"Il n'y a pas très longtemps dans un monde proche, très proche...

Un virus a décimé la majeure partie de l'humanité. Les rares survivants se débrouillent tant en bien qu'en mal pour faire face à la menace.

Après avoir échappés aux hordes de morts-vivants infectés par le virus, certains se sont réfugiés en Norvège, le pays du soleil de minuit et des fjords.

Malgré la présence de zombies, l'espoir de jours meilleurs ne faiblit pas..."

Parfois, la vie était injuste. Très injuste. Une personne avec une liste de sanctions militaires longue comme le bras survivait à une invasion de zombies alors que de braves types périssaient. Une personne comme Erlann. Aujourd'hui, elle se déplaçait jusqu'à une ferme bien isolée dans les environs de Vannstad, celle des Hellstoppers. Un nom intéressant en ces jours d'apocalypse zombie. Qui amusait légèrement la survivante.

 Traçant son chemin dans la neige, la jeune femme progressait à travers les arbres, les sens aux aguets et l'arme au poing. Bientôt, les arbres s'espaçaient pour laisser entrapercevoir l'objectif de son périple. Relâchant son souffle, elle s'arrêta puis ajusta la mire de son fusil pour balayer ce qui restait de la ferme.

Un ensemble épars de bâtiments, inoccupé à première vue, qui commençaient à tomber en ruine. Deux granges bien carrée, une modeste demeure modernisée avec des panneaux solaire sur le toit. Une clôture de bois endommagée enserrait le tout.

Quelques dernières planches de la ferme tombent sur le sol. Les cochons zombifiés ne bougent plus, le cerveau endommagé par les coups répétés.
Une porte blindée sur le sol s'ouvre subitement, laissant sortir un binoclar pas bien épais.
"Mais quel travail de cochon, t'as fait ! J'aurais pu utiliser la ferme pour autre chose ! râle-il, semble-t-il par principe. Et les cochons aussi… Tu sais qu'on pourrait trouver quelque chose de plus efficace que de les trouer de plomb ?"

Up (sous forme humaine):

Les bruits des planches ne manquèrent pas d'augmenter le taux d'adrénaline de la survivante.  Elle s'attendit à qu'un quelconque râle ne les suive. Quelle déception quand ce fut la porte blindée qui bougea ! Lâcher du plomb sur un putréfié était infiniment préférable à la logorrhée verbale de Up. Un travail de cochon ? Elle faisait de son mieux, hé ! Il n'avait aucun goût pour l'art délicat de destruction de matière grise !  Les rôtir ?, proposa-t-elle bêtement.

"Oui, ça réchauffe ça parfume au bacon et ça fait fuir les zombies alentours, c'est infiniment mieux. Qu'est-ce que tu veux ?" demande abruptement Up.
Son intérêt pour le social a toujours été très restreint, même avant l'apocalypse. Ce qui ne ressemble pas à une plante ne retient pas son attention (mais bon les humains sont très persistants).
"T'es venue vérifier ma théorie sur les ondes anti-zombies ?"

Te faire chier, se retint-t-elle de dire. Malgré sa grande gueule, elle pouvait faire preuve de clémence. Quelle grâce princière ! Savoir si tu n'étais pas mort avec tes plantes depuis le temps. Tiens ? Il en avait une, de théorie ? Première nouvelle ! Elle marche ta théorie au moins ? Elle n'est pas dangereuse pour les humains ?

Tout bien considéré, son cadavre serait moins bruyant. Elle me donne des envies de meurtre. Ce n'est pas dangereux pour autrui ? Non ? Ma mère m'a élevée de son mieux mais j'ai mal tourné. L'ancienne militaire sourit sachant ce qui allait suivre s'il posait LA question sur sa mère. Bon, on s'y met avec les ondes anti-zombies ? À moins que cela ne les appelle ?

"Justement ! Ma théorie est qu'une musique à la bonne vibration puisse les attirer et leur faire du bien, les soulager en quelque sorte. Donc mon plan - puisque tu sembles vouloir en entendre plus - est de rejoindre la tour radio de la ville avec les rues bondées de zombies et d'essayer un morceau qui selon mes calculs devraient donner envie aux zombies de rejoindre la danse, en oubliant leur envie de cerveau !"
Brillant, n'est-ce pas ?

Donc tu comptes jouer à Necrodancer avec les zombies ? , en déduisit Erlann des longues explications du fêlé des plantes. Tu crois que le script va vraiment se passer comme tu le dis ? Une tour radio à atteindre et des rues pleines de zombies en perspective. Elle ne voyait que des problèmes. Le genre de problème à truffer du Saint Plomb, la réponse à tout en cas d'apocalypse. Bon ! On s'y met et lambine pas !   La survivante comptait bien aller à son rythme ! Pas celui d'un planqué avec ses plantes !

"Necrodancer, connais pas. Mais j'ai vu un court-métrage français qui date de l'année 2015 où ça marche. Attends six secondes quinze."
Parce qu'il se trouve qu'Up a appris le français entre son cours de musique et son cours de programmation.
L'excentrique disparut pour ressortir six secondes et quinze microsecondes avec un sac contenant des rations de survie, une arbalète et des appareils électroniques en tout genre.

La vidéo que je voulais partager:

Erlann ne savait pas les années. Elle se contentait de savoir que c'était une vieille référence, c'est tout. Un vrai dinosaure du début du XXIe siècle. On n'a pas tous fait nos classes aussi bien que toi le fêlé des plantes. Elle le regarda tranquillement repartir chercher son équipement. Erlann se dit qu'elle ferait aussi bien refaire rapidement l'inventaire de ce qui se trouvait dans son sac. Pieds-de-biche, boussole, cartes, rations de survie, radio miniature, torche, couteau, etc... Paré ?

"Paré !" dit Up en ajustant ses lunettes de combat marchant à l'énergie solaire.
Le geek maigrelet ferme son bunker avant de se relever du haut de ses cent soixante-huit centimètres. Erlann est clairement plus redoutable que lui.

Oh, il avait les trucs cool comme toujours, en bon geek. Pour un peu, Erlann aurait été jalouse si elle n'avait pas été convaincue d'avoir des choses plus utiles. Super ! Si tu te fais mordre, je te préviens ; je compte bien te voir danser au son de ta propre musique ! Non mais. La peau de vache de dire ça. Erlann n'avait vraiment aucun doute qu'elle ne se ferait pas tirer dans le dos, elle avait déjà pris les devants sur le chemin menant à la ville.

La menace passe au dessus de la tête de Up.
"Oh, je ne t'ai pas dit. J'ai eu l'idée de rajouter ma touche personnel à l'expérience… En plus de trouver la bonne musique, j'ai pensé à apporter des échantillons de champignons psychotropes ! Pour aider à l'état de transe des zombies. On les asperge avec, on voit ce qui marche !"
Bien entendu, Up les avait déjà testé sur des zombies humains comme cochons mais jamais avec la musique.

Oh ! Elle allait gémir de frustration ! Non content d'avoir inventé une musique, il avait aussi développé des champignons pour faire planer des zombies ? Il te manque quelque chose pour ta rave party, le fêlé des plantes ? Elle avançait à travers les arbres, les sens aux aguets. Leurs paroles pouvaient attirer l'attention d'un zombie en vadrouille dans la forêt !

Raaaah, les scientifiques n'offraient que des hypothèses, jamais des certitudes. Quelle idée rassurante d'imaginer des zombies en colère parce qu'ils ne trouvent pas la musique à leurs goûts ! Bon, je ne m'occupe pas des réclamations si la musique déplaît. Elle détalerait dare-dare !

La compréhension des autres n'est pas le point fort de Up… mais il comprend sans peine qu'Erlann n'aime vraiment pas la musique. Aussi insiste-t-il car la musique est une part importante du plan.
"Tu n'aimes vraiment pas la musique ? Ta mère ne te chantait pas de berceuse ?
Une chanson douce
Que me chantait ma maman,
En suçant mon pouce
J’écoutais en m’endormant…
'Fin tu vois ?"
La ville est visible (enfin dirait Erlann - Up va devoir LA FERMER).

Ben nan. La berceuse était très mal choisie, en plus. La ferme, le fêlé des plantes. On est presque arrivé à Vannstad. Fallait pas qu'un zombie les entende et se mette à gémir !

Dans ce monde injuste où de braves types périssaient, Moira aurait bien pu être un de ces braves types. Dépêchée par MSF pour combattre ce qui avait d’abord été pris pour une nouvelle forme de lèpre, elle n’avait pas tardé malgré ses précautions à contracter le virus et mourir… du moins à assez pour que la mort cérébrale soit prononcée. Mais tels ces fantômes qui ne trouvent pas le repos tant qu’ils laissent des tâches inachevées, Moira non plus n’avait pas laissé la mort l’arrêter. Et, hasard physiologique ou simple preuve de son entêtement légendaire, elle avait gardé toute sa tête, quoi qu’en disent les scans.

"Qu'est-ce qui te met en joie ? Tout le monde a quelque chose qui le rend heureux. Il faut que je le sache si jamais t'es changé en zombie." continue Up (à voix plus basse), peu remué par l'agacement croissant de sa partenaire.
Son regard guette toute de même l'arrivée de zombies.

Que répondre à son compagnon d'infortune ? Il tenait décidément à se faire mordre par un zombie ! Si tu savais... tu fuirais à toutes jambes ma compagnie. , répondit-t-elle sur un ton caustique. Puis,  elle leva un poing - le signe militaire pour signifier de s'arrêter - à l'intention de son malheureux comparse. Il y avait une chose en mouvement que l'ancienne militaire venait de repérer. Danger.

Le danger en question s'était assis devant une porte pour se reposer et tenter de s’orienter. Les laboratoires pharmaceutiques de Vannstad ne devaient pas se trouver loin, mais elle connaissait mal la ville et s'était de nouveau perdue dans ses ruelles. Habituellement prudente, elle était tellement plongée dans ses pensées qu’elle ne repéra les deux nouveaux-venus (non-infectés) qu’en se relevant. Elle tendit les mains en un geste qu’elle voulait rassurant. « N’approchez pas trop, je ne suis pas encore sûre du mode de transmission du virus. » Même sa voix semblait se décomposer, suggérant que ses cordes vocales tombaient aussi en lambeaux.

Up connait heureusement suffisamment les signes militaires pour obéir et il est totalement conscient que pour survivre aux zombies il faut rester silencieux, comme une plante (qu'on ne se demande pas comment il a survécu jusqu'ici).
Un zombie qui parle !
Up se précipite sur le bras de son "garde du corps" (?) pour l'empêcher d'utiliser son arme. Il secoue la tête l'air de dire "ne tue pas ce cadavre ambulant".

Pour survivre, il avait dû mimer les plantes, selon Erlann. Il n'y avait pas d'autres explications. Le brave docteur reconnaissait au moins les signes militaires ! Encore heureux. Un zombie doué de parole ? Ça existait, ça ?   En tout cas, la créature humanoïde ressemblait clairement à un zombie en décomposition. Et ça doutait des modes de transmission ? Une griffure te laisse plus de trois jours dans le meilleur des cas. Idem en cas de blessure ouverte frottée contre de la chair de zombie. Une morsure, deux jours. , expliqua-t-elle ayant déjà rencontré ce genre de cas malheureux.