Il hocha la tête. Il y a indéniablement ce risque, et ça arrive. En moyenne, au cours des dernières années, plus de soixante pour cent des mutant qu'on à calmé une première fois sont rentré dans le droit chemin, avec ou sans notre aide. Près d'un tiers étaient des gamins paumés qu'on a redirigé vers des mutants plus doués que nous pour ça. Il soupira. Les humains c'est pas la même... Parce que la majorité d'entre eux qu'on a entravé étaient des membres de la LIRAH...

La LIRAH... Ces connards m'envoient régulièrement des messages de menaces sur les réseaux sociaux à cause de mes articles pro-mutants. Évidemment, pour qu'ils puissent les mettre à exécution, il faudrait encore qu'ils connaissent mon adresse ou mon vrai nom. Et Liz n'était pas assez stupide pour leur fournir ces informations. Bref. Parlons un peu de tes collègues. Vous êtes combien à faire partie de ce groupe ?

Wow. Ça fait quand même un sacré paquet de gens... Elle parcourut rapidement ses notes du regard. Donc, vous avez commencé à trois. Qui sont les deux autres ? Comment est-ce que tu les a rencontré, dans quelles circonstances tout a commencé ?

Liz note tout, ses doigts pianotant sur le clavier avec la vitesse de l'habituée qu'elle était. Tout cela, c'était parfait pour son article. Et d'un point de vue personnel, ma foi, c'était très intéressant. L’Écureuil et la Marionnettiste, tu dis ? D'où ça vient, ces surnoms ?

Il sourit en y repensant. Elle, ça vient de sa mutation. Elle génère et maîtrise des genre de fils semi organiques, avec lesquels elle peut contrôler des marionnettes complexes. Pour l’Écureuil... C'est un humain. Mais un véritable petit génie surexcité qui saute continuellement dans tout les sens comme un écureuil qui a bu beaucoup trop de café. Et il a toujours été comme ça, c'est un surnom qui date de son enfance. Je crois que ça l'amuse beaucoup.

Liz écouta d'un air amusé la description que lui faisait Siegfried. Cet Écureuil avait l'air d'être un petit rigolo. Donc, au début, ce n'était que vous trois. Quand est-ce que les choses ont commencé à prendre de l'ampleur ?

Il secoua la tête en souriant. Il y a pas eu une date "charnière" où on a grandit. Non. Au fur et a mesure du temps qui passait et des gens qu'on aidait, certains ont demandés s'ils pouvaient nous aider. Des anciens soldats chassés de l'armée par leur mutation, de simples commerçants qui s'étaient fait agresser par des mutants ou la LIRAH, selon leur propre nature... Chacun nous aide d'une façon. Les militaires nous ont souvent directement rejoins.

Il fit la moue. En majorité c'est des jeunes, des gamins qui ont récemment découvert leur mutation et qui sont perdus, haït, ou simplement rejetés à cause de ça. Nous on leur montre que c'est la peur qui fait réagir la majorité des humains comme ça et on leur montre que vivre comme une bête traquée n'est pas la solution, qu'il y a des moyens d'être en paix avec soi malgré la mutation. Mais je suppose qu'une histoire un peu plus originale serait intéressante?

Liz approuva d'un hochement de tête. Si tu en as une en tête, je ne dis pas non. Avec tout ce qu'il lui avait raconté, elle tenait déjà un bon article, mais une anecdote supplémentaire aurait été la cerise sur le gâteau.

Et... il a accepté ? Elle avait beau se douter de la réponse, elle l'attendait fébrilement, retenant son souffle. C'était du Liz tout craché : quand elle écoutait une histoire, elle se comportait presque comme un enfant de six ans.

Il sourit. Il s'est découvert un talent pour chercher et creuser des puits... Et il s'est marié. Il m'envoie des nouvelles de temps en temps. C'était pas un mauvais bougre, il avait simplement besoin de voir qu'il pouvait créer du bonheur avec ce don qui l'avait toujours mis à l'écart. Bon, il est toujours un peu klepto, mais il fait des efforts pour améliorer ça, notamment en rendant ce qu'il vole et en s'excusant.

Siegfried sourit et commanda deux verres de plus. Si tu tiens tant que ça à me remercier... Que dirais-tu de mettre en pratique une relation moins professionnelle et simplement faire connaissance? Tu connais pas mal de choses sur moi, tu t'es rapidement présentée, d'accord, mais ça veut pas dire qu'on s'est approchés sur le plan humain. Il lui fit un sourire charmeur. Et puis... J'adore être en compagnie d'une jeune femme aussi charmante que toi.

Liz sentit ses joues s'échauffer légèrement au compliment, prise au dépourvu. Elle ne s'attendait pas à ce que Siegfried s'intéresse à elle. Pourquoi pas ? fit-elle d'une voix qui trahissait une certaine nervosité. Intérieurement, elle maudit cette fichue anxiété sociale qui lui pourrissait la vie. Euh... qu'est-ce que tu voudrais savoir ?

Il eut un petit rire. Tout? Non, je plaisante... Ce serait indiscret de ma part. L'essentiel... Qui tu es, ce qui t'as conduite ici? Des passions? Tu titille ma curiosité, et si je ne suis pas un journaliste, j'aime aussi tout savoir des gens que je rencontre... Surtout ceux d'entre eux qui me plaisent en tant qu'être humains... Ou mutant, bien entendu. Il prit une gorgée. Et puis qui sais, si jamais on a un organe de presse... Il faut que je conaisse des journalistes intéressantes.

Il eut un petit rire. C'est déjà un bon début... Et en demander plus serait indiscret. Soit dit en passant, rappelle moi de te demander le nom de ton blog, histoire que j'aille lire ce fameux article. Je suis curieux, et je pourrais le montrer aux collègues. Il fit mine de réfléchir une seconde. J'y pense... Ça te dirait de découvrir un repaire de vigilants?

A ces mots, Liz bondit sur ses pieds avec une exclamation de joie. Quelques regards surpris se tournèrent vers elle, et elle se rassit aussitôt, un peu honteuse d'avoir attiré l'attention sur elle. Désolée, je me suis laissée emporter... Un vrai repaire de héros ? Avec une entrée secrète, des super ordinateurs, des gadgets technologique et tout ça ? murmura-t-elle d'un ton animé. Que voulez-vous, elle avait lu trop de comics de super-héros...

Il posa les mains en avant. Houla, on se calme princesse. D'abord je veux l'assurance que tu n'en écrira pas trop à ce sujet dans ton article... Je serais franchement embêté si ça ouvrait des portes à des lecteurs... Problématiques. Il sourit avec un air entendu. Parce que justement, il y a pas d'entrée secrète. Il n'y a pas de meilleure cachète que le grand jour... Notre planque ressemble à un banal immeuble d'habitation un peu cossu.

Je te promets qu'il n'y aura pas un mot à ce sujet dans mon article, fit Liz en s'efforçant d'avoir l'air sérieuse et professionnelle. Pas question de manquer cette chance qui ne se représenterait peut-être pas de sitôt ! Et je serais sage comme une image, ajouta-t-elle pour faire bonne mesure.

Il la toisa du regard, se retenant visiblement de sourire. Ouais... T'es motorisée ou tu veux que je te conduise? C'est pas le meilleur quartier pour abandonner une pin's ou un vélo. Difficile d'estimer le genre de véhicule qu'utilisait la petite, mais probablement quelque chose qui ne lui couterait pas une fortune.