Rappel du premier message :



Voilà que Caïn avait rejoint la taverne un peu à part de la cité. La Guilde, c'était son nom. C'est là que les aventuriers cherchant un boulot venaient passer le temps. Normalement Caïn s'y rendait seul, Layla avait insisté pour l'accompagner mais il avait été inflexible. Pas question. Quelques habits de moins plus tard, Layla en toute petite tenue avait convaincu Caïn. Il n'était pas vraiment inquiet en fait, il faisait ce genre de mission pour la façade. Même si la présence de Layla augmentait malgré tout un peu les risques, il pensait pouvoir gérer sans mal. Elissa était plus sceptique, notamment au vu de la faiblesse de son compagnon de route vis à vis de la jeune barde.

Bref il poussa les portes de la taverne, Layla sur ses talons. Il portait sa tenue habituelle d'aventurier. Neutre. Il se dirigea vers le bar pour commander une bière pour lui. La patronne était taillée dans un tronc d'arbre, avec un visage rond et teinté de rouge aux joues.
— Rien pour toi pour le moment, Traqueur, dit-elle en servant la bière. Elle boit quoi la jeune fille ? Un lait de chèvre ?

Caïn suit en silence la petite voleuse. Qu'est-ce qu'elle a en tête ? Il se le demande alors qu'il ne la lâche pas des yeux. D'ombre en ombre il se déplace tel un assassin rompu à cet exercice.

Je me tourne par reflexe, probablement que je me suis sentie épiée. Caïn ?
Mais je ne vois rien. En même temps... ça m'étonnerait que ce soit un des gardes.
Ou alors c'est un fantôme.
Je continue de monter, une fois au hall supérieur, je ne vois toujours pas de lumière mais... j'entends l'écho d'un bruit lointain. Je m'y dirige. Il y a un tapis ici, donc pas de grincements de ma part. La lune éclaire le couloir à partir des grandes fenêtres, malgré la couche de poussière et de saleté.
Une fois plus proche, je me cache derrière un pillier. Ok, je tente de calmer ma respiration.
Il y a un garde devant la porte, qui est légèrement entrouverte.

Caïn suivit tranquillement Layla. Deux shurikens en main, pratique contre des gens qui ne portaient pas d'armure. Même s'il visait le corps il parviendrait à les tuer. Généralement il visait la tête. Un instant la miss se retourna et Caïn se fit immobile. Puis il reprit sa poursuite. Un obstacle, vivant, il se demanda ce qu'elle allait faire.

Je me demande ce que je vais faire.
Il y a de la lumière qui sort de la pièce, donc c'est probablement le bureau. La présence du garde le confirme. Est-ce que je réussirai à éloigner le garde ? Je ne saurai pas le tuer sans attirer l'attention.
AH.
Mais... je ne sais pas si elles me feront cette faveur.
Je glisse mes doigts contre mon piercings, une fée apparaît. Je sais qu'elle sait. Elles me voit sans vraiment me regarder, c'est toujours creepy quand elle fait ça. Non, non, je ne devrai pas compter sur elles... Je hoche la tête de droite à gauche et lui fait signe de partir. Elle ne m'écoute cependant pas et... vole jusqu'au garde.

La petite fée atteint le garde qui ne la voit pas venir et tourne autour de lui en dispersant une poudre magique. En tout cas ça ressemble à ça vu de loin. Le garde devient somnolant et finit par se poser sur une chaise, tête contre le mur, il s'endort rapidement.
Caïn sourit, la petite à de la ressource.

Oof, elle m'a aidée même en sachant ce que je comptais faire. Et bizarrement, ça ne me rassure pas du tout.
Je déglutis et me rapproche doucement, l'arbalète en main.
En jetant un coup d'oeil à l'intérieur, je remarque l'ombre de quelqu'un debout avec... un livre en main ? Il est donc à ma droite.
La fée qui n'est toujours pas partie. Je comprends ce qu'elle veut faire, et ça me perturbe. Pourquoi elle m'aide à faire ça ? D'habitude elles renchignent rien que quand je tue un animal.
J'hoche la tête, laissant tomber l'arbalète et sortant ma dague à la place.
La fée prend la voix du garde, et appelle: "Hey, chef, venez voir ce qui se passe..."

Le chef en question grommelle. — Il est tard, qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il en s'approchant. De la porte, il arrive sur le seuil sans percevoir clairement qui se trouve dans les ombres derrière son bureau éclairé.

Caïn m'avait appris où frapper, mais... c'est une toute autre paire de manche maintenant.
Mais je ne dois pas réfléchir, juste agir,  j'ai déjà toutes les informations qui me motivent.
Le chef est destiné à mourir de toute façon.
Moi ou une autre personne, quelle différence pour lui ?
La seule différence c'est pour moi, et pour Caïn - même s'il ne ne le sent pas.
Ne pas réfléchir !
Donner un coup fort à la gorge.
Le chef est plus grand que moi, je n'aurai même pas réussi à atteindre le côté de son cou comme Caïn m'avait appris.
Mais... il gargouille. Je m'éloigne juste d'un pas sur le côté, alors qu'il tombe et ruine le tapis.

Elle avait vraiment été jusqu'à tuer. Etrange. Caïn ne comprenait pas très bien la motivation de la barde. Mais il lui demandera plus tard. Un shuriken perce la gorge du dormeur en silence et Caïn fait son apparition à côté de la belle.
— Il est temps de rentrer, annonce-t-il doucement dans le dos de Layla. Si elle se retourne brusquement avec sa lame en main il lui saisira juste le poignet.

Je sens un truc se nouer dans ma gorge. Est-ce que je peux continuer à ne pas réfléchir ?
Non, je n'y arrive pas...
Je m'essuie le visage rapidement de l'avant bras, voyant ma man trembler. Je ne sursautte pas lorsque je crus entendre un truc se planter sur la droite, là où le garde dort. Ni quand j'entends la voix de Caïn derrière moi.
J'essaye de déglutir, mais le truc reste noué. Je regarde ma main tremblante et la dague essanglanté.
Puis je me force à tourner la tête vers l'homme à terre. Ce n'est pas le premier mort par ma faute, mais c'est le premier que je tue consciemment.
Je prends une inspiration et me retourne. "Hm." Je confirme.

— Tu aurais du me laisser faire, dit-il simplement. Ce n'est pas un reproche, juste une constatation. Il pose une main sur la tête de la petite et la patpat doucement. Puis il se retourne et se met en route pour la grange où il espère que l'homme se trouve toujours.

— Il est toujours là, confirma Elissa.

Je le suis tranquillement sans répondre. J'ai encore trop de trucs à ranger dans ma tête pour l'instant.
Après un moment, je remarque que je tiens toujours la dague en main, et décide de la remettre dans son fourreau avec son sang pour l'instant.
Je remarque aussi que la fée n'est plus. Etrange, qu'elle disparait sans demander son dû.
Mon sceau n'a pas vraiment réagi non plus.
Peut-être que je suis juste sans coeur et je ne le savais pas ?
Durant notre chemin, je fluctue entre deux états mentales - je n'arrive pas à me stabiliser sur un.
Dans la grange, l'homme nous attendait. "Vous... vous n'êtes pas venu me tuer, hein?..."

— Non, on vient vous sauver, répondit Caïn. En route pour chez vous, vous avez une femme à punir. Et j'ai une paie à récupérer. D'une façon ou d'une autre. dit Caïn en montrant le chemin à suivre à l'homme apeuré. Il reste aussi tout à côté de la petite, il se demande toujours pourquoi elle a voulu tuer une personne alors qu'elle aurait pu facilement l'éviter.

Durant tout le chemin, Xaviar n'arrête pas de trouver des prétextes pour sa femme. Il a du mal à croire vraiment qu'elle a comploté contre lui de sang froid. Et moi, j'ai arrêté d'être investie depuis que l'on a quitté la vignerie.

Enfin, je me suis réinvestie un peu quand on a dû faire face à sa femme de nouveau. Juste pour essuyer ma dague essanglantée contre le pan de sa jolie robe.

Caïn a récupéré la paie, et nous rentrâmes tous les deux à l'auberge.