Un autre ronronnement se fait entendre à quelques pas. Quelque chose de doux et chaleureux. Pourtant il n'y a rien, rien d'autre que l'obscurité. Kürk se cache, ne souhaitant pas effrayer l'enfant (c'est toujours une enfant, quoi qu'elle en dise). Elle a senti sa détresse dans ce petit lit un peu rêche alors elle attend de voir si Fu est prête à la voir. En attendant elle ronronne, de sa voix qui calme les angoisses...

Furaha ouvrit grands les yeux. Elle avait entendu quelque chose dans la pénombre. Un ronronnement mais qui n'était pas le sien. Elle se redressa lentement et riva sur les ombres un regard calme mais scrutateur. "Bonsoir." dit-elle à tout hasard (même si elle ne voit rien, pour le moment). Elle sentait qu'il y avait là un Esprit et elle n'en avait pas peur. Sauf s'il s'agissait d'un Esprit lié à la technologie incompréhensible mais elle en doutait (que viendrait-il faire là ?)

Sa forme habituelle se mue en une créature plus petite, un chat au pelage sombre et aux pupilles ardentes. L'Esprit s'avance et bondit sur le matelas en un saut agile. Elle observe la petite fille en faisant bouger son museau. Son angoisse est un peu partie, Kürk le sent. Peut-être a-t-elle simplement besoin de penser à autre chose pour le moment ? Sa voix s'élève, faisant l'effet d'un drap tout doux déposé sur l'âme : "Bonsoir... Comment tu t'appelles ?"

"Tu es un lionceau-Esprit, comme Palasimbhala ?" chuchota la petite fille. "Au fait, tu connais Palasimbhala, petit Esprit ? J'aimerais qu'il soit là... Mais c'est la règle. Il n'approche pas un Nuru une fois à Bruxia tant qu'il ne l'a pas convoqué. J'ai peur de ne pas y arriver et de ne plus le revoir !" Elle ravala ses larmes (inutiles) (sans raison). "Et toi, petit lionceau, quel est ton nom ? Moi, c'est Furaha."

Elle s'approche lentement de Furaha et s'assoit non loin d'elle. "Enchantée Furaha, je suis Kürk." Par moment elle regrette de ne pas pouvoir avoir de contact avec les petits humains. Elle aurait pu se frotter doucement à elle pour la consoler. "Je connais Palasimbhala, même si je ne suis pas très souvent en contact avec lui." L'Esprit regarde l'enfant avec ses yeux flamboyants. "Pourquoi n'y arriverais-tu pas Furaha ?"

"Enchantée, Kürk." Furaha enserra ses genoux de ses bras et riva son regard sur le petit Esprit qui était venu au coeur de la nuit pour la réconforter. "Et bien, vois-tu, il y a eu tellement de Nuru, de très très très grands shamans, qui l'ont invoqué... j'suis pas sûre d'être à leur hauteur. A la hauteur de la réputation des Nuru." Elle ajouta d'une petit voix, en regardant ailleurs. "Et ma famille me manque. L'Afrique me manque. Tout est différent ici et je me sens si seule..."

Elle s'enroula autour de sa couette car elle se sentait toujours frigorifiée (les autres enfants avaient fait des yeux ronds en la voyant s'emmitoufler comme ça). "Mais... " chevrota-t-elle d'une voix basse. "J'ai pas envie de décevoir ma famille. Tous les Nuru sont des shamans très doués ! Je veux être à la hauteur de Palasimbhala. Tout est si différent ici, vraiment différent. Ma famille me manque tellement..." Elle radotait, elle le savait, mais ne pouvait s'en empêcher.

Furaha a froid. L'Esprit s'éloigne d'un bond et tire à elle une autre couverture pour qu'elle se sente plus confortable. "Tu veux me parler de ta famille ? Tu pourrais faire en sorte qu'ils soient avec toi, au moins par la pensée. Si tu faisais un bracelet avec des choses qui te font penser à eux par exemple ?" Elle s'installe sur la deuxième couverture en appuyant un peu dessus pour que la petite humaine puisse avoir l'impression d'une présence près d'elle.

L'image mentale était cocasse. Un petit rire amusé secoua Furaha. "Mais Palasimbhala n'est pas un lionceau ! C'est un grand lion à l'avant, une grande antilope à l'arrière. Il a d'immenses cornes qui jaillissent de sa crinière épaisse et le noir de son pelage rappelle tant la vie du limon que la nuit de la mort." Elle eut une petite moue. "Et à chouiner comme je le fais, je ne suis pas un peu pathétique ? Plutôt que rugir haut et fort que je me ris du danger !"

Embarrassée, Kürk se cache sous une des couvertures. "Oh... J-je... comme tu avais dit que c'était un Esprit Lionceau je t'ai prise au mot... Pour ma défense, nous n'étions pas sous notre forme habituelle lorsque nous nous sommes rencontrés." Elle agite ses moustaches. "Se rire du danger, c'est de l'inconscience. C'est très sage d'être en éveil vis-à-vis du danger. Il ne te manque plus qu'à l'apprivoiser lentement."

"Je ne peux pas quitter l'enceinte de l'école, sinon je m'y serais rendue pour toi... N'y a-t-il pas un moyen pour ta famille de t'envoyer ce dont tu as besoin ?" L'Esprit était un peu trop déconnectée du monde pour connaître l'existence des courriers, mais avec toute cette tecnonojie il devait bien y avoir une solution, non ? "Ce serait mieux encore, s'ils te les offraient eux-même. Tu aurais tout leur amour avec toi !"

"Euh... peut-être ?" Furaha ne sonnait pas assurée. "Mais si je leur demandais ça, ça serait aussi avouer pourquoi ! Et ils seraient tellement inquiets et... et..." Elle murmura bien plus bas en tortillant la couverture autour de son doigt. "Ça serait tellement la honte... C'est un peu ridicule cette histoire. Mes peurs idiotes sont ridicules..."

Le chat sursaute lorsque Furaha reprend subitement du poil de la bête, puis sourit sous ses moustaches lorsque cette dernière se lève dans un nouvel élan de volonté. Son courage est revenu ! Kürk se dit que Tanis serait fière d'elle. La petite Nuru va devenir une très grande shaman, elle en est persuadée. Elle grimpe sur la commode pour avoir une meilleure vue sur ce que l'enfant est en train de faire. "Je suis sûre qu'il sera magnifique. Tu me le montreras, hein ?"

"Bien évidemment ! C'est grâce à toi que je l'aurais. Tu pourras même m'aider à le faire, tu veux bien, Kürk ?" Elle lui fit des yeux doux en posant la lettre qu'elle avait fini. Alors qu'elle éteignait la bougie, le serpent de la peur se tortilla à nouveau. "Dis... tu veux bien rester avec moi cette nuit ? C'est la première toute seule... J'ai pas l'habitude." demanda-t-elle timidement en rosissant de gêne.

HRP:

Il y a un fil qui la tire, qui l'attire. Elle ne résiste pas et suit le chuchotement, quelqu'un a besoin d'elle. Elle traverse la porte de la chambre à quatre pattes mais sous sa forme habituelle cette fois. Elle reconnaît Furaha et lui sourit : "Je suis là..." Elle se redresse avec lenteur, restant cependant plus petite en taille que l'enfant. Elle se rend compte soudainement que l'humaine ne l'a jamais vue sous cet aspect. Elle cligne des paupières en différé, un peu embarrassée.