Il y avait à Manooïne une zone minière désaffectée dont tout le matériel avait été laissé sur place, obsolète. Il n'avait pas fallu un mois pour que l'endroit se transforme en petite ville cosmopolite et grouillantes d'affaires en tous genres.

Le Mastodonte était un de ces lieux branchés où l'on pouvait se faire des contacts comme des ennuis. Nourriture, alcool, musique ; drogues, munitions, deals à gogo. La particularité du lieu : il avait sa place dans un véhicule de forage - si gros que les pneus avaient la taille d'une maison de campagne - abritant à présent une population toute entière.

Méduzarb' se trouvait assise dans une alcôve non loin des toilettes, baignée d'une lumière rouge sang, décorée de statuettes et de plantes étranges. Elle buvait un cocktail à la paille en lisant Les Xblorgs, comment les cuisiner et sur quelles planètes est-ce légal ? tandis qu'une némienne au corps translucide tatouait la partie rasée du crâne de la télunne, nonchalamment installée sur le rebord d'une petite fontaine.

Le Mastodonte était un lieu exigu mais excentrique. Au centre, face au barself (bar et self), des gens de toutes races dansaient dans une piscine à boules. Un peu partout, des têtes de démons sculptées crachait une fumée d'ambiance qui rendait les lieux mystérieux. "T'as aucune idée de qui tu cherches, avoue." Dit Ponpoko qui appréciait les fêtes. "Je sais même pas si mes info' sont fiables, mais au moins j'aurai un joli tatouage." Répondit Méduzarb'.

Tout ce que Méduzarb' savait, c'est que son contact lui avait donné rendez-vous avec une sorte d'entremetteur qui pourrait lui apporter ce qu'elle cherchait. Son nom de code, c'était... Ah, quelqu'un était venu interrompre ses pensées. Ponpoko était pendu à un tuyau à côté de Méduzarb', il avait donc vue sur les lieux. Lorsque la femme l'accosta, les deux compères éclatèrent de rire. La némienne s'interrompit, l'air blasé. Le nom de code, c'était pastèques violettes.

La réponse tarda à arriver. Le temps qu'ils reprennent leur souffle et la némienne le cours de son tatouage. "C'est ta stagiaire ?" Demanda Méduzarb' à BB en désignant Pallas d'un bref mouvement oculaire. "On dirait qu'elle fait partie d'une secte fonctionnaliste..." Ponpoko, orange, laissait une bave néon couler de son museau. "Hey, louloute, prends des photos, j'crois qu'on a un nouveau record de bonnet. Allez, s'teuplaît, ma mémoire suffira pas..."

Méduzabe valdingua (tiens, le lustre est super chouette) sur une table, au grand dam d'un droïde à tête de canard qui menait la partie. "Les pastèques violettes et la cultiste nous ont tendu un piège !" Méduzarb' se redressa, l'air apeuré, un dessin d'enfant inachevé tatoué derrière le crâne. Ponpoko lança un regard accusateur à la némienne. "J'ai jamais dit que je savais tatouer..." Se défendit-elle.

"Merci !" Fit-elle à BB, tout en pouffant de rire (un canard !). La bagarre se généralisa. Ceux qui utilisaient des armes étaient rapidement neutralisés par les autres qui s'alliaient pour faire respecter la sainte règle : on ne triche pas lors d'une baston de comptoir. Méduzarb' sauta dans le tas et se retrouva sur un hurson, lui-même sur un valeth imposant. Le DJ, haussant les épaules, changea de piste. "Ça ressemble à ça, un xzblorg ?"

Méduzarb' donnait des coups et en recevait. Sa peau devint rouge vif à cause de l'excitation, on eût dit une petite diablesse en furie, excepté qu'elle riait. Ce ne fut que lorsque trois gros coups de feu retentirent que la bagarre cessa : la barmaid venait de tirer avec un flingue dans le plafond qui était spécifiquement blindé à cet endroit (elle devait avoir pris l'habitude de ce genre de situations). Tout le monde la hua, mais elle : "Calmez-vous les copains... On a un mort."

"Hésite pas à me poser sur ton tabouret s'il est pas assez confortable." Proposa Ponpoko à BB. Méduzarb' tira sa langue bifide avec un air farceur à Pallas lorsqu'elle la vit. Comme bien des badauds, elle faisait cercle autour de la victime, une pauvre valeth à la fourrure bleu nuit, les yeux injectés de sang et grand ouverts. "Personne ne sort d'ici tant qu'on a pas trouvé le coupable qu'on mettra dans une cellule en attendant le juge itinérant." Fit la barmaid.

Ponpoko avait à présent une pipe et un deerstalker. "Retirez ses vêtements, elle a peut-être d'autres traces de blessures !" Méduzarb', qui s'était déjà fait casser la mâchoire, traduisit pour Pallas : "Il dit que ça doit dater d'avant sa mort, sinon on l'aurait vu ; la bagarre a pas duré assez longtemps... Et là il dit que tu peux te mettre ton programme au... Par là où tu fais caca."