Rappel du premier message :

CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : ouvert aux incrustations (demander par MP au préalable)
- Type de RP : Normal
- Tour de jeu : Zeb - Sip - Alyaa
- Délai maximum d'attente de réponse : 1 semaine
- Sauts de tours : 3
- Autre : À POOOOIL.

Il y avait quelque chose de la forêt qui troublait les eaux de la mémoire. C'était presque comme si, d'un miracle inconnu, les souvenirs liés aux événements des dernières années s'étaient rangés d'eux-même dans un recoin pour s'y faire oublier. Les oiseaux piaillaient, les feuilles ruisselaient sous les caprices du vent, et de temps en temps, si on tendait bien l'oreille, on pouvait entendre les craquements des brindilles sous les pattes d'un animal s'adonnant aux mêmes activités qu'il avait toujours fait, bien avant eux, et bien après eux. Il y avait la vie. Loin de la ville abandonnée, loin des cris, du silence oppressant, loin des Hommes et de ce qui restait d'eux, il y avait ce qui avait toujours été ; inaltérée, la nature perdurait. Pendant un instant, tout était comme avant.

Le sentiment dura quelque temps. Une heure, peut-être. Un peu moins, un peu plus. Puis les souvenirs refirent surface. À l'orée du bois, la falaise se tenait. Elle n'était pas fière, mais elle était là, debout, grande et dure, usée, fatiguée, ornée de barricades et de militaires à son image. Bientôt, ils étaient à nouveau dans le monde déchu, la forêt un souvenir lointain, le chant des oiseaux tu par les pas lourds des soldats. Evans, dont les mains s'étaient chargé de traîner la moto, s'arrêta à quelques mètres de la structure en bois, qui rappelait que l'humanité, malgré ses avancées, n'existait encore que grâce à la ténacité de certains et la débrouillardise de quelques autres.

HRP:

Putain. J'espère que t'as pas payé plus de 100 balles pour les tatouages, parce qu'ils sont pas tous bien fait, hein. Parfois on peut être trop honnête. Ou, dans le cas de Jem, tout simplement malpoli.

Ses lèvres se fendirent dans ce qui semblait être un sourire amusé. Et plus on regardait, plus la courbe semblait s'effacer pour ne devenir qu'une ligne droite à nouveau ; l'écho de l'air rejeté par ses narines seul vestige d'un rire étouffé trop tôt. Gratuit, même. Pas tous, non, mais ceux - et surtout celui - dont Jem faisait vraisemblablement mention. Gracieuseté de la prison. Rien sur toi ? Il en doutait fort mais parfois on pouvait être surpris.

Moi ? En tatouages ? Non. Il avait quelques petites cicatrices, faute d'accidents de son enfance, mais rien de très visible sans un doigt qui les désigne. Il n'y a rien que je puisse m'assurer d'aimer pour le restant de ma vie.

Il hocha la tête, compréhensif. Il ne pouvait partager cet état d'esprit pour la simple raison que le regret ne semblait pas pouvoir trouver maison en lui, mais ça ne voulait pas dire qu'il ne comprenait pas. Il avait, après tout, passé sa vie entouré de personnes étouffées sous les remords et l'amertume, et bien que souvent c'était pour plus graves fautes qu'un tatouage problématique, le propos restait pertinent ; on n'aime jamais éternellement.

Il s'assied par terre, ses yeux plantés sur la vieille dans le coin. Il savait qu'Evans n'était pas infecté. Pour elle, aucune idée. Fallait la surveiller au cas où. Bon, on a du temps à perdre là, clairement. Vas-y, parle.

Il y a cet effet étrange qui se produit généralement lorsque quelqu'un nous dit de faire quelque chose et que soudainement nous perdons toute habileté à faire cette dite chose. Comme rire, faire rire, parler. Evans, lui, n'avait pas vraiment ce problème. Il faisait les choses bien mieux quand on le lui exigeait que quand on ne faisait que le penser. Tu faisais quoi avant ? Malgré l'ordre, sa question sonnait d'un intérêt sincère.

Rien qui peut aider dans cette situation. C'est pour ça qu'on lui posait la question, non ? De nos jours, les questions étaient toujours formulées dans le sens de "à quoi tu sers ?". Les infirmiers, docteurs, mécanos, ingénieurs, militaires... avaient tous un cv impressionnant. Même le boulanger du coin pouvait être utile s'il était capable de se débrouiller avec quelques ingrédients. Mais Jem ? J'travaillais dans un salon de thé.

Salon de thé. Ça lui semblait assez pertinent, vu son "problème". Il devait avoir voulu éviter le maximum de stress - malheureusement pour lui, le contexte de la vie présente ne permettait plus de souffler. Ses yeux se posèrent sur lui ; il n'avait pas un physique athlétique mais un certain mérite lui revenait, pour avoir survécu jusqu'ici. Pas d'études qui t'intéressaient ?

Pas vraiment. Pourquoi on parlait de lui, déjà ? Il sait bien qu'il lui avait demandé de combler le vide, mais il y avait d'autres sujets. Parle de toi plutôt.

Mécano. J'avais commencé des études en génie mécanique, mais j'ai décidé de continuer d'apprendre par moi-même. Il fit une pause puis ajouta, comme pour s'excuser : Manque de fonds. Comme pour beaucoup d'autres, l'argent avait été une source tarissable et vite épuisée. L'enseignement était limité mais je me débrouille.

Ouais, j'ai vu ça. Il bouge ses mains pour former un bazooka invisible sur son épaule. Ca tirait des couteaux, ce truc ? Impressionnant, mais pas très pratique. Mais un mécano, hein ? Ca peut toujours être pratique. C'est aussi précieux que les médecins de nos jours.

Il sourit légèrement. Ce n'était pas faux. C'est un truc commun chez les inventeurs, je crois. On a plein d'idées et on essaie de tout mettre dans le même paquet. Puis il y a beaucoup d'essai-erreur. Le nombre de prototypes ratés  dans son appartement parlaient d'eux-mêmes.

HRP:

T'as inventé quoi d'autre comme conneries alors, m'sieur l'inventeur ? Pas qu'il était réellement intéressé, mais ils avaient du temps à perdre. Et puis, sait-on jamais... il y avait peut-être une idée parmi les centaines qui valait la peine de retenter.

Il commença à énumérer quelques-unes de ses inventions, puis arrêta après 5, parce qu'il aurait pu continuer pendant une bonne heure. C'était surtout du retapage. Des modifications et, hum... optimisations*. Upgrades. Il haussa légèrement les épaules. Ce n'était rien de particulièrement remarquable selon lui.

HRP:

Aucune de ses inventions lui disait quelque chose. M'ouais. T'étais pas un milliardaire, quoi. Quand quelqu'un se disait "inventeur", c'était dur de ne pas s'imaginer le professeur foufou dans sa cave ou le jeune gamin qui avait soi-disant inventé un truc révolutionnaire. Evans était juste bricoleur, quoi.

Ma vie aurait été différente si je l'avais été. Il y avait aussi des limites à l'apprentissage par soi-même. Difficile de construire des machines révolutionnaires quand on a à peine les moyens de payer son loyer. Je serais retourné aux études, pour commencer. Et il n'aurait probablement pas fini en prison. Pas que ça changeait quoi que ce soit maintenant.

Ah ouais ? Pour faire quoi ? Jem n'avait aucune notion de ce que faisait un ingénieur. Le mot lui était familier, mais en pratique, ça donnait quoi ?

Développer des prototypes, fabriquer des machines, de la robotique aux sous-marins. Tout ce qui touche à la physique et au mouvement, en fait. Pas qu'il avait déjà été un passionné, mais ça avait passé le temps et ça avait été assez intéressant pour qu'il en fasse son hobby principal. Et maintenant, ça pouvait servir un peu plus que savoir peindre les yeux fermés.

Jem siffle. Peut-être parce qu'il est impressionné, mais plus probablement parce que ça lui dit rien du tout. Ca sonne très impressionnant, though. Très différent de son futur en tant que vendeur de thé. Ah well. Chacun son truc, hein ? Au moins t'es sûr qu'ils te garderont ici, toi.

Peut-être. Un ton nonchalant, un air nonchalant. Il n'était ici que parce qu'il avait suivi Jem, qui n'avait d'ailleurs même pas demandé son avis - qui n'existait de toute manière pas. Il ne tenait pas absolument à rester. Ou a partir. Sa main tâtonna la poche vide de son pantalon, puis retomba mollement quand elle ne trouva pas ce qu'elle cherchait. Tu dois avoir quelques... ressources ? aussi. Il était en vie, après tout.

J'ai pas de famille, pas d'amis et pas d'amoureux. répond-il avec autant de nonchalance qu'Evans. Parce que c'est une ressource, si si. T'as pas besoin d'aller jouer au héros quand t'es pas attaché à quelqu'un. Si y'a juste toi, y'a qu'une seule priorité... et ça, c'est bien.

Agnès essayait de se faire le plus discrète possible en nettoyant le couloir et s'approcher le moins possible de la porte Q2. Elle n'y était pas passée mais savait qui étaient susceptibles d'y être enfermé. Moins elle s'en approchait, mieux elle se porterait. Un fracas assourdissant se fit entendre suivi d'un : Et merde! En voulant ne pas se faire remarquer elle venait de renverser son seau de nettoyage sur le sol. Il ne lui restait plus qu'à tout éponger.

HRP:

Il pouvait bien lui donner ça. Il comprenait. Quelqu'un d'autre aurait pu dire qu'au contraire, avoir des gens sur qui compter ça rendait survivre plus facile. Plus rassurant, aussi. Mais si la solitude avait toujours été présente, difficile de voir les choses autrement. C'es--- un bruit résonna dans le couloir, suivi d'un juron qui n'avait rien de zombie. Evans se leva quand même pour se rapprocher des barreaux et regarda la jeune fille qui se tenait un peu plus loin. Ça va ?

HRP:

Et bingo ! Enfin un truc intéressant. Si on peut appeler une humaine un "truc". Une source d'inquiétude pour Evans, mais une source d'information pour Jem. Il avait 10 000 questions, et si cette meuf était quelqu'un qui vivait déjà ici (clairement, vu qu'elle n'était pas dans leur cage), elle devrait avoir des réponses. Hey, tu vies ici ?