Ahaa. Emmett pris la clochette en main. La campana, murmura-t-il. Il n'y avait rien d'autre à sonner. Conclusion faite. Maintenant, voyons ce menu. N'ayant pas très faim, ses yeux cherchèrent automatiquement la section dédié aux boissons. Un café, avait-il dit. Le café des italiens semble renommé partout dans le monde. Reste à voir si le café Italien-Américain a droit aux mêmes éloges. La décision fut prise rapidement. Emmett sonna la clochette.

Il n'aurait pas cru Osha si populaire. La chienne semblait pourtant bien contente de ses nouvelles rencontres. Malgré le fait qu'il s'était bien lavé les mains, Emmett les garda au niveau de la table. Il n'était pas spécialement venu pour les chiens, mais ils étaient une addition charmante. Un Cappuccino, s'il vous plaît. Et... me conseillez-vous quelque chose en accompagnement ? Quelque chose de léger.

Rosario caressa la tête de chacun de ses chiens puis sourit à Emmett (il était particulièrement dans un bon jour et l'appel de ses cousins de Sicile lui avait encore plus gonflé le moral à bloc). "Toutes les boissons sont accompagnées di due amaretti, Signoro. Sinon je vous conseille le chiachierre de la carte des desserts."

Chiachierre ? De son intonation on pourrait facilement deviner qu'il n'avait aucune idée de quoi il s'agissait. Une description ne serait pas de trop.

Le visage de Rosario s'éclaira, comme à chaque fois lorsqu'il parlait de la cuisine de son pays natal qu'il affectionnait tant. "Les chiacchiere sont des sortes de beignets, Signoro. Fins et croustillants, sono deliziosi ! Je peux les faire nature avec du sucre ou avec une garniture au choix, pâte de noisette, confiture ou miel."

Spoiler:

Hm. Autant essayer. When in Rome, do as the Romans do. Une expression appropriée pour la situation. D'accord. Faisons ça. Nature, s'il vous plaît. Il replia la carte et la déposa sur table. Ah, et des biscuits pour chien ? Je voudrais pas la laisser sur sa faim. Il tapa doucement contre le côté d'Osha, qui décida enfin de s'asseoir.

"Je note ça. Un cappucino e di chiacchiere. Vous allez voir, c'est une recette della nonna. Deliziosa ! Au poil, vraiment." Une moue légèrement outrée se dessina sur ses lèvres à sa question. "Bien évidemment que la Signora allait avoir un biscotto, Signoro ! On n'irait pas dire que Rosario della Lupa accueille mal un cano, cazzo no ! Ils sont les invités d'honneur du We're Wolves. N'est-ce pas, la mia bellissima Signora ?" Il fit un clin d’œil à Osha et repartit en cuisine.

Whatever that means. Rosario (della Lupa, comme il avait dit) était parti trop rapidement pour que Emmett puisse poser une seconde question. Vu qu'il ne s'agissait pas d'une question très pertinente mais plutôt personnel, Emmett laissa tomber.

L'odeur faisait saliver. Et pas que Emmett visiblement. Osha, qui était normalement bien éduqué, plaça ses pattes sur sa cuisse afin de pouvoir renifler le contenu de la coupelle avec biscuits de chien. Qu'est-ce qu'elle me fait là ? Impatiente. Avec un léger sourire aux lèvres, Emmett s'empara d'un des biscuits pour le lui donner. Elle le dégusta par terre. Je vois que ce n'est pas seulement les humains qui apprécient votre cuisine. Vous les achetez où, vos biscuits pour chien ?

Les chiens de Rosario jappèrent d'envie devant les biscuits et il gronda en retour, récoltant des oreilles basses ; il n'aimait pas quand ils importunaient les chiens invités. Voyant leur déconfiture, des clients agitèrent des friandises à leur attention, ce qui fit un petit vide autour de la table d'Emmett. Il ne restait que Grandenero toujours collé aux jambes de Rosario. "Ils sont faits maison, comme tout ici. Bio, naturel et bon."

Oh. Vous les vendez séparément ? Si non, il devrait. Clairement sa recette avait déjà du succès auprès du public ciblé. Emmett n'avait pas encore goûté de ses propres friandises, mais il avait comme un soupçon que ça allait lui plaire aussi. Et il n'était pas spécialement fan des sucreries.

Dommage. Emmett n'avait pas le temps de passer par ici tous les jours. Son planning du jour était toujours bien rempli d'avance. Avec une vie routinière comme ça, ça aurait été pratique d'avoir une petite boîte de biscuits dans la cuisine. A emporter alors ?

N'est-ce pas ? Emmett jeta un coup d’œil à la salle, soudainement conscient du fait que ce pauvre homme avait sûrement mieux à faire que de papoter à sa table. Ah, surtout ne vous sentez pas obligé à rester. J'imagine que vous avez du boulot à faire si vous gérez la salle tout seul. Il signala également son café et ses... biscuits dont il avait déjà oublié le nom ; question de lui montrer qu'il avait de quoi s'occuper entre temps.

Emmett n'avait pas grand-chose à regarder en dehors des passants depuis la rue et les chiens qui s'aventuraient proche de lui. De beaux spécimens. Pas vraiment des loups, il supposa. Il était plus ou moins certain que ce n'était pas légal de ce balader avec un loup à New York. Même pas sûr que ça soit légal de se balader avec un hybride. Mais ça ne sont pas ses affaires. Les cafés poussent comme des champignons dans cette ville et ils disparaissent tout aussi rapidement.

Après avoir servi quelques clients, Rosario revint vers la table d'Emmett. Il se planta devant la fenêtre, son plateau sous un bras, en fixant les chiens qui jouaient dehors. "C'est si facile per un cano de se faire comprendere. Leur langue è più semplice." Il se tourna vers lui. "Alors, le cappuccino et les chiacchiere sont à votre goût, Signoro ?"

Le changement de langue tous les deux mots lui donnait un mal de crâne. Parle Anglais ou parle Italien. Il aurait plus de facilité à le comprendre s'il n’insistait pas à talk like un mi-italian ou bien I don't know. Emmett se força à sourire poliment. C'est certainement pas ce que j'attendais, mais c'est très bon, oui.

"J'en suis heureux. Au moins, vous avez dégusté du vrai goût italiano !" Il avait forcé son accent très prononcé sur le dernier mot avec un sourire un peu espiègle. Toutefois il avait renoncé à taquiner ce client-ci en changeant constamment de langue tous les deux mots à force de le voir froncer les sourcils. Dehors, les chiens s'amusaient toujours comme des petits fous. "Aaah... ça donne envie de les rejoindre, non ?"

Emmett suivit son regard. Rejoindre qui ? Les chiens ? Osha avait l'air de s'amuser, en effet. Elle était sociable dans les parcs aussi. Contrairement à Emmett, pour qui le contact social n'était plus aussi évident depuis quelques années. Facile à imiter, par contre. Il n'était pas sûr qu'il avait l’énergie ou même l'envie de les rejoindre. Emmett se contenta de les regarder. Oui, certainement.