Rappel du premier message :


La ville de Voronej, chef-lieu de l'oblast du même nom, jonction entre Moscou, Rostov-sur-le-Don et l'Ukraine, célèbre pour son école militaire, est avant tout une ville. Une ville où grandissent de jeunes enfants, calmes parfois, turbulents le plus souvent.

Ainsi les parents de Maksim devaient composer avec ses premières rebellions ouvertes. Ce n'était pas parce qu'il n'avait pas eu de pielmeni au déjeuner qu'il était parti en courant, c'était… un tout. Il voulait prouver au monde qu'il existait et qu'il avait des désirs propres. Et quand les mots ne suffisaient pas, il réagissait à l'instinct plus que de raison.

Ignorant totalement volontairement les injonctions de ses parents comme "ne monte pas sur le muret", "ne cours sur le muret", "reviens avant de te faire mal", Max faisait donc tout l'inverse. C'était un garçon de sept ans assez turbulent après tout. Il était aussi assez myope et refusait de porter ses lunettes. La suite était simple à deviner : il a glissé et est tombé dans l'eau froide du fleuve.

Fort heureusement, il avait quelques notions de natation et parvenait à garder la tête hors de l'eau mais combien de temps ?

Max ne comprenait pas, il était déjà lui-même et c'était sans doute ça qui n'allait pas. L'eau du bain commençait à refroidir, le gamin sortit de la baignoire pour s'essuyer.

Dur pour un petit bout de chou de comprendre tout ça. Quand on est gamin, on cherche la reconnaissance de son père à tout prix. C'est normal sans doute. Il avait passé ce stade, ou pas d'ailleurs. Sans doute que faire plaisir à son père passait après son propre bonheur, mais au fond de lui il espérait quand même que le paysan de Sibérie pardonne à son fils d'avoir choisi une autre voie. "C'est ta vie petit, celle de personne d'autre." dit le grand bonhomme dans son bain. Il allait bientôt en sortir. Bientôt.

Maksim était silencieux et pensif, voire troublé. Ses yeux étaient plus alertes qu'à l'instant mais semblaient regarder loin, à travers les murs du présent. Qu'il le voulusse ou non, sa vie dépendait énormément de son père, c'était lui qui payait ses vêtements, son eau chaude et sa nourriture. Mais au final, il ne devait pas sacrifier sa vie pour tout ça. Où était la part des choses ? Bien sûr, à son âge il ne le formulait pas aussi clairement mais le ressentait vaguement.

Fédor observe le jeune homme troublé. "Tu as le temps, grandi en obéissant à ton père et quand tu seras plus vieux décide comment mener ta vie. Soit respectueux, aime ton père, c'est tout ce qui compte." ajoute-t-il finalement. Le petit est un peu jeune pour se poser toutes ces questions et il ne sait pas pourquoi le père ne parvient pas à rassurer son fils. Pour le coup c'est l'adulte qui est en cause et l'enfant n'y peut rien. Mais Fedor ne peut le dire à voix haute, aucun enfant de cet âge ne pourrait vraiment comprendre. Les parents sont des dieux quand on est très jeune.

Max n'avait pas retrouvé le sourire mais il acquiesça avec une volonté retrouvée. Le garçon sortit de la salle de bain tout juste vêtu de sa serviette en appelant sa mère. Fort heureusement pour l'intimité de Fedor, il pensa à refermer la porte derrière lui. L'invité pouvait encore profiter de la baignoire en paix.