Un "heeeeeeeeu..." nerveux sorti de la gueule du monstre. J'ai signé un contrat. C'marqué dedans. Un truc standard pour les trafiqueurs. Les contrats sont pas toujours très justes vu le risque du métier, mais Ryot n'avait pas vraiment le choix non plus... vu le risque du métier. C'est le problème d'avoir un taf illégal.

Là, elle tombait des nues. "Mais c'est dégueulassasse une close pareille, surtout pour un trafic qui put le xzblorg cramé. Qu'est-ce qu'on s'en fout de savoir que la caisse a un coquard ?" Mais qu'elle se taiiiiiiiiise ! Le pauvre Ryot allait sortir du hangar -s'ils y arrivent entiers- avec plus d'ennuis que dans la plus détestable des cantinas. "On peut râler pour un dédommagement pour le vaisseau aussi ? J'suis sûre qu'on doit avoir une tâche quelques part sur la coque depuis l'affrontement avec les pirates."

Si seulement il avait les couilles de dire "mais ta gueeeeeeeele, meuf !". Dommage. Pas du genre de Riri. Il reste juste paralysé alors qu'elle fait son speech, regardant entre le sarien, le némien et l'humaine avec une nervosité en pleine croissance.

Même le némien fait un petit "gloups" de sa gorge visqueuse : Je pense que tu veux en terminer là, ma jolie.

Ash avait clairement le cran de rétorquer un "et ta connerie ?" mais rien qui allait désamorcer la situation. "Je pense surtout tu as la flemme d'argumenter contre ça" répondit-elle quand même, retenant son "pauv' cloche" de justesse. S'ils pensaient l'effrayer, ils se trompaient lourdement. Des petites frappes comme ça, elle en avait dézingué à la pelle autrefois, quand elle avait encore des rêves plein la tête et des étoiles dans les mirettes. "File la paye si tu ne veux pas négocier, qu'on en finisse avec cette merde."

Il leur file la paye. Au moins la transaction est simple et rapide. Un truc à scanner, un truc qui bipe, la confirmation qui s'affiche sur son holo. Paiement reçu. Client... mmmmh.... sûrement perdu. C'pas grave. Anarchi lui trouvera un autre. Il y aura toujours des gens chelous ayant besoin de transporteurs sur cette planète. Maintenant, Ryot a surtout hâte de retrouver sa caravane garé entre deux grandes dunes de sable.

Ryot va surtout être trainé -plus ou moins de force- chez un mécanicien digne de ce nom et pas un revendeur de pacotille. "Bon, maintenant qu'on a les crédits, on file trouver ce qu'il faut pour ton bras. J'ai toujours des pièces à récupérer moi." Et accessoirement, trouver un meilleur truc pour retirer ces foutus grains de sable des jointures de sa propre prothèse. "Uhm... on reste ici ou tu veux filer à l'angolaise ailleurs ?" cru-t-elle bon de demander en notant les regards vers eux et les messes basses entre leurs ex-employeurs/clients.

Filer, confirme Ryot, comme s'il y avait un doute de sa réponse. Le job est fait. La transaction complétée. L'argent reçu. Il n'y a pas une raison pour laquelle il voudrait rester traîner dans le hangar. Riri fait donc demi-tour et remonte dans son vaisseau vidé de cargaison. Direction : maison.

Ash lui emboîte le pas, non sans un dernier regard en arrière. "Désolée pour ça" souffla la rousse en reprenant place dans le siège du copilote. "Je crois que je t'ai fait perdre un client en ouvrant ma gueule mais ce type te traitait vraiment comme une merde, j'ai pas supporté." Darius aussi ne pouvait s'empêcher de défendre les hommes de son unité quand on médisait sur eux, elle avait dû choper le même virus à ses côtés.

Il hausse les épaules. Sont tous comme ça. Signe d'un homme qui a vécu pire. Il a l'habitude de traîner (ou travailler pour) des gens avec une grosse gueule. Si ça marche bien jusqu'à présent, c'est parce que lui en a pas.

Elle ferma la sienne jusqu'au retour des dunes interminables du désert, retour maison. "Ce n'est pas avec ce genre de vie que tu pourras mourir un jour de vieillesse, tranquille avec un verre de falagos à la main Ryot. Faire que les courses ne t'irait pas ?" Ouais non, à la réflexion, il serait foutu aussi de se tuer avant. C'était comme ça, certaine personne devait être née avec un destin de merde.

Les courses ç'm'coûte plus que j'mérite, avoua-t-il après avoir rendu le vaisseau à Anarchi. C'pour ça qu'j'transporte. Faut gagner son pain. Surtout que les courses ne lui coûtaient pas seulement la peau des fesses (quasi littéralement) pour l'entretient de son speeder et les paiements d'entrées de jeu, mais aussi pour la maintenance de son bras (le truc qui avait commencé toute cette histoire) et les projets en cours pour son œil.

En parlant de ça... "Et si on allait s'acheter les pièces qui nous manque pour te remettre d'aplomb maintenant qu'on a le fric pour ?" Ash se risqua même à une seconde question (qui en n'était pas vraiment une d'ailleurs) - "Mais avant, on graille... et j'ai une putain de soif." - avant de traîner Ryot à la cantina la plus proche, tant mieux pis si une baston se déclenchait.