Rappel du premier message :



Papa et Maman Dunne ont dits à la petite que sa grand-mère allait arriver par le ferry mensuel qui accotait sur l'île. L'idée de la rencontrer l'excitait tout particulièrement, d'autant plus qu'elle avait récemment perdu une dent ! Elle avait tellement envie de lui montrer sa dents de lait avant que la fée des dents ne l'emportât en échange d'une pièce. Comme Papa et Maman Dunne l'avait si bien raconté !

Une quenotte sous l'oreiller = une pièce au petit matin !

Aìne était fière de savoir si bien compter !  Elle avait hâte de raconter ce calcul enfantin à sa grand-mère.  Grand-mère qui lui avait laissée une impression forte la première fois qu'elle l'avait vue même si sa mémoire d'enfant se trouvait un peu embrumée.  La jeune fille gardait chaudement sa dent de lait dans une petite poche bariolée cousue par un artisan.  Elle savait déjà quoi faire de cette pièce que lui apporterait la fée des dents. Elle irait à la droguerie réclamer des sucreries !!

Habillée d'une robe-salopette verte foncée et d'un pull blanc, Aìne attendait patiemment sur un petit remblai de pierre près de la jetée du quai l'arrivée du fameux ferry qui portait aussi les nouvelles de l'extérieur.  Son regard était intensément fixé sur l'horizon brumeux quand, soudain, émargea le bateau en fer. Comment il flottait d'ailleurs ? N'était-t-il pas censé couler ? Bah, elle demanderait à mamie, c'est la plus intelligente de toutes les mamies au monde !

Faélàn suivit l'enfant avec un petit rire. Aine semblait avoir oublié que l'objectif premier était de s'assurer que ladite chambre soit bien rangée pour que la petite souris puisse venir échanger sa dent contre un cadeau. Juste avant de pousser la porte, elle dédia un air mutin à sa petite fille. "Tu es sûre qu'il n'y a pas de bazar ?"

Aìne avait en effet oublié l'objectif initial. Inspecter la chambre pour s'assurer que la fée des dents puisse échanger la dent de lait. À la place, la petite fille était déjà partie imaginer des histoires abracadabrantesques.  J'jur' qu'auc'n Fir Dariiiig est p'ssé dans ma ch'mbre M'mie !, jura-t-elle en levant deux doigts croisés. Pas une seule créature du petit peuple n'avait mis à sac sa chambre ! Bien entendu, cela ne répondait pas à la question principale de Faélàn.

Faélàn se pencha avec un petit sourire de renard sous son nez retroussé d'amusement et pinça la joue de sa petite fille. "Et n'es-tu pas toi, une Fir Darig ?" lui dit-elle en lui faisant des gros yeux.

Une Fir Darig, elle ? Aurait-t-elle été échangée à la naissance par les fées ? Nooon. Pas possible !  Et ces gros yeux... Ces n'était pas justeeee ! Pourquoi ? Naaan !, nia-t-elle en enfouissant son visage dans le creux de l'épaule de sa mamie.Naaan !

Ooops... Elle avait peut-être un peu trop garni la tête de sa petite Aine des histoires des fées. L'étreinte de Faélàn se resserra chaleureusement autour de la pieuvre qui l'enserrait et elle la berça tendrement en chuchotant des babillages en gaélique. "Tout va bien, petite fée. Tout doux, mon chou..." Sa voix reprit un ton espiègle quand elle souffla dans la petite oreille son petit secret : "Mamie aussi est une Fir Darig. Tout va bien, petit gobelin."

Très certainement. Aìne avait une bonne tête farcie d'histoires de fée, de bâteau-selkies et de Fir Darig. Elle les racontaient à ses amies. Elle les reproduisaient en jouant.    Nan ... ! répéta-t-elle encore une fois avant de s'apaiser bercée par les babillages en gaélique. C'est vrai m'mie ?

"Evidemment, ma puce." lui chuchota Faélàn sur le ton de la confidence, un sourire rusé aux lèvres. "Comment en connaitrais-je autant sur le Petit Peuple sinon ? Mes farces ne seraient pas aussi amusantes aussi." Elle mit un doigt sur ses lèvres. "Mais chuuuut... C'est notre petit secret, ma Fir Darig."

Cela paraissait logique à la petite. Qui de mieux pour en savoir autant qu'un membre du petit peuple ? Un secret ? Je ne d'rai rien M'mie !  Ni à P'pa ni à M'man ! Promiiiiiiiiis !, s'exclama Aìne, qui avait compris le principe rapidement. Elle commençait aussi à s'impatienter. Elles étaient devant la porte de sa chambre depuis des lustres. La p'rte ! La p'rteeeee M'miiiieee !

L'enthousiasme d'Aine réveilla l'élan chaleureux dans son coeur et elle se pencha déposer un autre baiser sur les cheveux de l'enfant. Puis rit haut et fort de son impatience. "Voilà, voilà, gobelin ! J'ouvre la porte." Ce faisant, elle s'engouffra dans l'antre du dragon... les yeux fermés. "C'est bon, c'est rangé ? Je peux ouvrir les yeux ?" chantonna-t-elle, très amusée.

Ce n'était pas magique ! Ça n'allait pas se ranger juste en fermant les yeux ! Ooh. , fit-elle déçue. Et peut-être un petit peu râleuse aussi. Dans sa chambre, pas un seul mouton de poussière en vue. Pas de monstres sous le lit.  Des poupées gisaient, abandonnées, sur sur un tapis blanc aux motifs de trèfles.  Mes po'pées vont pas bo'ger d'ici M'mie., zézay-t-elle à cause de sa dent manquante.

"Et bien, nous allons les aider, ma puce." lui dit gentiment Faélàn en la déposant au sol. Son sourire redevint renard alors qu'elle lui chuchotait à l'oreille : "Où les fées vont croire qu'elles sont abandonnées et qu'elles cherchent un nouveau foyer." Elle lui fit un clin d'oeil en riant doucement. "Allons ! A deux, ça sera rapide."

Elle y cru. Comme toujours. Pourquoi Mamie dirait des choses qui n'étaient pas vraies ? Aìne s'inquiéta aussitôt du fait que les fées pourraient venir lui prendre ses poupées ! On leur dit pas toche aux fées ? , demanda-t-elle avant de lever les bras d'exultation. OUIIIIIIIII ! Toujours partante pour ranger avec mamie ! 8D

"Ah..." Faélàn laissa traîner sa voix avant de sourire de conspiration. "Et si je te disais que je connais un sortilège magique pour protéger tes poupées des fées ?" Elle leva un doigt impérieux. "Mais ! Il faut confectionner soi-même leur pull avec de la laine spéciale. Aucun changeling ne pourra venir te les voler !" Son sourire s'agrandit. "Veux-tu que mamie t'apprenne le tricot, ma chérie ? J'ai sur moi la fameuse laine."

Cela empêchait les changeons de venir les voler ? Le tricot ? Elle ne se doutait pas qu'elle se faisait embarquer dans l'apprentissage d'une activité sous couvert de protéger ses poupées ! Ça potège que contre les chanz'lins ? Parce que oui, il y avait sûrement d'autres menaces que ses poupées craignaient !

"A chaque tricot sa magie, ma puce." lui répondit Faélàn avec un petit rire. "Alors veux-tu que mamie te montre ?"

Il n'y en pas un pour p'otéger de t'ut ?, demanda Aìne en gonflant des joues pour manifester son mécontentement.

"Oh non ! Jeune fille, ce sera bien trop facile." Faélàn rit en tapotant la tête de sa petite fille. "Et la magie n'est jamais facile. C'est un long apprentissage... es-tu prête ?"

Mééééééh ! Toujours ! Je suis prête m'mie !, s'écria-t-elle abandonnant son attitude boudeuse pour une plus enjouée ! Histoire de prouver qu'elle pouvait le faire.

"Et bien, c'est pa..." Elle s'arrêta en pleine phrase sans taper dans les mains qu'elle avait levée. Au contraire, elles se dirigèrent en poings vers ses hanches. "Mais non, non, non, voyons. Nous devons d'abord ranger ce bazar et renvoyer les lutins ! Sinon ils sauront aussi le secret du tricot magique et pourront continuer leurs farces."

Elle avait presque réussi à détourner mamie du bazar de sa chambre ! Presque. Mais le sujet des lutins magiques était de retour ! Oh non ! Le petit râle qu'elle proféra est celui de la déception de ne pas avoir de cours de tricot magique tout de suite ! Mamiiiiiie s'il te plaît. Dernière tentative de faire traîner les choses.

"Tut-tut-tut !" l'interrompit Faélàn avec des gros yeux. "Est-ce un caprice, jeune fille ? Et moi qui pensais aller t'acheter un frasier si tu étais gentille ! Avec un délicieux nappage tout sucré fondant en bouche... Dommage. Je vais devoir en faire profiter les fées à la place."

Nooooon ma'ie ! Pas le frasier ! , supplia la petite Aìne. Elle tressauta pour montrer sa subite envie de ranger. Là où la magie du tricot n'y parvenait pas, la nourriture fonctionnait ! La petite était décidée à ranger !