Rappel du premier message :

Deux mois se sont écoulés depuis le fiasco au bal du soleil et la dissipation du Sort de Traduction. Depuis les Shamans ont recourt aux signes ou à des esprits comme par exemple celui de la télépathie. Et des esprits en ont profité pour semer la pagaille tandis que les shamans cherchent à comprendre comment rectifier ce problème. Cruz a du coup été réquisitionné en dépit de son jeune âge pour rétablir la paix et cela a fonctionné. Il a entre autres stoppé l'esprit des cousins en invoquant l'esprit de la force. Aujourd'hui, moins d'équipes sont envoyées à travers le monde mais le processus continue.

Cruz est toujours ravi d'être utile et s'est encore une fois porté volontaire. Il se retrouve en équipe avec un islandais de trois ans son aîné, assez fermé. Le carioca a bien entendu tenté de discuter ou de l'inviter à ses fêtes mais ce dernier a toujours refusé jusqu'à présent. Ils sont aussi accompagné d'une employée de l'Administration et de l'Esprit des Murs mais ils pourront toujours en invoquer d'autres si besoin.

Quel est donc le problème ici ? Un esprit s'agite ici mais Cruz ne voit que des gens dansant dans la rue sous une pluie de confetti. Leur superviseur insiste pourtant sur le danger...

"Tant pis. Une autre fois alors."
La femme de l'Administration appelle l'esprit de la téléportation pour rentrer à l'école. Cruz regarde les rues avec nostalgie. C'est sa ville, il pourrait faire coucou à ses parents dans le quartier de Santa Teresa.

Va-t-il avoir le temps de demander cette permission ? L'Esprit de la Téléportation est déjà là et l'agent de l'Administration a l'air pressée de rentrer. Cyrus ne la blâme pas, hein ! Lui aussi veut rentrer ! Et si tout est de retour à la normale à Bruxia, il a même l'intention d'aller s'enterrer dans sa chambre pour au moins huit jours, à l'abri des fêtes et des insectes !!

L'Esprit de la Fête retourne sur l'Île aux Esprits avant qu'une idée ne vienne à Cruz.
"Mademoiselle ! Nous sommes chez moi, je pourrais vous inviter chez mes parents, ils seront ravis de vous offrir la collation ! Et tout le monde est invité naturellement !"
Cruz n'a aucune idée particulière si ce n'est faire plaisir aux gens car quoi de mieux pour se sentir bien que d'être en contact avec des personnes ?

Désolée, je dois retourner à Bruxia, répond l'agente — au plus grand plaisir de Cyrus. Mais tu peux y aller, la famille c'est important en tant de crise. Toi, dit-elle en regardant Cyrus, tu l'accompagnes. Hein ?!? Mais ma famille est à Bruxia ! Pas de discussion. Je suis responsable, je ne le laisse pas y aller seul. Vous y allez tous les deux. Je préviendrai l'école. Cyrus est tellement défait qu'il ne peut plus rien articuler. Alors que son cerveau est en train de hurler, la madame disparaît.

Qui ne dit mot, consent !
"Ne t'en fais pas, ma famille est ta famille aujourd'hui ! Tu seras comme un coq en pâte."
Le jeune carioca se dirige vers un arrêt de bus, tout content de revoir en vrai sa famille.
"Cela fait si longtemps que je n'ai pas revu ma famille ! Toi, la tienne vit à Bruxia, c'est si rare ! Tu dois être heureux !"

Cyrus hurle à l'intérieur. Mmh, fait-il avec la plus grande froideur. Ça a des avantages de vivre avec ses parents, certes (au hasard, pouvoir cacher ses phobies), mais sa sœur est en pension en Islande et ça, c'est complètement naze.
Il marche avec raideur jusqu'à l'arrêt de bus en s'efforçant de garder son calme.

Cruz ignore totalement le dialogue intérieur de Cyrus, en fait il ne remarque même pas que celui-ci est contrarié.
"Parles-moi de toi ! Comment c'est l'Islande ? Est-ce que c'est vrai qu'il y a beaucoup d'eau chaude là-bas mais qu'il y a fait froid ? C'est beau là-bas ?"
Le bus est déjà en vue. Cruz a acheté deux tickets pour les deux gus, cadeau de bienvenue.

C'est la pire situation. En plus d'être bloqué au Brésil (pas si loin que ça de Bruxia, quand on y pense !), il est bloqué avec un moulin à paroles. J'ai jamais vécu là-bas, répond-il succinctement. Il a clairement pas envie de discuter. C'est mal connaître le carioca que d'espérer le décourager, certes. Mais Cyrus ne connait pas le carioca et il n'a pas d'autre corde à son arc.

Cruz montre ses tickets au conducteur et le bus les emmène à travers les rues pentues, colorées et ensoleillées de la ville avec des "bem vindo ao Rio de Janiero" peints sur les murs. Il fait chaud et il fait bon. Le carioca fredonne la chanson Mas que nada.

Le cauchemar de Cyrus:

Cyrus prend place dans la bus, mal à l'aise, avec cependant tout l'aplomb dont il est capable dans une situation inhabituelle. Il se concentre sur le fredonnement de son voisin pour ne pas penser aux insectes et autres arachnides que doit abriter la ville. Il se dit que ça ne peut pas être pire que la forêt de Bruxia qu'il traverse tous les jours en courant pour se rentre à la grande pyramide. Machinalement, il vérifie la présence de la mini bombe aérosol dans sa poche.

Le bus arrive dans un quartier où chaque porte d'entrée est fleurie et décorée de façon créative. L'odeur des poubelles chaudes laisse place à une odeur de fleurs. Cruz désigne une porte bleue à son camarade plus âgé.
"Ici, c'est chez moi !"
Mais leur chemin est interrompu par l'irruption d'un chien tout foufou. Le carioca lui donne des papouilles.
"est-ce que je te connais toi ? Mais oui, tu es le chien du voisin ! Ça c'est un bon garçon !"

Le chien, sem problemas. Mais les puces qu'il a peut-être sur le paletot, grandes problemas. Cyrus, fidèle à lui même, triture la bombe insecticide dans sa poche et regarde la scène avec mépris. Puis il se crispe en levant les yeux. Il y a des gens à la fenêtre, dit-il au moment où d'autres sortent de la maison à la porte bleue désignée par Cruz.

En effet, il y a des gens à la fenêtre. Ils sont bruns à la peau dorée come Cruz. Il y a une femme quarantenaire au chignon décoré d'une fleur de magnolia, une jeune adolescente de treize ans et un garçon d'une dizaine d'années.
"É o Cruz!
- A amada criança está de volta!"
Et la famille descend, Cruz ouvre les bras et répond en portugais (compréhensible par Cyrus cette fois).
"Maman, Efigênia, Mateus, quelle joie de vous revoir en vrai et de pouvoir vous toucher !"

Traduction du début pour les curieux:

Cyrus l'avouera jamais, mais il est jaloux. Il veut faire tout pareil avec sa petite sœur qu'il a pas vu depuis un bail. Il regarde cette effusion de joie d'un air détaché et attend que ça se passe.

Les Selva s'agglutinent et s'embrase avec effusion. Les propos incompréhensibles sont doux et nul besoin de traduction.
"Je vous présente Cyrus, un élève de mon école. Cyrus, je te présente ma mère madame Selva, ma sœur, Efigênia et mon frère Mateus."

Halló, dit-il d'une voix neutre, avec un petit signe de la main. Il reste impassible même si ces effusions le mettent mal à l'aise. Il ne sait pas trop comment se comporter. Et puis c'est la première fois qu'il rencontre les parents d'un élève de l'école. Je parle d'une vraie rencontre, évidemment. Takk fyrir að taka vel á móti mér heima hjá þér, ajoute-t-il, très poliment.

HRP :

La famille ne semble pas comprendre la phrase de Cyrus. Cruz observe leur désarroi sans comprendre puisque lui comprend l'islandais.
"O que ele disse ?
- Oh ! Il vous remercie de l'accueil !
- Diga a ele que somos lisonjeados.
- Ils te disent qu'ils sont flattés et que c'est normal.
- Entre ! Não fique na porta !" dit la mère en invitant à entrer.
L'intérieur est lumineux, avec des meubles en osier, une table en bois et des coussins colorés, et un portrait du Christ.

Image à droite:

Cyrus se retient de lever les yeux au ciel ou de regarder ailleurs. Cruz va devoir jouer les interprètes tout le temps qu'ils passeront dans cette maison. Quoique, songe Cyrus avec un brin d'ironie, il ne compte pas se montrer plus bavard que d'habitude. Il emboite le pas de la famille et se surprend à trouver leur intérieur joli et chaleureux. Accueillant. Apaisant, même, malgré le chahut des retrouvailles. Mais il ne décroche pas un mot.

La famille s'éparpille, la mère va à la cuisine préparer un thé rouge et sortir des Cocadas, biscuits à la noix de coco. Le petit frère va cherche des photos de footballers brésiliens pour les montrer à Cyrus et la petite sœur montre une photo à Cruz.
"Oh, c'est donc lui ton nouveau copain ? Il a l'air charmant ! Est-ce qu'il joue de la guitare lui aussi ?
- Não, você é o único.
- Oh, c'est dommage ! S'il a envie, je peux lui donner des cours par visio !"

Cyrus regarde les photos sans grand intérêt. Les compétitions sportives, c'est pas son truc. Cependant, il ne veut pas paraître impoli devant ces gens. Et puis le petit garçon est plein d'entrain, Cyrus ne veut pas casser son groove... Il hoche la tête gentiment, fait des petits pouces en l'air ici et là, pointe du doigt avec une interrogation dans le regard de temps en temps. Il ne comprend rien de ce que dit le petit, mais il aime son enthousiasme. Ça lui rappelle Liv.

La mère Selva dépose un plateau sur la table. Le jeune Mateus cesse de s'extasier sur ses idoles pour s'asseoir sur le canapé en grignotant un gâteau à la noix de coco. La mère tance légèrement le garçon pour son empressement. Un thé est servi.

Cyrus est assis droit comme un i. Il n'ose pas encore se servir, mais ça sent bon. Pour se donner une contenance, il prend sa tasse dans ses mains et en hume le parfum... Un délice. Il attend que sa température descende un peu avant d'y tremper les lèvres.

La mère désigne les biscuits. Cruz se sert goulûment et s'affale dans le canapé, entre les cousins. Il se lance dans un récit de tout ce qui s'est passé dernièrement et qu'il n'a pas communiquer. Il commence par le Sort de traduction, la cohue des esprits et le désordre qu'a provoqué l'Esprit de la Fête juste à quelques quartiers de là.

Cyrus écoute sans rien dire. Il en profite pour répondre à l'invitation silencieuse de la maman et prend un petit biscuit. Qui est aussi délicieux qu'il en a l'air. Il attend quelques minutes, écoute le récit, boit quelques gorgées, puis se ressert.

"E qual é a causa dessas perturbações para você ?
- Je pense que c'est le fameux Julio qui est revenu.
- Julio ?!
- Mas é perigoso ! Você não vai lutar, meu bebê, espero ! s'esclame la mère en proie à une sainte panique.
- Non, jamais ! Il ne s'est pas encore montré, ce n'est peut-être pas lui. Euh..."
Là, Cruz a un regard légèrement paniqué vers Cyrus, signifiant "sors moi de ce pétrin".