CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : privé
- Type de RP : Normal
- Tour de jeu : Raïetchka - Micha  
- Délai maximum d'attente de réponse : 1 semaine
- Sauts de tours : /
- Autre : Les mamans, j'vous jure...

Si l'art de la divination n'est rien de plus que l'oeuvre de charlatans doués en baratin, parfois certains signes clairs dans le présent permettaient de prédire l'avenir avec une excellente marge de probabilité. Aussi, quand Raïetchka avait entendu sa mère commenter que Micha avait l'air bien maigre et qu'il ne prenait probablement pas le temps de se nourrir correctement et quand, quelques jours après elle sentit une bonne odeur de pain d'épices s'échapper de la cuisine, elle n'eut pas trop de mal à connecter l'un et l'autre. Et à atteindre la conclusion logique : quelqu'un devrait maintenant aller porter à son frère les vivres qui lui étaient destinés. Elle aurait bien été chercher sa jumelle, mais celle-ci était sortie avec Natachenka qui était de passage.

C'est donc seule qu'elle apparut à point nommé à la porte de la cuisine, juste à temps pour prendre le panier rempli de diverses denrées. Après avoir soigneusement écouté les recommandations de sa mère, hoché la tête et promis d'être prudente (à croire qu'elle ne sortait jamais en ville !), elle se mit en route vers le quartier qui abritait l'église de son frère. À cette heure-ci, c'était sans doute là qu'elle le trouverait plutôt qu'à son appartement.

Arrivée à destination, elle entra dans le bâtiment de pierre et resta sur le pas de la porte un instant, le temps que ses yeux s'habituent à la différence de luminosité avec l'extérieur. Une fois habituée à la pénombre relative, elle balaya les lieux du regard à la recherche de Micha.

Leur mère lui avait vraiment envoyé Raïetchka seule ? Sans aucune escorte ? Alors que sa paroisse se trouvait aussi loin du centre-ville de Moscou. "Si ta visite tarde de trop, tu dors chez moi." Pas question de la renvoyer au crépuscule. Il lui indiqua la sortie de l'église en souriant. "Allons à l'appartement, tu me montreras ce que Mère m'a concocté. Je lui ai pourtant assuré que je mangeais à ma faim."

La « douce vigilance » était sans doute un trait familial, comme en témoignait la hâte de Micha à la sortir du vent (elle s’était pourtant habillée en conséquence). Mais elle était curieuse au sujet du livre promis et elle ne se fit donc pas prier pour franchir rapidement la distance qui séparait l’église du logement de son frère. « Quel genre de livre ? » Ses yeux brillaient d’intérêt et son sourire n’avait toujours pas quitté son visage.

Au fur et à mesure que les cadeaux des voisins s’empilaient, le fou-rire de Raïetchka devenait de plus en plus dur à retenir. Elle parvint à le garder sous contrôle le temps d’arriver à l’appartement, mais céda finalement quand le panier de victuailles rejoignit les nombreuses provisions posées sur la table. « Ils s’imaginent que tu héberges combien de personnes en fait ? » Quand on faisait la somme de tout, il devait bien y avoir à manger pour une semaine.

"Un petit encas alors." Alors qu'il partait chercher un couteau pour couper le borodinski, il sourit à sa soeur. "Je vais aussi nous faire du thé. Le livre est sur la table de chevet de ma chambre." Il s'agissait en fait d'une traduction rare d'un texte juridique latin, de quoi vérifier l'érudition de Raïetchka.

"Par le plus grand des hasards !" avoua Micha en riant. "Je cherchais des livres anciens, comme tu sais que je les aime, et il se trouve qu'il y a un magasin spécialisé dans le voisinage. Ce livre faisait partie de la sélection qu'il m'a proposé. Je ne pouvais pas ne pas l'acheter." Il ne lui dit pas que l'achat avait englouti toutes les quelques économies qu'il se permettait pour s'offrir d'antiques livres religieux. Le cadeau lui faisait plaisir.

Parfaitement ignorante du fait que son frère s’était privé pour lui offrir ce cadeau, Raïetchka l’accueillit sans ressentir le moindre pincement au coeur. « Même Père ne l’a pas dans sa bibliothèque ! Je croyais que le texte complet avait été perdu quelque part au fil de l’Histoire ! » Son enthousiasme transparaissait on ne peut plus clairement dans ses yeux brillants et son ton passionné.

"Je le croyais aussi." dit doucement Mikhaïl avec un grand sourire qui atteignait ses yeux. Voir sa petite soeur aussi heureuse le comblait de joie. "Quelle ne fut pas ma surprise de le voir ! Le texte n'est pas totalement complet, Raïetchka, il manque par-ci par-là quelques passages que l'auteur a cherché à combler selon un recoupement de sources ; certains passages manquants font partie des extraits qu'on a par ailleurs."

"Mais ne leur en parle pas, chipie." lui dit Micha avec un petit air espiègle. "Ou ils te le piqueront et tu n'auras pas le plaisir de leur apprendre quelque chose." Dans la famille, il y avait ceux qui étaient avec Raïetchka et son désir d'être une femme avocat (et Natachenka en premier) et ceux qui étaient plus frileux sur ce point là ; Micha se rangeait dans le premier camp aux côtés de ses soeurs. Et voir Pétia et leur père se remettre en question avait un petit côté amusant...

« J’ai un peu de sens tactique, quand même ! Je leur en parlerai après l’avoir lu. » Ne fut-ce que pour voir leur tête. Elle se faisait taquiner assez souvent pour pouvoir légitimement leur rendre la pareille. Et puis, avec un peu de chance ça leur rappellerait qu’elle grandissait… quoiqu’elle ait assez peu d’espoir à ce niveau-là. Comme ça allait, elle devrait atteindre la trentaine avant que sa famille réalise qu’elle était devenue adulte. Enfin, elle les aimait bien quand même.