Rappel du premier message :



"Il n'y a pas très longtemps dans un monde proche, très proche...

Un virus a décimé la majeure partie de l'humanité. Les rares survivants se débrouillent tant en bien qu'en mal pour faire face à la menace.

Après avoir échappés aux hordes de morts-vivants infectés par le virus, certains se sont réfugiés en Norvège, le pays du soleil de minuit et des fjords.

Malgré la présence de zombies, l'espoir de jours meilleurs ne faiblit pas..."

Parfois, la vie était injuste. Très injuste. Une personne avec une liste de sanctions militaires longue comme le bras survivait à une invasion de zombies alors que de braves types périssaient. Une personne comme Erlann. Aujourd'hui, elle se déplaçait jusqu'à une ferme bien isolée dans les environs de Vannstad, celle des Hellstoppers. Un nom intéressant en ces jours d'apocalypse zombie. Qui amusait légèrement la survivante.

 Traçant son chemin dans la neige, la jeune femme progressait à travers les arbres, les sens aux aguets et l'arme au poing. Bientôt, les arbres s'espaçaient pour laisser entrapercevoir l'objectif de son périple. Relâchant son souffle, elle s'arrêta puis ajusta la mire de son fusil pour balayer ce qui restait de la ferme.

Un ensemble épars de bâtiments, inoccupé à première vue, qui commençaient à tomber en ruine. Deux granges bien carrée, une modeste demeure modernisée avec des panneaux solaire sur le toit. Une clôture de bois endommagée enserrait le tout.

« Jusque là, j’avais suivi. » Sa voix râpeuse trahissait maintenant une pointe d’exaspération. Arrivée au coeur de l’épidémie à son début, du temps où elle était à peine mentionnée dans les médias, Moira avait eu amplement le temps de constater la progression dramatique de la maladie. « Mais j’ignore encore s’il faut un contact entre les fluides corporels, si un contact avec une personne ou une surface contaminée sans échange de fluides corporels suffit, voire s’il se transmet par voie aérienne. » Une chose était sûre : elle-même n’avait été ni mordue, ni griffée.

La zombie parlait comme si elle connaissait le sujet.
"Attendez. Vous êtes docteur ?"
Et deux docteurs, deux ! Les cerveaux sont en supériorité numérique.
"Que cherchez vous à faire, madame ?" dit-il de manière infantine.
Il avait dans les trente ans (même s'il en paraissait nettement moins).

Oh merde ! Les cerveaux étaient en supériorité numérique sur les muscles ! Pluie de diplômes ! C'est très efficace !  Erlann soupira en se dégageant du fêlé des plantes, elle ne s'attendait pas à se retrouver dans une colloque sur les zombies ! La survivante se tut en gardant à l'œil la zombie parlante. Qui savait si l'instinct de mordre n'allait pas réapparaitre ?

« Oui », confirma Moira. Enfin, quel médecin elle faisait actuellement, incapable comme elle l’était de s’approcher d’un patient sans risquer de le tuer. « Je cherche les laboratoires pharmaceutiques de Farmanorge, il se peut qu’ils contiennent des informations plus détaillées sur ce virus… et comment le contrer. » Elle doutait de parvenir à élaborer un traitement pour le soigner, du moins pas passé un certain stade, mais même un vaccin afin d’épargner les non-contaminés serait déjà une bonne nouvelle.

"Oh bien ! Il se trouve que nous sommes en route pour contrer ce virus justement, avec un traitement musical et psychotrope. Mon instinct me dit que ça marchera, je l'ai vu dans un court-métrage français du début du siècle, ça va faire un carton ! Si ç se trouve, ton laboratoire ne sera pas loin de la radio de la ville." chuchote précipitamment Up.
Clin d'œil, clin d'œil.

Le seul carton qui était certain en ce monde, c'était les crânes explosés des zombies. Élu carton le plus sûr de l'année 2072. Le fêlé des plantes ressortait sa fameuse théorie sans préciser l'éventualité où les zombies auraient des goûts musicaux issus de leur anciennes vies. C'est çaaaaaaaaa., commenta-t-elle en appuyant lourdement sur l'ironie. La brutasse le croirait quand elle le verrait !

Un… traitement musical et psychotrope ? Basé sur un court-métrage ? Mais avec quoi est-ce que cet énergumène débarquait ? Enfin, à creuser plus tard… « Hmm, en général les zonings industriels c’est plutôt vers l’extérieur de la ville, mais c’est vrai que je n’en ai pas vu en arrivant. » Elle ne perdait donc rien à aller chercher dans le centre (enfin, du temps, potentiellement, mais c’était un moindre mal).

L'ironie passe au dessus de la tête du fêlé des plantes.
"Du coup… En tant que zombie intelligent, tu n'as vraiment envie de manger des cerveaux ? As-tu tous les souvenirs de ta vie ? Qu'est-ce que tu ressens en ce moment ?"

En voilà du blabla oiseux ! Ce zombie avait clairement un cerveau ! Il n'y avait qu'à en juger par la qualité du raisonnement derrière le zoning industriel en dehors de la ville ! Bon, on se passera de tes services de psychologue, Up. Ou va psychanalyser des plantes si tu y tiens vraiment. La brutasse n'était pas commode, elle utilisait même des mots savants comme munition pour son ironie légendaire. La survivante avait une certitude : ce zombie semblait être une personne jusqu'à preuve du contraire. C'est une personne. Zombifiée, certes, mais une personne ! Comme nous. Que diable !

Sans surprise, Moira n’appréciait pas franchement d’être traitée comme un spécimen exotique plutôt qu’un individu à part entière. Certes, c’était mieux que de se faire tirer dessus, mais quand même… Elle prit une inspiration, aussi profonde qu’elle le pouvait avec ses poumons à moitié décomposés. « Oui, je suis une personne, oui, j’ai encore toute ma tête, c’est mon corps qui part en morceaux et non, l’idée de manger des cerveaux ne m’attire pas particulièrement. » Elle aurait bien levé les yeux au ciel, mais elle n’était pas tout à fait sûre qu’ils tiennent assez bien dans leurs orbites.

"Comment c'est curieux ! lâche Up, hermétique aux considérations relationnelles. Donc, la pourriture n'a pas pris sur ton cerveau, sinon ton intelligence serait affectée. Mais les autres zombies, alors ? Tous semblent vides à l'intérieur. Qu'est-ce qui ferait que ton cerveau soit le seul épargné ?"

Le don de la parole ? , répondit Erlann, n'ayant pas compris qu'on cherchait la cause de cette différence avec les autres zombies. L'intelligence n'était pas la première de ses qualités.

« Mon cerveau est affecté », corrigea Moira, très lasse. « Du moins assez pour que je sois en état de mort cérébrale, d’après les scans. » Mais son corps ou son cerveau avait apparemment décidé d’ignorer cet état de fait. « Et j’ignore pourquoi le virus a eu un effet différent sur moi de la majorité des malades. J’espère trouver des débuts de pistes si je trouve les laboratoires. »

"En état de mort cérébrale mais toujours capable de penser contrairement aux autres zombies ? C'est fascinant ! Est-ce que tu écoutais de la musique au moment d'être mordue à tout hasard ? Quel type de musique aimes-tu ? Les laboratoires ? Quels laboratoires ?" demande ensuite Up en partant déjà sur autre chose.
Mais sa discussion effrénée a attiré deux zombies pas-comme-Moira.

Je me demande. Si elle mord quelqu'un, est-ce qu'il sera pareil qu'elle ou comme les autres zombies ? , marmotta Erlann entre ses dents, suffisamment fort pour être entendue. Elle entendit les grognements de deux zombies attirés par la parole humaine. Leur nombre lui fit préférer la baïonnette de son fusil à un coup de feu pour les éliminer. Elle s'approcha et visa directement l'oeil pour atteindre le cerveau, recula ensuite pour ne pas se faire attraper par le deuxième grognard.