INDEXE :
- Cendre, transporteuse indépendante.
- Imlijaad, promontoire industriel de Keeshak appartenant à la Confédération du Commerce et exploité par Oliphant.
- Méduzarb', on sait pas trop.
- Oliphant, corporation de transformation de bois de Keeshak.
- Winnayoram, alias Winy, gangster hurson local.


Keeshak, Système d'Umbar, promontoir d'Imlijaad :

La musique bio-éléctro tentait de couvrir la rumeur des xyloprocesseurs de la station d'Oliphant, conglomérat hurson qui avait mandat auprès de la Confédération du Commerce dans ce secteur de Keeshak.

Méduzarb' avait trouvé un respirateur. Quelqu'un l'avait égaré ; sans doute un humain, vue la proportion des gaz. Sirotant de temps en temps un Xzblorganic à la paille, ses outils à la main, la télune tentait de bidouiller l'objet tandis que Ponpoko lisait une page web.

"Et là t'es censée mettre le compresseur à 5. Euh, attends... Putains de sariens avec leur métrique impérial !"

Liste de Mots:

A chaque fois que Cendre venait sur Keeshak, elle se rappelait combien elle préférait la chaleur sèche du désert à celle humide de la jungle. La climatisation fatiguée de la cantina peinait à arranger la situation, mais la boisson y était acceptable et la musique à son goût. Son café frappé, légèrement rehaussé, elle cherchait une table du regard, quand elle repéra une femme, assise seule, qui jouait avec un respirateur. Elle plissa les yeux, son respirateur. Je peux ? dit-elle en s'asseyant. Je crois bien que c'est à moi, ajouta-t-elle en pointant le respirateur d'un doigt.

Dans un premier temps, trop concentrée, Méduzarb' ne leva pas les yeux vers la femme, se contentant de répondre "Bien sûr, après tout, on est dans un régime autoritaire.
- Attends deux secondes parce que si tu veux foutre de la schnouf dedans, ils disent que c'est plus pratique à partir du pulvérisateur.
- Je crois bien que c'est à moi."

C'est alors qu'elle leva les yeux, avec un "Oh..." gêné.
Elle changeait déjà de couleur.

Cendre eut un moment de surprise, avant de comprendre qu'elle ne lui répondait pas à elle, mais à... en fait, elle ne savait pas bien à qui. En face d'elle, la femme changea de couleur, confirmant qu'elle était une telun. Je peux le récupérer ? Ce n'était une question que parce qu'elle était polie, ou du moins, qu'elle faisait bien semblant, parce qu'elle avait bien l'intention de le récupérer. Elle but une gorgée, avant de s'asseoir plus confortablement dans la chaise. Après tout, elle n'avait pas objecter à sa présence. A qui tu parles ? Cendre tutoyait tout le monde et elle ne faisait pas dans les circonlocutions.

A la radio, la bio-électro avait laissé place à de la shreekpop acidulée. La chanteuse zinzinulait une mélopée polychromatique.

Se faisant toute petite mais reprenant progressivement sa couleur normale, Méduzarb' entreprit de remonter les quelques parties du respirateur qu'elle avait débitées.

"Oh, je parlais à mon blouson." Répondit-elle simplement, dévoilant le suspect d'une torsion du bassin. Ponpoko leva les yeux de son livre virtuel.
"Oh, hey, salut poupée..."

Cendre était légèrement perplexe quand le blouson répondit - elle avait pas l'habitude de se faire appeler "poupée" - mais elle décida que ça ne valait pas la peine de se disputer avec un blouson. Les hurlements de banshee derrière elle, d'un gars qui devait avoir bu tout un brassin acheva de la dissuader. Apparemment, son respirateur avait été quelque peu démonté, mais elle avait l'air de savoir ce qu'elle faisait. Tu t'y connais ? demanda-t-elle avec une certaine curiosité. Il siffle depuis quelques temps. Je croyais que c'était le joint, mais je l'ai changé et ça n'a rien arrangé.

Méduzarb' avait presque fini. Elle reprit son montage, au grand dam de Ponpoko dont la drague lourdingue fut interrompue.

"Non, je m'y connais pas. Mais on peut trouver des notices sur le net. Moi j'utilise plutôt des pilules à branchies ou des greffons de membranes. Pour le sifflement, c'était de la soie de ver des pertuis. Très volatile, on la voit pas. Mais elle réagit aux tempêtes solaires en formant un dépôt solide. Je paris que t'as eu ça sur Manooine."

C'était très spécifique comme information, elle était douée. Fort possible, répondit-elle avant d'ajouter, mais ça, c'est pas internet qui te l'a dit. Ouais, elle était un peu impressionée tout de même. Si tu l'as réparé, je t'offre un verre. Ce n'était pas qu'elle y tenait particulièrement à son respirateur, mais ce modèle coutaît cher et c'était l'un des rares qui était parfaitement à sa taille. Alors si elle pouvait le réparer, plutôt que de le changer. Ce n'était pas son genre de le laisser tomber dans une cantina. Au fait, je m'appelle Cendre.

Lorsque la femme lui offrit un verre, Méduzarb' la regarda avec un sourire plein de dents ; et lorsqu'elle se présenta, elle répondit :
"Ouah, trop stylé ! C'est un peu dark, mais pas trop.
- T'es une pirate ? C'est un blase de pirate, ça."

Méduzarb' héla le serveur et commanda, entre autre chose sa boisson offerte - un truc évidemment fluo - et un blanc-manger cocobungo à partager.

Elle parlait de son nom ? Si oui, c'était la première fois qu'on lui disait. Elle hausse les épaules. Pour elle, c'était juste son nom. Mercenaire. Plus exactement, capitaine et seul équipage d'un transporteur, elle répondit à la veste - c'était très bizarre de parler à un vêtement - avant d'ajouter, je doute que beaucoup de pirates s'annonce dans les cantinas. Non pas qu'elle était une pirate. Certes, ces activités n'étaient pas toujours totalement légales, mais ce n'était pas la même chose. Elle ajouta une pinte de bière locale à la commande. Et toi, c'est quoi ton blaze ?

"Oh, pardon, j'ai complètement oublié de me présenter aussi ! Moi c'est Luili Enmamil. Mais la plupart des gens m'appellent Méduzarb' parce que c'est écrit sur les av... Avoirs de magasin."

Un silence gênant suivit.

"Ahem, euh, alors comme ça tu fais dans le transport ? C'est bizarre, tout de même ; en général, Winnayoram s'assure de bien conserver son monopole, dans le coin..."

Comme si elle l'avait invoqué, Winnayoram, alias Winy, fit irruption avec ses hommes de main.

Les avoirs de magasin ? Cendre n'était pas dupe, mais elle était vraiment mal placée pour juger. Elle lui retourna un sourire entendu. Certes, il ne fallait pas se fier aux apparences, mais Médurzab' avait pas l'air bien dangereux. En tout cas, pour l'instant, elle ne lui avait rien fait. Elle déchanta rapidement. Euh, qui ça ? Elle avait jamais entendu parler de ce type, mais c'était la première fois qu'elle venait à Imlijaad spécifiement. Dans tous les cas, ça ne présageait rien de bon. Elle était pas là pour les ennuis.

Or donc, introduisons Winy : hurson plutôt grand pour son espèce (la taille des deux femmes, au mieux), la peau brunâtre sertie d'ocelles fauves, des ailes abîmées et des bagues à chaque tentacule.

"Toi là, j'crois bien qu't'as besoin d'apprendre qui est l'chef, ici...
- C'est lui." Commenta Méduzarb' en se penchant sur le côté, pour le voir.

Ce que, apercevant cette dernière, l'un des hursons cria "Hey, c'est la télune !"

Et tous de dégainer leurs ignivomes à répétition.

Ah, fut tout ce qu'elle trouva à répondre en observant la bande d'hursons à l'air peu recommandable qui venait d'entrer dans l'établissement. Celui qui avait l'air d'être le chef - Winy donc - était déjà en train d'interpeler un type. Charmant personnage. Puis soudain, il changea de cible. Il eut un bruit caractéristiques d'arme à énergie et du coin de l'oeil, Cendre vit la serveur qui arrivait avec leurs plats faire demi-tour précipitemment. Mais il était trop tard pour qu'elle en fasse de même. Si jamais tu as un doute, pas la peine de me présenter. Elle afficha un sourire crispé.

Ni une ni deux, Méduzarb' se précipita hors de la table, embarquant Cendre avec elle d'une main et sa boisson fluo de l'autre. Il s'en fallut de peu qu'elles ne soient pulvérisées par le flux serpentiforme des ignivomes.

S'abaissant pour ne pas dépasser des tables, Méduzarb' progressa le plus vite possible tandis que la clientèle se mit à hurler.

"Il faut qu'on se sauve de là où il va rameuter tout le syndicat !" Cria Méduzarb' pour se faire entendre.

Malheureusement, le respirateur avait péri dans l'opération. Paix à son âme.

Et merde, pensa-t-elle en regardant le respirateur se faire détruire sous ses yeux alors qu'elle se faisait tirer par Méduzarb' brusquement. Courir sur une planète polluée sans respirateur... et bah ça allait pas être drôle. La confusion engendré par les tirs était à leur avantage et elles s'échapèrent de la cantina au milieu du reste des clients. Et maintenant ? demanda-t-elle. Mon vaisseau est sur le pont trois, c'est pas la porte à côté, mais c'est une option. Le problème, c'est qu'elle connaissait pas le chemin par coeur.

Elles avaient débouché dehors. On entendait les moteurs et les gigantesques scies débiter d'énormes troncs. Une douce odeur de pétrichor emplissait l'air froid. Ici, la pollution était surtout souterraine.

"Oh, super ! Parce que le mien est en orbite, alors...
- Mais ils nous attendent de pieds ferme, c'est sûr !
- Hum... Pas si on passe par le corridor de maintenance du purificateur d'eau. Le seul problème, c'est qu'il faut s'enfoncer dans la forêt pour y entrer."

Dehors, l'air s'était rafraîchi. Les grands arbres étaient chenus et Cendre manqua d'achopper à une racine. Elle était essouflée, mais pour l'instant, pas de crise d'asthme. Il ne restait plus qu'à croiser les doigts. Elle soupira. A la base, elle était pas venue sur Keshaak pour les ennuis, mais apparemment, ils lui collaient aux basques. Bon, bah, je te suis. Elle ne savait pas si elle pouvait faire confiance à Méduzarb' et son blouson parlant, mais dans l'état actuel des choses, tous deux étaient sa meilleure chance.

Le visage peu rassuré de Méduzarb' n'avait rien de rassurant.

"Bon bah, je suppose qu'entre deux mauvais choix, on prend le moins pire."

Elle sortit du revers de son blouson un petit pistolet à projectiles qui n'impressionnait personne et inspira un grand coup avant de s'enfoncer entre les massifs vernissé de frimas.

Derrière, les cris annonçaient une traque.

Elles marchaient au pas de course depuis au moins un quart d'heure, dans un silence concentré, évitant les racines traîtres. Elles venaient d'arriver dans une clairière lorsqu'un cri à glacer le sang se fit entendre, très proche. La faune locale est danger... ? Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase chuchotée qu'une grosse créature apparut d'entre les arbres. Un long corps auguiforme, pas de pattes visibles et des crocs terrifiants. Je suppose que c'est l'entrée du tunnel, dit Cendre en montrant une porte à peine visible. La créature était entre elles et la porte. Derrière elles, on entendait toujours les hursons.

Méduzarb' se figea soudain.

"Attends ! Je suis presque biologiste ; je connais les propriétés idiosyncrasiques de cette créature. Leur acuité est basée sur le..."

La créature attaqua, poussant un hurlement à cheval entre le vagissement humain et la tronçonneuse à macrométaux. Courant en direction d'une grosse souche, Méduzarb' tira quelques cartouches au hasard, vers de la créature.

"Hiii ! Couuurs !
- Oh mon dieu il ouvre la gueule c'est dégueulasse ! Cours mieux !"

Ce n'était pas le moment de demander des explications sur le "presque" qui s'était glissé dans sa phrase. Elle était planquée derrière une souche, Cendre se plaqua derrière un gros tronc. En une fraction de seconde, Cendre avait son arme au poing et elle tira en concert avec Méduzarb' mais ça n'était pas plus efficace. C'était le moment de courir à nouveau. Les deux remontèrent le glacis en courant, ce qui les ralentissaient, mais pas le monstre qui glissait sur le sol. On va le mener sur les hursons, tu prendras à gauche et moi à droite, cria Cendre à Méduzarb' et on revient vers la clairière.

"Attends voir : la gauche, la droite, okay." Murmura Méduzarb' pour elle-même en pointant les deux directions de son index pour être sûre de ne pas se tromper.

Alors que la créature était sur le point de fondre sur elles, les deux jeunes femmes tombèrent nez-à-nez avec le syndicat qui s'empressa de les ingivorer.

"Maintenant !" Cria-t-elle en bondissant sur le côté. Elle roula et tourneboula alors que des hurlements et des crissements d'énergie retentissaient.

Et juste comme ça, le syndicat était occupé avec le monstre, le monstre était occupé avec le syndicat. Cendre, qui n'avait aucune volonté à traîner dans le coin pour savoir qui gagnait le duel, bondit dans la forêt. Et à nouveau, elle se remit à courir dans la direction de la clairière... en espérant que Méduzarb' allait s'en sortir aussi. Elle arriva la première, alors que les cris des hursons et du monstre continuait de retentir dans la forêt. Euh... Méduzarb' ? demanda-t-elle à peine plus haut qu'un chuchotement.

Méduzarb' évoluait silencieusement mais n'arrivait pas à voir sa co-fugitive. Elle commençait à ressentir les prémices de l'acédie sauvage, ou syndrome du survivant qui a laissé quelqu'un se faire dévorer. Elle entendit alors son nom chuchoté à côté d'elle et poussa un retentissant hurlement.

"Ah ! Tu m'as faite une de ces peurs. Ponpon, t'aurais pu me prévenir... Ponpon ?"

Elle regarda son dos sur lequel était écrit :
Déconnecté_
Motif : 'allez tous vous faire foutre !'