Le droïde, remarquant l'air inquiétant de son patient, fit un pas en avant, bras-scie levé : Amputation ? C'est que le poil hérissé et la queue qui fouette les meubles sont des signes de détresse, clairement. Ce chaton a sûrement besoin d'amputation.

"Noooon !" s’époumone Raz du maximum de ses forces déclinantes. "Amputer une tête, ça s'appelle une décapitation, merde !" Le Valeth jette des regards éperdus vers la porte par laquelle Ryot est partie ; il prie pour que son ami revienne vite. Il ne sait pas combien de temps il va réussir à tenir ce droïde à distance.

Heureusement, y a des vendeurs un peu partout. Ryot revient une dizaine de minutes plus tard, armé d'un chiffon bof-bof, d'une bouteille d'eau et une barbotine (ne me demander pas ; le vendeur était insistant). Je suis là, dit-il, comme si Raz peut pas le voir de ses propres yeux. A moins qu'il avait été décapité entre temps.

Dès que Ryot revient dans son champ de vision, Raz se jette sur lui métaphoriquement, à savoir que ses yeux le dévorent d'espérance. Il aimerait bien se jeter sur lui physiquement mais comment dire... il n'en a plus la force. "Mon p'tit con, il veut me décapiter ce putain de droïde." geint-il en pointant le tas de ferraille responsable de sa terreur actuelle. "Dis-lui que je NE VEUX PAS d'une amputation, MERDE !"

Ok, euh... Il comprend pas trop pourquoi ; c'est clair qu'il n'a pas besoin d'amputation, mais voilà. Ryot se place devant le droïde qui attend avec anticipation et lui dit poliment : Il n'a pas besoin d'amputation. Merci. Enfin, la chose semble piger. Elle range la scie et retourne voir plus loin. Peut-être qu'elle ne comprend pas les putains et les merdes. Maintenant, j'fais quoi ? demande-t-il quand il est de retour à ses côtés.

Ok. Ryot s'occupe à trouver une bassine qu'il peut remplir (un peu) avec la bouteille d'eau qu'il vient d'acheter. Vu qu'on lui a aussi vendu la sloche vert toxique, il en profitait pour la siroter bruyamment (= la méthode correcte de consommation). Pense pas qu'elle est crade, dit-il quand même à propos de sa planète, juste beaucoup d'sable. Il essore le chiffon maintenant mi-nettoyé (il peut pas faire mieux).

Beeeeen, c'pas si proche en fait. Le garage d'Anarchi était à 10 minutes en speeder, mais Anarchi n'était pas le meilleur des pilotes. Il préférait marcher. Ryot n'était pas étonné qu'il n'avait pas encore complété son aller-retour. Ou bien Trosk. Le Sarien. Mais il espérait pas. Ou p't'être Talosh. C'est vrai qu'ils avaient volé son speeder tant-aimé.

"Ça aurait été plus rapide d'y aller nous-mêmes, tous ensembles, merde." ronchonne Raz. C'est que blessé, il est grognon. Sans doute un exécrable patient. "Mais t'en fais pas putain ! Je t'ai dit que je m'occupai de gérer Trosk. Et Talosh aussi. Te'arha doit m'envoyer des crédits, ça va leur plaire, nan ?" Il parle peut-être un peu fort à tort et à travers de crédits. On est sur Manooine après tout... Ça ne pardonne pas un coup sur la tête...

Te'arha ? Il lui demande pas pour les crédits. C'est indiscret. Il lui dit pas que c'est facile à récupérer les crédits d'un mort non plus (il l'a entendu assez souvent, cet expression, depuis qu'il vit ici). Raz'Sha a déjà assez de blems. Ryot voulait pas lui en rajouter. Il devait se soucier un plus de lui-même plutôt. C'était bon pour le nettoyage général. Il avait une bonne vue sur la plaie. Temps de tamponner maintenant.

"Bah oui, tu sais Kae'la." Raz fronce les sourcils de réflexion. "Je n'ai pas dit ça, hein ? Oh merde ! Je perds en lucidité, putain. C'pas bon ça, du tout. Comment qu'elle est profond la plaie ?" Il n'est pas en état de noter que Ryot n'a pas réagi au reste de ses paroles. Il faut dire que Ryot ignore souvent certains de ses propos tellement il l'inonde d'informations en même temps.

Heu... Il se redresse un peu pour bien pouvoir regarder avant de répondre. Profond comme ça, dit-il en lui montrant un espace de quelques centimètres entre son pouce et index. Je pense. C'est dur à voir avec les poils, même après avoir nettoyer. Faudrait qu'il se raze la tête un d'ces quatre. On oublie qu'il ne sait pas plus qui est Kae'la, ok ?

Le Valeth regarde les doigts de Ryot et grimace d'un air peu engageant. "Me suis pas loupé, merde. Va vraiment valoir coudre." Ne pas avoir la liberté de tressaillir des moustaches en paix sous son masque commence à lui courir sur le haricot et comme il est un peu (beaucoup) dans les vapes, le voilà qui essaye de le détacher en oubliant un peu (beaucoup, là aussi) qu'il lui sert énormément.

Aïe. Ce mot encore une fois : "coudre". Non merci. Où est Anarchi, déjà ? Il a besoin d'aide là. Pas seulement pour la partie coudre, mais aussi pour la partie "à l'aide, mon ami est suicidaire". Euh, attends. Heureusement Ryot n'attend pas (pour une fois) la réponse de Raz. Ou même sa réaction. Il place sa main (et le chiffon plein de sang, désolé) contre le masque du valeth pour l'empêcher d'enlever la chose. Comment tu respires sans ?

Le soulagement est aussi visible sur le visage de Ryot que sur celui de Raz. Anarchi. Le héros sans cape. Si c'est ça, répond Anarchi en soulevant le kit de Raz, alors oui. Il pose la chose sur les genoux du Valeth avant de sauter sur le lit posé juste à côté de lui. C'est qui Kae'la ?

"Mémoires de Boumak, vous deux ! Merde ! Mais comment peut-on oublier la beauté de Kae'la au pelage si roux qu'elle en ferait pâlir le maudit sable de cette putain de planète." Mais son agacement n'est qu'en surface tant il est heureux de voir SA sacoche, enfin, putain ! Il en sort du désinfectant, du linge propre, une aiguille stérilisée et du fil blanc comme de la neige. "Qui s'y met ?" demande-t-il aux deux autres zigotos.

Ryot regarde Anarchi. Anarchi regarde Ryot. Je répare les moteurs moi. Pas les bonhommes. Moi non plus, veut répondre Ryot, parce qu'il répare rien du tout. Il est encore moins qualifié, non ? Um... et, euh... tu peux pas le faire tout seul ? ose-t-il demander. Genre... si j'tiens un miroir ? Ou bien, y avait pas une machine pour ça ? Un truc qui peu auto-coudre ? Non ? S'il te please ?