Rappel du premier message :


Le mercure affichait -3°C. La ville était parée d'un manteau blanc. Les enfants s'amusaient à s'accrocher aux troïkas qui passaient sans avoir peur de tomber sur le démon du gel, Morosko. Ils rêvaient plutôt de ce que le Ded Moroz allait leur apporter en cadeau de fin d'année.

De son côté, Maksim s'était déjà offert le sien : il avait ridiculisé ce crétin de Borya devant toute sa clique. L'albinos avait utilisé toutes les astuces de Fedor, son professeur, pour faire taire le prétentieux. De son point de vue : Boris l'avait cherché ; du point de vue de Boris : Max l'avait attaqué sans crier gare. Maintenant, Boris était étalé sur le sol à cacher ses larmes et ses amis toisaient le "rat de laboratoire" qui venait de se rebiffer.

"Venez ! J'vous attends !"

"Surtout pour quelqu'un comme moi." confirme Fedor. Il n'a pas honte de ses origines, mais il déteste être jugé à l'aune de ces dernières. Visiblement la mère de Maksim n'a pas de soucis avec le fait qu'il vienne de la campagne et manque un brin d'éducation concernant les plus grandes villes. "Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour ça jusqu'à présent." et le peu de temps qu'il avait... il le passait avec le petit.

"Profitez-en bien alors."
Maksim avait très envie de guider Fedor à travers la ville, du moins il en aurait eu très envie en début de journée car il n'était pas totalement convaincu par son intérêt presque froid. Maintenant en plus, il semblait lui en vouloir d'occuper son temps (oui, il arrivait déjà à lire entre les lignes, parfois).

"Merci. Je repasserais en début de soirée afin de discuter avec son père si cela ne dérange pas." propose le jeune soldat. "Le petit apprend, c'est plus important que le reste. L'important ce n'est pas qu'il ait fait une erreur. C'est de voir s'il va apprendre de cette dernière." en tout cas c'est le message qu'il compte faire passer au père. Enfin si ce dernier est mis au courant, ce dont il ne doute pas. Mais il peut se tromper.

D'autres que Lyudmila auraient envoyé cet importun de seize printemps sur les roses, Maksim adulte le premier. À la place, la très chère épouse et mère d'un mari et de deux enfants se contenta d'une question innocente :
"Pourquoi me dites-vous cela, monsieur ?"
Devant l'oreille attentive du petit Max.

"Parce que je serais déçu de ne pas pouvoir continuer à l'entrainer. Mais que la décision ne m'appartient pas. Donc j'espère pouvoir aider ... enfin si je peux." Il n'a pas l'air totalement sûr de la manière dont il pourrait aider en fait. C'est une situation compliquée pour lui. Il n'a pas l'habitude, alors il fait comme pendant un combat. Il montre autant de confiance qu'il le peut.

Maksim avait les yeux qui brillaient en entendant Fedor. Alors, même s'il l'avait déçu, il voulait toujours lui enseigner ? Mais pourquoi donc ? Ils n'avaient pas de lien de sang.
"Vous avez déjà beaucoup fait. L'éducation reste une affaire difficile, croyez en mon expérience. Ne vous flagellez pas trop et profitez de la ville. Le reste n'est plus de votre ressort."
Max avait de la chance d'avoir malgré son caractère et son physique atypique des soutiens.

"Bien." répondit le jeune homme. Il faisait confiance à la mère pour gérer la situation. "Je vais y aller. Je reviendrais dans quelques jours pour voir si l'entrainement est toujours possible." annonça-t-il en buvant son thé. Il avait fait ce qu'il pouvait, le reste n'est plus dans ses mains. "Soit sage toi." ordonne-t-il à Maksim.

Et Maksim s'appliqua à être sage, tout gentil même. Il ne répliqua pas quand son père le punit dans sa chambre pour réfléchir à ses actions. Il tenait bon car il avait bon espoir de revoir Fedor et de reprendre leurs leçons, ainsi il deviendrait suffisamment fort pour ne plus avoir à baisser les yeux. Le grand-père et la mère finirent par convaincre le père à lever la punition au bout de quelques jours.
Le garçon guettait donc le retour de son professeur.

Fedor quitte la petite famille et laisse passer un peu de temps. La poussière était retombé, enfin c'est que lui avait appris le grand-père. Mais il n'était pas encore retourné voir le petit. Au lieu de ça il le surveillait de loin. Mettant en pratique les leçons qu'il venait d'avoir sur la furtivité. Un poil compliqué vu sa taille.

Il finit donc par tomber sur la petite bande qui avait laissé Maksim tranquille pendant quelques jours. Cette fois ils avaient visiblement repris leurs mauvaises habitudes et s'en prenaient verbalement au petit.

"Ton ours mal léché te manque, l'rat ? T'as été puni, c'est bien fait pour toi, Tout-seul !
- T'as rien à dire cette fois ?"
Ne pas les frapper. Les ignorer. Leur renvoyer leurs moqueries. Fuir pour me défendre contre eux un par un.
"Vous avez pas autre chose à faire ? Compter vos poux ? Ah, vous savez pas compter, c'est pour ça.
- Attrapez-le !"
Max sollicita ses jambes pour distancer les petites brutes pour ne pas répéter l'erreur de la dernière fois.

Fedor suit la petite bande, aucune chance pour qu'ils puissent le distancer. Il est trop bien entrainé pour cela. Et il n'a pas encore la masse musculaire qu'il obtiendra plus tard. Les gamins sont clairement pas tous capables de suivre le petit Maksim et rapidement le groupe s'étiole. Fedor prend parfois un autre chemin quand il parvient à évaluer la destination des enfants. Il commence à connaitre certaines rues désormais. Son lieutenant veut qu'il apprenne à comprendre son environnement et à le maitriser. La ville c'est l'endroit le plus compliqué pour cela.

Et Max connaissait les rues comme sa poche. Cela lui épargnait de tomber sur des culs-de-sac. Il distança les plus lourds aisément et malmenait les plus légers. Ils n'étaient plus que deux à tenir le rythme. Max aurait bien voulu rebrousser chemin pour leur faire peur et les décourager de recommencer mais son professeur défendait cette idée.

Le petit travail dur à distancer les autres enfants. Et il y arrive très bien. Sauf deux qui semblent ne pas lâcher l'affaire. A un moment les poursuivants se séparent. Sans doute qu'ils connaissent bien les rues et qu'ils espèrent que l'un d'eux intercepte Maksim. C'est payant. Puisque le plus rusé du groupe est arrivé à prendre un raccourci. Seulement voilà, toute médaille à son revers. Pour le coup le voilà seul avec son adversaire, dans une ruelle plutôt tranquille. Fedor s'est contenté de suivre Maksim. Le voilà en face d'un seul enfant.

Max avait envie de rabattre le caquet de l'autre mais Fedor et son papy lui en voudrait d'attaquer encore une fois le premier.
"Tu veux t'battre tout seul contre moi ? T'es plus nul qu'Borya !"

"Tu m'fais pas peur !" s'exclame le jeune piqué au vif par Maksim. Et il charge de manière assez violente mais totalement prévisible. Fedor regarde la scène. Passif et cacher dans un recoin sombre. Le petit est attaqué physiquement. Il peut se défendre maintenant. Voir comment il va s'y prendre et quel degré de violence il va user. Les enfants ont du mal à contrôler cette dernière. Mais Maksim a été entrainé. Il n'est plus comme les autres.

Trop facile !
Maksim vit l'attaque venir et sut tout de suite comment la parer. Un jeu d'enfant ! Il retourna la force de son adversaire contre lui et l'envoya au sol.
"Retourne chez ta mère." dit-il avant de le contourner pour rentrer chez lui également.
Ces sales pestes ne l'impressionnent plus. Rester là-dessus serait déjà assez humiliant pour eux. Comme Fedor le lui a dit : rendre coup sur coup, pas plus.

Le petit semble avoir appris sa leçon. Fedor est satisfait. Le gamin qui vient de valdinguer au sol se relève mais il est hésitant sur la conduite à tenir. Il ne semble pas vouloir poursuivre Maksim seul. "Hé !!!! les gars !! je suis là !" crie-t-il alors pour prévenir ses camarades. L'un d'entre eux n'est pas si loin que ça et fait son appariation. De son côté Maksim, qui s'éloignait, avait déjà une bonne centaine de mètres d'avance.

Et Max n'allait pas perdre cette avance pour passer à l'attaque. Il gardait bien en tête que s'il devait passer à la contre-attaque, ce serait au moment le plus propice choisi par ses soins et pas par ces crétins-ci. Il devait rester en éveil à l'école mais maintenant il savait répliquer quand il fallait.

Un jour, il serait tellement fort et puissant qu'ils n'oseraient même pas le défier du regard !

Fedor se déplaça pour se trouver entre les gamins et Maksim. La partie était terminée, la petite bande avait perdu. Son regard tomba sur le leader du petit groupe qui courrait après son apprenti. "Cinq contre un, ça me parait pas très juste. C'est ce que vous apprennent vos pères ?" dit-il de sa voix grave alors que ses yeux étaient devenus durs comme la pierre. Enfants ou pas, il avait en face de lui tout ce qu'il détestait, des lâches. Le groupe d'enfant se figea sur place, effrayé.

Max se figea aussi mais pas de frayeur. Il avait plutôt reconnu une voix bien familière : son professeur ! Il le rejoignit aussitôt, curieux d'entendre sa discours face à ses harceleurs, nul doute qu'ils allaient passer un mauvais quart d'heure. Et Max ne rechignait jamais à voir quelqu'un d'autre prendre une réprimande.
Les garçons regardaient le sol. Si certains avaient envie de fuir, l'effet de groupe les figeait sur place.

"Vous avez le choix maintenant. Devenir des hommes, pour de vrai. Ou rester des lâches. Personnellement je m'en fous. Je vais continuer à apprendre à Maksim ce que je sais, et il deviendra encore plus rapide et plus fort." explique le colosse à la voix grave. "Et si vos pères ont un soucis avec moi.... dit-leur que je les attends. Un contre un ou cinq contre un. Ca ne fera pas beaucoup de différence pour quelqu'un comme moi." Il pose ses poings fermés sur ses hanches et ses muscles en deviennent plus proéminant. "Dégagez maintenant."

Il va continuer à m'apprendre ! Plus rapide et plus fort ! Les autres font une de ces têtes !
Le garçon attendit que les enfants prennent leurs jambes à leur cou enfin pour saisir la main du géant. Un grand sourire illuminait son visage.
"Merci, Fedor !"
Cet homme avait fait beaucoup pour lui et il n'était pas de son sang. Etait-ce la preuve qu'une bonne étoile veillait sur lui malgré les obstacles ?

Fedor hoche la tête tranquillement. "De rien petit. De rien." il n'aime pas les lâche. Déjà quand on l'agresse à plusieurs ça l'énerve, mais il arrive à comprendre au vu de son physique. Mais s'en prendre à Maksim alors qu'il est taillé comme un coton tige. C'est vraiment détestable. "Ca ne va pas s'arrêter. Mais bon tu auras les armes pour te défendre." dit-il simplement. "Rentrons."