"En avant, Larae ! Et suivons le chemin ! Il est à l'autre bout, je le sens !"

Son père !

Le géniteur qui n'a jamais voulu la récupérer ou ne serait-ce que revoir sa mère, même par courtoisie. Le porteur des gênes dont elle est l'héritière, elle la fameuse chasseresse de dragons ! Than brûle de le rencontrer, de le connaître et lui en toucher deux mots sur l'honneur d'un elfe noir ! Car s'il est encore en vie -- et il l'est ! -- il aurait dû se venger du Bon Samaritain qui l'a pris en guet apens et non se terrer comme un faible ! Pourquoi ne pas être revenu, clamer haut et fort sa vengeance ? Than a bien une idée de la réponse et elle a bien envie de lui secouer les puces !

Than et sa tante, récemment trouvée (par hasard), ont décidé de mener l'enquête. La première étape est de suivre sa piste. Après avoir incendié le repaire du Bon Samaritain, il a été facile de soutirer à ses hommes le dernier endroit où Stej a laissé signe de vie. C'est donc dans un trou paumé au milieu de nulle part que les deux elfes noires arrivent.

Than descend de cheval pour chercher des ossements.

Constatation de ces derniers jours (qui se muaient en semaines entre temps ?) : la mioche n’avait pas que les griffes du Chaton, mais aussi son énergie et ses grands yeux émerveillés pour des trucs qui le méritent vraiment pas. Du genre : le Morpion, c’est à dire, son paternel. Mais elle était pas une mauvaise pisteuse et j’avais même l’espoir de peut-être en faire une combattante potable un jour, donc je pouvais bien tolérer encore un peu sa présence. Et aller voir ce que mon corniaud de frère devient au passage. Si cette grange à moitié délabrée a des indices à nous révéler, ce qu’on allait pas tarder à voir.

Après cinq bonnes minutes de recherche (aidée par son familier Yenlu), un temps qui aurait découragé les orcs débutants, Than trouve enfin une piste.
"Il y a eu un combat ici ! Une mêlée, plusieurs hommes contre un elfe. L'elfe s'est étalé par terre ! Il s'est vidé de son sang tout là. Une blessure à la hanche !"
Oui, oui, c'est Aragorn dans le film des Deux tours.

Pas besoin d’être un génie pour deviner qu’un combat avait eu lieu ici : les squelettes et les tâches de sang dressaient un tableau assez clair. Par contre, il fallait être un peu plus futé que le premier pignouf venu pour arriver à reconstituer la scène précise. Donc, le pistage elle maîtrisait. Bon à savoir. Ah, et apparemment le Morpion tenait pas à ses affaires : deux dagues à lui trainaient chacune à côté d’un squelette. « Attrape. » Elle avait intérêt à avoir de bons réflexes, parce que j’attendis pas sa réponse pour lui lancer les dagues. « Je sais pas si les reliques de famille c’est ton truc, mais au moins celles-ci sont utiles. »

Than attrape les dagues avec aisance naturelle (ou diabolique si l'on n'est pas habitué à la vitesse des elfes). Elle n'est pas experte en armes, son domaine reste la forêt, mais elle admire l'ouvrage.
"Ce sont des dagues de l'autre côté de la Brèche ? Intéressant. Elles sont même mieux que celles que j'ai trouvé chez le Bon Samaritain*. … C'était à mon père ?!"

* voir rp à Isotier Liens de sang

« La rouge oui, l’autre c’est de l’Heavensaw tout ce qu’il y a de plus banal. » Enfin, banal de bonne qualité quand même. Apparemment le Morpion choisissait bien ses armes. « Et j’espère bien que c’est de meilleure qualité que les armes de second rang d’un brigand de seconde zone ! C’est Ronil qui l’a fabriquée, le maître forgeron du domaine. » La tronche de Sa Majesté quand il avait vu notre gringalet de frère avec une arme pareille ! Dommage que ni moi ni l’oncle Fracasse-Tout n’aient de talents en portrait, parce que je l’aurais bien immortalisé.

La dague en question:

"Il n'y tenait sans doute pas. C'est à moi maintenant ! Je la peindrais sans doute en violet, je préfère nettement cette couleur !"
Bon, reprenons nos moutons. Than suit donc les traces fraîches vieilles de cinq ans de l'elfe blessé.

Elle comptait faire quoi ?! « Si c’est pour que tu fasses n’importe quoi avec cette dague, je peux aussi bien te la confisquer, tu sais ? » Un peu de respect pour un travail pareil, non mais ! Il lui manquait vraiment quelques fondamentaux à cette mioche.

Le dernier lardon que j’avais « materné » était le Morpion lui-même, et il trouverait probablement à redire sur mes méthodes dans ce domaine. « Au contraire, je me fous de ce que tu fais de tes armes en général. Mais avec une dague pareille, la moindre des choses est de respecter le travail de son créateur. »

"Encore cette histoire de respect. T'es bien à cheval là-dessus pour une vieille bigue qui respecte rien."
Than retourne à son pistage. Si la scène de combat reste encore très bien visible malgré les années, ce sera plus difficile là où la végétation a recouvert les traces.
"Il est parti par là. Si nous avons de la chance, il a créé du grabuge dans un village."
Seulement si la furtivité n'est pas son truc.

Eh bien oui, elle pouvait me traiter de vieux-jeu si ça la chantait, j’avais encore quelques restes d’éducation qui me collaient à la peau. Et le respect des armes d’exception avait fait partie de cette éducation dès le moment où il avait été clair que j’étais plus portée sur la baston que sur la magie. « C’est pas un peu contradictoire ce que tu racontes ? » Notons que je n’avais rien contre le « vieille bique ». Je ricanai à l’idée que le Morpion ait pu ne pas créer de grabuge : « On est en Heavensaw. Rien que montrer nos tronches suffit en général à déclencher du grabuge. »

Pffft, certains ne se montrent pas du tout et je suis certaine que mon père est capable de ne pas se faire repérer comme un bleu s'il en décidé ainsi, je ne tiens pas ça de ma mère.
"Ouais, t'as raison," dit Than en sous-entendant toutefois l'inverse.
Elle poursuit la piste de son géniteur, elle ne s'est jamais sentie aussi proche de le trouver.

Sa réponse aurait sans doute été plus facile à croire si je n’avais pas moi-même utilisé plus souvent qu’à mon tour la technique « acquiescer pour qu’on arrête de me faire chier » avec mes aînés. Enfin, aînées surtout. Enfin, une en particulier (la matriarche). Enfin, j’allais pas insister : on avait un Morpion à retrouver. Je portai à mon tour mon attention sur la piste ne fut-ce qu'au cas où le Chaton se plantait à un moment donné.

La piste mène les deux elfes noirs à un village. Bon, quelle approche : furtivité ou franchise ?
"Tu veux montrer ta tronche ou pas ?"
Than, elle, c'est tout vu ! Elle rabat sa capuche, pas question de laisser une once d'indice d'elle à des inconnus lorsqu'elle est en terrain inconnu. Une fois qu'elle a bien repéré la ville, elle s'en moque mais pas avant. Ce n'est pas qu'elle n'a pas envie d'une bonne bagarre, c'est juste… qu'elle a plus important à faire. Tuer des dragons

« J’ai pas de raison de la cacher. » Et puis quoi encore ? Me cacher comme une intruse dès que je voyage ? Non merci ! Et puis de toute façon, même si ma tête était pas visible, mon armure faisait pas très Heavensaw. (Pour peu que ça soit pas une trou paumé de bouseux qui ont jamais vu une armure convenable de leur vie, dans ce cas ils seraient bien incapables de faire la différence).

« À ta guise. » C’est pas comme si elle avait de comptes à me rendre de toute façon. Tant qu’elle me gênait pas, elle pouvait faire ce qu’elle voulait, je m’en fichais. Enfin, non : pas se mettre stupidement en danger non plus. Ce qui risquait probablement d’arriver, vu son hérédité. Mais pour le moment, c’est donc sans Chaton que je me dirigeai vers le village, la tête dégagée et mon épée et mon armure elles aussi bien visibles (sauf peut-être de dos, la faute à ma cape). On va bien voir si on a affaire à des pèquenauds au-secours-je-m’enfuis ou des pèquenauds au-secours-je-tape.

Mais les péquenauds n'appartiennent à aucune des deux catégories suscitées. Ils regardent d'un œil méfiant ou intéressé mais toujours prudent l'elfe noire en armure, manquant totalement la rôdeuse. Ils font même mime de l'ignorer comme si on était à Isotier. Than est surprise, les villages paumés sont pas du tout de ce genre. Première chose que la chasseresse fait c'est repérer les environs, notamment les bâtiments publiques (comme la taverne du coin).

Etrangement calmes les pèquenauds. À cause d’une apathie naturelle, ou parce qu’ils ont l’habitude des elfes noirs ? À voir. Je me dirigeai sans hésitation vers le lieu où on déniche le plus facilement les informations, ragots et autres potins locaux et le lieu où n’importe quel voyageur s’arrête en premier : la taverne. Et puis, ça me permettrait de laisser mon cheval à un endroit relativement sûr.

Avoir un bourrin bouscule les bonnes vieilles habitudes de Than. L'animal n'est pas encore assez bien dressé pour qu'elle le laisse seul. Si encore il avait la télépathie pour faire avancer la relation, mais non ! La rôdeuse l'attache donc à la taverne mais voyant que sa tante s'en occupe déjà, choisit plutôt la laverie. Elle espère y trouver des informations complémentaires à celles que dénichera sa guerrière de tante.

Soit les gens étaient pas farouches dans ce bled, soit ils avaient l’habitude de voir des infernaux. Le Morpion, sans doute ? À se demander quelle réputation il nous avait donné. Enfin bon, une taverne c’est une taverne et son tenancier comprit parfaitement quand je m’appuyai sur le comptoir et désignai le tonneau de bière derrière lui. Le tout sans dire un mot. Règle n°1 : c’est pas moi qui parle en premier. Et, comme d’habitude, ça manqua pas : « Z’êtes mercenaire ? » Non, barde et je cherche des choristes. Tu crois quoi mon gros ? « Ca s’peut. »

"Et vous restez ou vous faites qu'une halte ?"
À voir la tête du bonhomme, ce serait plutôt la halte qu'il préférerait.
De son côté, Than s'est rapprochée suffisamment de la laverie pour écouter les conversations, bien souvent banales. Mais en attendant suffisamment, elle peut relever des indices essentiels.

« Une halte. » Tu connais beaucoup de mercenaires sédentaires ? Certaines personnes gagneraient franchement à réfléchir avant de parler. Pour peu, bien sûr, que réfléchir soit dans leurs cordes, ce dont je doutais parfois. « Mon itinéraire t’intéresse tant que ça ? » Pas d’agressivité dans mon ton, mais vu ma tronche ça changeait probablement pas grand-chose. Sauf, bien sûr, s’ils avaient l’habitude de fréquenter des infernaux. Au pif : un certain Morpion.

"Nan, m'en fiche. Tant que tu t'en vas." réplique le bonhomme avec un œil de bœuf fait pour décourager toute tentative de violence avant de purement se désintéresser de la guerrière.

De son côté, Than analyse l'ambiance des discussions autour de la laverie. Un ton très décontracté qui ne dénote aucune inquiétude. Ça glousse comme des poules en parlant des coqs du village.
"Eh, fais attention ou c'est le forgeron qui te rendra visite.
- Beurk !"