Rappel du premier message :



Une fois n’est pas coutume, Katja était sur un campus qui n’était pas le sien. Columbia organisait en effet une conférence multidisciplinaire sur la médecine adaptée aux mutants, un sujet qui lui était très cher. Elle espérait simplement que les intervenants seraient pertinents et constructifs et ne ressortiraient pas l’éternel discours du besoin de trouver un « remède » à la mutation. Comme si le gène X était un dangereux pathogène plutôt qu’une évolution naturelle et inéluctable.

Les invités de la matinée avaient heureusement évité ce cliché stupide et exaspérant et présenté des théories et techniques prometteuses et très intéressantes. Katja était restée captivée jusqu’à la fin des questions-réponses, puis avait quitté l’auditoire avec le reste du public pour aller se chercher à manger pendant l’heure et demie de pause prévue pour cela. Restait à trouver la cafétaria sur ce campus, ce qui n’était pas forcément gagné vu qu’elle ne le connaissait absolument pas.

Il soupire d'envie en regardant la pizza. Mais ne dit rien et se dirige vers les caisses pour régler. "tu peux bien sur. Mais bon c'est mieux d'être jeune pour profiter de cette magnifique citation." taquine-t-il. "Au fait, moi c'est Eliandre." il passe sur son nom de famille, information pas utile qui pourrait rapidement remonter à son père. Eminent membre de la LIRAH. La famille.

« Oh, bien sûr, au temps pour moi », répliqua-t-elle sur le même ton. Le soupir ne lui avait pas échappé et lui fit jeter machinalement un coup d’oeil sur le plateau de l’autre. Autre dont elle connaissait maintenant le nom ! « Enchantée, Eliandre. Moi c’est Katja, mais du coup tu le sais déjà », rit-elle.

Il se dirige vers une table de libre dans un coin tranquille. Certains étudiants le hèlent sur son passage et il leur répond d'un signe de tête. On peut aussi noter le fait que les étudiantes ne sont pas indifférentes à Eliandre, mais elles se contentent de suivre des yeux sans plus. Bien sûr il y a aussi quelques regards franchement jaloux voir haineux. On ne peut pas plaire à tout le monde. Il s'installe finalement et sourit à son interlocutrice. "Katja .... c'est quelle origine ?"

Le sourire de Katja s’élargit à cette question, pas spécialement parce qu’Eliandre s’intéressait à ses origines, mais parce que le fait qu’il pose la question voulait dire que son accent s’était sacrément amélioré depuis son arrivée aux States, il y a de cela un peu plus de dix ans. « Allemand. Enfin, germanique en général, mais dans mon cas c’est allemand. Et Eliandre ? » Elle ne pensait pas avoir déjà croisé quelqu’un portant ce prénom.

"Techniquement parlant, aucune. Mais ma mère voulait m'appeler Léandre, qui est d'origine française, comme elle. Mon père par contre était contre ce prénom, je sais pas pourquoi. Après de longs débats je suis officiellement un Eli d'origine hébreuse... sauf que ma mère m'a toujours appelé Eliandre. Personne ne m'appelle Eli à par mon père à l'occasion, et je réponds jamais quand il le fait." explique le jeune homme. "Tu viens du même pays que l'Aimant alors." constate-t-il sans que cela n'est d'autres implications qu'une simple coïncidence.

C’était… recherché comme compromis sur le prénom. Pour celui de Katja, ses parents avaient simplement parcouru les livres de noms de bébés jusqu’à tomber sur un qui leur plaisait. Elle rit à nouveau à la constatation d’Eliandre. Ca changeait des (mauvaises) blagues sur la seconde guerre mondiale. « Ouaip, tout à fait. Et toi que le Vieux. » Bon, ok, vu qu’ils se trouvaient actuellement dans le pays en question, la coïncidence était moins amusante.

Elle est sympa cette Katja, elle rit de ses blagues, comme d'autres d'ailleurs, mais elle a l'air franche. Elle se fout certainement comme de l'an 40 de la popularité d'Eliandre, c'est donc une conversation rafraîchissante. "J'avoue que j'aime bien l'idée derrière ton doctorat. C'est vraiment un truc utile pour nous. Sans pour autant rentrer dans les débats plus ou moins complexe des deux ancêtres." il sourit tranquillement en attaquant son repas sans joie.

« Ah, c’est clair que je ne me lancerais pas dans un doctorat en éthique, politique ou droit. Bien trop piégeux. » Ca ne l’empêchait pas d’avoir des opinions bien arrêtée sur la plupart des sujets touchant à la mutation, mais toutes ces opinions n’étaient pas forcément bonnes à proclamer haut et fort.

"Je parlais plus de recherche du genre "guérir" les mutants, ou transformer tous les humains en mutant. Ce genre de truc qui sont polémiques." explicite un peu mieux Eliandre en mangeant sans faim son repas fadasse. Les deux ancêtres sont adeptes de point de vue très particulier concernant ce genre de recherche. Pour le coup celle de Katja ne portent pas trop à polémique ce qui est déjà ça.

Le sourire de Katja se fit moins joyeux, plus amer : « Tenter de ‘guérir’ les mutants n’est pas encore assez polémique à mon goût. » Et pour preuve : elle avait dû batailler contre des projets semblables pour obtenir le financement pour son doctorat. Etrangement (ha ha) l’idée de transformer les humains lambda en mutants choquait beaucoup plus les foules.

Il hausse les épaules. "Tu peux pas demander à l'immense majorité des normaux de trouver polémique le fait de rendre les dangereux mutants à nouveau inoffensif. C'est une réaction humaine parfaitement logique. C'est juste qu'elle démontre combien on est encore loin d'avoir évolué autant qu'on le pense. On est toujours des hommes des cavernes terrifiés par ce qui est plus fort que nous."

Il regarde la pizza de la belle jeune femme en face de lui. "Elle est bonne ?"

Ô naïf Eliandre, qui s’imaginait pouvoir clôturer le sujet en parlant de pizza. Elle à peine hocha la tête avant d’embrayer, véhémente : « Oui, enfin, les ‘dangereux mutants’ sont l’exception. L’immense majorité est plutôt mis en danger eux-mêmes, soit directement par leur mutation, soit parce que des fous dangereux veulent leur faire la peau. Et c’est bien joli d’aller dire qu’on défend la sécurité, mais les armes à feu sont responsables de bien plus de décès, accidentels et meurtres, aux US que les mutants, et pourtant je ne vois pas les prétendus défenseurs de la sécurité plaider pour des restrictions sur l’achat et le port d’armes. »

"Tout à fait vrai, c'est ce que je disais. L'humanité est toujours incohérente et dirigée par ses peurs." après tout il a dit exactement la même chose qu'elle. "Je note que le sujet te fait partir au quart de tour." il sourit tranquillement. Il a l'habitude. Sa mère est une X-Men, son père dans la LIRAH et sa petite copine est chez Magnéto. Il n'a jamais fait de réunion de famille. Il tient à sa vie.

Evidemment qu’elle partait au quart de tour. Elle lui jeta un coup d’oeil sceptique : « Parce que toi ça ne te fait pas réagir de devoir expliquer encore et encore que tu es un être humain et pas une arme de destruction massive, de voir les médias, les politiciens et que sais-je encore débattre de la meilleure manière de contrôler ton existence, tout en ignorant complètement que cette existence, pour beaucoup d’entre nous, est déjà assez compliquée comme ça ? »

"Si, mais j'ai une famille compliquée qui a érodée ma faculté à m'emporter. Je suis devenu un peu plus analytique." explique-t-il ensuite. "Mais je suis d'accord avec toi. 100%."

Il termine son repas et confirme que c'est fadasse, mais bon ses abdos dépendent autant de ses exercices que de son régime.

Ouille, une fois de plus l’emportement de Katja retomba brusquement, soufflé par la sensation d’avoir mis les pieds dans le plat. « Ah. » Super éloquent, bravo. Quelques bouchées de pizza lui servirent de prétexte pour ne pas reprendre la parole avant un moment. « Désolée, je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie. » La famille, autre point sensible de bon nombre de mutants. Katja se savait chanceuse sur ce point.

"C'est rien, j'aime voir les gens engagés et passionnés. Je le suis aussi, mais sur ce sujet spécifique j'ai un peu plus de retenue dans ma manière d'exprimer mon point de vue. C'est tout." il sourit rassurant. Il réfléchit un peu. "J'aime les gens engagés mais j'en suis moins fan quand il y a des morts à la fin."

Il se souvient encore de cette tueuse de chez Magnéto qui a froidement assassiné 4 membres de la LIRAH. Certes ils méritaient une punition. Mais la mort.... c'était toujours trop pour Eliandre. Enfin pour le moment en tout cas.

La référence aux morts fit grimacer Katja. Elle avait malheureusement mis un peu trop longtemps à voir cette facette-là de ses frères et soeurs d’adoption. Enfin, plus précisément : elle avait cru trop longtemps qu’ils ne tuaient qu’en légitime défense ou pour assurer une justice qui ne serait sinon jamais faite. Malheureusement, il y avait aussi des meurtres gratuits dans le tas de personnes qui avaient pour seul crime d’être humain ou trop proche à leur goût d’une persona non grata. « Logique. Le meurtre n’est pas franchement un argument. » Une solution, à la limite, dans certains cas.

Eliandre sourit, un sourire radieux et plein de tendresse. Le genre de sourire qu'il garde pour Milo en général. "Toi, je t'aime bien." annonce-t-il tout simplement. Elle est engagée mais fait preuve d'une certaine réserve malgré tout. C'est ce qui lui convient. Même s'il ne sait toujours pas comment il réagira en face de l'assassin de son frère... il espère ne pas céder à la colère.

C’était… inattendu vu comme elle venait d’enchainer deux gaffes quand même non négligeables. Résultat : un rougissement un peu embarrassé et carrément embarrassant. « Euh… Merci ? » On réagit comment à une déclaration pareille, sérieusement ? Histoire de se donner une contenance, elle avala un nouveau morceau de pizza et un peu d’eau avant de recentrer la conversation sur Eliandre : « Et toi, qu’est-ce qui t’a poussé à étudier l’astrophysique ? » Ce n’était pas franchement anodin comme choix d’études.

"C'est mignon tout plein ton petit rouge au joue." s'amuse un peu Eliandre avant de redevenir sérieux. Enfin presque. "Ben j'hésitais entre pompier et astronaute tu comprends. J'ai choisi les étoiles finalement. Mais bon je me demande si je devrais pas me reconvertir dans la génétique." explique-t-il ensuite.

Il mange sa pomme en la découpant avec précision et en l'épluchant aussi. Il est habile de ses mains en tout cas.

Elle hésita brièvement à lui tirer la langue en réponse à la boutade, puis se dit que ça serait peut-être un chouia puéril. Juste un peu. Mieux valait se concentrer sur sa réponse à la question. « C’est varié comme intérêts ! Pour la génétique, tu voudrais aussi creuser la question du gêne X, ou c’est une curiosité plus générale ? »

"Creuser le gène X, j'ai aucun autre intérêt pour la génétique. Je suis fan des pouvoirs en général et plus ça va plus j'aimerais étudier ça plus en profondeur." dit-il en repensant à ses réflexions internes précédentes. "Ca me fait repartir à zéro, mais bon j'hésite quand même."

Plus la proportion de chercheurs dans le domaine du gène X qui en étaient eux-mêmes porteurs étaient grande, mieux Katja se porterait. Ca éviterait d’entendre des inepties ou des sornettes moralisatrices (ou du moins, c’était ce qu’elle pensait). Elle ne fonça toutefois pas pour encourager cette reconversion : « Je comprends, sacré dilemme. Il n’y a pas des cours pour lesquels tu pourrais avoir des dispenses grâce à tes études jusqu’ici ? Des cours d’intro des premières années, du genre chimie, mathématiques, statistiques… » Il devait bien y avoir quelques recoupements, non ?

"Ouais il y a ce genre de truc. Mais bon je suis pas un génie, juste un étudiant lambda. Et j'ai pas le temps d'étudier à mort les soirs, j'ai skate-board, entrainement de boxe, entrainement de mon pouvoir et petite amie. C'est dans le désordre hein. Il y a des trucs prioritaires sur d'autres aussi." il précise, parce que Milo est venue en dernier. Mais il garde toujours le meilleur pour la fin. "Bref si je repars à presque zéro ça va prendre du temps. Après j'ai de l'argent donc je peux me le permettre."