Rappel du premier message :



A sa grande honte, il lui a fallu une journée entière pour cesser de se sentir mal dès que son dos se trouvait sous l'ombre d'un arbre. Leif a cependant dû se frayer un chemin dans la forêt pour relever ses collets, établir son besoin réel de viande fraîche et effectuer un premier repérage. La présence rassurante de son fidèle Krákagrár et les facéties de cet idiot de Puffífl y sont beaucoup dans sa récupération, ainsi que la douceur de la voix de Hind qui guide ses rêves loin des cauchemars.

Les prises sont mitigées. Il a dû trop tarder la vieille au camp et des concurrents sont passés avant lui ; il a repéré des traces de renards et, plus dangereux, d'un loup. Partager son territoire avec une meute ne le rassure jamais. Il n'a rien contre ces majestueux prédateurs mais il lui est difficile de dormir sur la seule oreille qui lui reste en craignant une attaque sur Krákagrár. Le petit cheval est tout à fait capable de tuer des loups mais une blessure, même superficielle, n'est jamais souhaitable dans ce monde ; il espère qu'il ne s'agisse que d'un loup solitaire de passage. A vérifier.

Pour l'heure, avec deux maigres lapins, il sait qu'un daim ne suffira pas s'il veut ramener une prise au Camp. Un cerf ou un sanglier semble plus indiqué. Peut-être deux proies, pour renflouer son stock de viande fumée tout en ramenant une belle prise au Camp.

Leif s'est donc posté au point de rencontre, attendant Dina.

"Ce n'est pas sa faute, les oiseaux n'ont de sphincter. Tu devrais lui, je ne sais pas, lui réserver un coin à lui o un nichoir spacieux dehors..."
Bien sûr, ça demande de bricoler, de réfléchir à un problème. D'habitude les pigeonniers ne dorment pas avec leurs oiseaux. Ina se peigne les cheveux avec les doigts et cherche des yeux un bol d'eau pour s'asperger le visage comme elle fait chaque matin.

"J'ai essayé mais c'est un pot de colle." A la réflexion, il pense le remettre, vu qu'il ne bouge plus autant qu'avant. "Dès qu'il reprendra goût à la vie sauvage et partira enfin en migration, ça sonnera l'heure de mon départ vers l'est. Peut-être qu'il sent que ce n'est pas le bon moment." Etonné lui-même de son babillage, Leif s'interrompt brusquement en clignant des yeux puis marmonne dans sa barde : "Mais c'est loin d'être un corbeau d'Óðinn." Fin prêt, il se tourne vers Ina. "Je vais seller Krákagrár. Il nous suivra sur la rive. Toujours mieux de filer à cheval devant des zombards."

Ina ressent une pointe de tristesse en apprenant que Leif compte très bientôt quitter les environs de Vannstad. Ce n'est pas comme s'il mourrait pourtant, elle peut toujours espérer le revoir. Elle descend donc de l'abri pour rejoindre le cheval de Leif. Elle n'oublie pas ses affaires évidemment, son arc et ses flèches. Elle retrouve Eyra avec plaisir, la chienne a bien dormi avec le cheval.

Leif a la tête posée contre le chanfrein de son cheval quand Ina le rejoint. "On ira plus vite à la rivière à cheval." lui dit-il en montant souplement en selle, tendant un bras vers sa direction. "Le temps est clair, on devrait pouvoir trouver du gibier."

Ina essaye de s'installer sur le cheval avec plus d'aisance que la veille. Elle y parvient avec un succès relatif. Eyra, la chienne les suit, langue au vent. Le temps est clair comme a dit Leif et une pointe de vent apporte des odeurs étrangères de nature -- loin de la chair putréfié habituelle de la ville.

"On n'a pas le temps de faire le tour du territoire." marmonna Leif à Ina ou le cheval ou lui-même. Il est nerveux et ses yeux oscillent entre les ombres des arbres. Depuis hier, il n'a pas pu assurer sa routine habituelle et l'inquiétude rampe sous sa peau. Il essaye de rationnaliser : aucune horde n'a pu s'avancer sans qu'il ne l'est déjà repérée deux jours plus tôt. Seuls des zombies solitaires ont pu lui échapper, et il suffit d'être prudent. Mais la balade est calme et Krákagrár tölte vite. Bientôt, la rivière est en vue et la barque est toujours là, louée soit Freyja. Leif descend de cheval et désangle légèrement dès qu'Ina est à terre.

Ina sent le malaise de Leif même si elle n'en comprend pas la raison. Faire attention aux zombies n'est plus une option et il y penser à chaque visite à l'extérieur. Même au sein du camp, Ina ne peut se reposer tout à fait et se méfie des gens qui y habitent.
Ils arrivent, la jeune fille attend donc que Leif lui montre comment chasser et teste son nouvel arc !

Leif grimpe sur la barque en tanguant un peu, plus habitué à la selle d'un cheval qu'à l'équilibre précaire d'une embarcation. La barque semble au moins en bon état, il l'a déjà essayé sur un petit trajet pour vérifier qu'elle ne fuit pas. "Il vaut mieux naviguer tranquillement un moment, où nous ne verrons aucune proie. Les animaux doivent s'habituer à notre présence." Il prend une rame et sifflote à Krákagrár. Suivre. Attention. Le cheval agite les oreilles, attentif.

"Est-ce qu'Eyra peut venir ?"
Ina n'est pas rassurée à l'idée de se séparer de sa chienne, fut-ce pour tenir compagnie au cheval d'un ami.

Il fixe la chienne puis la barque et hausse les épaules. "Je pense qu'il y a de la place pour trois." Une rame en main, il tend l'autre à Ina tout en stabilisant l'embarcation.

Ina monte comme elle peut sur la barque. Si au début l'équilibre est instable en dépit des efforts de Leif, une fois assise c'est bien mieux. Elle fait signe à la chienne de monter, celle-ci saute dans l'embarcation sur les jambes d'Ina, les mouillant au passage et la barque tanque un moment avant de se calmer.

Une fois qu'Ina et sa chienne sont bien installés, Leif prend les rames dans l'idée de les emmener jusqu'à la mer. Après quelques brasses - bruyantes - il les repose en fixant Krákagrár d'un air pensif. Il le siffle en se redressant pour l'atteindre et sortir une corde de ses fontes qu'il accroche en harnais au cheval. "Tire-nous." lui dit-il en islandais avant de se rasseoir face à Ina avec un sourire victorieux. "Plus silencieux." explique-t-il alors qu'ils se font tracter par le cheval.

Eyra reste bien sagement à côté des jambes de sa maîtresse. Ina fait de même, scrutant en lisant le bord de la rivière à la recherche d'éventuels zombies.

Tirés par Krákagrár, ils arrivent rapidement près de la mer. Avant d'atteindre le rivage, Leif détache son cheval qui s'en va aussitôt caracoler de joie dans le sable qu'il s'amuse à agiter de partout. "Je vais m'amuser à le brosser." s'amuse Leif qui manoeuvre la barque pour quitter la rivière. Ses yeux s'écarquillent soudainement. "Nous n'avons pas d'ancre."

"Je vais pagayer pour nous maintenir au même point," offre Ina.
La jeune femme saura se faire discrète pour ne pas perturber le poisson intrigué par les appâts. Et de toute façon, pour un début, Ina ne peut qu'observer ce que fait l'islandais.

Leif hoche la tête et lui donne les pagaies. Un filet est jeté à la mer pour les poissons mais son regard se trouve pointé vers le ciel, l'arc à la main. Il a déjà vu des canards de mer dans les environs et leur plumage est suffisamment différencié du macareux pour ne pas tirer sur son ami par erreur... Quoi qu'il en soit, le ciel est vide pour le moment.

Ina observe Leif chercher un canard dans le ciel et repense à son manque d'entraînement à la chasse. Depuis qu'elle a rejoint le camp, elle ne fait plus ça. C'est sans doute à cause de cela qu'elle a manqué le sanglier la veille...

"Là, un vol." murmure Leif qui a l'oeil aiguisé. Un v s'approche d'eux dans un ciel sans nuage. "Des conseils pour l'arc ?" demanda-t-il, curieux, en bandant l'arme comme il pense qu'il doit le faire.

Ina corrige la posture de Leif et lui donne un conseil simple ou deux. Elle observe le tir de Leif, à moitié concentrée sur maintenir la barque au même endroit.

Un mouvement de tête remercie l'intervention d'Ina. Leif est concentré sur le vol des oiseaux. Viser est différent avec l'arc mais il s'applique du mieux qu'il peut avant de lâcher sa flèche. Elle file d'un trait droit et percute sa cible qui tombe à l'eau comme le poids mort qu'elle est devenue. "Merde !" siffle Leif en voyant sa proie s'éloigner de la barque ; au moins ne coule-t-elle pas. "Je n'ai pas prévu ça." Il grimace en se disant qu'il aurait dû viser les canards au-dessus de la plage. Mais ils peuvent encore le rattraper.

Ina prend l'initiative de pagayer vers l'animal mort, ce serait dommage de le perdre et les bruits d'eau ne devraient pas attirer les zombies.

Leif rejoint Ina dans ses efforts, conscient que les autres canards ont été effrayés et ne reviendront pas de sitôt. "Ce n'était pas si mal." dit-il en souriant, une fois la prise récupérée. La flèche l'a tué sur le coup. "Je dois sûrement m'entraîner sur la puissance de tir mais je devrais réussir à moins utiliser le fusil. Merci."

"Mais de rien ! Il faut s'entraider entre survivants."
Ina ne dit rien mais pense à tout ce que cette phrase implique. Chacun peut disparaître le lendemain brutalement, bien plus brutalement qu'avant l'apocalypse. Chacun peut devenir une pierre de plus à l'édification d'un avenir plus radieux. Eradiquer les zombies, reconstruire le monde…

Leif sourit chaleureusement. "Tout le monde ne le pense pas. Tiens, remerciement. Je ne l'aurai pas attrapé sans toi." Il lui tend le canard et lève à nouveau les yeux vers le ciel en quête d'une autre proie pour lui-même. "Je cherche un chien. Saurais-tu s'il y a des chiots au camp actuellement ?" demande-il subitement. Le ciel est vide.

Si Ina avait connaissance de chiennes en train d'attendre des petits, il y a longtemps qu'elle en aurait parler à Leif qui cherchait un chien de chasse (voire de garde).
"Il faut que je me renseigne."
Qui sait, peut-être un des militaires a-t-il adopté un chien errant. Le camp est suffisamment grand pour que cette information lui ait échappé.