Johann était surpris de la rapidité avec laquelle le mauvais temps s'était intensifié. Il suivit de près Nikolaï et descendit après les deux frères, en essayant d'être le plus rapide possible sans pour autant glisser des barreaux déjà trempés. Une fois que tout le monde fut au sol, Johann répondit au prêtre. "Oui... Avec ce temps, ce ne serait pas de refus..." N'ayant pas apporté avec lui de couvre-chef, il se protégea de la pluie aveuglante grâce à son manteau.

Johann suivit les deux frères dans la pièce désignée par le prêtre. Il était heureux de constater que la froideur entre ce dernier et lui-même commençait à se dissiper très nettement. "Plutôt un café, s'il-vous-plaît. Noir." répondit-il. Puis il regarda discrètement autour de lui. Cela se voyait en effet que le père Mikhaïl s'était installé il y avait peu. Johann se demanda s'il avait pu recevoir d'autre visiteurs eux. En tout cas, son appartement semblait relativement confortable.

"Si vous parlez de moi, ne vous inquiétez pas", répondit Johann en souriant de même que Nikolaï. "Je suis du genre patient, vraiment patient. En revanche, il est rare que j'aie du temps libre. C'est déjà exceptionnel aujourd'hui ! Je pense qu'entre demain et après-demain, je devrai passer une nuit blanche, d'ailleurs. Mais le manque de sommeil fait partie intégrante de mon travail. Heureusement que je le savais avant de me lancer là-dedans," ajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie. "Et de votre côté ? Le cabinet d'avocat vous laisse-t-il des moments de répit ?"

Johann s'étonnait avec amusement de la quantité d'énergie et de plaisanteries qu'une simple question innocente qu'il posait pouvait provoquer. Il ne put s'empêcher de rire avec eux. "Pourquoi, serait-ce donc si terrible que cela d'être marié à Nikolaï Azanov ?" Tout en parlant, ils sirotaient leurs boissons chaudes fort agréables après le froid et l'humidité de l'extérieur, et grignotaient les biscuits du père Mikhaïl, pas trop sucrés et d'autant meilleurs ainsi.

Mikhaïl souriait en coin en regardant ses frères continuer leur fausse dispute. Les cafés et son thé étaient presque finis et les biscuits avaient diminué. Il s'en réjouissait : lui tout seul n'aurait pu en venir à bout. "Je ne vais peut-être pas vous retenir plus longtemps." dit-il au bout d'un moment. "L'averse a cessé, il me semble." En effet, des rayons de soleil timides essayaient de faire une apparition.

"Oui, il serait temps d'y aller, et j'ai à faire. Je vous remercie de votre invitation, c'était très agréable. Ça change, de temps en temps." Johann se levait et nettoya un peu son coin de table, histoire de faciliter la tâche à son hôte. "Vos gâteaux étaient vraiment bons, vous les cuisinez vous-même ? Je ne mange presque jamais de choses sucrées, c'est quand même dommage." Il s'arrêta de parler et tourna la tête vers la porte, un peu surpris. On avait frappé.

"Non point, c'est notre mère qui en avait fait beaucoup trop pour le repas, ou même pour la semaine." Mikhaïl se leva pour accompagner son invité jusqu'en bas de l'immeuble et s'immobilisa, étonné, lorsqu'il entendit quelqu'un toquer. Il l'ouvrit avec un "Oui ?" interrogatif.