Rappel du premier message :

CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : Ouvert aux incrustations (demander par MP au préalable)
- Type de RP : Normal
- Tour de jeu : Mey - Sili
- Délai maximum d'attente de réponse : 1 semaine
- Sauts de tours : 2
- Autre : Paix sur terre pour le bien des oreilles de Ninian.

« Je comprends bien que tu aies mis ce collier pour ne pas vexer la gamine, mais franchement tu peux l’enlever maintenant. Ca ressemble à rien. » — « C’est pas vrai ! L’agathe et l’ambre c’est très joli ! » — « Cette remarque prouve bien qu’il faut être un gamin pour apprécier ce ‘bijou’. Je veux bien qu’il faut garder son âme d’enfant, mais… » — « Je suis pas un gamin d’abord et pis t’as aucun goût. »

« Mais vous avez fini tous les deux ? Aisling, je porterai ce collier aussi longtemps que ça me chante, Pim ça ne sert à rien de répondre par des insultes quand tu es vexé. »

« Pardon. » — « Pardon. »

Un silence rare régna pendant un bref instant sur la petite troupe, probablement à la grande joie de l’ânesse qui tirait la cariole. Avec des oreilles pareilles, Moira supposait en tout cas que certaines discussions animées devaient avoir des airs de véritable cacophonie pour Ninian. Mais le silence durait rarement.

« Aisling ? » — « Oui ? » — « Comment diable est-ce que tu vois sans yeux ? »

La question eut le mérite de laisser la canne habituellement loquace sans voix. Au loin, les contreforts des Monts de Krokdor se dessinaient plus précisément, mais ils mettraient encore bien une journée à y arriver, à ce train-là.

« Comment veux-tu que je te réponde ? C’est toi l’experte en magie, pas moi. »

Le commentaire de la canne lui fit plisser le museau, découvrant ses crocs blancs une demi-seconde avant qu'il ne ravale son instinct échauffé par le sang chaud qui coulait dans sa gorge. Son hôtesse n'allait pas apprécier qu'il crame son objet magique, à ne pas en douter. La proposition de l'humainvieille le fit rire jaune. "Des engelures ! Si seulement c'était aussi facile... Ah ! Mais non, ce maudit Vistustaja s'est attaqué à l'essence même de ma Flamme. Sa Glace sape mes forces, avale mon Feu intérieur, réduit ma Puissance. Seule la chantemagie pourra me sauver et le Mot m'échappe encore."

Moira resserra instinctivement sa prise sur sa canne quand les crocs du dragon se découvrirent. Un geste futile, puisque ni elle ni Aisling n’étaient de taille à affronter une telle créature, mais parfaitement involontaire. Heureusement leur invité n’était pas complètement dépourvu de manières. « Bigre, ça m’a l’air sérieux. Parle-moi de cette chantemagie, je n’ai encore jamais rencontré de mage tel que toi. C’est une magie qui est propre aux dragons ? »

Il se redressa de toute sa hauteur, bombant le torse ; l'humainvieille ne pouvait que reconnaître la Puissance de Viholvärakuuna fils de Valkulohikäärme le Chante-Mage ! "Peut-être que certains dragons-fées, ceux qui vivent aussi longtemps que les dragons, ou les elfes qui s'accrochent plus longtemps que leurs pathétiques cinq cent années d'espérance de vie le pourraient. La chantemagie est un Art qui demande des siècles d'expérience ! Heureusement que les trolls sont trop bêtes pour s'y intéresser, ils vivent étonnamment vieux si personne ne les tue." babilla-t-il d'un air supérieur. "Les dragons sont donc les plus indiqués."

« C’est pas la modestie qui l’étouffe, celui-là », maugréa Aisling. Moira ne pouvait pas lui donner tort, mais elle était plus amusée qu’agacée par cette fierté du dragon (bien ou mal placée, elle ne trancherait pas). Au cours de sa vie, elle avait croisé de nombreuses créatures avec une piètre opinion des « faibles » humains, et… eh bien, elle était toujours là, pas vrai ? Pas mal pour une créature si prétendument fragile. « Tu peux m’apprendre ? » Pim, lui, avait surtout retenu du discours de son aîné que son art était à la portée des dragons-fées.

Il abaissa le museau vers le minuscule dragon-fée pour placer son œil géant en face de lui. "Et bien, Pimarimponil, l'affaire est trop dangereuse pour un dragonneau-fée. Il te faudra revenir auprès de moi quand tu seras plus grand. Alors je te mènerai dans l'Entremondes pour voir si tu as l'étoffe d'un chante-mage." Les dragonneaux perdaient bien trop facilement le contrôle de leurs émotions pour qu'il risque la petite chose contre les Hiisi ; pas qu'il s'en souciasse particulièrement mais il n'aimait pas perdre du temps, et de l'énergie, pour une tâche qu'il savait impossible.

« Quand je serai grand comme toi ? » Le découragement était audible dans la voix du dragonneau. « Mais non, nigaud. Grand pour un dragon-fée. Ca ne te fait que quelques décennies d’attente. » Rassuré, Pim ronronna de plaisir. « C’est pas longtemps alors. » Il jeta un dernier regard à l’ours, puis décida qu’il était repus et vint se rouler en boule sur les genoux de Moira. « Qu’est-ce que l’Entremonde ? Je n’en ai encore jamais entendu parler. »

Le petit le trouvait grand ! Le dragon se rengorgea, les naseaux gonflés de flammèches satisfaites. Il s'installa plus confortablement, lové dans plusieurs anneaux de son long corps sinueux ; s'il n'avait pas la berlue, il avait pris au moins un demi-mètre ! "L'Entremondes est un espace entre les mondes." expliqua-t-il d'un ton docte. "Seul un shamane peut s'y rendre, par la méditation ou l'usage de quelques produits, si besoin, ou y mener quelqu'un. C'est là que circulent les flux d'Ääni dans un méli-mélo de sens, de couleurs et de temps. Y demeurent aussi les redoutables Hiisi."

Un méli-mélo de sens accessible par la consommation de substances indéterminées ? Si elle n’avait pas assisté elle-même à une démonstration de magie du dragon, Moira aurait soupçonné qu’il avait simplement un goût trop prononcé pour certains champignons. « Et l’Ääni, c’est le... courant que tu manies dans tes chants ? » Difficile de mettre des mots sur la sensation que cette magie lui avait procurée. « Qu’est-ce qu’un Hiisi ? »

Il était particulièrement de bonne humeur, entre son ventre contenté par un sang chaud et puissant et l'admiration du petit Pimarimponil, et l'humainvieille semblait réussir à suivre ses propos ; le dragon se plia donc volontiers à l'exercice de la pédagogie. "L'Ääni nous entoure de toute part. C'est un flux de Puissance magique auquel le chante-mage peut se relier... et soumettre en liant les Mots de Pouvoir. Quant aux Hiisi..." Son museau se tordit en un rictus. "Ce sont de petits démons vaporeux qui se cachent dans les ombres de l'Entremondes et se nourrissent des mauvais sentiments."

Charmants personnages que ces Hiisi. Heureusement qu’ils habitaient un autre monde, en espérant qu’aucune Brèche ne leur ouvre la porte vers Heavensaw, à eux. « Donc quand tu chantes, ce sont les mots qui sont l’élément porteur de ta magie ? Est-ce que l’air a une influence aussi ? Et l’ordre des mots joue, ou uniquement leur choix ? »

Il renifla d'un air suffisant. "La chantemagie est un Art, en plus de nécessiter une intense pratique si aucun don inné pour percevoir l'Ääni ne préexiste. Depuis que je suis dragonneau, je perçois l'Ääni autour de moi, j'entends ses murmures, et je fais miens les Mots de Chaleur, et tous les autres. Et comme tout Art, il y a des règles. Connaître les Mots, bien évidemment, leur essence, leur sens, les avoir soumis à sa volonté car beaucoup sont rebelles." Il n'avait jamais expliqué la théorie de sa pratique et se gratta la joue avec une moue. "Nous aurons besoin d'un temps ensoleillé demain !" Il se redressa.

Si la chantemagie était un art, Moira était entre-temps arrivé à la certitude que ce dragon était une diva. Certains — dont Aisling, qui grommelait dans son coin — s’en seraient exaspéré. Moira, elle, prenait le parti de s’en amuser. Elle ferma les yeux pour se concentrer sur le flux de magie qui entourait le dragon. Là où lui parlait de murmures, elle percevait comme une rivière immatérielle, une brise chaude qui pourtant ne véhiculait aucune chaleur réelle.

"Ô Nuit, sombre éclairée d'étoiles
Ecoute ma Voix chantant ta Grâce
Ecoute mes Mots dansant ton charme
Sans heurt, mon Appel clamera.

Soleil ! Lueur dans le ciel clair
Entend ma Voix chantant ton Lustre
Entend mes Mots dansant ton Faste
Ton Feu, mon Appel liera.

Soumis, Astre du jour brillant
A mon Appel, tu répondras
Car Viholvärakuuna
Tes Noms, Chantelie, Chantemage !"

Alors que sa Voix clamait les Mots de Pouvoir, milles lueurs semblèrent éclater autour d'eux, milles sons semblèrent bruisser dans les taillis, le monde se para de mystères étincelants. Puis le dragon se recoucha d'un air satisfait. "Il fera beau demain."

Face à un tel spectacle, le dragonnet sautillait d’enthousiasme. Moira, elle, était sans voix. Le flux qu’elle avait perçu plus tôt dans la journée et dans une moindre mesure autour du mage au repos était de retour, bien plus puissant. Elle sentait des vagues s’élever et s’écraser, commandées par le chant du mage, qui créait un courant irrésistible. Il lui semblait qu’elle allait être balayée par ces flots immatériels. Lorsque le chant cessa, elle prit une longue inspiration et força ses muscles à se décrisper. Inconsciemment, elle s’était raccrochée au premier objet venu — Aisling — comme on s’accrocherait au bord d’une falaise.

Il roucoula quelques flammèches satisfaites en voyant TOUS ses interlocuteurs sans voix, même cette insupportable canne. La glace de ce maudit Vistustaja pulsait encore douloureusement contre son Feu intérieur mais sa sieste au soleil ainsi que la viande d'ours lui avaient redonné ses forces. Pour un peu, il se sentirait suffisamment d'attaque pour partir à l'assaut de son rival, soit-il plus grand et massif que lui. Il ne lui manquait que ce fichu Mot de Chaleur. Le dragon grommela, sa bonne humeur assombrie par ce rappel. Il devait trouver le Coeur brûlant du monde.

Parfois, un bruit trop fort fait bourdonner les oreilles encore longtemps après l’avoir entendu. C’était une sensation semblable que Moira ressentait en ce moment, seulement moins désagréable et c’était son corps entier qui bourdonnait. Elle ferma les yeux et retrouva sans mal le flux, pour le moment calmé, qui venait de déferler. Comme il était fascinant de découvrir une toute nouvelle forme de magie, même après des décennies !

Les regards d'admiration, c'était bon deux minutes mais pas plus longtemps. Ils étaient où les compliments déclamés à grands cris ? Dire qu'il avait perdu du temps à faire de l’esbroufe pour le dragonneau-fée ! Ingrats... Le dragon renifla quelques flammèches et se lova plus confortablement dans ses anneaux. Son esprit était cependant trop agité pour dormir. Il ne pensait qu'au Coeur brûlant du monde.

Moira, de son côté, ne remarquait rien des bouderies du dragon, encore plongée dans sa découverte. Pim, par contre, en profita pour sauter par terre et trottiner jusqu’à son aîné. Il lui fallut faire un brin d’escalade (un peu aidée par ses petites ailes), mais il finit par arriver à son but : la tête du grand dragon. « Dis, tu dors ? » Avec sa petite voix, il ne prenait même pas la peine de chuchoter. « C’était trop beau ! Tu pourras m’apprendre quand je serai plus-grand-mais-pas-aussi-grand-que-toi ? C’est quand que je serai assez grand ? Pourquoi Moira elle peut pas apprendre ? Elle est vieille ! Je… » Il s’arrêta un moment. « Tu dors ? »

"Quand tu sauras si je dors ou non avant de poser la question deux fois, petit Pimarimponil." grommela le dragon qui avait été coupé dans ses pérégrinations mentales. Son œil immense fixait le minuscule dragonneau-fée mais sans animosité ; babiller de l'admiration, même en le dérangeant, ne méritait pas une réprimande. "Quant à l'humainvieille, elle n'est pas chante-mage, voilà tout. Les humains ne vivent pas suffisamment longtemps pour ça."

« Pardon », s’excusa le dragonnet, confus. Moira lui avait pourtant dit qu’il ne devait pas déranger le sommeil des autres. « Mais Moira elle est vieille, elle vit depuis longtemps ! » Elle avait même des cheveux blancs, c’était pas une preuve ça ? « Et elle sent la magie et elle chante ! » Les deux n’avaient absolument aucun lien, mais ce dernier point passait un peu au-dessus de la tête de Pim.

"Elle sent la magie ? Oh, et bien, c'est assez impressionnant pour une humaine." reconnut le dragon. "Mais j'ai vécu sept fois une vie humaine et il m'en reste bien encore pour parcourir ce monde et apprendre les Mots. Quand j'avais l'âge de ta Moïra, j'étais un dragonneau comme toi... quoique pas aussi petit, j'en conviens."

« Sept fois une vie humaine ?! » Autant dire une éternité aux yeux du dragon-fée. Entre-temps, Moira avait repris conscience de ses alentours… et réalisé qu’il manquait un poids (plume) sur ses genoux. « Pim ? » Le dragonnet bondit de son perchoir et grimpa sur un des anneaux d’où il serait visible. « Je suis là ! » « Et tu as demandé la permission avant d’escalader notre invité comme ça ? » S’il avait pu rougir, il l’aurait sans doute fait. « Mais je l’embête pas ! » Il tourna la tête vers le dragon. « Pas vrai ? »

A son grand étonnement, Viholvärakuuna n'avait rien à redire à la présence du dragonneau-fée. Certes, il l'avait sorti de ses pensées mais à quoi bon s'échiner à se perdre dans des méandres d'incompréhension alors qu'il avait une petite chose admirative pour le flatter ? "S'il a demandé, je n'ai pas entendu." Pas un mensonge mais de quoi éviter au petit Pimarimponil une réprimande. "Et il ne m'importune pas."