Comestible. Comestiiiiible. Y'a des choses qui semblent mangeable, mais dont Ryot sait qu'ils viennent de les piocher (tout frais) des égoûts. Y'en a d'autres qui ont une odeur tellement atroce qu'un odorat plus délicat que le sien (= qui est quasi inexistant) pourrait causer un évanouissement spontané. Heureusement, le goût n'est pas trop mal. Ryot demande trois brochettes de tortue zépard en bafouillant et s'installe à l'ombre sous un parasol pour profiter un peu de sa matinée.

Aïe. Il le dit pas, mais il le sent. Y'a un truc lourd qui vient de lui tomber dessus. Pas depuis le ciel, mais depuis derrière. Ca l'a bousculé contre la table, qui s'est basculé et a projeté son p'tit-dej en pleine gueule d'un autre gros balourd. HEIN ? Le Gros Balourd n°2 se retourne, le p'tit-dej de Ryot qui lui coule le long de la face et tombe par terre, goutte par lente goutte. C'est pas une vue géniale quand c'est accompagné de ce regard meurtrier. Et c'est Ryot qu'il vise en plus !

Il a comme un flashback. Un souvenir lointain qui lui revient... vaguement... peut-être... Mais il s'est aussi pris un bon coup derrière la tête, donc c'est peut-être dû à ça. Ryot réagit avec toute la lenteur du monde. Il arrive encore tout juste à lâcher un grognement bestial avant de se redresser. C'est là que Gros Balourd n°2 se joint aux festivités. Le futur proche de Ryot a l'air beaucoup moins rose soudainement.

Qu'est-ce qu'il dit l'autre ? Qu'est-ce qu'il l'appelle ? Ryot est genre... sûr à 80% qu'il s'agit d'une insulte. Mais puis y'a la tonalité du Valeth qui le rend incertain. Encore ce vague chatouillement dans la tête. Un souvenir qui essaye de lui revenir. Ce mec lui dit quelque chose. Il pense. Euh...... non...... moi c'est Ryot.... Ca reste plus safe de répondre ça.

Pardon. Plus jeune il aurait peut-être montré un peu de tristesse pour les foudroiements du regard (surtout venu de quelqu'un qu'il avait fort apprécié dans le temps), mais il avait pas le temps pour la tristesse de nos jours. C'était manger ou être mangé par ici. Ryot préférait ne pas être manger et aussi seulement manger ses boîtes de conserves. Enfin, le contenu. On se comprend. Je... peux te prêter le mien.

Raz agita la main dans le vide pour signifier qu'il lui pardonnait ou qu'il ne lui en voulait déjà plus ou peut-être même qu'il s'en fichait de ses excuses ; c'était un geste tellement flou. "Parce que ton masque est plus efficace que cette merde ? Et toi alors ? Non, non, mon p'tit connard. Je suis un médecin. D'ailleurs, t'as une sale gueule. Et cet oeil... t'as foutu quoi, putain ? Allez ! Montre moi le chemin d'une clinique ou d'un truc où je pourrais nous ausculter."

Non mais... j'ai pas besoin d'masque ici. Enfin, ça c'est techniquement. En vrai il le porte encore pour filtrer l'air parce que la poussière n'est pas géniale pour ses poumons, mais bon... Il peut juste utiliser son bandana pour ça. Sauf que... Ah oui, voilà le problème. Son masque est adapté pour sa physiologie et il n'a pas de museau comme Raz. Ryot lui passe quand même le masque, juste au cas où ça pourrait lui être utile.

"Mworf... Alors pourquoi t'en as, putain ?" grogne-t-il en chopant le masque qu'il teste en pestant de plus en plus. "Merde ! Ce putain de masque est trop petit, me sert le pif et... rah !" Il se tait d'un coup et rive sur Ryot un regard où se mêlent bouderie et air blasé. "Je hais cette enfoirée de planète. P'tit connard, aide-moi à accrocher cette saleté de merdouille. Et t'aurais vraiment dû me laisser exprimer ma putain de frustration sur les autres couilles molles de toute à l'heure."

Ryot passe derrière lui pour essayer de l'aider à enfiler le masque. C'est pas facile. C'est sûrement pas supposé être attaché comme ça non plus, mais ça devrait faire l'affaire le temps qu'ils lui trouvent un truc plus convenable. Euh, nan mais... j'pense que ça aurait plutôt été dans le sens inverse. Il les connaissait vaguement, les couilles molles. Sont pas si molles que ça. Et pis... les cliniques sont chers par ici...

Euh... oui, p't'être bien... Les gens dans le coin avaient tendance à visiter la clinique du quartier plus souvent que les gens sur n'importe quelle autre planète. Ils avaient aussi tendance à devoir utiliser les services de bio-mécaniciens pour les bobos plus graves que la norme. Vu les prix dans les cliniques officielles, les charlatans en profitent pour "soigner" les pauvres pour 50% du prix. Ryot s'est vu obligé à utiliser leurs services à plusieurs reprises aussi. Un bon.

Non, non, il essaye d'être vite, lui expliquer rapidement, mais évidemment Raz parle non-stop. Ryot se demande comment il fait pour respirer entre les mots parfois. Non, en fait... euh... Le voilà qu'il essaye à lui montrer ses diplôme, comme si Ryot aurait besoin de preuve. Mais euh... j'voulais dire que, euh, justement, t'étais un bon toi... Il se gratte le nez, incertain. Y'a des gestes et habitudes qui restent. Même 10 ans après les faits.