Alors que Rosario sortait de la cuisine avec un plateau de cioccalupi, toujours suivi de Grandenero, il vit par la fenêtre une adorable chienne husky qui bavait devant le We're Wolves. Il servit ses clients et partit ouvrir la porte. "Buongiorno, amici. Benvenuto al bocca del lupo." lança-t-il avec un sourire adressé à la chienne. "Si vous avez son carnet de santé à jour, elle peut entrer. Lavez-vous les mains."

Il ne parlait pas italien mais avait assez de bon sens pour comprendre qu'on venait de lui dire bienvenu. Aïe. C'est délicat. Un arrêt à un café-restaurant n'était pas prévu dans son planning, et pourtant... Dur de dire non quand la chienne semble excité à l'idée. Vous servez aussi les chiens ?

"Bien entendu, la Signora est la bienvenue si elle est dans les règles." Rosario tendit une main autoritaire en quête du carnet de santé précédemment mentionné (ou du moins la preuve que la chienne était à jour dans ses vaccins et ne présentait aucun danger pour ses propres chiens). Grandenero, qui lui arrivait à la taille, se pressait contre lui pour observer d'un air curieux les nouveaux venus, bien qu'il ne semblait pas vouloir quitter les flancs de son maître.

Ses yeux descendent vers la main tendu de l'Italien (conclusion faite très rapidement vu comment il saupoudrait ses phrases avec des mots inconnus) et il comprit très vite l'intention. Je n'ai pas ses papiers sur moi, malheureusement. Combien de gens se baladaient avec le carnet de santé de leur chien dans cette ville ? Quelle occasion manquée. Il devait sans doute perdre des possibles clients avec une telle demande.

Une bonne initiative. Avec un peu de chance il avait pensé à mettre une carte de visite dans la boîte (ou dessus). Emmett accepta la boîte avec un léger sourire. La chienne fouetta de la queue, et bien qu'elle tenta de s'approcher de Grandenero pour analyser la présence de l'autre chien, Emmett garda la laisse courte. Merci bien. Je penserai à emmener le carnet si jamais je reviens dans le coin.

Ce n'est que deux semaines plus tard qu'Emmett s'est rappelé du café-resto à chien en retrouvant la carte de visite du We're Wolves dans le tas qu'il commençait visiblement à collectionner. C'est surtout l'arancino savoureux qui l'avait poussé à garder la carte. Hm, une petite promenade, ça te dit, Osha ? Elle laissa savoir son accord en jappant. Très bien. Va chercher ta laisse et on y va. Il n'oubliera pas son carnet de santé cette fois-ci.

Armé du chien et de son carnet, Emmett reprit la marche à pied. Il ne faisait pas souvent de promenades avec un but précis, mais aujourd'hui était une exception. Imaginez sa surprise quand, une fois arrivée, le We're Wolves était bondé. Pour un business récent c'était étonnant. Le bouche à l'oreille ne marchait pas si bien. Si ?

Il n'y avait pas d'indication quant à ce qu'il devait faire pour entrer. S'il savait qu'un carnet de santé était nécessaire, c'est parce que l'italien le lui avait dit la fois passée. Incertain, Emmett resta dans l'ouverture de la porte, laissant sortir le groupe des jeunes avant de passer sa tête par la porte. Bonjour ?

Emmett avait assez de contact international pour se permettre de comprendre ce que disait Rosario. Delle Lupa, hein ? L'idée qu'il s'agissait d'un "nom de scène" lui traversait légèrement l'esprit. A moins que ce soit son nom de famille qui ait inspiré son amour pour les chiens (ou loups, vu le nom du bar-resto). C'est clair. Il tendit cette fois-ci le carnet d'Osha au gérant. A jour, évidemment.

"Tout est en règle... Comment s'appelle la Signora ?" demande Rosario en s'accroupissant à nouveau au niveau de la chienne. Grandenero se presse subitement à ses côtés en passant sa grosse tête sous son bras pour regarder la husky tout en se sentant toujours en sécurité. Malgré la taille impressionnante de l'animal, il ne dégageait aucune animosité, plutôt le contraire même.

Osha, lui répond-il en tapotant légèrement la tête de la chienne, qui a quand même un petit pas de recul avec tant d'attention. Malgré tout, sa queue trahit sa curiosité. Où se trouve la salle de bain ? Question de rapidement se lever les mains. Il avait hâte de s'asseoir et analyser la carte du bar. Fort possible qu'il soit aussi curieux que sa chienne.

Rosario haussa une épaule et lui indiqua de la main d'aller prendre place. L'une des tables libres se situaient près de la baie vitrée donnant sur la cour centrale où Sorellina s'amusait comme une folle avec un ballon, l'autre se trouvait au fond de la pièce, près des lits des chiens où Eleganza se faisait toiletter par Vulcana. Puttilupo s'avança soudainement pour renifler Osha plus près puis jappa en remuant la tête pour la saluer.

Emmett laissa sa chienne saluer Puttilupo avant de rejoindre la table à la baie vitrée (pour profiter quand même un peu du soleil). Le temps était bon, en effet. Pas trop chaud, pas trop froid, un beau soleil. Journée parfaite pour un café à une baie vitrée comme celle-ci. Vous êtes pas ouvert depuis très longtemps, si ? Emmett en profita pour poser des questions au gérant tant qu'il était proche.

"Mmh... il y a un peu plus di due settimane." répondit Rosario en tendant un menu à son nouveau client. "Quand vous avez choisi, sonnez la campana. Je serai en cuisine." Il caressa la tête d'Osha puis grattouilla les oreilles de Puttilupo qui ne semblait pas vouloir les quitter et repartit de l'autre côté de la pièce. Grandenero fut obligé de s'arrêter sur le pas de la porte de la cuisine où il chouina et se laissa tomba

Di quoi ? Ne pouvait-il pas simplement parler en anglais ? De là à dire "bonjour", ok. Mais mélanger ses langues d'un mot à l'autre lui semblait carrément artificiel. Pour pas dire qu'il comprenait pas du tout ce qu'il venait de dire. La campana ? Ca dépassait les salutations compréhensibles. Bref. Il était déjà parti sans lui donner une seconde de plus. Emmett se contenta d'essayer de comprendre la carte, en espérant qu'il avait rajouté des explications en anglais (il avait un doute là).