Elle s'agenouille devant lui sur le lit. Elle est un peu plus décoiffée mais le reste n'a pas bougé et elle est toujours pieds nus. Elle cherche son regard, pose un main sur sa joue pour tenter de le ramener à la réalité. "Prof ? Ca va ?" Elle est inquiète, cela se voit dans ses yeux océan et la douceur de sa voix.

Il a vraiment l'air à l'ouest. Je le laisse phéromoner ma paume et je profite de la lumière pour regarder un peu le reste. Il a une estafilure sur la tête mais j'avais raison, ça avait pas l'air grave. Je fixe ses yeux, ses pupilles sont pas trop dilatées...je crois. C'est plus compliqué en vrai que dans les livres la médecine. Mon pouce caresse doucement sa peau. Je le sens se calmer. Faut pas qu'il se calme trop, il va me filer entre les doigts. "Bon tu vas bien. Merveilleux. Comment je m'appelle déjà ?"

"Un squat. Y a une trousse à pharmacie. Et de la lumière. Et un endroit pour vous allonger qui soit pas plein de poussière. Je vais nettoyer la plaie au front. Vous avez eu des coups ailleurs ? Il faudrait que je regarde votre torse." J'suis déçue qu'il reprenne son rôle d'adulte là, et en même temps je suis rassurée qu'il se reprenne un peu parce que je suis pas équipée pour soigner les commotions. Et en même temps j'ai pas bougé. J'comprends pas bien. Mais j'ai pas le temps de pas comprendre.

Je ris. Il est mignon à se palper tout ça et à rester en costume. Moi j'ai oublié ma robe, oublié qu'on voyait mes jambes, oublié que mes pieds sont probablement noir. Je regarde autour de moi. "Ce n'est pas vraiment une planque c'est... c'est une idée tu vois. Quand ça va pas, je me rappelle qu'il y a un endroit à moi qui existe, un endroit que je ne dois qu'à moi-même. Tout ici je l'ai acheté avec le boulot que je fais le week-end. Je ne le dois à personne. C'est moi. Tu aimes ?"

"C'est pas encore prêt. Quand ça le sera..." Quand ça le sera elle quittera la maison familiale, le luxe et l'abandon. Elle sera seule certes mais de sa solitude à elle, qu'elle aura décidé et elle est persuadée que ça changera tout. Dehors, le vent se lève, claquant les tissus servant à boucher le trou des fenêtres. L'orage n'est pas loin. Elle soupire. "Tu peux rester là pour la nuit. Je vais changer ton pansement à la tête, et te donner un change pour dormir."

"Che sera, sera, whatever will be, will be, the future's not ours, to see, che sera, sera...what will be, will be." Je chantonne en souriant, tournant sur moi-même jusqu'à la boite à pharmacie, lui laissant l'espace pour textoter son coeur content. "Tu préviens ta copine ? Bonne idée."

Ils chantent toute la chanson tous les deux. J'comprends pas l'italien mais c'est joli, faudra que je cherche pour voir si c'est exactement les mêmes paroles. Je sais que les français ont traduit n'importe comment. Faut s'attendre à tout de la part des français. Je reviens, toujours chantant, pis je m'assied à côté de lui, mettant un peu Mercurochrome sur un coton puis s'approchant pour tamponner sa plaie. "Ca vous manque pas, l'Italie ?"

Je fais tout doux. Comme j'ai vu des dizaines de vidéos et de tuto sur le sujet. J'essaie de pas lui faire mal. Concentrée, je tire un peu la langue et pose ma main libre sur sa joue. Un gros coup de tonnerre me fait sursauter juste quand je mets un steristrip, ça me fait marrer. Ce que je peux être conne parfois. "J'suis sure que la pluviométrie de New York n'en feront jamais partie !"

"Si tu veux je te porterais sur un toit sympa pas loin." Je m'arrête soudain puis je me met à rire. "De toute façon, tu peux pas partir d'ici tout seul, à moins de te greffer des ailes. J'y avais pas pensé désolée. J'ai réagit sur l'instant pour te mettre en sécurité. D'ailleurs, maintenant que tu es plus ou moins revenu, tu es sûr de ne pas avoir mal ailleurs qu'à la tête ?"

"Pourquoi pas." qu'il acquiesce en souriant. Après tout, pourquoi ne pas en profiter un minimum, tant qu'il est à l'heure à l'institut pour ses cours en fin de matinée. Il ne ratera que l'entrainement athlétique des mutants adultes... quelle dommage. Il a bien saisi qu'il ne pourrait pas redescendre sans elle. Il hausse les épaules. "Je dois avoir quelques bleus ici et là mais je doute que ce soit de la même gravité. Si tu es si inquiète tu peux toujours vérifier par toi même mais je pense que tout va bien."

"Ouais, montre" que je réponds sans réfléchir, plus intéressée par le côté médical du machin que perturbée à l'idée de voir mon prof d'Italien à demi-nu. "Les passages à tabac c'est toujours casse gueule à soigner, tu peux faire une hémorragie interne et même pas le savoir."

Je le laisse prendre son temps pour se déshabiller, je suis pas pressée mais je comprends pas trop ses hésitations. Enfin, pas grave. Une fois qu'il a déboutonné la chemise, je m'assied à côté de lui sur le lit et je commence à tâter doucement les bleus, les bosses, les côtes. J'sais pas lui parce que je suis concentrée, mais je grimace. Et pas à cause du tonnerre qui continue de tonner à côté. "T'as mal quand j'appuie là Maestro ?"