Rappel du premier message :

CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : privé
- Type de RP : Normal
- Tour de jeu : Raïetchka - Micha  
- Délai maximum d'attente de réponse : 1 semaine
- Sauts de tours : /
- Autre : Les mamans, j'vous jure...

Si l'art de la divination n'est rien de plus que l'oeuvre de charlatans doués en baratin, parfois certains signes clairs dans le présent permettaient de prédire l'avenir avec une excellente marge de probabilité. Aussi, quand Raïetchka avait entendu sa mère commenter que Micha avait l'air bien maigre et qu'il ne prenait probablement pas le temps de se nourrir correctement et quand, quelques jours après elle sentit une bonne odeur de pain d'épices s'échapper de la cuisine, elle n'eut pas trop de mal à connecter l'un et l'autre. Et à atteindre la conclusion logique : quelqu'un devrait maintenant aller porter à son frère les vivres qui lui étaient destinés. Elle aurait bien été chercher sa jumelle, mais celle-ci était sortie avec Natachenka qui était de passage.

C'est donc seule qu'elle apparut à point nommé à la porte de la cuisine, juste à temps pour prendre le panier rempli de diverses denrées. Après avoir soigneusement écouté les recommandations de sa mère, hoché la tête et promis d'être prudente (à croire qu'elle ne sortait jamais en ville !), elle se mit en route vers le quartier qui abritait l'église de son frère. À cette heure-ci, c'était sans doute là qu'elle le trouverait plutôt qu'à son appartement.

Arrivée à destination, elle entra dans le bâtiment de pierre et resta sur le pas de la porte un instant, le temps que ses yeux s'habituent à la différence de luminosité avec l'extérieur. Une fois habituée à la pénombre relative, elle balaya les lieux du regard à la recherche de Micha.

Se faire traiter d’ « adorable » eut au moins le mérite de rapprocher Raïetchka d’un véritable regard qui tue. Mais impossible d’en vouloir longtemps à Micha. Il était bien trop emphatique pour ça. « Je sais, je sais. Je peux difficilement vous en vouloir d’avoir une vie hors de la famille. Et puis au moins tu es revenu à Moscou et Pétia non plus ne risque pas d’aller bien loin. »

"Ah ça non. Et puis, si Pétia se décide enfin à se marier, la famille va s'agrandir." Leur aîné prenait un peu son temps sur cette question. Micha savait que leurs parents oscillaient entre l'inquiétude et le désir de le voir s'installer avec une femme ; ils patienteraient sans doute jusqu'à ses trente-cinq ans avant de devenir plus pressants.

Il leva les mains dans un geste innocent. "Ne monde pas sur tes grands chevaux comme ça, Raïetchka ! C'est une vieille plaisanterie entre nous." Le "nous" englobait cette-fois ci les trois garçons de la fratrie. "De qui se marierait le premier entre Pétia et Kolia. J'ai grand hâte d'officier leur mariage, moi. Mais tu sais bien aussi que jamais Père n'obligerait Pétia à un mariage d'alliance, il le laisse libre de son choix. Mais, par le Seigneur !, il a trente-trois ans tout de même."

Il n'osait pas annoncer à sa petite sœur que Kolia avait quelques mauvaises habitudes de flirt. Après tout, il n'était pas certain qu'il aille au-delà du jeu, Kolia ayant tendance à se retenir devant son prêtre de frère. "N'en soit pas si certaine." murmura-t-il avec un petit air taquin. "Kolia est plus impulsif que Pétia qui passera par l'étape d'au moins un an de fiançailles, après au moins un an de cour, afin d'en arriver au mariage."

« Hmm, d’accord, je reformule : statistiquement, Pétia a plus de chances d’être le premier à rencontrer l’âme soeur. » Elle par contre ne savait absolument rien des tendances du deuxième plus âgé de ses frères, et pour cause : il n’était pas vraiment du genre à s’en vanter face à leurs parents ou aux deux jumelles qu’il avait à peine vues grandir.

"Statistiquement parlant, tu as bien raison." concéda Micha avant de boire son thé. La tasse cacha une partie de son sourire espiègle. "Et toi, Raïetchka ? Personne en vue ? Un jeune garçon de bon aloi aurait-il croisé ta route ?" Le pauvre garçon en question serait bien en peine quand il devrait se coltiner les trois frères surprotecteurs. "Ou la route de Tsilia?"

Il haussa un sourcil, soudainement sérieux. "Feodor Volkov, dis-tu ? Quel âge a-t-il ce garçon ? Que compte-t-il faire de sa vie ?" Tsilia était si sensible par rapport à Raïetchka, ce garçon avait intérêt à être à la hauteur !

C’était maintenant au tour de Raïetchka de rire sous cape, tout en prenant bien garde de garder une expression parfaitement sérieuse. « Il a la vingtaine et il est gantier. » Et éperdument amoureux d’une fée des neiges qui n’apparaît qu’une fois par mois, à la pleine lune, à condition de la lumière de cette dernière tombe sur des lys blancs. Mais une chose à la fois.

"Oh vraiment ?" Le prêtre semble marcher à fond dans la combine. Il jouera aussi longtemps que cela amusera Raïetchka, tout en profitant de l'occasion pour distiller quelques conseils de grand frère. "Gantier, c'est un beau métier. Tsilia pourra ne plus avoir froid aux mains l'hiver. Mais il est un peu vieux, dis-moi. Vous n'avez que quinze ans, jeune fille. Transmets cela à ta soeur, je te prie."

« Ah mais je n’ai pas dit que l’intérêt que lui témoigne Tsillia est réciproque, de toute façon. » Ca serait un peu dur de la part d’un personnage fictif. Combien de temps est-ce qu’elle parviendrait à le faire marcher comme ça ? En tout cas, elle était assez fière d’elle : même une fois qu’il percerait à jour la supercherie, Micha ne pourrait pas l’accuser d’avoir menti, puisqu’elle n’avait dit que la vérité.

Il haussa un sourcil. "Je n'aurai jamais cru t'entendre être si désintéressée par les douleurs de coeur de ta soeur jumelle, Raïetchka." Il la tenait. "Plus que nous tous, tu devrais ressentir sa douleur d'un amour non-réciproque, d'autant plus pour un coeur aussi jeune."

Ah zut, démasquée, tant pis. Elle éclata quand même de rire. « Tu aurais vu ta tête quand j’ai mentionné son nom ! Je suis sûre que tu y as cru ne fut-ce qu’un instant. Ou alors tu as raté une brillante carrière d’acteur. » Il nierait probablement en bloc, mais rien ne la convaincrait. « C’était une jolie pièce, n’empêche. »

"J'y ai cru jusqu'à entendre le nom de ce jeune homme." avoua Micha avec un petit sourire taquin. "Quelle famille accepterait de garder un nom de famille rappelant un animal sauvage tel que le loup dans notre société ? Ce n'est pas de bon aloi." Il garda pour lui ce qu'il pensait de telles idées arriérées. "Cette pièce, Tsilia en a-t-elle l'ouvrage ?" Il pourrait ainsi offrir un cadeau à la deuxième jumelle car il ne voulait pas en gâter qu'une seule des deux.

"Quel est le nom de la troupe ? Que je pense à aller leur réserver un ouvrage en pré-publication." Le prêtre fronçait quand même un peu les sourcils. "Mais dis-moi, cette histoire de pleine lune avec un nom formé sur le loup... il n'y avait pas de loup-garou dans l'affaire, n'est-ce pas ?" Ce serait tellement dangereux de présenter une telle pièce ! Et aussi d'afficher sa sympathie pour elle...

"Ah... oui, je connais ce groupe." Mais il allait devoir patienter un moment avant de pouvoir offrir l'ouvrage à sa soeur, connaissant les longues saisons de la troupe. "Tsilia voudrait retourner voir cette pièce ? Je peux l'y emmener. Cela fait combien de temps que je ne vous ais pas emmenées au théâtre toutes les deux ? Vous étiez si petites la dernière fois !"

Revoir une pièce qu’elles avaient tant apprécié et passer du temps avec Micha ? Son sourire s’élargit encore. « Ca fait des années. Trop longtemps. Tu penses que tu pourrais te libérer de tes obligations dans ta paroisse pour venir voir la pièce ? » Elle n’était pas égoïste au point d’ignorer que son frère avait une vie en dehors d’elle et de Tsillia et que d’autres personnes pourraient avoir besoin de lui pour quelque chose de plus important qu’une sortie au théâtre.

"Je devrais pouvoir me libérer si je connais la date suffisamment en avance. Mais ça sera sur un temps de repas familial, je le crains. Je pense que Père et Mère comprendront que je veuille vous amener au théâtre." L'idée le tentait de plus en plus. "Saurais-tu les autres dates, Raïetchka ?"

Elle s’en voulait presque de voler ainsi Micha au reste de la famille. Presque. C’était exceptionnel, ils comprendraient surement. « Hmm, non, je n’ai pas regardé les autres dates de représentation. Mais j’ai encore un prospectus à la maison, je peux te l’amener demain. » Et en profiter pour revenir lui rendre visite, cette fois avec sa jumelle.

"Ce serait parfait !" s'exclama le prêtre avec un grand sourire. Son regard dériva vers la fenêtre par laquelle rentrait une luminosité de plus en plus faible. "Tu devrais rentrer avant le crépuscule, Raïetchka. Le contraire ne serait pas prudent et j'aurai Père, Mère et Pétia sur le dos."