Rappel du premier message :



INDEXE :
- Cendre, transporteuse indépendante.
- Imlijaad, promontoire industriel de Keeshak appartenant à la Confédération du Commerce et exploité par Oliphant.
- Méduzarb', on sait pas trop.
- Oliphant, corporation de transformation de bois de Keeshak.
- Winnayoram, alias Winy, gangster hurson local.


Keeshak, Système d'Umbar, promontoir d'Imlijaad :

La musique bio-éléctro tentait de couvrir la rumeur des xyloprocesseurs de la station d'Oliphant, conglomérat hurson qui avait mandat auprès de la Confédération du Commerce dans ce secteur de Keeshak.

Méduzarb' avait trouvé un respirateur. Quelqu'un l'avait égaré ; sans doute un humain, vue la proportion des gaz. Sirotant de temps en temps un Xzblorganic à la paille, ses outils à la main, la télune tentait de bidouiller l'objet tandis que Ponpoko lisait une page web.

"Et là t'es censée mettre le compresseur à 5. Euh, attends... Putains de sariens avec leur métrique impérial !"

Cendre sursauta à son tour, quand Méduzarb' lui répondit. Elles étaient très prêt, mais toutes deux cachés par les arbres. Je crois qu'il a abandonné, dit-elle en rigolant, plus nerveusement qu'autre chose. Derrière elle, le monstre rugit une fois de plus et Cendre remarqua que les clameurs des hursons s'étaient calmés eux... c'était pas bon signe pour le syndicat. Bon, c'est pas le moment de traîner dans le coin. Tu es sûre que c'est le bon corridor de maintenance ? Il n'y avait aucun panneau, ça aurait juste pu être l'entrée des égouts.

Méduzarb' regarda la porte.
"Oui, j'ai clairement le souvenir d'y être passée un jour où j'étais sobre. Ca débouche tout près du quai n° 3."

Elle s'engagea précautionneusement dans la clairière et s'approcha de la porte, qu'elle ouvrit. L'intérieur prenait la forme d'un banal local technique, mais l'on pouvait aussi apercevoir un pertuis dans lequel s'engouffraient d'énormes tuyaux d'eau chaude.

"Par ici !" Dit-elle, en s'y faufilant.

Cendre suivit précautionneusement Méduzarb' dans ce qui ressemblait à un local technique, en prenant soin de fermer la porte derrière elle. Des outils étaient abandonnés dans un coin et un écheveau de câbles pendaient du plafond. Heureusement qu'elle n'était pas claustro, parce que le tunnel qui continuait était particulièrement étroit. Et on est loin ? demanda-t-elle d'une voix mal assurée. Bizaremment, être enfermée dans une boîte de conserve dans l'espace, pas de soucis, mais ramper dans un tunnel exigu... ça lui plaisait moins.

"Hum... Cent, deux cent mètres, je dirais. C'est le fait d'avancer accroupies qui donnera le temps long, je pense."

Méduzarb' avait une autre raison de s'inquiéter : elle avait du mal à voir les lumières des diodes, cinquante mètres plus loin. Peu après, elle comprit pourquoi : le chemin était partiellement bloqué par des grappes orchidomorphes, probablement des œufs. Ils avaient l'air prégnants.

"C'est bien ma veine..."

D'habitude, Cendre détestait être petite - même si elle ne l'aurait jamais admis devant quiconque - mais c'était une des rares occasions où elle était pas mécontente. Elles avancaient dans un silence relatif, jusqu'à... Qu'est-ce qu'il y a ? répondit Cendre, en essayant de regarder par dessus l'épaule de Méduzarb' dans le tunnel soudainement sombre. Il y avait des... oeufs ? Le chemin n'était pas complètement bloqué. Une idée de ce que c'est ? Techniquement, on pourrait se glisser. Même si elle n'en avait aucune envie.

Méduzarb' inspira profondément. D'un côté, elle avait envie d'analyser la chose, d'un autre côté...

"T'as raison, on va se glisser. En rampant."

Mais, au moment même où elle était en train de s'exécuter, une voix retentie.

"Alors, c'est bon, c'est fini, les monstres ?"

La télune sursauta et sa tête s'enfonça dans la matrice liquide d'une poche.
Près de la porte, derrière, retentit le hurlement de la bête.

Elle n'a vraiment, mais alors vraiment pas envie de faire ça, pense-t-elle en regardant Méduzarb' s'accroupir. Elle s'apprête à l'imiter quand elles sont toutes deux surprises par l'interuption de la veste. Nom d'un aerolithe géant, marmonne-t-elle avant de continuer à voix haute. C'est vraiment pas le moment. Autour de la télune, que Cendre aide à se relever, les poches explosent une à une, non sans manquer d'éclabousser les deux femmes copieusement malgré qu'elles reculent en hate. La porte n'a pas tenu, et c'est toujours le seul chemin. Au moins, devant elles, la voie est libre. Visqueuse, mais libre.

Reprenant son souffle, Méduzarb' haletait.

"T'imagines même pas ce que j'ai vu là-dedans..." Puis les poches éclatèrent et le couloir fut entièrement recouvert d'un liquide visqueux orangeâtre où des dizaines de petites anguilles semblaient s'entortiller comme des ouroboros excités.
"Ah bah c'est ça que j'ai vu, en fait.
- Ca me rappel quand Varnince a essayé de s'enfiler dix murènes dans le..."

Mais un rugissement les rappela à la réalité.
"Hi !" Fit Méduzarb', en courant.

La vue du liquide visqueux lui donnait la nausée, mais comme de.toute façon, le rugissement se faisait entendre de nouveau dans le tunnel, ce n'était pas le moment de traîner. C'est maintenant ou jamais, dit-elle avant de s'élancer en courant. Elle abandonna vite la course, elle n'était pas si endurante, et de plus, le tunnel tournait maintenant légèrement. Et au bout... Je vois de la lumière. Ça lui donna la motivation pour se remettre à courir. Plus vite elle serait dans son vaisseau, plus vite elle se tirerait de cette planète de malheur.

Enfin elles arrivaient au bout du tunnel et, pour une fois, ça n'était pas le signe d'une overdose.

"C'est là !"

Ouvrant la trappe, elle se faufila rapidement puis aida Cendre à en sortir. Elle referma la trappe sans grande conviction. Elle n'avait pas de quoi la souder pour éviter que la créature ne les suive.

"Alors, on veut se faire la malle ?"

Se retournant, elle découvrit Winny l'hurson. Il avait survécu ! Il lui manquait un bras, mais il avait survécu.