Liz secoua la tête négativement. Je suis à pied, dit-elle calmement. Mais en son for intérieur, elle bouillait d'excitation. Je vais entrer dans une véritable cachette de justiciers ! Elle avait du mal à y croire. C'était comme un rêve qui devenait réalité.

Il secoua la tête en riant. Une véritable enfant surexcitée. T'as déjà fait de la moto? Il la conduisit jusqu'à une ruelle sombre où il avait installé la sienne. Il lui tendit le casque, sortant sa gourde d'eau pour s'en faire un autre pour lui. Le plus important c'est que tu te colle à mon dos et que tu suive mes mouvements. D'accord ? Il enfourcha sa monture et tapota le cuir derrière lui avec un air amusé.

Il fit vrombir le moteur quelques secondes avant de s'élancer sur la route, droit dans la direction de la base des Saltimbanques. Il louvoyait agilement entre les voitures, faisant relativement fi du code de la route. Arrivé à terme ils déboucha dans une ruelle sombre le long de laquelle s'ouvrit une large porte relativement discrète. Il s'engouffra dans le passage jusqu'à un grand garage où étaient alignés des véhicules divers, de la moto au transport blindé.

A défaut d'avoir trouvé le trajet agréable, Liz devait avouer qu'il avait été rapide. Elle attendit que la moto soit totalement arrêtée pour lâcher Siegfried et enlever son casque, regardant autour d'elle. Tous ces véhicules vous appartiennent ? fit-elle au bout de quelques secondes.

Il rit. Légalement ? Ils n'existent pas. Les immatriculations sont fausses. Mais étant donné que nous avons acheté et modifié ces véhicules... Oui, on peut dire qu'ils nous appartiennent. Il posa son casque sur un ratelier qui en était couvert. Bon... Pour les grandes lignes, les appartements des équipiers, les salles d'opération, les labos, l'étage de test, la colloc des fondateurs et l'héliport... On commence par quoi ?

Il jeta un coup d'œil amusé à sa montre. Si ça n'est que ça, dis moi où et a quelle heure tu travaille et je t'amène raison dans les temps... C'est pas un problème... Il ouvrit la porte de l'ascenseur. Par contre j'ai quand même besoin que tu choisisse entre l'étage des opérations et celui des laboratoires. Les deux sont intéressants selon tes préférences personnelles...

Le sort en est jeté, va pour l'étage opérationnel. Il appuya sur un bouton situé au deux tiers du panneau et l'engin s'ébranla presque silencieusement. Il finit par s'arrêter avec un léger soubresaut. Huitième étage, salles de briefing, armurerie et vestiaire. Nous demandons à nos passager de bien vouloir replier leur tablettes et ranger leurs sandwichs. Il avait prononcé la dernière phrase avec le ton le plus sérieux du monde.

Hein?:

Le trait d'humour la fit sourire. Tablette repliée et sandwich rangé, mon capitaine, lança-t-elle d'un air enjoué. Par où commence-t-on l'exploration ?

HRP :

Il la fit entrer dans une salle ronde couverte d'écrans avec une grosse table holographique tout droit sortie d'un film de science-fiction. Ici c'est la salle de briefing, pour les préparations de missions, mais aussi pour les réunions et pas mal de cours au final. Parce qu'elle est très bien équipée pour ce genre d'activités. Il fit quelques pas vers une porte. Juste là, c'est un vestiaire des plus classiques, avec armures de combats, exosquelettes et tout le tintouin usuel.

Wooow, vous avez des armures de combat ? Et des exosquelettes ? Je peux les voir ? Liz était repassée en mode "gamine surexcitée".

Il fit mine d'être étonné. Ben oui, pas toi? Il ne put retenir son sourire très longtemps et s’esclaffa. Je vais en enfiler une, ne bouge pas... Il fila dans le vestiaire et enfila exceptionnellement une V3, souvent considérée comme plus impressionnante que la V6 qu'il portait usuellement. Il gagnait ainsi une quinzaine de centimètres de hauteur, une sacrée largeur d'épaule et l'armure intégrale avait une classe folle.

La classe, après tout, c'est une question de goûts, mais sur ce coup-là, Liz n'était pas déçue. À vrai dire, elle en eut le souffle coupé et mit quelques secondes à retrouver ses mots. C'est... impressionnant, souffla-t-elle en s'approchant pour observer l'armure de plus près. Ce n'est pas un peu lourd ? Tu arrives à bouger correctement là-dedans ?

Il souriait en roulant des mécaniques. Ça dépend ce que je cherche à faire... Pour nager ou courir vite c'est pas terrible... Mais elle encaisse les coups et les balles sans que ça pose de problème. Il retira le casque intégral. Ça reste très souple, la mobilité restant une donnée primordiale dans un combat moderne. Surtout quand il faut s'occuper de mutants un peu trop remuants. Il remit son casque pour faire une roulade arrière.

Je vois ça, fit Liz avec un sourire amusé. Et donc, quelle est la prochaine étape de notre visite guidée, monsieur l'acrobate ?

Il leva un doigt faussement inquisiteur. Saltimbanques... Ça n'a rien à voir... Il souriait largement. Pour la suite de la visite, je peux te proposer l'armurerie à coté, mais je sais pas pourquoi je me dis que ça serait pas ta tasse de thé, et les labo à l'étage au dessus. Le temps que tu choisisse, je vais me changer... Il repassa dans le vestiaire pour retirer l'armure lourde et enfila ses fringues précédents. Lorsqu'il revint, il souriait. Alors? Verdict?

Je faisais référence à ton talent pour les roulades, en fait, expliqua-t-elle avec amusement avant que Siegfried ne s'en aille. Le choix qu'il lui demandait de faire n'était pas très difficile. Lorsque le mutant refit son apparition, elle s'était décidée. L'armurerie aurait pu m'intéresser, mais ça ne fait pas le poids face aux labos, déclara-t-elle sans hésiter.

Siegfried sourit largement. La question n'en était pas vraiment une, et la réponse était celle attendue. Il ouvrit la porte de l’ascenseur d'un air galant, lui laissant la priorité de passage. Lorsqu'elle fut dans la cabine, il se glissa a ses cotés en appuyant sur le bouton correspondant. Lorsque la porte se rouvrit, elle révéla des rangées d'ordinateur reliés à des cabines, de grandes imprimantes 3D, et même certains appareils qui semblaient incohérents ou incomplets.

Ce n'était pas tous les jours que Liz visitait des labos tout droit sortis d'un film de science-fiction, mais cette journée n'était pas vraiment comme les autres depuis le début. Je dois être en train de rêver, murmura-t-elle en pénétrant dans la pièce. Laissant de côté les ordinateurs et les imprimantes, elle s'approcha d'un appareil qu'elle était incapable de reconnaître. C'est quoi, ça ? demanda-t-elle à Siegfried en pointant l'objet du doigt.

Il s'approcha de la machine, c'était un gros caisson avec deux orifice à hauteur du nombril, assez large pour y glisser un bras. C'est un synthétiseur de gaz. Je m'en sert pour créer des gaz rares principalement. Comme je n'ai aucun contrôle sur eux, je suis obligé de travailler dans un caisson étanche dans lequel je glisse mes mains. Sinon ils s'échappent de façon ridicule. Il glissa ses deux bras dans les orifices. Tu vois?