Le dit débile passe sa tête par la porte. Une sonnette automatisé annonce son arrivé avec une petite musique de trompette. C'est presque effrayant. Heu... lâche-t-il en guise de bonjour (je pense). Son regard passe du vendeur à la mam'selle à côté. Il sait pas s'il vient d'interrompre un truc, mais il a l'impression que oui. Tsssssk. Non, pas toi. Le vendeur semble connaître son visage. Pourtant il est sûr qu'il n'est pas encore entré dans ce shop-ci. Enfin...... presque sûr. Tout se ressemble ici.

La demoiselle haussa un sourcil, le seul visible avec ses cheveux qui lui retombait devant le visage et eu un rictus ironique devant le vendeur. "Dis donc Syed, c'est du délit de salle gueule que vous faites là ou y'a une raison ?" Rien de méchant à priori pour le pauvre bougre qui venait de rentrer mais Ash n'aimait pas trop apprendre après coup qu'elle était en présence d'un type pas net (outre Syed). C'était son quartier ici, autant rester au jus.

Il fait l'tour des marchands, lui, explique le vendeur en désignant Ryot du menton. Jamais d'crédits et que des ennuis. Moi j'dis non merci. Ah. Les vendeurs discutent. C'est vrai que la dernière mission qui lui avait été confié ne s'est pas terminé de façon très correcte. On avait collé sa tête sur la liste noir, ou... ? Mais j'ai un problème... Il tente toujours. Il pense qu'il est en train de faire des yeux de chien battu, mais on dirait plutôt l'inverse. Genre "fais c'que j'te dis ou c'est TOI qui aura un problème, tête de Fria !"

"Pas de crédits, pas de réparation" s'empressa de répondre le vendeur. "Pas de couilles, pas de services à la con" lui répondit au tac-au-tac Ash. "Mais..." "Merde." Syed n'en rajouta pas plus alors que la demoiselle s'approcha de l'inconnu bien emmerdé avec son bras qui pend. "V'nez, ce connard n'y connait rien en plus. Vous perdez votre temps ici." Et dire qu'elle voulait juste voir les nouveaux modèles pour son œil défectueux...

On va où ? demande-t-il sans augmenter le volume. Elle avait un bras de moins aussi. Elle connaissait peut-être quelqu'un qui pouvait régler son problème temporaire (il avait la foi) sans frapper dessus avec un marteau (la stratégie d'Anarchi jusqu'à présent). C'est que c'est bien emmerdant de traîner un tas de ferraille avec lui en permanence. Surtout quand ça sert à rien.

La trompette qui avait annoncé son arrivée annonça aussi son départ. Ryot était sûr d'avoir entendu un petit "bon débarras" du vendeur en sortant. Un au revoir classique dans son monde. Euh... Les cantinas. Comment dire ? Ca..... dépend..... desquels ? Quoiqu'il n'y avait pas de risque tant que son bras ne fonctionnait pas. Fallait juste avoir de la chance avec le public déjà présent.

"J'ai pas encore changé les oreilles pour des paraboles vieux, j'comprends rien à ce que vous me baragouinez" fit Ash d'une voix patiente (mais un peu sec, c'était plus fort qu'elle). "Vous devez du fric à quelqu'un et faut pas qu'il vous trouve ?" demanda-t-elle au cas où, les paroles de Syed sur ce pauvre bougre lui revenant en tête.

Elle n'arrivait pas vraiment à fixer une pensée cohérente sur l'énergumène face à elle. "OK, on oublie les cantinas. Vous n'êtes pas une de ces chiffes molles qui ne tiennent pas l'alcool au moins ?" Il manquerait plus que ça !! "Allez v'nez, je connais un coin où personne ne dira rien sur votre gueule d'amour" fit-elle avec un sourire en coin en reprenant sa marche en direction d'une partie de la ville à moitié mangée par les sables.

Sa gueule d'amour. Sarcasme, il le savait. Il entendait assez souvent les "ep le moche" ou "aaah, tronche de xzblorg" pour savoir que sa gueule d'amour ne cachait rien de "bien". Pas la peine de répondre. Pas la peine de se défendre non plus (pourquoi ? elle a raison et il est d'accord). Ryot ne fait que suivre, les mains dans les poches de son jean sale et troué. Un coin où personne dirait quelque chose à propos de son visage ? Il demandait à voir.

Ok. Il le dit avec peu d'assurance. Ca sort même un poil trop sec pour être timide. Il a presque l'air énervé. C'était pas le but, mais tout ça reste hors son contrôle. Heureusement la madame ne semblait pas l'avoir entendu (il parle assez doucement, donc fort possible) ou bien elle en avait juste rien à foutre. C'est donc dans le pseudo-silence qu'il la suivit. (Au revoir les gosses un peu paumés.)

La madame l'avait en effet peu entendu et s'en foutait également. Du moins à première vue. Ash était encore bien trop sobre pour avoir la gâchette facile mais tant qu'elle ne savait pas à qui elle avait à faire, prudence, prudence... même si, pour être honnête, elle ne craignait pas trop l'autre homme. "Vous v'nez d'où ? Si c'est pas trop indiscret" fit-elle de manière désinvolte en arrivant dans un appart quelques étages plus bas qui ressemblait bien à un squat.

C'était une question compliquée. (Non, Ryot, ça ne l'est pas.) Est-ce qu'elle voulait dire "d'où tu viens" de manière générale ? Un genre de début de question qui voulait en fait dire "dis-moi plus sur toi" ? Elle voulait savoir où il habitait ? D'où il venait avant qu'ils s'étaient rencontré (superette, madame) ? Ou bien où il était né ? Bien évidemment, la seule réponse qu'il formulera c'est : "Eeeeeeeeeeeeeeuh...." Il a besoin de temps pour comprendre, vous voyez.

Le bras mécanique ou le bras biologique ? Aaaargh. Il a besoin de plus de détails. Encore, là, deux façons d'interpréter : elle voulait savoir ce qu'il avait fait pour péter le mécanisme de son bras bionique...... ou bien elle demandait comment il avait fait pour le perdre tout court. La réponse était bien différente selon la question. Err, euh... mmh...... Réflexion intense. C'est quoi la question la plus logique ? Attends, mierda. Combien de minutes viennent de passer depuis sa question là ?