"Les fêtes sont un autre champ de bataille", sa mère lui répétait enfant. Et ça avait fini par s'enraciner sous sa peau depuis - même si son comportement insouciant et excentrique reflétait un sentiment contraire.

Pourtant, l'ambiance de cette soirée adoucirait la vigilance même des plus parano (à l'exception de sa mère (faut pas pousser)). Tout autour, une lueur bleutée enveloppait les convives pris dans une cage de glace ; une musique appropriée portait certains rires et avait même attiré deux bélugas ; et les raies coloraient la galerie dans un jeu d'ombre et d'eau à chacun de leur passage.
O.R.C.A, une association qui protège la faune marine, a choisi d'organiser son gala de charité dans un aquarium.

Au-delà des apparences de protection de l'environnement, l'événement promouvait subtilement le parti du Pr. Xavier. L'organisateur, qui venait d'annoncer le programme de la soirée, avait enchaîné en commençant par remercier les donateurs puis les bénévoles présents, dont certains sont visiblement mutants - et visiblement nerveux - au vu de leurs écailles.
Anastasia ne s'attendait pas à une telle insistance sur l'effort combiné entre mutants et non-mutants dans le speech, surtout au risque de froisser les quelques gros talons dans la foule.

Hah. Elle sourit d'anticipation à ce que l'un des convives craque, mais les masques restèrent cérémonieusement accrochés à leurs nez.
Pour l'instant.

Son expression ne changea pas, tandis qu'elle scannait le visage du jeune. Elle ne dit rien, mais son regard se déplaça pendant une fraction de seconde au téléphone d'Eliandre. Elle finit ensuite par s'asseoir sur la chaise derrière elle, prenant un couteau et une pomme.
L'une des facultés d'Anastasia, c'est que plus elle au bout du rouleau, plus elle donne une image brillante. Et là, son cruel manque de sommeil lui fit réaliser en retard qu'elle aurait dû prendre une approche indifférente plutôt qu'interessée pour cette question. "Soit."
Finit-elle par dire, tandis qu'elle coupait la pomme. "Autre que cela, rien de cassé qui a fait surface?"

Elle lui ficha un large sourire alors qu'elle le pointait du couteau nonchalement "Bingo ! On est déjà sur la même longueur d'onde." Avant de piquer le bout de fruit de son couteau et le porter à sa bouche. C'était probablement pas très bonne manière cette façon de manger, à voir si elle en est inconsciente ou si elle fait exprès.
Elle reprit une expression sérieuse en le regardant cette fois, après avoir reposé le couteau. "Pas de contre-coup, donc ? La jeunesse de nos jours est-elle donc à ce point blasée du monde ?"

"Hmm..." Seconde fois qu'il lui parlait de sa copine. Il lui semble qu'une copine est une raison suffisante pour rester scotché sur son téléphone, nota-t-elle sous un coude. "A t'entendre, tout est bon sous le soleil, même les explosions et les cadavres." Banalisation de la violence, donc, nota-t-elle sous l'autre coude.

Son regard s'obscurcit à la mention de son frère mort. Bien sûr qu'elle le savait déjà, mais ça tirait une corde sensible chez elle aussi. "Si c'est ce que tu penses réellement." Dit-elle sans presser le sujet, bien que le regard légèrement appuyé quand-même.
Elle resta silencieuse un instant, puis inspira en se penchant sur ses coudes. "Il y a quelque chose d'important que j'ai voulu te dire depuis hier soir."

"Je te dois des excuses." Dit-elle simplement, les sourcils un peu froncés, avant d'abaisser le regard, mais de redresser les épaules.
"En tant qu'adulte, ma résponsabilité, et celle de toute autre adulte, est de protéger les plus jeunes pour qu'ils n'aient pas à vivre ce genre de chose." Elle fronça un peu plus les sourcils, "mais ce genre de choses ne fait que se démultiplier dernièrement."
Elle prit une autre inspiration et regarda ailleurs. Ce n'est pas faux qu'elle aurait dû mieux s'informer, elle a plus de moyens que le reste après tout. "Ca n'est tout de même pas une raison, et ça reste anormal."

Elle même n'est pas sûre où elle va avec ça. Même si elle n'a pas menti en disant a dit qu'elle a voulu dire ça depuis hier soir. C'est juste que l'Anastasia habituelle aurait trouvé une manière plus enjouée de donner cette information. Mais là c'est l'Anastasia-privée-de-sommeil-le-lendemain-d'un-attentat.
Elle finit par lui sourire, un peu ironiquement. "Ce n'est pas une histoire de contrôle, mais de responsabilité." Elle inclina la tête. "Tu es légalement adulte, mais plusieurs personnes ont vu leur jeunesse et enfance volée avant d'être pressé de devenir majeur. Et ce n'est pas toujours équitable."

Elle nota la révélation mais ne releva pas tout de suite. Ca semblait être un gros dossier à écumérer petit à petit ça. Donc elle le détourna doucement pour l'instant. "Ce n'est pas de sa faute. Car elle a fait sa part. Mais une seule personne ne peut pas sauver le monde entier."
Répéta-t-elle, pour la seconde fois en 24h.