Rappel du premier message :




Comme souvent l'orc s'était retrouvé dans une taverne à la suite d'un contrat, le vin y avait coulé à flot, et les aventuriers raconté leurs exploits en les exagérant souvent. Certains, aisdés par la boisson, partagèrent aussi leurs bons plans.

C'est comme ça que le lendemain Asbjorn se retrouva à attendre d'être reçu pour un entretient d'embauche où il n'avait clairement pas le profil type... On lui avait dit que le salaire valait autant le détour que l'employeuse...

"Pas qui doive t'importer."

Et il accéléra le pas, non mais sérieusement, c'était quoi cette lubie de demander son avis en matière de mode à un orc ? C'était un peu risqué non ?

Les yeux plissés sur une moue amusée, l'elfe ne semblait pas prête à lâcher le morceau, ni cette conversation. Et elle n'avait aucun mal à s'aligner sur pas de l'orc.

Ni en terme de femmes ?

"Celles qui ont BEAUCOUP de poitrine !" rétorqua-t-il pour clore le débat où il ne se sentait pas à l'aise du tout. Elle allait se sentir vexer et arrêter de poser des questions débiles ? Ou peut-être courir dans l'échoppe de la première mage débutante vendant des élixirs de pousse-nénés qui la feraient verdir parce qu'ils étaient de mauvaise qualité ? Hey, si elle était stupide c'était son problème à elle, se dédouana-t-il lachement.

Ce qui eut pour effet de déclencher le rire de la jeune femme. Elle ne semblait pas vexée le moins du monde.

Ca explique beaucoup de choses !

Et elle n'avait pas fini de rire. Elle changea tout de même de sujet, moins pour elle que pour son compagnon, qui semblait bien plus embarrassé qu'elle.

Dis, comment tu es devenu mercenaire, escorte, garde du corps, aventurier ?

Beaucoup trop de mots encore, comme si elle se laissait dépasser par sa propre pensée.

"J'avais la gueule de l'emploi, ça s'est fait tout seul."

Sérieusement, ne voyait-elle pas cette tonne de muscles saillir sous sa chemise ? Où auraient-ils été mieux employés que dans ces métiers ? S'il n'avait pas tant conscience que son statu d'orc rebutait une majorité des autres espèces, peut-être que mannequin aurait été à sa portée ?

La jeune femme parut réfléchir à la question. J'imagine, personne ne doute de ta force. Elle tâta son biceps avec une moue dubitative, mais surtout beaucoup d'autodérision. Il y a du chemin. Elle rit. Tu aurais des conseils à me donner ?

"Apprends à ne pas te lever la nuit pour faire n'importe quoi."

ET BIM ! Non mais en plus elle venait de tater son biceps là ? Sérieusement, frêle comme elle était, elle ne ferait pas carrière il en était certain. Quel con cet orc.

Et BIM. Ou comment frapper là où ça fait mal. Elle lâcha son bras frêle et le laissa retomber. Son visage n'affichait plus aucun sourire, et paradoxalement, cette apparente impassibilité lui redonnait un peu de noblesse.

C'était un coup bas. Elle fit quelques pas dans le silence avant de reprendre. Au cas où tu ne l'aies pas remarqué, j'essayais d'être gentille. De me rattraper pour cette nuit.

"C'était un conseil avisé. Si tu veux des conseils pour gonfler ton égo, il faut me payer plus."

Ou comment casser l'ambiance.

Je n'ai pas dit que tu avais tort. Son regard dirigé droit devant lui donnait une allure altière. Allure qu'elle s'était pourtant efforcée d'abandonner pour ce trajet. Elle croisa les bras. Dois-je également te payer pour simplement parler ? Etre agréable ?

Elle lui jeta un coup d'œil, et plaça sa main devant sa bouche, masquant à peine un rire.

Tu refuses d'être payé plus, vraiment ?

Elle pouffa de plus belle. J'ai bien compris ne pas être à ton goût, mais toi tu me plais bien. J'espérais un peu plus.

Elle haussa les épaules, sans démordre de son sourire. Enfin... c'est toi qui vois.

Comment perturber un orc en trois leçons. Elle avait le chic pour lui embrouiller la tête. C'était certain.

"Un peu plus ?"

Il répétait ce qu'elle avait dit, ce gros béta. C'était le meilleur moyen de vérifier qu'il n'avait pas rêvé cela-dit.

Les yeux plissés, elle regardait toujours son compagnon. Au bord de l'hilarité, elle dût se mordre la langue, avant de passer sur sa lèvre.

Oui Asbjörn, c'est ce que j'ai dit. Elle pencha la tête, et cette fois, toucha la joue de l'orc du bout du doigt. Qu'est-ce que tu n'as pas compris ?

Tout. Il ravala sa salive. Il devait prendre ses désirs pour des réalités, après tout, jamais aucunE elfe n'avait proposé tel échange de bons procédés à un orc.

"Tu te moques de moi c'est ça ?"

Vous savez ce que l'on dit, chassé l'impossible...

Une certaine tristesse teinta le regard de l'elfe malgré son sourire.

Pas le moins du monde. Elle cligna des yeux, ne renonçant pas à sa bonne humeur mais parlant plus sobrement. Je cherchais quelqu'un à qui parler, une agréable compagnie, une aventure... Tu corresponds à tout ça. Le ton de sa voix s'émoussa. Même si je dois te payer pour ça...

"Un aventure ?" et voilà que l'orc n'entendait que ce qu'il voulait entendre, il déglutit. Le plus probable dans cette histoire était qu'elle essaie de l'arnaquer et de ne pas le payer. Si c'était ça le but, elle arriverait à ses fins sans grand mal...

Une aventure, oui...

Elle le regarda, sans que l'on puisse deviner si elle était joyeuse, triste ou en colère.

J'ai engagé un orc, ou un perroquet ?

"Un garde du corps." bougonna le pauvre Asbjörn tout déboussolé. Sérieusement elle voulait ce qu'il pensait qu'elle voulait ou pas ? Moira lui avait dit qu'il fallait demander mais qu'en même temps demander était mal. Ou un truc comme ça, ça commençait à dater !

Un orc garde du corps.

Elle continuait sa marche, hochant légèrement la tête. J'aime bien cet aspect de toi aussi. Il était facile de se méprendre sur ce qu'elle venait de dire, aussi clarifia-t-elle tout de suite, lui adressant un sourire pétillant. Quand tu es perdu.

L'orc se renfrogna encore plus qu'il ne l'était déjà. C'était certain. Elle se payait sa tête. Si elle continuait il lui ferait juste des avances bien graveleuses pour lui faire admettre qu'elle se moquait de lui et puis voilà. Les elfes qu'est-ce que c'était compliqué à suivre.

"J'suis pas perdu ! On va par là, princesse !" dit-il en boudant.

Docile, elle se laissa légèrement devancer, suivant la direction indiquée par l'orc.

Je t'aime bien en tant qu'orc, en tant que garde du corps. En tant que compagnon également.

C'était des avances oui ou non ? L'orc était totalement PERDU. Il venait de prendre un décision. Si elle voulait jouer, elle allait arrêter de se payer sa tête. Il se retourna subitement et posa une de ses immenses mains sur la joue de l'elfe.

"Tu veux donc un compagnon..." il tenta de faire son sourire le plus séducteur, mais il était trop perdu pour qu'il ressemble à autre-chose qu'un sourire forcé.