La queue de Raz s'agite calmement alors qu'il ne cache plus son air carnassier. Il peut être le plus altruiste des Valeths pour aider son prochain malade mais pas avec les connards avérés qui veulent lui faire la peau ; il n'aurait pas survécu dans le cas contraire. "Quelle assurance que nous serons saufs ? Mon p'tit connard de Ryot, ce bon vieux Raz'Sha mais aussi le p'tit con d'Anarchi. Même pas que je demande des crédits, je suis trop gentil, non ?"

Ah oui, Anarchi. C'était peut-être le bon moment pour communiquer ce qu'il avait appris. Ah oui. Répétition. Ils sont chez lui aussi. Spécification ? Chez Anarchi. Voilà, c'est sorti. Quel pro ! Bon par contre, la dose était peut-être un tout petit peu trop forte. Le patron s'était évanoui. Les mecs qui l'avaient accompagnés semblaient encore plus pales que Ryot maintenant. Putain mais qu'est-ce que tu veux ? Tout ce que tu veux ! Fais pas ça à not' chef quand même !

Bobby ! Le second (Ryot imagine, vu que c'est lui que tout le monde regarde maintenant que le boss est K.O.) a l'air d'évaluer ses options. Les autres insistent (au moins du regard). Bobby, allez mec ! C'est le boss ! Moh. Qui a dit qu'il n'y a pas de loyauté parmi les criminelles ? Bobby serre les dents, mais hoche la tête. OK ! MERDE ! Appelez les garçons. Ils s'activent. Mais si tu ne le sauves pas... Une menace. Clair et net.

Maintenant qu'il sait définitivement à quoi ça ressemble (preuve qu'il en a besoin bien trop souvent) Ryot n'a pas de mal à trouver la trousse de Raz. Il lui tend le nécessaire une minute plus tard alors que les non-chefs s'occupent à appeler leurs copains. Quand ils raccrochent les holo-phones, Ryot suppose que tout est en ordre.

Opérer ? Mais on peut pas faire ça ici ! signale un des garçons en faisant des grands gestes du bras. Ils sont au plein milieu du désert. Enfin. Ils sont au plein milieu d'une décharge qui se trouve au plein milieu du désert. Encore mieux ! Heu... ma caravane ? propose Ryot doucement.

"Nous l'avons nettoyée de toute sa merde." précise Raz en se relevant. "Si je ne l'opère pas tout de suite, mes corniauds, il va vraiment crever votre enfoiré de boss. C'est ce que vous voulez ?" Le Valeth a un air grave à la gueule car il ne plaisante plus avec une petite fièvre un peu dangereuse. "Toi, le gros connard, et toi, là, le grand con, portez-le à la caravane." ordonne-t-il en pointant du doigt les deux loustics avec une autorité nouvelle.

Raz est devenu le nouveau chef. Gros Connard et Grand Con le suivent sans rouspéter. Il s'agit de la vie de leur vrai chef après tout. Ryot leur ouvre la porte et laisse passer la troupe de mecs qui s'aventure à l'intérieur. C'est serré. C'est très serré. Ryot voit tout juste la queue de Rebel disparaître dans un tiroir à chaussettes. Il(s) n'aime(nt) pas les invités.

Considère le bordel comme enlevé. Ryot enlève ses draps, son coussin, un paquet de ramen (aaaah, il était passé là), un paquet de chewing-gum (ooooh !) et Rebel (il n'était pas dans le tiroir à chaussettes ?). Le tout part dans la cabine de conducteur. Une fois que c'est fait, le P'tit Con rejoint le Gros et le Grand. Je peux aider ?

C'est très réconfortant. Si Grand et Gros voulaient protéster, ils étaient trop tard. Vu leur visages aussi blanc que leur chef, Ryot se doute qu'ils avaient envie de dire quoi que ce soit de toute façon. Lui-même se faisait pas de soucis. Il avait confiance en les capacités du Dr. Raz'Sha. Moins confiance en les siennes. Il fixe l'écran du "tricordeur" comme il peut, mais c'est pire que du Sarien. Heu......

Un jeu d'enfant. Oui-oui. Un jeu d'enfant. Même un enfant peut faire ça. C'est un jeu pour un enfant. Arrête de trembler Ryot. Faut juste suivre la ligne. Faut pas obséder non plus (comme il était clairement en train de le faire), mais la suivre de près. La pression de OUF. Si on lui disait pas de se calmer un peu, Raz allait avoir un patient de plus.

Raz n'a pas le temps de vérifier l'état psychologique de son infirmier temporaire (ou de Grand et Gros) ; son patient réclame toute son attention. Les gants remontés jusqu'aux coudes - parce que, n'empêche, les poils c'est chiant quand on trifouille les tripes d'autrui - il est entièrement focalisé sur sa chirurgie. Manque de matos. Manque de stérilisation. Ennemi sur le bloc lit opératoire. Leurs vies dans la balance. Ouais, c'est une situation de merde ! Putain !!

Au moins la chose ne BIP pas trop. Elle BIP juste assez. La ligne ondule toujours aussi, jusqu'au moment où elle ne le fait plus. Ryot s'assure d'abord que c'est pas une erreur de machine (il la secoue un peu de gauche à droite, puis tape-tape geeeeentiment l'écran du doigt) mais njet. Heeeeeu...   C'était pas un bon "heu" (oui, y'en a plusieurs). C'était même pas un "heu" hésitant. La ligne elle... la ligne elle fait plus le truc. C'est grave, docteur ?

A cette annonce, Grand et Gros s'agitent en leur jetant des regards mauvais. Le Valeth sort aussitôt un doigt rougi des tripes de l'Enfoiré pour le pointer sur eux. "Vos gueules, je gère. Votre agitation de va nous aider, connards. Ryot ! Appuie sur la touche du coeur avec un éclair et pose le tricordeur sur la poitrine de cet enfoiré. Il ne va pas nous lâcher, merde que non !"

Et il n'allait pas en perdre un supplémentaire. Ryot avait fait exactement ce que Docteur Raz lui avait dit (faut croire qu'il ferait un bon assistant !) et voilà que la ligne recommence à onduler. Les BIP BIP BIP reviennent également. Ryot ose lâcher un soupire de soulagement. C'est peut-être un peu tôt, mais il a toute confiance en son ami !

C'est bon, il a dit ! Si Ryot était le genre de bonhomme à faire des danses de victoire, il l'aurait fait. Mais il ne l'est pas. Le Gros et le Grand par contre, ont l'air trois fois plus soulagé que Raz et Ryot combiné. Franchement merci, doc' ! J'sais pas ce qu'on aurait fait sans toi ! Heureusement que Ryot ne savait pas que sans lui... il serait sûrement jamais tombé malade ! Il aurait tiré une de ces têtes...