En entendant, Luca parler, je secoue la tête pour me reprendre et revenir à l'instant présent. "Je me suis perdue dans ton regard." Je ne sais pas ce qui m'a prit de le fixer ainsi. Entre Luca et moi, ça n'a jamais été comme ça, on a jamais, au grand jamais, été attiré l'un par l'autre bien qu'on soit très proches de caractère et en âge alors qu'est-ce qui m'arrive d'un seul coup ?

Je devine qu'il tente d'éviter un malaise entre nous après mon attitude bizarroïde, mais de mon côté je cherche à comprendre ce qui a pu se passer. Je ne dis pas que Luca est moche ou qu'il me répugne, mais c'est un ami, un collègue dont je suis proche et je n'ai aucune envie de perdre ça. Alors qu'est-ce qui m'arrive ? A moins que ? "Ce serait pas plutôt toi, ta mutation qui se développe ?" Après tout, pourquoi pas, ça pourrait expliquer que je me sois ainsi perdue dans ses yeux gris.

Je grimace quand il met à mal ma thèse, si ça ne vient pas de lui, ça vient de moi. Que ce soit ma mutation ou ma personne, quelque chose cloche et ça ne me plait pas. Les yeux sont la fenêtre de l'âme alors est-ce possible que ce soit lié à ma mémoire photographique ? Est-ce que celle-ci a tenté de lire dans les prunelles de mon ami ? Je ne sais pas, mais en tout cas ce qui s'est passé me déstabilise. Je préférerais presque que ce soit juste hormonal... "Tu crois que ça peut venir de ma mutation alors ?"

La fatigue, une absence, je sens bien qu'aucune de ses excuses n'est la cause de ce qui s'est passé. Mais Luca a raison, je ne dois pas paniquer. Pas avant d'être sûre que ce n'est pas insignifiant. Et pour ça, je me contente de retenter l'expérience. Je relève d'une main sur son menton le visage de mon collègue vers moi, pour de nouveau regarder au fond de ses yeux tout en m'excusant. "Désolée Luca, je dois m'assurer que..." Je ne finis pas ma phrase, ce n'est pas utile pour qu'il comprenne.

Encore une fois, je me perds dans ses iris sans comprendre pourquoi. Mes joues me chauffent et je devine que j'ai rougis. Je me demande ce qu'il ressent alors que ses yeux sont plongés dans les miens. Est-il aussi perturbé que moi ? Je n'arrive pas plus que tout à l'heure à détourner mon regard du sien et je ne suis définitivement plus maître de moi. "Luca..." je murmure,, désemparée.

Étrangement, c'est de nouveau le doux son de sa voix qui me ramène. Complètement perdue, je ne réalise pas de suite que si le silence règne dans la pièce, ce n'est pas parce que nous sommes toujours seuls. Non, c'est parce que tous les regards sont tournés vers nous. Argh, je déteste ça ! "On va dans un endroit plus tranquille ? Genre dehors ?" Il faut à tout prix que je comprenne ce qui se passe...

Luca semble aussi désemparé que moi, ce qui n'arrange pas mon état. "Si seulement, je le savais..." J'entre dans la première salle qui se trouve près de nous avant de m'asseoir pour retrouver mes esprits. Je panique ! Je n'ai plus l'impression d'avoir le contrôle et ça me fait peur. "On peut réessayer pour voir ?" Je demande mais je ne suis pas sûre d'en avoir envie et puis je ne veux pas le forcer...

Elle a l'air franchement perdue. Il soupire et vient vers elle doucement, presque avec prudence mais il vient. "Tu n'as pas du tout l'air d'être maîtresse de tout tes actes. Tu n'as pas bâché un élève étant capable de ce genre de chose ces derniers jours ?" Il vient s’asseoir au pupitre à coté du sien et prend l'une de ses mains entre les deux siennes pour la rassurer.

Tout en me demandant pourquoi, Luca me fixe dans les yeux. Ce qui commence à devenir habituel se produit de nouveau. Cependant, je sens ma panique s'éloigner alors que je voyage dans ses iris. Ma respiration est de nouveau normal et sans m'en rendre compte je laisse descendre doucement ma paume le long de son visage en une caresse involontaire jusqu'à la laisser retomber entre nous deux alors que je sers plus fort sa main qui tient la mienne comme si je ne voulais pas qu'il me lâche...

"Je suis là Isa. Ne t'inquiète pas." Il a sentie cette pression autour de sa main, il veut la rassurer. Il n'aime pas ces jours ou le Pr. Xavier et beaucoup de X-men n'était pas à l'institut. C'était toujours propice, ou a des attaques, ou ne serait-ce qu'à des farces de ce genre.

Luca me parle, mais ce coup-ci, je ne l'entend pas. Je reste plongée dans ses iris, sans me rendre compte que le monde continue de tourner. Ma respiration se cale sur la sienne. "Luca..." Je murmure son prénom sans bien savoir ce que je veux. Nos mains sont toujours enlacés et je suis si proche que je sens son souffle sur ma joue. Qu'est-ce que je fais ? Moi-même, je n'en ai aucune idée...

J'entend ce que me dit Luca mais cela me semble étrangement loin comme à travers un brouillard épais. Je suis incapable de détacher mon regard du sien et je ne remarque même pas que nous sommes de plus en plus proches. Rien d'autre que le gris de ses prunelles se semble m'intéresser pour l'instant. Je mêle mes doigts au sien pour garder comme une ancre avec la réalité...

Toujours sans m'en rendre, je continue de m'approcher de Luca. Entre nous, il reste à peine de quoi séparer nos bouches. Le moindre mouvement, nous rassemblerait. Pourtant, je me contente de rester plongée dans son regard et de tenir sa main. Je sais que si je le lâche, je suis définitivement perdue. Où, ça, j'en ai pas la moindre idée... Je suis à la limite de la conscience, la limite de la réalité et mon cerveau est pour une fois sur pause. Je ne réfléchis plus et tout le savoir accumulé depuis des années me laissent enfin en paix !

Je sens que Luca se rapproche et nos lèvres s'effleurent presque avant qu'il ne s'éloigne comme effrayé. Et c'est en le ressentant que j'émerge de mon état hypnotique. La panique que j'ai vu dans ses yeux me culpabilise. C'est ma faute si nous sommes dans cette situation, je me rends bien compte. Je lève la main vers sa joue dans une légère caresse. "Désolée."