L'Esprit s'avance et regarde le colis avec curiosité. Il y a plein d'étiquettes et de coups de tampon partout... "Fantastique. Je n'ai rien à faire de particulier, il est encore tôt... Je te laisserai peut-être quelques instants si je sens quelqu'un pleurer, mais je reviendrai." Elle se penche pour avoir sa tête au niveau du drôle de carton. "Comment comptes-tu t'y prendre Furaha ?"

"Euh... bah, j'ai regardé dans un livre comment tresser un bracelet. Je pensais d'abord faire une base avec les poils de lion et d'oryx ; c'est une puissante antilope, tu connais ? En enfilant quelques perles au passage mais le gros, je vais le rajouter avec ceci." Elle sortit de la boîte de longs poils noirs avec des yeux émus. "Palasimbhala a voulu participer. Ça vient de sa crinière." Elle s'essuya les yeux d'un mouvement rapide. "Bon, je suppose que tout le monde va pas les voir mais tant pis... j'ai des plumes aussi et de la laine colorée."

La noiraude sourit tendrement en voyant l'émotion de la petite fille. Elle remercie Palasimbhala dans sa tête, d'offrir autant d'amour à cette famille. "L'important c'est qu'il t'apporte de la force. Que tes origines soient près de toi quand tu en ressentiras le besoin." Elle attrape une plume avec délicatesse, fascinée. Elle est couverte d'odeurs particulières qui font gonfler sa fourrure sombre.

La jeune Esprit (comparée à ses congénères bien plus anciens) avait de l'expérience en tissage de bracelets. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle en avait donné l'idée à Furaha : les mères des enfants qu'elle protégeait aux quatre coins du monde en tressaient souvent pour leur progéniture. Elle rit tout doucement en entendant la jeune fille rouspéter. "Tu n'as pas choisi la méthode la plus évidente, mais je pense que c'est celle qui te correspond le mieux !"

"Il va avoir du caractère, comme toi ! Tu es si forte Furaha..." Tout en continuant de lui donner de petites indications, Kürk se demande si elle ne pourrait pas solliciter un Esprit afin de fortifier le bracelet, pour éviter qu'il ne se brise au moindre choc. Les objets matériels sont si intrigants... Comment font les humains pour les remplir de sentiments ainsi ? Amour, culpabilité, espoir ou bien tristesse, comme un arc-en-ciel d'états d'âme.

La petite fille cessa son mouvement pour regarder l'Esprit avec de grands yeux et la bouche entrouverte de surprise. "Tu trouves que je suis forte avec du caractère ? Mais je pleurnichai quand on s'est rencontrées." Comme elle sentait sa tresse se desserrer, elle reprit rapidement sa prise sur son bracelet afin d'éviter d'avoir tout à refaire, surtout qu'il commençait à prendre forme.

Kürk ronronne pour exprimer son hilarité. La réaction de la petite humaine est très amusante à ses yeux. "Une personne perdue n'est pas faible. Il t'a suffi d'un objectif, et regarde-toi ! Tu es une jeune fille très forte Furaha. Tu pourras gravir des montagnes quand tu auras les armes nécessaires." Même si elle ne doute pas un seul un instant qu'elle pourrait l'escalader à mains nues, avec sa ténacité.

"Gravir des montagnes ? Whooo ! Ça doit prendre un temps de fou ! Tu veux que je fasse un voyage d'initiation ? Que j'aille y méditer ? Je deviendrais la Sage de la famille !" Furaha se mit à rire doucement de ses propres bêtises... et rata son tressage. Elle perdit une teinte de couleur de peau et se figea sans oser ni défaire ce qu'elle avait raté ou tout lâcher ou ne rien faire du tout... et... ou... Elle ne savait plus quoi faire !

Kürk observe en silence Furaha effectuer cette tâche ardue. Si elle avait eu besoin de respirer elle aurait arrêté tant la tension est palpable. La longueur des cheveux est exactement ce qu'il faut pour les entremêler correctement au bracelet, l'enfant a bien fait son travail en amont. Après un temps qui semble infini, l'entreprise est un succès ! La noiraude sautille sur place pour féliciter l'apprenti shaman. "Bravo ! Je savais que tu y arriverais !"

Kürk n'a pas compris tous les mots mais elle saisit l'idée générale. Elle réfléchit un instant, se mettant à flotter en tailleur à côté du bureau de Furaha. "Il vaut mieux commencer par le milieu, sinon ce sera plus difficile. Les plumes qui vont pendre s'y emmêleront."

L'Esprit regarde le vide en dessous d'elle, surprise. Elle ne s'était pas rendue compte qu'elle s'était mise à léviter. "Je connais cette histoire. Si tu veux je pourrais te la raconter aussi." La boule de poil sourit, amusée à l'idée de voir Furaha s'ébaudir dans les airs. "Si tu trouves un Esprit capable de soulever les humains, bien sûr ! Je ne sais pas trop à quoi ça servirait, à moins que tu n'ailles faire de l'exploration dans des contrées hostiles..."

Un petit rire s'échappe de la gorge de Kürk. Elle explique avec douceur : "Ce n'est pas la meilleure des idées pour se ressourcer, l'invocation a tendance à vider un shaman de son énergie..." Elle imite la posture de Furaha, une grande douceur se peignant sur ses traits inhumains. "Mais je pense... qu'il n'y a pas besoin de léviter vraiment. Être simplement dans cet état d'esprit, calme et ouvert, ça donne l'impression de s'envoler."

Elle murmure, le regard doux : "Un Esprit n'a pas besoin d'ailes pour s'envoler... Un Esprit fait partie de l'Ether." La Velue hoche la tête et s'approche du lit de la jeune shaman, comme pour lui montrer le chemin. "Il se fait tard et tu dois être en forme demain en classe. Tu as déjà bien avancé. Tu auras besoin d'aide pour t'endormir, petite lionne ?"