Une fois n’est pas coutume, Katja était sur un campus qui n’était pas le sien. Columbia organisait en effet une conférence multidisciplinaire sur la médecine adaptée aux mutants, un sujet qui lui était très cher. Elle espérait simplement que les intervenants seraient pertinents et constructifs et ne ressortiraient pas l’éternel discours du besoin de trouver un « remède » à la mutation. Comme si le gène X était un dangereux pathogène plutôt qu’une évolution naturelle et inéluctable.

Les invités de la matinée avaient heureusement évité ce cliché stupide et exaspérant et présenté des théories et techniques prometteuses et très intéressantes. Katja était restée captivée jusqu’à la fin des questions-réponses, puis avait quitté l’auditoire avec le reste du public pour aller se chercher à manger pendant l’heure et demie de pause prévue pour cela. Restait à trouver la cafétaria sur ce campus, ce qui n’était pas forcément gagné vu qu’elle ne le connaissait absolument pas.

Une conférence sur le gène X avait eu lieu, pas le genre de truc qu'Eliandre raterait. Il s'était donc posé dans un coin au fond. Il comprend pas grand chose au côté technique de la chose, mais il est toujours intéressé pour savoir si des découvertes sont possibles. Certains veulent "guérir" le gène mutant, lui voudrait renforcer le sien. Non pas qu'il soit faible, mais il est très curieux de savoir ce qu'il pourrait accomplir avec encore plus de pouvoir.
C'est l'heure du repas, il se met en route tranquillement. Capuche sur la tête, mais pas de lunette. Comme toujours il s'en fout qu'on puisse identifier ces yeux rouges.

Technique infaillible pour trouver la cafèt’ : trouver quelqu’un qui a l’air de savoir où il va, c’est probablement quelqu’un du coin. « Hey ! Tu saurais où je peux trouver la cafétaria sur ce campus ? », héla-t-elle donc la première personne potentiellement locale qu’elle vit (un type avec une capuche). Meilleur des cas : il le savait et bingo elle y serait bientôt, pire des cas : il le savait pas et ils chercheraient à deux. Pas vraiment de gros enjeux donc.

Eliandre se retourne et tombe sur une fille normal, ou presque. Il note un foulard qui protège le cou et de marques étranges que le foulard ne couvrent pas totalement. Il sourit tranquillement et fait un signe dans la direction où il se rendait. "C'est par là." répond-il tranquillement avec un air nonchalant. "Sympa la conférence, même si j'ai pas tout compris. Je suis plus dans l'astrophysique que la biologie." précise-t-il alors que son physique laisse plutôt à penser qu'il est dans le sport ou le mannequinat.

« Merci. » Elle ajouta un sourire pour faire bonne mesure, qui s’élargit encore lorsqu’il aborda le sujet de la conférence. « Oui ! J’ai trouvé la présentation sur les prothèses adaptables aux particularités physiques des mutants particulièrement intéressante. Même si ça non plus ce n’est pas tout à fait mon domaine, moi c’est la biochimie. » Mais son domaine à elle était déjà plus proche de sujet du jour, d’où sa question suivante, parfaitement compréhensible : « Qu’est-ce qui t’a attiré ici aujourd’hui si ce n’est pas indiscret ? Simple curiosité ? »

Il la regarde avec ses yeux rouges qui sont pas du tout naturel. "Ca parle de mutant. On est jamais à l'abri d'apprendre un truc intéressant." dit-il le plus simplement du monde. "Rien qui m'a emballé personnellement pour le moment. Mais je désespère pas qu'un jour je tombe sur un sujet qui me motive." en fait il hésite depuis un moment à changer de voie. Il aime l'espace, mais il aime encore plus son pouvoir. S'il change maintenant il aura "perdu" quelques années, ça le rendra moins intéressant sur le marché du travail mais ça il s'en fout carrément.

Lentilles ou mutation ? La question méritait d’être posée, mais c’était peut-être un peu personnel et indiscret alors qu’elle venait à peine de le rencontrer. « Curiosité, donc », conclut-elle. « Personnellement j’espère que certaines présentations d’aujourd’hui m’aideront à avancer pour mon doctorat, mais même si ce n’est pas le cas le sujet en lui-même reste intéressant. »

"Yeah. Je suis un gars foncièrement curieux. Même si ma mère trouve que mes sujets de curiosité sont mal priorisés." Il hausse les épaules comme si cela n'était pas important. "Mais elle a rien contre le fait que je m'intéresse scientifiquement à tout ce qui touche au gène X." ajoute-t-il ensuite. C'est juste l'endroit où je le fais qui la dérange pense-t-il ensuite. "C'est quoi le sujet de ton doctorat ?" elle a pas l'air beaucoup plus vielle que lui la doctorante.

Katja ne se fit pas prier pour détailler un peu plus son sujet de prédilection : « J’étudie l’effet de certains médicaments génériques et traitements sur les mutants pour améliorer la compatibilité. Le gène X peut avoir des effets très variés sur la physiologie de ses porteurs, donc même des médicaments connus et testés depuis des décennies ont un haut taux d’intolérance et d’effets secondaires sérieux. Quand il s’agit d’antidouleurs, c’est gênant, quand il s’agit d’insuline, ça devient carrément potentiellement mortel. » Elle s’arrêta un instant, puis ce fut à son tour de poser une question : « Ta mère voudrait que tu prioritises quoi ? »

Eliandre écoute attentivement alors qu'il avance en direction de la cafétaria, il commence à y avoir du monde. "Intéressant en effet, vital en fait." commente-t-il sincèrement. "Je ne savais pas que le gène influait tant que ça sur les médicaments. Je suis jamais malade d'un autre côté." d'un autre côté il sait être jeune et que ça ne durera pas.... a priori.

"Pour le coup si je m'intéressais plus au gène mutant ça lui irait. C'est mes autres priorités qui lui plaisent moins." sourit tranquillement Eliandre en pensant à Green.

Elle haussa les épaules : « Ca dépend vraiment d’une personne à l’autre. Certains ont de la chance et la mutation n’a qu’un impact minimal sur leur physiologie, d’autres ont moins de chance et se retrouvent à vivre dans un monde totalement inadapté à eux. » Notons que ce n’était aux yeux de Katja pas aux mutants de s’adapter, mais au monde de leur faire une place. « D’où l’intérêt de la recherche pour améliorer les soins à leur disposition. » Sa curiosité avait été piquée par le dernier commentaire de son interlocuteur : « Ah ? Quel genre de priorités ? »

"J'espère que j'aurais de la chance avec ma physiologie alors. J'ai pas besoin de cachet pour le moment, mais on sait jamais." commente-t-il un brin rassuré. Il est du genre à avoir de la chance. Toujours.

"Ma copine.... entre autres." répond-il sereinement. Il est carrément beau gosse et pourrait se la jouer séducteur de tout ce qui bouge, mais visiblement non. Il ne parle pas encore de ses activités totalement désapprouvées par sa mère, comme l'enquête sur la mort de son frère.

Saisissant l’occasion, Katja griffonna rapidement son nom et son numéro sur un bout de papier : « Si un jour c’est le cas, n’hésite pas à me contacter. On cherche toujours des mutants qui veulent bien témoigner des effets ou de l’absence d’effet que les médicaments ont sur eux — que ce soit l’effet prévu du médicament ou un effet indésirable. » Plus ils avaient une base d’observation large, plus les résultats seraient fiables. Elle ne parvint pas à retenir un rire sans moquerie à l’objet de la désapprobation de la mère de son interlocuteur : « Sérieux ? Elle te prend encore pour un ado ? »

Il prend le papier et le regarde l'air dubitatif, puis il sort son téléphone et rentre le contact. "C'est un peu old school le morceau de papier griffonné quand même." dit-il amusé. "Mais pas de problème je ferais tourner, je connais pas mal de mutant." les pouvoirs c'est sa passion alors il rencontre un max de mutant pour parler de leur pouvoir.

"Ouaip, mais elle a des circonstances atténuantes. Elle a perdu un fils et le deuxième a parfois des comportements dignes d'un ado." explique Eliandre pour rendre justice à sa mère.

« Un peu, c’est vrai », rit-elle. « Merci de faire tourner ! » Trouver des participants était parfois difficile, vu que bon nombre de mutants n’avaient aucune raison de faire confiance à un institut de recherche voulant les étudier, même quand l’étude en question était menée par une mutante. Le sourire de Katja disparut toutefois en entendant la suite, pour laisser la place à une expression peinée. « Ouille, je suis désolée, mes condoléances. » Pas besoin d’être Einstein pour déduire que le fils de la mère de son interlocuteur était probablement son frère.

Il hausse les épaules quand elle lui offre ses condoléances. "Merci." il les accepte cependant avec politesse. Son humeur semble rester égale, ça fait tellement longtemps qu'il rumine cette affaire. La mort de son frère est un élément permanent de sa vie actuelle, donc ça ne peut pas lui casser le moral soudainement.
"Tu fais tes recherches où ?"parce que visiblement elle est pas du campus. La cafétaria fait son apparition ainsi que la petite foule qui désire y accéder. Mais bon c'est Columbia, il y a jamais vraiment de cohue, c'est tellement grand.

Les condoléances offertes, elle ne s’étendit pas plus sur le sujet, franchement personnel pour quelqu’un qu’elle venait à peine de rencontrer (et dont elle ignorait même encore le nom). « NYU*. J’ai fait le reste de mes études là, donc c’était un peu la solution de facilité de continuer là aussi. » Elle connaissait le campus, les labos, les profs… Surtout le dernier était un sacré avantage pour décrocher une place tant convoitée de doctorante.

*New York University

"C'est une bonne université." dit-il poliment. On peut pas comparer avec Columbia cependant, mais c'est pas le genre à s'étendre sur ce genre de détail sans importance à ces yeux. "Chez X ça serait pas plus efficace ?" demande-t-il alors. Il a prévenu qu'il était curieux ou pas ? Ouais ça lui parle de l'avoir précisé.

Ils entrent dans la cafétéria, quelques regards tombent sur Eliandre, la plupart bienveillants, pas tous. Il a beau être populaire, son statut de mutant rend les choses malgré tout plus complexe que pour les autres types populaires du coin.

Aha, la question qui tue. Mais il n’était pas le premier à la lui poser, et elle avait donc une réponse toute prête : « Oui et non. Ca me ferait des participants facile à trouver, mais la plupart sont des mineurs, donc les règles éthiques pour les impliquer dans un projet de recherche sont hyper strictes et l’Institut offre à ses résidents un style de vie sain, adapté à leurs besoins, sûr… Malheureusement, c’est loin d’être la norme des mutants, donc ça risquerait de fausser mes résultats. Je pense contacter l’Institut pour trouver quelques participants, mais aussi ratisser plus large. » Et son passé dans le Confrérie compliquait les choses.

Il écoute et réfléchit alors qu'il arrive devant un choix, stand à emporter ou self service pour manger sur place. Il a l'air d'hésiter et se tourne vers la jeune femme en la questionnant du regard.

"Je vois. Je doute que le Vieux te file de quoi ratisser large sans que tu fasses parti de son équipe. Trop de risque que les informations finissent chez l'Aimant." commente Eliandre. "Mais sans doute qu'il pourra t'aider pour les jeunes de l'institut."

Katja répondit à la question silencieuse de manière aussi peu verbale, haussant les épaules puis indiquant le self à manger sur place de la main. Ses surnoms pour les deux mutants les plus célèbres de leur époque leur arracha un sourire : « Le ‘Vieux’ a pas plus ou moins le même âge que l’’Aimant’ ? » C’était du moins ce qu’elle avait cru comprendre, mais elle pouvait se tromper. Mais, aide venant de l’Institut ou pas, elle craignait que le célèbre télépathe n’en lise trop en elle. Elle avait beau avoir officiellement quitté la Confrérie, hors de question de trahir ses frères et soeurs, même par inadvertence.

Il s'engage donc résolument du côté de la cafétaria. Il prend un plateau et regarde rapidement les menus proposés. "Tout à fait. Mais bon l'un est chauve et coincé dans un fauteuil roulant et l'autre à l'air vachement plus jeune. Et il est pratique pour pas perdre tes trombones." explicite Eliandre. Il ne met pas plus d'emphase positive ou négative quand il parle de l'un ou de l'autre. Il se dirige finalement vers du blanc de poulet sans sauce ni rient d'autre et prend quelques légumes avec. Il complète le tout avec un laitage et de l'eau minérale.

Il avait l’air bien au courant. Tirait-il uniquement ses infos des nouvelles, ou avait-il rencontré les deux ? Difficile à dire. Katja s’esclaffa toutefois à l’image du leader de la Confrérie les mains couvertes de trombones. « Pas sûre que tu vas te faire que des amis en les décrivant comme ça. » Dans un camp comme dans l’autre. Au moins, il était équilibré.

"Les gens qui ont pas d'humour m'intéressent moins que les autres." signale simplement Eliandre. "Et puis l'irrévérence est l'apanage de la jeunesse."

Il jette un œil distrait sur ce qu'elle a pris dans son plateau.

« Joli, ça te dérange si je te le pique à l’occasion ? » Elle observa les options de nourriture disponibles, écarta les frites (dans qui trempaient probablement dans la graisse depuis trop longtemps) et les pâtes (pareil pour leur eau) et se décida pour une pizza qui avait l’air plutôt fraiche et bonne. Elle rajouta ensuite un brownie en guise de dessert et un verre pour son eau (qu’elle avait déjà, dans sa gourde). Ensuite, direction la caisse pour payer.