Rappel du premier message :



Au Roi Borgne, les clients sont aveugles. Il y a beau avoir plein de trucs répréhensibles qui se passent sous leur nez, la politique de la taverne est de tourner la tête (ou risquer de se la faire tourner violemment). Gwen, ancienne pirate et tavernière reconvertie, est celle qui endurcit cette doctrine du chacun-se-mêle-de-ses-oignons (elle sait être très convaincante). Et elle est aussi badass que belle.
Je m'étais facilement trouvée une place dans le coin, même si ce n'est pas la seule taverne que je fréquente dans la ville. Ah ! Et j'ai aussi gagné assez de blé pour - attention - m'acheter des vêtements à ma taille !(Et à mon style). Je suis (relativement) riche !

J'me sens pourtant assez dénudée lorsque je pénètre l'endroit - car je n'ai pas ramené mon luth avec moi, l'ayant laissé aux bons soins d'une alchimiste pour l'ajuster un peu.
Sitôt, mon regard se pose en premier sur un dos familier. Et j'étire un grand sourire ; j'suis presque sûre que c'est mon ancien compagnon de voyage. Je remarque ensuite que Gwen est déjà en train de converser avec lui - de très près, même. Wow, son décolleté a bravé de nouveaux records aujourd'hui. C'est rare aussi qu'elle sert les clients elle-même. Pas sûr si elle flirt avec ou le menace par contre. Mais j'agis impulsivement, je suis trop contente de le retrouver alors je fonce jusqu'à sa table pour entourer mes bras autour de son cou. "Caïn !"

Mon intuition me dit de croire en ce que me disent mes tripes. Et mes tripes me disent que la raison pour laquelle les félins se multiplient c'est parceque Mes sœurs vont bientôt agir. Mais elles doivent le savoir qu'elles ne peuvent plus manœuvrer avec moi.

Nous arrivâmes devant l'enceinte de l'alchimiste Héra, une petite maisonnée arrondie au croisement de la rue. Je relâche la main de Caïn pour toquer avant d'entrer. "Héra ! C'est moi !"
J'entends un truc se renverser en haut, puis un autre truc de casser. L'entrée est très extravagante, on dirait la demeure d'un corbeau - des pierres précieuses, des trucs brillants de partout.

— Elle a l'air inquiète. Un problème avec les chats ? demanda Caïn à sa dragonne.
— Je n'ai rien détecté au travers ta faible vision d'humain. Tu veux que je me déplace ? dit la dragonne plutôt amusée à l'idée de se poser au milieu de la ville.
— Non ça ira.

Caïn se contente donc de suivre la petite dans la boutique de l'alchimiste tout en se demandant le rapport entre instrument et alchimie.

Héra dévale les escaliers comme je m'y attendais, ses lunettes mal mises, ce qui m'arrache un sourire. "Tu les as ?!"
J'élargis mon sourire et lui brandit une bourse que je sors de ma sacoche. Elle se rapproche rapidement (n'ayant d'yeux que pour la bourse, apparemment), et la prend délicatement. Elle remet ensuite mieux ses lunettes et commence à sortir des pierres précieuses du petit sac, les inspectant une à un. "Incroyable...elles sont vraiment rechargées complètement."Mais elle insiste à tout vérifier quand même."Tu en as fini avec mon bébé ?"
"Oui... il me manque juste un truc..."

Caîn observa, sans rien dire, la transaction entre la pile magique infinie et une alchimiste un poil maladroite. Une vraie combinaison de gagnante. Visiblement elle avait demandé une amélioration spéciale sur son instrument. Il était curieux de sa voir la nature de cette dernière. Il suffisait de patienter et il aurait sa réponse. Caïn se contenta donc de regarder par la fenêtre, juste pour voir si des chats se baladaient.

Héra m'a expliqué que quand ça concerne des petites pierres magiques, ça revient moins cher d'en acheter des nouvelles que de les recharger - alors je suis sûre qu'elle ne dira rien du fait qu'il en manque--
"HEY ! Il manque deux pierres ! Une topaze et une perle de dragon !"
Je pars dans un rire débile. "Héhé... elles ont pas supporté la pression. Mais le rendu final en vaut la peine, non ?" J'insiste en souriant.
"Hmph..." Elle ne dit rien d'autre, ouf, mais son regard se porte sur Caïn maintenant. "Crôa ! C'est qui lui ? J'aime pas son regard." "Un ami de confiance. Alors, mon luth ?"
Pas convaincue, mais elle remonta à l'étage quand même.

Il ne remarqua qu'un seul chat qui semblait ne faire que passer son chemin. Mais ça ne voulait rien dire. Héra fit une remarque désobligeante sur son regard ce qui recentra l'attention de Caïn dans la pièce. Lorsqu'elle monta à l'étage il s'autorisa à prendre la parole.

— Voleuse de pierres, remarque Caïn en regardant à nouveau la petite Layla. Elle a le jugement facile cette petite alchimiste.

Et encore, elle me semble de bonne humeur, là. J'étire un sourire contrit en regardant vers Caïn. "Les génies et leur petit caractère." Qu'on passe outre pour l'interêt que ça nous rapporte.
Le dit génie ne tarde pas à descendre - mais non sans faire renverser quelque chose d'autre sur son passage. Cette fois, elle a mon instrument avec elle. "La pierre est cachée à l'intérieur." Elle grommelle ensuite, peu contente. "Mais je n'ai pas réussi à changer les cordes sans alterner le son. J'aurai pu si j'avais plus de temps mais... tiens !" Elle me le pousse contre moi et je le câline, souriant. "Merci !"

— Tu as demandé quoi comme genre de modifications ? demanda finalement Caïn. Les idées de Layla étaient toujours.... surprenantes.

Je passe la sangle autour de mes épaules et regarde autour de moi - sauf qu'il n'y a littéralement nul part où s'asseoir dans ce nid. "Je te montre... "
"Pas ici !"
"Juste un peu..." Je supplie avec une moue.
Puis je pique une corde, et une autre, enchaînant une mélodie rafraîchissante. En même temps, une brise pénètre de la fenêtre d'en haut et descend jusqu'à nous. J'élargis mon sourire, hyper contente. "J'ai toujours rêvé de contrôler le vent ! Héra, t'es une génie !"
"Humph, c'est rien. J'aurai pu faire un truc beaucoup plus utile... ça ne te permettra pas de te défendre, tu le sais ?"
"Je sais." Un truc esthétique me convient très bien.

— C'est intéressant en effet, confirma l'humain qui n'est pas mage mais qui en connait un rayon malgré tout.J'aime pas avoir trop chaud, donc en plus de me divertir avec tes chansons, tu peux désormais me rafraichir. Tu es de plus en plus utile.

Je souris en plissant les yeux. "Il y a un risque que j'attise les flemmes à la place. Donc utile et dangereuse."
"Beurk. Faites pas ça chez-moi. Allez prends ça et déguerpissez." L'alchimiste sort un brassard en argent. "Comme j'ai pas réussi à changer les cordes du luth..." Elle se racle la gorge. "C'est un bijou qui régule la température. Mais mets le toujours sur des vêtements, jamais sur ta peau."
J'élargis un sourire. "Merci, Héra !" J'allais l'enlacer mais elle m'arrête dans ma lancée en s'écartant et en levant le bras "J'suis peu payée pour subir un câlin en plus."

Elle me fait bien rire. Je range le tout. "On y va alors."

— Si elle n'en veut pas... moi je veux bien du câlin, dit Caïn en tentant ses bras en direction de Layla. Toujours pas en route pour quitter la boutique de la génie désagréable.

"Crôaaa. Pitié, non..." Je la vois commencer à grimacer. Puis je regarde Caïn. Ils me mettent dans une situation bien difficile. "Layla, prends ton zombie et dégagez de chez moi, ou sinon..." Je crus remarquer ses cheveux noirs commencer à devenir plus bouffis. J'attrape le bras tendu de Caïn et le tire à ma suite. "Peut-être que j'ai mieux à offrir qu'un câlin ?" Je finis par lui lancer avec un clin d'oeil pour me rattraper tandis que je quitte la boutique, mais j'entends quand-même l'alchémiste couiner ou croâsser. Probablement peu contente d'être témoin de ça.

— C'est insultant. Je ne suis pas si blafard que ça ! s'insurga Caïn en quittant malgré tout la boutique. Il était faussement vexé comme un pou. Mais un peu quand même. Il était très vivant et ses yeux étaient moins inconfortable quand il trainait au côté de Layla.

Il grommella un moment une fois arrivé dans la rue. Tu as dit mieux qu'un câlin ? demanda-t-il finalement.

"Patience." Je finis par dire en étirant un sourire, puis déplace de nouveau mon luth contre mon torse en reprenant à marcher. "Le temps des flemmes est pour après, là, tout de suite..." Je joue des accords rapides et épiques en prenant une expression sérieuse, un vent fugace souffle entre nous et je couine presque... c'est... trop... BIEN. "Il est venu l'ère... l'air... du changement. J'ai un monde à dominer, des gens à soumettre, tout ça, tout ça..." Grand sourire.

Il lui patpata doucement la tête. Elle était amusante, divertissante et diablement belle. Ils marchaient donc côte à côte dans la rue, le vent qui semblait lui obéir et certains passants se retournaient sur leur passage. Il vint poser une main sur les fesses de la belle tout en pensant qu'il commençait à avoir un fétiche pour ce petit cul.

Je frisonne et sursaute "Hey !" Puis je me tourne rapidement pour lui faire face, continuant tout de même à marcher mais à reculons. "Tu ne prends pas au sérieux mon pouvoir, hein ? Tu crois que tu peux juste... juste..." Je fais un mouvement vague de la main en fronçant les sourcils. "Ce pouvoir va changer le monde. Tiens, tu vois l'autre mec, là bas ?" Je commence à jouer une chansonette triste. "Un chagrin d'amour, oui je peux le voir dans ses yeux. Et Layla va le sauver avec... un... miracle !" J'étire un sourire et joue une improvisation complexe, un vent progressivement plus fort souffle et soulève toutes les robes des passantes.

Elle va changer le monde en soulevant les jupes des filles. C'était un concept intéressant il en convint.
— C'est une idée amusante, dit-il en laissant une seconde vagabonder son regard sur les jambes offertes à sa vue. Ramène ton popotin sur ma main. Elle est toute abandonnée maintenant.
Il sourit radieux.

Je ris aux éclats - et me sureprends moi-même, je crois que ce contrôle du vent me rend trop extatique. Je me tourne ensuite d'un mouvement de talon pour marcher normalement. "Je crois que tu l'as assez touché et pas assez admiré, Shinoki." Je reprends à jouer doucement. Je me suis bien habituée à comment contrôler la magie du vent maintenant. Ce qui la provoque réellement, c'est mon intention, mais jouer une mélodie est la meilleure manière pour conceptualiser l'abstrait pour moi.

Il obéit sagement à la demande de Layla et se mit à reluquer son petit popotin avec ostentation. Le problème c'est que ça lui donnait envie de le toucher encore plus.
— Ca ne fonctionne pas bien... plus je te mate et plus j'ai envie de te toucher. explique Caïn sans la moindre pudeur alors qu'ils sont au milieu de la rue.

Je jette un coup d'oeil pardessus mon épaule. "Typique, ça." Je commente amusée en ralentissant ma marche pour arriver à ses côtés. Mais je glisse mon luth derrière mon dos pour m'en protéger quand-même. Ou tenter, de m'en protéger. "Tu fais une fixette dessus, le reste de mon corps s'en trouve outré." Dis-je sur le ton de la discussion bien que je sais mon regard rieur.

— Ca me parait logique en effet, annonça Caïn. Mais le milieu de la rue n'est pas un endroit stratégique pour plaire au reste de ton corps.
Il se pencha néanmoins sur la belle pour l'embrasser dans le cou. Il repéra au passage un autre chat qui les observait. Coïncidence ? Parano de sa part ? Difficile à dire.

"Ah. Tu es donc bien conscient que l'on est milieu de la rue. Je pensais que ta sénilité avait frappé de nouveau." Je bougonne en frisonnant et en regardant sur le côté, occupant ma main en passant quelques mèches derrière mon oreille. Je sais pas quoi faire de mes mains quand j'ai pas mon luth à tripoter pour faire genre !

— J'ai jamais vraiment cru au coïncidence petit homme, dit la dragonne.
— Moi non plus, gros lézard rétorqua Caïn.
— C'est toi la cible ?
— Peu probable. Mais pas impossible non plus.

L'énergie magique afflua au travers du pacte de sang, et rapidement la densité musculaire de Caïn augmenta au delà des capacités du corps humain. Bien haut delà. L'avantage c'est que cela restait discret.

— Tu dors où ? Que je transferts mes affaires dans la même auberge que la tienne ? demanda Caïn.

"Tu as des affaires ?" Je demande, surprise. Je l'ai toujours imaginé le genre à voyager trèès léger. "Je suis au Coq Insomniaque." Selon la position du soleil et le manque de grognement de mon ventre, on est proche du crépuscule probablement.