaient intuitivement qu'il était plus intelligent de l'éviter.

Durant notre decente dans l'escalier social, je pense à tirer ma capuche sur ma tête. "Tu prends ça plus sérieusement que ce que je pensais, pour quelqu'un qui n'a pas eu son avance." Je commente à mi-mots.

— J'ai une réputation à entretenir, dit-il simplement. Après tout il ne faisait ce genre de boulot que pour sa couverture. Rien d'autre. Mais autant le faire bien. Les rues étaient de plus en plus étroites, et finalement il s'engagea dans une ruelle sombre et malodorante. Un groupe de gobelin trainait là. Des rebus de la société, mal aimés comme tous ceux qui venaient de la brèche. Comment en vouloir au commun des mortels, il n'avait personnellement jamais rencontré un gobelin qui ne soit pas un criminel.

Je crois que le remugle est tellement concentré ici que même un coup de vent avec ma luth ne le fera pas partir. C'est rare que je puisse me rendre dans ce genre d'endroit seule, et qui plus sans devoir tourner la tête chaque deux pas. Du coup je peux me permettre de remarquer beaucoup plus de choses sous cet angle.
Ce genre d'endroit me fait me demander comment Caïn fait pour rester du bon côté après tous ces siècles ? J'aime plaisenter quand je l'appelle Shinoki mais... ça reste un mystère pour moi. Voir une improbabilité ?

Le corps de Caïn changea une fois de plus alors qu'il s'approchait des gobelins. C'était imperceptible, mais sa densité musculaire venait de tripler sans que son volume ne change. Arrivée devant les gobelins son pas était plus lourd que cinq mètres auparavant.
— Je cherche des renseignements sur des prêteurs et sur un marchand de vin qui emprunte trop, dit-il en direction du groupe de gobelin.
— Et tu payes comment ? Avec la fille ? demanda un jeune gobelin libidineux.
Le regard de Caïn se posa sur lui, vide, comme mort. Le jeune gobelin ne réagit pas le moins du monde et son sourire égrillard continua de s'étendre sur son visage verdâtre.

Hey, je porte ma capuche ! T'imagines si je la portais pas ? Non, plutôt, t'imagines le calvaire que je vivrai tous les jours si je portais des habits un poils plus révélateur ? Ahlala, ce sang elfe sera ma perte un jour...
Je t'avoue que l'endroit aspire pas confiance, même en compagnie de Caïn. Mais je sais que ces types... ils le sentent quand quelqu'un a peur, donc je ne leur permet pas ce plaisir.

Je vois l'un des gobelins pousser celui qui venait de parler derrière lui. "Le gars qui se fait appeller Xavier, c'ça ? Tu t'rouvras pas beaucoup de tarés prêts à révéler des trucs sur lui ici. Mais j'suis sûr qu'on peut s'arranger..."

L'autre gobelin était intervenu, parce que lui savait lire les yeux des gens en face de lui. Et les yeux de l'humain il en avait vu du même genre. Toujours chez de gens capables de tuer sans même y accorder une seconde pensée. Sans éprouver la moindre émotion. Des gens difficiles à cerner en général.
— Xaviar, pas Xavier, et c'est qu'un marchand de vin. Le problème c'est sans doute sa femme ou les prêteurs, expliqua Caïn. Il sortit une petite bourse de sa poche et la jeta au gobelin. Ce dernier s'empressa de jeter un oeil, de l'argent et du cuivre, c'est pas mal.
— Les prêteurs l'ont capturé.

C'est pas des prêteurs très malins, hein ? Enfin, j'dis ça pour rigoler... si j'étais un prêteur, j'aurai plus à y gagner en capturant sa jolie femme plutôt que lui. Donc que Caïn la qualifie de "problème", ça ne me sureprend pas tant.

Le gobelin ferme la bourse et la cache dans son veston. "Le Traqueur reste fidèle à sa réputation." Il semble satisfait, mais il a exactement le même sourire que celui de l'écervelé derrière lui. Enfin, lui au moins a clairement quelques années de plus à gratter si vous voulez mon avis...
"Ils occupent une grande vignerie à l'extérieur de la ville."

— Cette conversation n'a jamais eu lieu, annonça Caïn, son regard se posa sur chacun des gobelins. Parmi leur engeance, certains savaient ce qu'il en coutait de trahir un marché avec le Traqueur. La réputation de l'humain était plus terrifiante que certains des plus dangereux elfes noirs.
Caïn fit demi-tour, posa à nouveau sa main sur son repose main préféré, et il guida la jeune femme loin de la ruelle.

Je jette un coup d'oeil aux gobelins derrière moi, et les vois tous entourer la bourse d'argent comme des papillons de nuit au... non, c'pas trop élégant le terme papillon de nuit pour un goblin, non ? Rah ! Cet endroit sappe toute mon inspiration ! Je crois même que j'ai perdu de la magie au lieu d'en gagner ici ! (bon p'tetre pas mais c'est l'impression que j'ai).
"Et maintenant... prochaine étape ? Vignerie ? Quand est-ce que c'est à mon tour d'être badass, au juste ?"

Il la regarde en se questionnant sur le sens réel de sa question.
— Jamais, répondit-il finalement. Tu es peut-être une voleuse à temps perdu, mais pas une tueuse.
Elle pourrait cependant être au premier rang certes, mais de là à être "badass", il y a une marge énorme. Enfin selon sa définition personnelle de "badass", qui inclue de pouvoir contrôler les autres par la seul terreur de sa réputation, ou si nécessaire par la terreur de ses actions.

Je souffle en regardant le chemin. "Je suis même pas une voleuse. Je prends parfois ce qui m'est naturellement dû, c'tout." Je trouve pertinent de préciser. Quant à tueuse... ouais, on va dire que je ne le suis pas.

— Tu as volé mon cœur, précisa Caïn en serrant sa patte sur les fesses de la belle. Voleuse.
Il prirent la direction de la vignerie, cette fois il faudrait observer et infiltrer. Ils pourraient entrer par devant et tuer tout le monde, mais il voulait comprendre la situation avant de massacrer tous les êtres vivants là bas. Surtout avec Layla à ses côtés.

Je sens mon visage chauffer et me trouve à marmonner un truc juste pour donner l'impression d'avoir une réplique. Parce que je n'en ai pas.
Terrible endroit, n'empêche. Ce pauvre gars squlettique assis par terre ? Si ça se trouve c'est un éclaireur à la solde d'un gang. Cette petite fille mignonne qui vend des fleurs ? Je parie qu'elle me mangera le bras si je lui filais une pièce. La dame là qui porte son enfant sur son dos ?...est-ce que c'est vraiment son bébé ou une poupée ?!
Bref, ne faire confiance à personne ici. Per-sonne. "Oh." La ruelle rouge. "Fais gaffe, Caïn. Faut pas leur faire confiance." Je lui conseille en lui patpat le bras.

— Elles sont parfaitement digne de confiance pour te donner le plaisir que tu recherches. Dans ton cas elle pourrait t'expliquer un truc ou deux sur comment donner du plaisir à un homme, rétorqua Caïn. Mais je peux très bien t'apprendre aussi.
Il s'engagea dans la ruelle aux lanternes rouges, les dames de compagnies étaient là. Certaines dans la rue, d'autres non. Il n'était pas venu depuis des années. Il ne sait pas combien, mais suffisamment pour que personne ne le reconnaisse ici. Où alors une très vieille prostituée.

"Vraiment ? Pourquoi pas les deux ? Tu m'apprends et elles aussi ? En même temps ? Dans la même pièce ?" Je rétorque sur le ton de la conversation en regardant autour de moi. Non je ne réagirai pas à sa perche tendue là. Je suis audessus de ça !