Je ferme les yeux. J'essaie de faire taire mon cerveau et mon coeur qui bat la chamade, et le reste. Je n'aime pas rester immobile, je pense à trop de choses à ces moments là. Je ne veux pas penser. Je suis bien sous la pluie, j'entends bien le rester. Qui c'est qui commande hein ? De défi, je rouvre les yeux et fusille l'océan du regard. J'irais plus loin; J'irais plus haut. J'irais plus fort. C'est moi qui vais gagner.

"Je te ramène chez toi hein..." J'ai pas besoin qu'il m'explique, je comprends, c'est pas grave. Je ne lui en veux pas. Mais là, il faut faire des choses et tant pis pour la mer, l'orage et la pluie.

"Oh." Ben ouais, j'y ai pas réfléchi à tout ça mais j'vais pas le laisser à la rue sous la pluie, ce serait con. Sauf que si je le ramène à la planque, je vais devoir le redescendre au matin et chez mes vieux c'est pas tout près. J'ai jamais découché avant. Une première ? Je réfléchis à toute allure. "Qu'est ce que tu préfères ? Remonter dans la tour d'ivoire ou je te trouve une chambre dans un hôtel pas loin pour que tu puisses aller et venir comme tu veux ?"

Je ris. "Genre je vais t'abandonner Hervé. Tu me connais mal. Voyons. Chez mes vieux c'est pas trop possible, quoi que. Si tu promets d'être super silencieux ça peut se jouer mais c'est dangereux pour toi. Pas l'hôtel donc, t'as pas l'air chaud. Pas la planque..." Je lui vole un petit baiser sur les lèvres. Je ne suis toujours pas redescendue alors j'en profite. "Je vais trouver."

Elle s'y remet, il manque de la suivre dans son baiser, lui n'ayant visiblement pas encore tout remis en place dans sa tête. "Mes affaires sont dans ta planque..." qu'il prévient quand même. Toutes dans sa veste, clé, portefeuille, téléphone.

"Si tu veux." qu'il dit en souriant faiblement. Il récupérera sa voiture au parking de l'Opera le lendemain matin, comme ça, ça règle le problème.

Il hoche de la tête et va s’asseoir sur un muret. Il pleut toujours mais il a l'air de ne pas s'en soucier.

Je pars à nouveau mais cette fois c'est avec regret. Je sais que je reviendrais avec la veste et qu'on se reverra à ce moment là et au pire en cours et au pire du pire j'arrêterais l'italien et puis voilà. Je ne regrette pas. En tout cas pas pour moi. Je ne veux rien regretter. Là.