Rappel du premier message :




Quand orc veut, orc peut. Ou pour ainsi-dire, il peut essayer.

Ne me demandez pas comment Asbjorn avait entendu parler de Viholvärakuuna, il ne s’en souvenait pas non plus. Il se rappelait deux choses à son sujet, il ne devait pas mal prononcer son nom, et opterait donc pour un vouvoiement salvateur, et il avait un immense trésor. Bien entendu, la nature de ce trésor ne l’avait pas marqué le moins du monde…

Dans l’esprit simplet du Hulk en cape et en épées, si un dragon gardait un trésor, il devait s’y connaître en trésors. Aussi pourrait-il peut-être le renseigner sur l’origine de l’anneau qu’il portait autour du cou ! C’est sûr et c’était-même certain ! On lui avait dit que ce serait dangereux, il avait traduit en ‘amusant’.  

Quand il avait quitté l’auberge où il séjournait, il avait un grand sac à dos et beaucoup d’espoir. Maintenant, et bien son sac était plus léger et il s’était fait une ampoule en un endroit bien peu stratégique, si bien qu’en progressant dans la forêt où il se trouvait, il grognait environ un pas sur trois.

Il faudra quand même qu'il songe à demander ce que veut dire le dragon par volvä... Ääni aussi, faudra qu'il demande tant qu'à y être et puis à paraître stupide, autant ne le faire qu'une fois !

"Z'êtes sûr que c'est moi, il a quand même une sale tronche ce bébé orc..." dit-il en essayant de se souvenir si son nez avait cette forme-là avant d'être cassé la première fois...

"C'est une caractéristique des orcs..." marmonna le dragon. "Et des bébés humanoïdes en général." Les contours du Passé se floutaient à cause de l'hésitation d'Asbjörn et Viholvä claqua de la langue, agacé. "Concentre-toi !" siffla-t-il alors qu'il sentait sa volvä s'effilocher. Un gros visage vert, d'une femelle s'il ne se trompait (il n'était pas naturaliste ni expert en orcologie !) apparue dans le champ de vision du bébé qui se calmait peu à peu. Mais ses paroles restaient pour le moment inaudibles. "Concentre-toi !" répéta plus fermement le Chante-mage.

Se concentrer ? C'était facile à dire pour le dragon, ce n'était pas lui qui venait de découvrir que sa mère biologique n'était pas très gâtée par la nature... Quoi que ça dépendait d'où on posait ses yeux, certains endroits étaient plus intéressants que d'autres ! Il essaya vainement de ne pas se concentrer uniquement sur ceux-ci... Mais le mal était fait !

Le sentiment d'ennui du dragon renvoya la vision hors de propos de l'orc en un soupir. "Concentre-toi un peu !" siffla une nouvelle fois Viholvä qui sentait la volvä s'effilocher tant l'esprit d'Asbjörn n'arrivait pas à se centrer sur une recherche pertinente de ses souvenirs. Mais le dragon n'allait pas s'avouer vaincu ! Il était Viholvärakuuna fils de Valkulohikäärme, Chante-Mage de renom et Maître des Mots de Pouvoir ! Il n'allait pas rompre une volvä par des pensées idiotes d'un orc ! Malgré les bords devenus duveteux de la vision, ils virent l'orquesse surplombée par une ombre immense. "Zen fils de fobheofj..." Ils perdaient le fil !

Comme lorsqu'on raccroche par inadvertance quand on est enfin les deuxièmes sur la liste d'attente quand on appelle EDF, reprendre le cours de cette volvä sans perdre énormément de temps et d'énergie. Tout se disloqua et l'orc eut un sursaut de lucidité onirique.

"Je crois que mon père s'appelle Zen."

Drôle de nom pour un orc... Mais non moins drôle de fils pour se pauvre Zen.

Le choc de la "révélation" - si évidente pourtant, pourquoi avait-il accepté de répondre à la demande de cet Orc, déjà ? - le choc, donc, eut finalement raison de la volvä. Comme il aurait dangereux de laisser un esprit aussi égaré s'attarder dans l'Entremondes, Viholvä les guida à nouveau dans leur corps.

Il se réveilla groggy et pesta contre l'Orc, sa folie suicidaire et l'obligation d'avoir tout gobé un champirêve en urgence pour le rejoindre. Il préférait de plus en plus la méditation ! Moins douloureuse pour le corps... Un coup d'oeil jetée à l'Orc lui apprit qu'il n'était pas encore réveillé. Normal si un dragon était encore sonné !

Vous avez déjà vu un orc en post cuite ? Non ? Et bien je pense que comme beaucoup vous vous seriez passé de cette vision d'un Asbjörn en position fœtale en train de sucer son pouce ? Nous sommes d'accord, d'ailleurs il ne gardera aucun souvenir et le niera si cela venait à s'ébruiter. Dans les vapes il met plusieurs heures à émerger et quand il le fait il lui faut encore de longues minutes d'introspection pour se souvenir où il est. Dur dur de revenir de l'Entremonde !

Viholvä laissa mariner l'orc UNE HEURE. C'était suffisamment long pour un mortel, non ? Il devait peut-être vérifier qu'il était encore en vie... Le dragon se leva donc de son bain de lave pour aller asticoter la forme bavante d'une griffe... légèrement surchauffée. "Debout, Asbjörn fils de Zen, enfant de Moïra ! Ta carcasse ne me plaît guère en paillasson..."

"OH PUTAIN DE BORD... Ah c'est vous ?" fit l'orc à la voix aussi pâteuse que le regard en tapant de la main le tissus de son pantalon qui avait pris feu à l'endroit où la griffe surchauffée du dragon l'avait touché. Le réveil en fanfare eut pour contre coup un gros passage à vide le temps de raligner, ou de tenter du moins, tous les wagons.

Les oreilles du dragon s'agitèrent aux vulgarités et il ne se retint pas de faire négligemment glisser l'orc loin de lui. "Si tu es vivant, et bien réveillé, tu peux partir. Nous en avons fini." Ses pupilles d'onyx laissaient peu à peu place à des flammes menaçantes. Viholvä était arrivé au bout de Patience devant un invité... aussi peu ragoûtant. Et devenu indésirable.

Aussi bête qu'il soit l'orc n'est pas dépourvu d'un certain instinct de survie. Il se rappellera plus tard ce qu'il s'est passé, sans doute et retrouvera le nom de Zen quelque-part dans sa tête. Dans laquelle sonne encore un gong majestueux. S'il voulait abuser il demanderait à emporter le reste du champirêve... Mais un regard sur Viholvä le dissuada d'essayer.

"Merci grand dragon ! Je te raporterais le plus beau papillon que je trouverais !"

Le Nom titré ramena un peu de Patience dans son coeur. Viholvä permit donc à l'orc de partir sans lui flamber un peu les fesses au passage. "Le plus beau que je n'ai jamais vu." rappela-t-il cependant, peu disposé à se faire flouer sur l'emploi des Mots. Le dragon serpenta à la suite de son "invité", l'oeil méfiant, afin de vérifier qu'il quittait bien SA Montagne sans aucune filouterie.

La descente de la montagne fut plus longue que la monté, et ce pour trois raisons. Déjà il n'était pas porté par un dragon rouge mais par ses guiboles. Ensuite lesdites guiboles étaient un peu flageolantes car il ne s'était pas remis de sa gueule de bois... Et ensuite il y avait toujours cette foutue ampoule qui lui faisait mal. La pire walk of shame de sa vie.