Encore une fois, il court sur les toits, les rebords de fenêtre, les grillages, tout ce qui lui permet de passer d'immeubles en immeubles. Ce n'était pas Spider-Man. Ni Batman. Ni Antman.  C'était lui. Le seul et unique Maverick. Qui réfléchit encore au design de son costume et à son nom de code. Si vous regardiez ses dessins, vous vous direz peut-être qu'il a du talent et qu'il devrait se lancer dans la mode. Hélas, Maverick avait déjà choisi une autre occupation comme avenir. Héros !

Son palmarès n'est guère brillant. Il a effrayé une mamie qui a porté plainte pour vol de bégonias et s'est retrouvé en détention. Il y a avait perdu deux cents dollars au profit du bondsman qui avait payé sa caution de mille dollars. Ce n'est qu'une mauvaise passe de sa carrière de héros !

Règle n°2 Un héros ne n’abandonne jamais peu importe les difficultés.

Sur les toits, il est en parfaite position pour voir les crimes, il s'est agenouillé pour prendre le temps d'observer les fourmis d'en bas. Maverick remarque une altercation entre une femme et un type.

Règle n°1 Un héros porte secours aux personnes en danger.

Porté par cette règle, il se débrouilla pour descendre le plus vite possible avant que les choses ne s'enveniment.

« Hey, j’te parle ! » Excédée, Katja finit par se retourner. Des ahuris comme ça ne méritaient que mépris, mais elle espérait lui faire passer le goût du harcèlement de rue avant qu’il s'en prenne à d'autres. Elle devait cette attention à ses marques, visibles à cette saison chaude, qui s’étaient mises à clignoter. « Je te donne un avertissement : tu me lâches la grappe, ou je te casse la gueule. » Evidemment, il ne l’écouta pas. « Faut pas prendre la mouche comme ça, ma jolie ! » Et qu’il essaie de l’attraper par le bras. Connard. Un coup à l’entrejambe et un autre à la nuque, et il était ko par terre. Merci la Confrérie.

Le laps de temps qui s'écoule nécessairement entre le moment où tu vois les faits et que tu atteins les lieux est suffisant pour que la poussière soit déjà retombé. La cavalerie est.... l- en retard. Maverick s'est arrêté pile de là où il aurait pu sauter sur le malotru. Héééé ! Tu aurais pu me laisser des miettes pour que je fasse mon taff de héros. , lance-t-il à la jeune femme. Il jette un coup d'oeil au malotru KO histoire de s'assurer qu'il ne se relève pas.

Voilà une arrivée et une entrée en matière pour le moins originales. « Navrée, je penserai à regarder autour de moi avant de casser la gueule à un agresseur la prochaine fois. » Son énervement face au bonhomme désormais inconscient n’était pas complètement retombé, mais assez pour qu’elle puisse répliquer avec humour et un sourire à l’énergumène qui venait d’apparaître.

Bonne idée. Pas de témoin avant d'enterrer le corps. , réplique Maverick, sur un ton d'humour noir. Il se dit qu'il serait plus correct de descendre que de rester sur son perchoir. Un tour de main, un bond et un atterrissage en faisant une roulade finale plus tard, il est  dans la rue. Pas besoin d'attendre un héros. Ou une héroïne.

« Enterrer le corps ? Quelle idée ! Je sais neutraliser sans tuer, voyons. » Pour une raison x ou y, cet humour quelque peu décalé avait contribué à faire fondre son énervement comme neige au soleil. « À qui ai-je l’honneur ? Un héros ou une héroïne, peut-être ? » Elle penchait soit pour un fan de parkour, soit pour quelqu’un qui avait un peu trop lu Spiderman. Ou une combinaison des deux.

Maverick se trouve être une combinaison des deux. Un apprenti héros. , répond-t-il, le terme apprenti est important. C'est long d'attendre qu'un délit soit commis avant d'intervenir. Mais, il faut s'y faire. Généralement, ce sont des pickpockets qui volent à l'arrache des sacs à mains que j'attrape.

C’était donc bien un Spiderman du monde réel. « D’où la position surélevée pour guetter les ennuis, j’imagine ? » La notion d’apprenti héros l’avait cependant intriguée. Cela voulait-il dire qu’il avait un maître héros quelque part, ou simplement qu’il apprenait par essai et erreur ? Il n’avait pas un air de X-Man, mais ce n’est pas comme si elle en avait déjà vu de près. À moins qu’il ne fasse partie de la Confrérie ? Elle était relativement déconnectée, elle ne connaissait pas les nouveaux arrivants. Ou sinon, il pouvait aussi tout simplement s’agir d’un justicier solitaire.

Oui. Je ne fais rien d'extraordinaire comparé aux Xmens. Je guette les ennuis et je décide rapidement si c'est dans mes cordes ou pas. J'applique la Règle n°14 :  Un héros mort ne sauve personne. Se fourrer dans les ennuis pour sauver quelqu'un d'une agression ou rapporter un sac volé est une chose. Prendre le risque de se faire tuer est une autre affaire.  Et il n'était pas à prendre à la légère.

Bon, pas un membre de la Confrérie non plus. Katja imaginait mal quiconque de ses frères et soeurs prendre les X-Men comme référence en matière de héros. Sa « règle » fit rire Katja : « Ca tombe sous le sens, en effet. Tu en as combien de règles comme ça ? » Ceci-dit, un grognement au sol attira son attention : « On pourrait peut-être continuer à parler un peu plus loin de ce tas d’ennuis. » Elle lui avait déjà consacré plus de temps et d'énergie qu'il ne le méritait.

« Oh, ça serait pas le premier code à se contredire. » Surtout passé un certain nombre de règles. Bon, c’est pas tout ça, mais elle allait pas s’attarder à côté du bonhomme encore inconscient pour le moment. Autant prendre la poudre d’escampette. « Pas d’oeil au beurre noir, mais il va avoir mal à la nuque et du mal à procréer pour un moment. »

J'en assumerai les incohérences ! Le code n'a pas besoin d'être parfait. Il emboita le pas de la mutante, histoire d'être loin du tas d'ennuis quand il se réveillera. Pas besoin de subir sa stupidité plus que nécessaire. Juste de s'en rapprocher un peu. La nuque, l'entrejambe, le bon élève prend des notes mentales pour plus tard. Ça y est, c'est tout noté dans sa petite tête. Dommage qu'il ne l'emploie pas à autre chose qu'à être un héros.

« Un objectif ambitieux. » Plus que de jouer les héros et les justiciers ?À déterminer à une date ultérieure. « Moi c’est Katja, au fait. Katja Faerber. » Si son accent allemand s’était plus ou moins atténué au fil des années, il était par contre parfaitement audible lorsqu’elle donnait son nom.

C'est ce qu'on me dit toujours. Avant de me dire que je devrai faire autre chose. Maverick Clint, enchanté. , il tend poliment sa main pour se présenter à Katja. Mes parents étaient fans de Top Gun si vous me demandez d'où sort ce prénom. J'ai même failli me faire appeler Tom comme l'acteur.

Elle lui serra la main sans arrêter de marcher. « Enchantée. Maverick est plus original que Tom, excellent choix. C’est pas un personnage de western aussi ? » Bon, ok, New York n’avait rien du Wild West. « Et loin de moi l’idée de te conseiller de te réorienter. Rendre les rues plus sûres est une excellente idée. » Bon, certes, on n’en vivait pas. À moins peut-être d'être soutenu par financement participatif ? À creuser.

Non, c'est un pilote de chasse de l'US Navy. Une vraie tête brûlée en passant. Comme s'il ne l'était pas lui-même en intervenant dans des bagarres et des vols de sacs à main ! En plus, il s'était même fait attraper pour une histoire de bégonias qu'il ne voulait même pas voler ! Plus propres aussi. , fit-il remarquer. Je réfléchis sans cesse à ce qu'est qu'un héros. Rendre service à la population, oui. Mais est-ce nécessairement intervenir dans des conflits ? Pas du tout.  

Aux yeux de Katja, les nom de Maverick allait comme un gant à ce héros en herbe. « Il y a plusieurs manières d’être héroïque. Tout ce qui vient en aide à ceux qui en ont besoin et nécessite du courage est héroïque, à mes yeux. » Et ce qui demandait du courage variait d’une personne à l’autre. Pour certains, c’était parler en public, pour d’autres s’interposer entre deux belligérants.

Il aimait bien cette définition de l'héroïsme. Proche de ce qu'il pensait. Autant l'adopter. L'indifférence au mal qui se déroule sous nos yeux est si commune de nos jours. C'est tellement rageant de voir ça.

Elle hocha la tête sans hésitation à la constatation de l’autre. « Oui ! Et en même temps, décider d’agir peut être vite décourageant, parce qu’il y a tant à faire et on a parfois l’impression de ne pas réussir à faire bouger quoi que ce soit. » Exemple n°1 : elle ne voulait pas vivre dans un monde où elle et quelques autres venaient aider les mutants qui se faisaient agresser, elle voulait vivre dans un monde où les mutants ne se faisaient pas agresser, point barre. Assommer les agresseurs défoulait, certes, mais c'était un travail sans fin et répétitif.

Ce n'était le caractère répétitif et sans fin qui allait le démonter ! Il y avait sûrement des joies à aider son prochain, le voir sourire et vous remercier pour ce que vous avez fait. Certes, ça ne paie pas le loyer mais ça met du baume au cœur. Les mercis sont le carburant qui m'encourage à continuer. À ma façon modeste. Je ne changerai pas le monde tel qu'il est mais j'apporterai sûrement un peu de bien.

Changer le monde était précisément ce que Katja voulait faire, sans qu’elle ait même le début d’un plan d’attaque. Certes, son doctorat sur les effets secondaires de médicaments sur les mutants était un début pour améliorer leurs soins, mais il y avait tant d’autres domaines où il fallait du changement ! Sans compter les autres groupes ayant besoin de changements dans le monde ! Un vrai casse-tête. « Et je ne doute pas que de nombreuses personnes te sont reconnaissantes pour tes actions. » Même si son but à elle différait de celui de Maverick, elle ne dénigrerait certainement pas ses actions à plus petite échelle, certes, mais bien réelles.

Et puis qui sait ? Peut-être qu'un jour, ces petits gestes auront de grandes conséquences.   En bien, il l'espère. En mal... Cela l'ennuierait beaucoup. En attendant, cela ne lui payait pas son loyer. Il sourit, ce n'était pas très grave.  Si je pouvais en vivre, ce serait l'idéal mais... Règle n°11 : Être un héros ne paie pas le loyer.

« Un effet papillon ? » Voilà qui serait agréable. Et, qui sait, peut-être même possible. L’avenir le dirait. La règle n°11 fit à nouveau sourire Katja. « Non, en effet. Ca doit être pour ça que Tony Stark et Bruce Wayne sont millionnaires : il faut bien ça pour financer leurs gadgets et leur vie de héros. »