Rappel du premier message :

Aaron a la garde de sa fille, il rayonne de bonheur. En bon père, il a laissé sa fille se déguiser comme elle veut : en écureuil pour se promener au Central Park. Quant à lui, il aborde des moustaches et des oreilles de chat pour faire bonne mesure. Il aurait préféré en manchot mais ces volatiles ne sont trouvables à New York qu'au zoo.

Son épouse aurait soupiré en le voyant ainsi paré pour sortir. Elle lui reproche souvent de "ne jamais savoir quand s'arrêter" selon ses dires. Sa folie douce lui avait certainement plu au début mais il semblerait qu'elle en ait eu assez de ces fantaisies. Elle a même essayé de le blesser en disant que pour l'instant Luna support ce cirque car c'est encore une enfant mais qu'une fois adolescente ce serait différente. Aaron n'y a pas prêter trop grande attention car il sait que sa femme souffre. Elle lui manque.

"Papa ! J'ai vu un écureuil comme moi ! Mais il est parti...
- C'était sans doute pour t'offrir un gâteau aux glands, tu ne crois pas ?
- Je ne veux pas manger du gâteau ! (Pas encore.) Je veux jouer avec lui ! Oh des chiens !"

En effet, des chiens rechigneront moins à jouer avec la petite de dix ans.

Luna est très contente de revoir les chiens, elle se dépêche de finir sa crème glacée tandis qu'Aaron doit composer avec l'homme menaçant en train... de s'excuser !
"Vous ne me l'avez pas demandé mot à mot et puis, qu'est-ce que ça change pour vous que je m'appelle Jean-Baptise ou Kevin ? Nous ne nous connaissons pas beaucoup et nous n'avons pas grand chose en commun... Mon nom est Aaron en fait."
Le nom n'est pas italien, plutôt religieux.

"C'est la politesse de base..." marmonna Rosario alors que sa Natalia intérieure répétait en boucle le mot communication. Il soupira en ajoutant : "Les rituels sont importants pour les loups." Et en refusant de donner son nom, Aaron avait rompu ce rituel, plongeant Rosario dans la confusion sociale et... donc réveillant la sua rabbia.

"Ah..."
Pas pour Aaron, les rituels... il préfère les caser.
"Mais moi, je suis un chat. Je ne fonctionne pas pareil," rappelle-t-il en désignant les moustaches dessinées sur ses joues. "Mais j'imagine que je dois m'excuser, je ne voulais pas vous énerver."

Si... il aurait dû s'en douter. Un gatto, bah. Tellement incompatible avec le mode de vie dei lupi. Mais ce n'était qu'un déguisement, comment aurait-il pu savoir ? Et alors qu'il tergiversait, Aaron devait attendre devant sa tronche assombrie par la réflexion. Communication, répéta encore sa Natalia intérieur. "Excuses acceptées, pas de souci." marmonna le Sicilien avec la raideur du manque d'habitude.

Aaron se fiche des excuses du loup, tant que celui-ci ne le menace pas toutes les trente secondes, ça lui va. Il ne comprend d'ailleurs pas pourquoi cet homme est si raide.
Luna qui vient de finir sa glace s'exclame :
"Je peux jouer avec Sorélina et les chiens ?"

Il y avait trop de monde. Pas étonnant près d'un stand de glaces. Rosario sentait sur sa nuque leurs regards jugeurs, méfiants, belliqueux parfois. Il ne cessait de changer de patte d'appui, ses babines secouées de spasmes. "Pas ici." croassa-t-il à la question della bambina. Grandenero était aussi mal à l'aise que lui et son propre état déteignait sur le chien. Le lycan attrapa le wolfdog figé de peur qui se lova dans ses bras comme s'il pouvait s'y cacher et l'emmena plus loin, dans un espace mi-couvert mi-ouvert où il y avait moins de foule.

Contrairement à Rosario, Aaron peut sans problème ignorer la foule. Il est même capable d'être totalement détendu au milieu d'un cataclysme (quand il n'y a pas Luna).
"Votre chien noir est très peureux pour son gabarit... C'est inhabituel," constate-t-il.

Il posa soigneusement le wolfdog contre un buisson, protégeant son dos, et mordilla son museau en réconfort alors que Puttilupo se couchait près de lui et lui léchait la tête. Ce ne fut que lorsqu'il convint que le chien était apaisé qu'il se tourna vers Aaron. "Comme je l'ai dit plus tôt, les hommes ont été méchants avec lui. Il se réhabitue encore à les côtoyer sans douleur." Dans ses poils, il marmonna férocement : "Merda di rompicoglioni." Se secouant, il inspira pour se calmer et reprit la conversation. "Il n'a pas deux ans, c'était un chiot. Enchaîné, battu, affamé." Ses yeux flambaient à nouveau della sua rabbia.

Aaron recule quand l'homme-loup se met à marmonner avec colère. Éviter le sujet qui fâche. Pour une fois Aaron, évite les sujets qui fâchent !
"Mais maintenant il est heureux ici, c'est tout ce qui compte ! Du coup, comment c'est la Sicile ? C'est grand ? Il y fait chaud, froid ?"

Les questions sur la sua bellissima Sicilia le prennent suffisamment au dépourvu pour qu'il cligne des yeux en oubliant qu'il est en colère. Elle n'était même pas dirigée contre Aaron en plus, juste contre l'ombre de l'homme qui avait rendu Grandenero aussi fragile. "Froid, la Sicilia ? Sérieusement ?" Il lui posait réellement une questionne aussi... évidente ? Le lycan se mit à lui rire au nez à gueule déployée. "La bellissima Sicilia est un pays de soleil et de cigales. Atteindre 0°C serait un record."

Aaron sort son téléphone et commence à taper sur l'écran.
"Attendez, je vais voir ça. Voyons... 7°C le plus bas en moyenne en hiver, ah oui ! Oh, cette mer est très bleue, on dirait un saphir. Je me demande ce que c'est que d'être là-bas, c'est forcément différent de la Floride."

"Evidemment que c'est différent !" s'exclama passionnément Rosario, même s'il n'avait jamais vu la Floride. "Vous n'avez des cigales que tous les 15 ans ! Comment survivez-vous même est une vraie question, cazzo !" Il y tenait vraiment, à ses cigales. Du coin de l'oeil, il vit que Sorellina bavait sur le pantalon della piccola Luna comme le chiot heureux qu'elle était.

"C'est à se demander pourquoi quitter la Sicile, haha !" s'exclame Aaron, contaminé par l'humeur jovial de Rosario.

La question qui tue. Toute joie déserta le visage de Rosario qui se renfrogna en soufflant hargneusement. Romcopiglioni ! Devait-il remuer le couteau dans la plaie ! "Perchè vous croyez qu'on quitte de bon coeur la belissima Sicilia ! Les vieilles murailles di Siracusa ? La douceur della famiglia ? L'odeur del sole e dei olive ? S'infliger volontaire cette douleur ? Stai zitto, cazzo !" Son éclat cachait mal la douleur qu'il ressentait encore à ce sujet ; être ainsi exilé, c'était comme lui avoir arraché un membre. Mais il se dégonfla tout aussitôt. "Ma... qui voudra du Big Bad Wolf ? Mi scusi, c'est une question sensible."

"Donc, si je comprends bien : vous êtes en colère parce qu'on vous refuse de retourner chez vous ? Eh bien, voyez avec un avocat, il vous trouvera une compensation. Peut-être. Ça ne sert à rien de pleurer sur le passé et de se rendre malheureux."
Mais enfin, qu'est-ce qui empêchait ce chauvin de retourner dans son pays ?

Il ne voulait pas repenser à toute cette merda, cazzo ! "Vous ne savez pas de quoi vous parlez." gronda le Sicilien en essayant de ne pas montrer les crocs dans la sua rabbia qui remontait. Il vulcano n'était jamais vraiment éteint. De quel droit cet homme demandait-il des explications sur sa douleur intime ? Devait-il lui dire qu'il ne voulait pas abandonner sua cara mamma ? Qu'il craignait encore le regard déçu di suo padre ? Qu'il était terrifié de retrouver Siracusa sans suoi nonni ? Qu'il cauchemardait des réactions horrifiés della sua famiglia devant il mannero des croyances chrétiennes qu'il était devenu ? Puttana di merda !

Aaron tient bon, il regarde le mutant en face de lui. Il ressemble à une bête enragée mais c'est un homme en dessous qu'on peut tenter de raisonner (ou pas).
"Il m'est arrivé que l'on me refuse de côtoyer les gens que j'aime. Ma femme ne veut plus me voir mais grâce à des avocats, je peux passer du temps avec ma fille un weekend sur deux alors peut-être que je ne sais pas de quoi je parle mais une chose est sûr. Personne ne me coupera définitivement de ce que j'aime."

Il n'arrivait plus à retenir son tempérament enflammé. En tout cas, pas suffisamment pour s'empêcher de gronder sourdement en faisant les cent pas. I suoi cani avaient redressé la tête pour le fixer d'un air qui allait d'inquiet à curieux. Mais ses pensées étaient confuses. Il voulait hurler, crier et mordre toute cette rage qui flambait dans coeur et attisait le feu della sua rabbia. Mais en même temps, il voulait se calmer et appréhender cette conversation avec calme. Avec calme, cazzo !! Pourquoi ne pouvait-il pas en parler sans s'énerver !

Aaron laisse cet homme-loup faire ses cent pas dans son coin pour jouer avec puce et les chiens. La fillette rie et crie par jeu.

Tout alla sua rabbia, Rosario ne réagit pas au départ de l'homme. Ses pensées l'agressaient de toutes parts et il continuait de massacrer l'herbe sous ses griffes. Au bout d'un moment, Grandenero se leva de son coin contre Puttilupo et, se dressant de toute sa hauteur, il se mit à barbouiller le visage du lycan en lui soumettant tout son poids. La masse tangible du wolfdog lui remit les pattes sur le sol. "Il mio cuoricino." murmura-t-il avec affection en caressant la tête de l'animal. Puis, soupirant, il alla s'asseoir près des chiennes sans oser croiser le regard d'Aaron qui de sa fille, les oreilles basses de honte. "C'est compliqué..."

Aaaah, les humains et leurs émotions. Si seulement Aaron était un manchot, il n'aurait qu'à se soucier de manger et de nourrir sa progéniture en évitant les phoques et les lions de mer.
"Dans ce cas, il faut le décomposer en plusieurs choses simples..."

Si, Natalia lui avait déjà proposé cette étape. Avec elle, au bout de dix ans à discuter de ses soucis, il avait réussi à traiter une partie della sua rabbia. Sauf que sa mutation était encore relativement récente. Et qu'il s'était tellement habitué à sa colère qu'il se demandait parfois s'il arriverait à la lâcher sans craindre de se perdre en chemin, qu'il ne resterait rien de lui sans elle.
"Pas facile." préféra-t-il grogner plutôt que de continuer cette pensée.

L'envie de mordre quelque chose de fureur lui faisait tellement serrer les mâchoires qu'on devait entendre ses crocs crisser. Il n'avait jamais aimé les donneurs de moral. "Si c'est si facile, pourquoi votre femme est-elle partie ?" gronda-t-il méchamment. Il s'en voulut aussitôt mais, dans sa fierté blessée, il renifla d'un air méprisant plutôt que de s'excuser.

Aaron voit bien que l'italien essaye de le blesser.
"Vous êtes sur la défensive et vous détournez le sujet. Ma femme est partie parce que je suis un mari affreux et un père incompétent, satisfait, vous vous sentez mieux ? Bien, revenons à vous maintenant," lâche Aaron, totalement déconnecté de ses émotions.