Rappel du premier message :


S'engager dans la Milice n'est peut-être pas la meilleure idée du monde. Quel bien cela lui a-t-il apporté au bout de deux ans ?
Une certaine sécurité il faut le reconnaître. Il n'a plus peur d'être pointé du doigt comme démon à cause de son apparence et il peut même protéger les enfants démunis face à la diffamation. Il a aussi la possibilité de travailler et d'avoir une relation privilégiée avec un équidé. Il s'entend peu avec les personnes de son âge (hormis une exception). Depuis le temps qu'il est milicien, il n'a jamais ressenti l'esprit de groupe et de camaraderie. Il travaillerait mieux seul… Si seulement un métier mêlait action et intelligence sans groupe. Quel avenir est le meilleur pour lui se demande Maksim Andreievitch…

Le paysage urbain de Moscou défile devant ses yeux tandis qu'il s'interroge sur sa vie. Un coin de verdure lui rappelle le jardin qu'il avait dans son ancienne maison à Voronej et une nouvelle vague de pensées l'envahie jusqu'à ce que le métro s'arrête. Le jeune homme, habillé en civil, sort donc vadrouiller un peu.

Il passe devant une troupe de miliciens et les ignorent superbement. Ils ne sont pas de son quartier de toute façon.

"La question est donc de savoir si je suis quelqu'un de poli." rétorque Fedor. "J'aime à penser que je le suis dans la plupart des situations. Question de respect. Le respect est une valeur importante."

"J'ai cru comprendre que vous vouliez connaitre le mien." répond simplement Fedor. Difficile de comprendre à quoi joue le jeune homme. Mais il ne peut que continuer à se méfier. Parce que vraiment, le jeune ne lui dit rien. D'un autre côté il a croisé de nombreux soldats et il a tendance à rester dans les mémoires plus que les autres ne restent dans la sienne. Question de stature.

"Il suffit de vous présenter." l'impatience de la jeunesse. C'est parfois insupportable.

Maksim rit intérieurement de voir le vieux peiner à lâcher ne serait-ce qu'un oui. Il se retourne pour répondre :
"Je m'appelle Maksim Andreievitch Bounine, et vous ?
Après autant de temps à attendre, la réponse a intérêt à lui plaire.

Le nom parle à Fedor... Il met quelques secondes avant de retrouver dans sa mémoire la personne qui le porte. Sauf que le jeune homme en face de lui n'a pas les cheveux blanc et les yeux rouges. Fedor n'aime pas les mauvaises blagues. Il s'avance d'un pas. Ce qui diminue grandement l'écart entre les deux hommes, plaçant le jeune homme à sa portée.
"Maksim a les cheveux blancs et les yeux rouges. Qui êtes vous?" demande Fedor. Sa voix charrie des glaçons. Ses yeux sont lames transperçant le regard du jeune homme. Et son corps semble prêt à agir en une fraction de seconde. Un corps massif, puissant et plus rapide qu'il n'y parait.

Il l'a donc connu avant qu'il se teigne les cheveux, soit avant son arrivée à Moscou. Pas le temps de réfléchir davantage que son interlocuteur se fait menaçant.
"Je me teins les cheveux et je porte des lentilles."
C'est sans doute dangereux de lâcher de telles informations à un presque inconnu capable de le mettre KO facilement. Le jeune homme se recule, prêt à se défendre. Son corps se prépare à encaisser une attaque.

"Oh" la réponse est crédible pour le coup et de plus près il se pourrait en effet que le jeune homme porte des lentilles. "J'imagine que courir ne fonctionne pas dans le monde des adultes. C'est dommage d'en arriver là cependant." il note que le jeune homme recule un brin et se prépare à une éventuelle attaque. "Tu es toujours une crevette. J'espère que tu as travaillé sur tes points forts." il lui avait même écrit... de travailler sur sa vitesse, son agilité et son endurance. Pas sur sa force.

Fedor ? Celui qui m'a sauvé du fleuve et m'a appris à me battre ?
Cela semble correspondre. Beaucoup l'on traité de crevettes dans sa vie mais un seul lui a conseillé de travailler ses points forts.
"J'imagine que vous ne devez pas être si poli, sinon vous m'auriez déjà donné votre nom." réplique ironiquement Maksim.

"Ce n'est pas une question d'impolitesse. C'est une simple vérification de ton identité. Je ne peux me fier à ton physique. Alors que l'inverse est définitivement vrai, je suis un poil plus grand et un poil plus musclé, mais la différence entre nos deux physiques à malgré tout diminuée." forcement un gamin devait déjà voir Fedor comme un géant." Maksim n'aura pas oublier le nom d'une personne qui lui a sauvé la vie.. il y a longtemps. Un imposteur, même bien renseigné, passerait à côté." rétorque Fedor.

"Je n'ai toujours pas entendu mon nom." signale Fedor. Il ne pense pas avoir affaire à un imposteur. Mais il est devenu un brin méfiant depuis qu'il est à Moscou.

Fedor sourit. Il semblerait que le gamin soit le bon. "Je suis méfiant avant d'être poli. Simple question de survie dans ce monde difficile. Ton grand-père approuverait." commence Fedor. "Comment vas-tu ? J'avoue que je suis ... perplexe au sujet de ton apparence physique. Depuis quand le gamin sûr de lui que j'ai connu est devenu suffisamment flexible d'esprit et ainsi être prêt à dissimuler son apparence." Fedor est content de revoir le petit, moins de son apparence, il attend de voir l'explication que ce dernier va lui donner.

Maksim ne s'attendait pas à entendre ce genre de… reproche ? Il perd son sourire moqueur pour gagner un visage méfiant et offensé.
"J'ai toujours été flexible d'esprit. Je me trompe ou c'est une mauvaise chose ?"
Insinue-t-il que je suis un lâche ?!

"C'est une excellente chose. Surtout quand il y a une raison importante derrière. Quelle est ta raison ? " demande Fedor. Le petit visait la Milice, il est peut-être sous couverture. Ou il a rejoint une autre profession toute aussi dangereuse et où il est nécessaire de parfois savoir changer son apparence. Il reste la possibilité qu'il soit devenu un criminel et que son ancienne apparence attire trop l'attention sur lui.

Bah voyons.
"Vivre une vie normale, sans personne pour me montrer du doigt."
Là, c'est une assez bonne raison ? Le jeune homme défie son ancien mentor de dire le contraire.
"Toi, comment vas-tu ?"
Il ne faudrait pas qu'un seul des deux posent des questions. Maksim est maintenant son égal ! Il n'est plus son élève et n'a pas de compte à lui rendre.

"Je vois." dit simplement Fedor. Difficile pour lui de comprendre, après tout il attire aussi l'attention mais il a rarement été persécuté. "Je te préfère au naturel." il sourit tranquillement. "On avait presque la même couleur de cheveux."
Le petit passe au tutoiement, cela fait encore plus sourire Fedor. Il restera toujours le maitre d'arme et le sauveur du petit. Même quand leur différence d'âge ne sera plus du tout un facteur. Mais le gamin est trop jeune pour comprendre.
"J'ai eu une vie bien remplie. J'ai vu beaucoup de chose, de gens et de pays."

Un coin de la bouche de Maksim se relève malgré lui quand son ex-maître lui dit qu'il préfère ses cheveux et ses yeux au naturel. Trop rare sont les personnes qui lui disent ça. La suite le surprend : ainsi Fedor a-t-il voyagé ?
"Que dirais-tu de prendre un verre pour discuter de tout ça ? Ou juste s'assoir sur un banc, ça suffit amplement."

"Pas question de passer à côté de l'occasion de boire un verre avec toi. Je pouvais pas boire avec un enfant. Mais maintenant on peut boire ensemble." dit Fedor plutôt content de l'idée. Il montre la voie, il connait un petit troquet proche du parc. Un endroit simple. "Et toi ? Milicien ? J'espère plus intègre que les deux imbéciles que je viens de croiser." parfois la pomme tombe plus loin de l'arbre qu'il n'y parait. Mais le grand-père n'aurait jamais laissé dériver le gamin dans une mauvaise direction.

"Formidable ! Pas boire avec un enfant ? Mais si mes souvenirs sont bons, tu ne buvais pas d'alcool." réplique Max, taquin, avant de suivre son mentor.
Il a la chance de le recroiser après tout ce temps. Peut-être trouvera-t-il enfin le moyen d'y voir plus clair dans ses objectifs de vie.
"Oui, bientôt caporal et plus intègre j'espère."
Ce n'était pas faux, il n'a pas dénoncé une dame en dépit de ses propos équivoques et il a protégé une petite bergère et son chien.

"Pas devant toi. Et je ne suis toujours pas vraiment un grand buveur. Cela nuit à ma concentration." dit simplement Fedor qui continue de suivre un régime assez strict dans ce domaine. Pas strict au point de l'abstinence cependant. "Caporal. C'est un début." mais le vrai galon important c'est sergent. Après il y a les officiers, mais c'est un autre monde.

Ils avancent un moment et dans la rue en face du parc Maksim peut apercevoir un petit troquet. "La steppe". En effet le lieu à l'air très simple et petit. Tellement petit qu'il est probable que Fedor ressemble à un éléphant dans un magasin de porcelaine une fois à l'intérieur.

"Un début", est-il déçu que Max ne soit que caporal ? Cela ne se ressent pas trop dans le ton de sa voix.
"Je bois aussi, de temps en temps. Plus pour m'habituer que de me prendre des cuites."
Le petit garçon n'a en effet pas suivi à la lettre ses conseils, pas plus que Fedor ne semble les avoir appliqué à lui-même.
"Par respect pour mon maître, je me contenterais de jus de bouleau aujourd'hui."
Il laisse Fedor entrer le premier pour le laisser le guider à sa table préférée.

Fedor entre et fait signe au barman. Un signe incluant le bonjour, et la commande. Visiblement c'est un endroit que Fedor connait bien.
"On va boire une bière. C'est léger en alcool et il la brasse parfaitement bien à mon goût ici." dit le grand bonhomme avant de rejoindre la table du fond et de s'installer dos au mur. Il fait signe au jeune de s'installer sur la même banquette que lui. Ainsi aucun des deux ne tournent le dos à l'entrée. "Je t'avoue ne pas être un grand admirateur de la Milice moderne. "