Une clinique potable ? Ouh-la... ils risquaient marcher longtemps. Um... clinique proche ou clinique bien ? Sinon euh... j'pense qu'on doit aller à la prochaine ville. Tiens ça explique pourquoi son oeil a toujours l'air bien deg en même temps. Pas besoin de plus d'explications. C'est pratique. Il ose pas dirèctement expliquer comment il s'est fait kapouter l'oeil. Vu que Raz' pose souvent 4 ou 5 questions en même temps, il espère qu'il oublie celle-là.

"T'as un speeder, putain ? J'veux pas rester dans cette enfoirée d'ville de couilles molles plus longtemps que nécessaire. Barrons-nous fista vers un lieu plus accueillant, merde. Et cet oeil, je vais le zieuter, foi de Raz'Sha ! T'auras tout le trajet pour m'en parler, mon p'tit connard." Cette question, c'est bien évidemment celle qu'il était le moins susceptible d'oublier s'il n'avait pas la réponse.

Mais... c'est sa ville de couilles molles. Il l'avait choisi pour son emplacement : pile-poil entre les endroits pour les rally speeders. Idéal pour quelqu'un qui tente de faire carrière dans la course à modules. Idéal, aussi, pour une personne comme Ryot. Qu'avait-il besoin sauf un emplacement pour son vaisseau-caravane et une superette qui vendait des boîtes des conserves de Bouffe Mystérieuse #11 et Liquide Bizarre #42 ? Uh... on peut prendre mon vaisseau.

Euh et bah euh... Comment dire ? S'il avait lu un peu plus loin, il aurait pu lire son nom sur l'affiche. Il est affiché dans la liste parmi les participants confirmés d'avance. En très petit, mais là quand même. RYOT & ANARCHI. Le duo. Anarchi n'a rien à voir dans l'histoire mais il avait insisté d'apparaître sur l'affiche. Pas dur-dur de convaincre Ryot. C'est que j'participe... en fait... donc..... voilà.

"Ton OEIL, putain, Ryot." s'agace Raz en agitant l'affiche devant son nez. "Je suis resté aussi putainement têtu qu'ado, voire plus. Moins con, mais plus têtu. Alors ma réponse, je vais l'avoir, merde." C'est qu'il sent vraiment concerné par cette sale blessure. Il ne sait pas s'il peut y faire quelque chose, après autant de temps, mais il veut essayer. "Et alors, t'es toujours doué, les mains sur le volant d'un speeder ? J'peux parier sur toi, oui ou merde ?"

Euh..... euh... Il n'y peut rien. S'il lui pose plusieurs questions, il répondra toujours à la dernière. Ses pensées sont qu'à moitié formulées quand Raz enchaîne avec question #2, #3, #4. Faut avoir pitié de son cerveau. Il a pris autant de coup que son corps avec le temps. Plutôt merde... C'est plus safe que de parier sur lui. Son taux de réussite n'est pas très élevé.

Heureusement il n'habite pas à 5 km de la ville. Ca serait pas pratique. Surtout pas quand on a tendance à déjeuner au marché tous les jours. P't'être dans 5 minutes... ? Il pointe déjà devant lui vers ce qui ressemble à un dépotoir ou un parc à ferraille au premier coup d'oeil, mais qui s'avère être un ensemble de vaisseaux pourris et petites cabanes qu'ont l'air de vouloir s’effondrer à chaque coup de vent de plus près. Parmi la merde, y'a aussi le vaisseau-maison de Ryot. Son chez-soi.

"Sympa..." marmonne Raz comme seul commentaire. "Je vais aussi ausculter cette pu... baraque. Maison." C'est une affirmation qu'il n'a pas tourné en question pour éviter que Ryot se perde encore dans une réponse qui n'est pas celle qu'il cherche à obtenir. "Et du coup, ton oeil ?" On sent très bien qu'il est loin de lâcher l'affaire. Assez pour retenir cinq minutes sa prochaine question (Combien de temps avant la prochaine ville ?).

Mon œil. Pas moyen de détourner la question là. Même pas moyen de perdre sa concentration. Raz' réclame sa réponse. C'est juste que... bah il sait pas ce qu'il doit répondre exactement. Je l'ai perdu. Dit comme ça on dirait qu'il l'avait juste égaré. Peut-être qu'il allait le retrouver un jour sous son matelas ou dans le tiroir à chaussettes.

Il ne peut s'empêcher de rire. Surtout parce qu'il sait que Ryot ne fait pas exprès de répondre aussi à côté de la plaque. Ça lui en rappelle, des souvenirs. Même que sa rogne est bien descendue depuis qu'il est (littéralement) tombé sur ce visage du passé. "Où ? Comment ?" demande-t-il en s'obligeant à rester concis, sans rien ajouter d'autre - et que c'est dur !

Euh, ici, répondit-il pour rester bien spécifique. Durant une course. Y'a pas si longtemps en plus ! Ca doit sûrement encore se voir. Son oeil continue de lui faire mal. Comme une plaie mal guéri. Y avait un poteau, euh... ceux qui filment et qui font la lumière et... euh, on m'a cogné donc j'ai foncé dedans. Pas juste le truc qui lui transperce l'oeil mais le choc élétrique qui lui frit le cerveau. Bien deg.

Pour le coup, Raz se stoppe et attrape le visage de Ryot pour mieux voir ("ce qu'il aurait dû faire plus tôt, merde !" se morigène-t-il dans un marmonnement étouffé). "Dis-moi si je me trompe mais cette merde est récente. Je peux peut-être encore y faire quelque chose. De bien, putain. Tu ne t'es pas arrangé, mon p'tit connard. T'avais pas une autre planète que cette enfoirée-là pour aller t'en foutre plein la gueule dans des courses ? Une planète avec des foutus médecins, par exemple."

Mais c'est ici qu'y'a les meilleurs courses. C'est ici aussi qu'elles se passent en toute illegalité. Moins safe, c'est sûr, mais plus lucratif. Même si en vrai Ryot ne le fait pas pour la gloire ou les crédits, il en a fort besoin pour les upgrade de son speeder. Et, justement, pour pouvoir se payer un bon médecin tiens !

Avant de prendre sa douche, il avait intérêt à la nettoyer aussi. Ryot pensait avoir remarqué des poils qui ne lui appartenaient certainement pas la fois passée. Reliques de l'ancien propriétaire ? Et... et j'fais quoi moi ? demande-t-il avec beaucoup d'hésitation. Il a l'impression qu'il est un peu (beaucoup) dans le chemin. Surtout qu'à chaque fois qu'il touche quelque chose, y'a une nouvelle avalanche de saletés qui apparaît.

"Toi, tu te mets là, putain." Il le place juste à l'entrée et pointe deux piles qui commencent à se former. "Là, à jeter. Là, tas à ranger. Compris, oui ou merde ?" Raz commence à sentir nauséeux de la couche de saleté qui se forme sur lui mais s'oblige à ne pas y penser pour se concentrer sur le ménage. "A jeter. Tas à ranger. A jeter. Tas à ranger. Encore tas à ranger. A jeter." dit-il en boucle en balançant des trucs vers Ryot.

Si Ryot avait un jour envie de changer de carrière, il pourrait probablement postuler dans une fabrique. Attraper ce qu'on lui lançait et les placer dans les bons tas était, pour une fois, une tâche qu'il pouvait faire à perfection. Il ne protesta même pas quant aux décisions "à jeter" de Raz. Ryot tenait à rien. Après un certain moment, il osa quand même prendre l'initiative de commencer un troisième et quatrième tas en parallèle car les tas à jeter et à ranger originels lui venaient presque aux épaules.

Une fois que tout le barda fut balancé dehors, Raz s'immobilisa au milieu de la poussière et de la crasse, un mouchoir sur le masque respiratoire qui couvrait son museau. "T'as un balai, putain ? Ya autant de poussières qu'il y avait de bordel là-dedans. De l'eau, ça serait encore mieux mais c'est trop demander sur cette merde de planète, n'hein ?"

Euh, non... Il n'avait jamais songé à acheter un balai (de l'espace). Pas un aspirateur (de l'espace) non plus. Il n'avait pas pensé en avoir besoin, à vrai dire. Mais.. Anarchi il a un Roomba i984. Les petits aspirateurs automatiques qui font le ménage pour toi par terre même quand tu t'absentes. Spécialistes dans l'aspiration de miettes et chaussettes.