"Les fêtes sont un autre champ de bataille", sa mère lui répétait enfant. Et ça avait fini par s'enraciner sous sa peau depuis - même si son comportement insouciant et excentrique reflétait un sentiment contraire.

Pourtant, l'ambiance de cette soirée adoucirait la vigilance même des plus parano (à l'exception de sa mère (faut pas pousser)). Tout autour, une lueur bleutée enveloppait les convives pris dans une cage de glace ; une musique appropriée portait certains rires et avait même attiré deux bélugas ; et les raies coloraient la galerie dans un jeu d'ombre et d'eau à chacun de leur passage.
O.R.C.A, une association qui protège la faune marine, a choisi d'organiser son gala de charité dans un aquarium.

Au-delà des apparences de protection de l'environnement, l'événement promouvait subtilement le parti du Pr. Xavier. L'organisateur, qui venait d'annoncer le programme de la soirée, avait enchaîné en commençant par remercier les donateurs puis les bénévoles présents, dont certains sont visiblement mutants - et visiblement nerveux - au vu de leurs écailles.
Anastasia ne s'attendait pas à une telle insistance sur l'effort combiné entre mutants et non-mutants dans le speech, surtout au risque de froisser les quelques gros talons dans la foule.

Hah. Elle sourit d'anticipation à ce que l'un des convives craque, mais les masques restèrent cérémonieusement accrochés à leurs nez.
Pour l'instant.

Anastasia a pu enfin s'asseoir, mais elle claqua la main de la personne qui chercha à lui passer une couverture sur les épaules - ce n'était pas le temps de se reposer pour elle encore. Elle avait pu remettre ses talons, mais elle a besoin de chaussures plus confortables pour la nuit à venir.
Déjà, tant qu'Hélène n'avait pas montré le bout de son nez, elle ne pouvait pas laisser son fils sans supervision. Et elle devinait d'ici ce qui passait par la tête du jeune héritier. D'abord, elle convainc les policiers de l'interroger elle et Eliandre d'abord en premier, pour les libérer plus vite.

L'interrogation terminée, elle se rendit compte que le plus difficile arriva : convaincre l'adolescent à côté d'elle de faire ce qu'elle dit. Elle ne peut pas le laisser aller se mettre en danger pour chercher sa mère, et elle ne peut pas aller chercher Hélène avec lui sans porter son masque - donc, elle doit le baby-sitter, et se ressourcer en attendant de récolter plus d'information. "Eliandre." Elle pris une inspiration, prédisant la migraine d'ici alors qu'elle massait sa tempe. "J'ai besoin que tu sois raisonnable pour l'instant : Tu ne peux pas aller chercher ta mère seul. On ne peut pas la chercher sans informations encore."

Elle le regarda en retour dans le blanc des yeux sans répondre, sa sympathie envers sa mère faisait qu'elle prenait la partie d'Hélène. Plus que juste un ado, elle le voyait comme le second-enfant-encore-en-vie-d'Argent-De-La-Fontaine. Et elle savait qu'elle était responsable, elle se sentait même responsable de l'attentat de l'aquarium, alors bien sûr qu'elle se sentirait responsable du fils de sa consœur. "On peut commencer par aller au manoir. "Elle doit garder l'œil sur lui après tout, pour qu'il ne se mette pas en danger avec son impulsivité. "J'ai ma source d'informations aussi."

"Bien." Soupira-t-elle de soulagement, maintenant que ça c'était réglé, elle pouvait penser à autre chose. Elle se tourna donc en se dirigeant vers sa voiture. Elle dut utiliser sa télécommande pour se souvenir où elle était. Indemne, encore. Elle avait perdu son premier telephone (et ne l'avait pas cherché non plus, il fallait avouer), mais elle avait un autre dans la boîte à gant. Elle l'utilisa pour appeler son majordome, alors qu'elle mettait la voiture en contact.

La voiture démarra, et avec une musique jazz. Elle abaissa le volume tandis qu'elle réfléchissait à la question d'Eliandre. Enfin, c'est pas réellement qu'elle réfléchissait, c'est plus qu'elle tentait de se souvenir comment Anastasia répondrait, et non pas Mama.
Par contre, alerte rouge, elle n'était pas supposée montrer qu'elle avait autant d'expérience. Elle n'avait pas eu le choix ce soir, mais son image était celle d'une bureaucrate politicienne. "J'ai horreur du travail sur terrain." Elle tourna légèrement sa tête vers lui avec un petit sourire Anastasien "Je ne peux pas porter mes chaussures favorites."

"Again, rude." Lâcha-t-elle dans un souffle et un haussement de sourcil tandis qu'elle actionnait le clignotant et commençait à faire rouler la voiture. Son majordome n'avait pas répondu pour l'instant. Il la rappellera sûrement. "Je ne - ah... Tous mes mots ont du sens, jeune Eliandre. Il suffit juste de savoir lire entre les lignes." Elle ajouta distraitement, les yeux sur la route : "C'est d'ailleurs une règle qui s'applique pour tout le monde." Elle pausa une seconde. "Presque tout le monde."

"Mhmhm." C'est pas qu'elle n'avait pas quoi lui répondre, c'est qu'elle n'avait pas l'énergie de clasher avec sa perspective. Elle était assez peu sereine pour avoir donné une mauvaise réponse d'ailleurs, un peu trop désaccordée sa réponse par rapport à d'habitude. Elle préféra garder le silence, enfin, sauf la musique de jazz à volume ambiant.

"Ah, j'aurais pû te le dire. Si tu n'étais pas le fils de ta mère." Dit-elle distraitement. Bien entendu, elle ne le lui aurait pas dit dans tous les cas. "Sauf si tu as un secret en retour qui vaut la peine, hm?" Son ton n'était pas aussi coloré qu'en début de soirée, il était assez terne car elle ne mettait pas tant d'effort dans les intonations.

Elle lâcha un léger gloussement fatigué. "Le plus grand secret que tu possèdes." Car elle doute qu'il possède réellement un secret qui l'interesse. Enfin, si, il en a pas mal sûrement, mais ça ne vaut pas d'échanger le secret de son pouvoir. "Je me garde le droit de ne pas échanger cependant, si ça ne satisfait pas mes attentes." Clairement, c'était un jeu truqué dès le début.

"Cela ne me dérange pas vraiment." Dit-elle alors qu'elle se regardait distraitement dans le rétroviseur pour vérifier l'état de son maquillage. Avant de se rappeler pourquoi elle ne s'était pas regardée depuis tout à l'heure. Ah, what a mess. Elle grimaça, et s'essuya brièvement le coin des lèvres de son pouce avant de regarder la route devant elle. "De passer pour une narcissique compulsive." Continua-t-elle.

Elle se retint in extremis de sourire pour ne pas se trahir mais ne put retenir son froncement de sourcil à la fin de la phrase du jeune. "Classy." Comment a-t-elle en lui jetant un œil blasé avant de revenir à la route. Mais elle finit par sourire mysterieusement. "C'est une hypothèse... redondante."